15 Sep

Notes pour servir à l’histoire du théâtre en Limousin… De l’Ancien Régime au XIXème siècle (3)

En 1743 à Limoges, un théâtre était installé dans une ancienne et vaste écurie près de la porte Montmailler. L’année suivante, des représentations étaient données dans une salle de l’hôtel de ville. Dès cette époque, Limoges est fréquemment visitée par des troupes bien organisées, ayant à leur tête un directeur et transportant avec elles des décors, des costumes et autres accessoires. Ces troupes, auxquelles le local était fourni gratuitement, se chargeaient de tous les frais qu’exigeaient les représentations et bénéficiaient du produit intégral des entrées1.

En 1772, on a trace d’un projet avorté (faute de moyens) de construction d’une salle de spectacle par Turgot. La troupe de Cizos de Guèrin, séjourne à Limoges de mai à fin juillet 1781 et obtient un véritable succès. A. Fray-Fournier indique que l’intendant Turgot lui-même ne dédaigne pas assister aux représentations, tout en se tenant au courant de ce qui se joue à Paris. Ainsi écrit-il à son ami Condorcet, en 1774 : « Je suis fâché et vraiment surpris du mauvais succès de Sophonisbe. La pièce2 est, en général, très bien écrite et je n’y vois point ces familiarités qui ont fait rire le parterre et que M. de la Harpe doit, dites-vous, retrancher. Je n’y vois pas, non plus, de longueurs sensibles et le cinquième acte me paraît terrible et de la plus grande beauté. Je l’avais même vu représenter à Limoges par des acteurs très médiocres, à l’exception de celui qui jouait Massinissa, et le cinquième acte avait fait sur moi un grand effet. » Les spectacles de théâtre sont assez nombreux, comme l’assistance, mais la vieille Maison du Consulat ne semble plus très propice à leur accueil.

1 Certaines des informations de ce chapitre proviennent d’A. Fray-Fournier, « Le théâtre à Limoges avant, pendant et après la Révolution », articles dans Limoges-illustré parus en 1900.
2 Ecrite par Jean Mairet, revue par J.-F. de la Harpe au Théâtre-Français en janvier 1774.

En 1775, un nommé Besse aménage un local (de jeu de paume) rue Banc-Léger en vue de représentations scéniques. On y voit des comédies, des tragédies, des opéras bouffons, des drames lyriques, des pantomimes et des ballets. La Feuille hebdomadaire de la Généralité de Limoges, dont le bureau se trouve à côté de la nouvelle salle de la Comédie, chez le sieur Chambon1, vis-à-vis les Ursulines2, imprimée par Pierre Chapoulaud, place des Bancs, donne une idée des représentations données. Ainsi, si l’on ne prend que la période allant de mai à septembre 1775, on peut lire précisément la programmation3 de « cette nouvelle troupe » dirigée par un certain sieur Laurent4: le Bourru Bienfaisant, de Carlo Goldoni (quatre ans après sa création à la Comédie-Française, suivi des Deux avares, opéra-comique d’André Grétry ; Beverlay, drame en cinq actes, par Bernard-Joseph Saurin, poète dramatique, suivi des Deux chasseurs et la laitière de Louis Anseaume ; Les Amants généreux de Rochon de Chabannes. « Nous dirons, à la satisfaction du Public & à la gloire des Acteurs, que ces deux pièces ont été supérieurement rendues. Les bornes de notre Feuille ne nous permettent pas d’apprécier les talens particuliers de cette Troupe, les Amateurs en son contens, & jamais Limoges n’avoit été si bien monté en Comédiens. On donne aujourd’hui les Fausses infidélités, Comédie en un acte, suivie de Tom-Jones. » On représente Le Glorieux, de Philippe Néricault Destouches, suivi de Nanette et Lucas (ou La Paysanne curieuse), de Nicolas-Etienne Framery. Samedi, l’Orphelin Anglais, de Charles Henri de Longueil –représenté pour la première fois par les Comédiens ordinaires du Roi, le mercredi 26 février 1769 – suivi du Sorcier, opéra-comique de Poinsinet. Le Dépit Amoureux, comédie en cinq actes et en vers de Molière, suivi du Roi et son Fermier, opéra-comique en 3 actes de Michel-Jean Sedaine. On donne le Tartuffe, créé six ans plus tôt par Molière sur la scène du Théâtre du Palais-Royal, suivi de l’opéra-comique d’ André Grétry, Sylvain. « Mlle Loizeau, qui joue ordinairement dans les Opéras, remplit Dimanche un rôle dans le Dépit Amoureux. Nous ne sommes ici que les échos du public éclairé, & nous osons dire avec raison, que lorsque cette Actrice paroît sur la scene, la reconnoissance publique se manifeste avec éclat. Des manières aisées, un jeu vif le naturel, la voix la plus flexible & la plus douce, sont véritablement les traits qui caractérisent Mlle Loizeau. Le Directeur de cette Troupe, toujours occupé de plaire au Public, se dispose de donner incessamment Zemire & Azor5, orné de tout son spectacle, &

1 Chambon ouvre aussi un cabinet de lecture.
2 La construction des bâtiments, vers le bas de la rue de la Boucherie, fut commencée en 1627. Le couvent fut détruit par l’incendie du 6 septembre 1790.
3 La Feuille n’indique pratiquement jamais le nom des auteurs, c’est moi qui les donne.
4 Fin juin 1775, il se casse le talon d’Achille, en dansant dans l’opéra-ballet Zémire et Azor et doit demeurer alité trois semaines.
5 Un opéra-ballet en quatre actes d’André Grétry, livret du corrézien Jean-François Marmontel, créé devant la cour à Fontainebleau, le 9 novembre 1771.

de tous ses changemens de décorations. » « On a représenté, Mercredi, sur le Théâtre de Limoges , la Comédie du Tartuffe , suivie de Sylvain. Dans cette dernière pièce, le plus jeune des enfans du sieur Laurent, Directeur de la Troupe, a merveilleusement rempli le rôle de Lucette. En excitant l’admiration du Public éclairé, elle a su réunir aux charmes de la jeunesse les grâces de la diction. Nous ne craignons pas d’ajouter que quand on fait des prodiges dans un âge aussi tendre, on ne peut manquer dans la suite, de réunir tous les suffrages. »

« On a donné, Samedi, une première représentation de Zémire & Azor. jamais les Acteurs et les Actrices n’avoient développé leurs talens avec tant d’avantage. On n’avoit jamais entendu une musique plus harmonieuse ni plus expressive. Aussi l’Assemblée était- elle nombreuse, & le Spectacle brillant. On a représenté, Dimanche, le Mercure Galant1, suivi du Milicien, opéra-comique de Louis Anseaume. « Cette Pièce a été très bien rendue. On donnera demain Turquaret2, suivi du Cadi dupé, [un opéra-comique en un acte que Gluck composa sur un livret français de Pierre-René Lemonnier (1761)]. L’art avec lequel Mlle Loiseau ménage sa voix, & l’agrément qu’elle prête à tout ce qu’elle exprime, lui ont sans doute mérité l’hommage qui suit : [suit un poème où figure le vers :] « L’Oiseau devient une jeune beauté. » On représente Le Huron, de Voltaire, précédé du Médecin malgré lui de Molière. On donne L’Écossaise, de Voltaire, suivie d’Annette et Lubin de Marmontel, Le Diable à quatre, opéra-comique de Michel-Jean Sedaine. « On donnera, Mercredi, les Jeux d’amour & du hasard, Comédie en trois actes de Marivaux. Une actrice nouvelle débutera, dans cette Pièce, par le rôle de Silvia. Cette Comédie sera suivie de la Gageure, petite Pièce en un acte, dans laquelle la nouvelle Actrice jouera le rôle de la Marquise de Clainville. On a remis à Jeudi le grand Spectacle de la Fée Urgelle : le Directeur de la Troupe s’étoit proposé de satisfaire plutôt l’attente du public; mais les différentes décorations dont cette Pièce est susceptible, & qu’il a voulu rendre parfaites, ont mis des bornes à son empressement. Une nouvelle Pièce de Méchanique, digne de l’attention des connoisseurs, terminera le dernier acte. » On ne répugne pas de jouer Pourceaugnac, de Molière, suivie de l’opéra-comique d’ Audinot et Quétant Le Tonnelier. L’Ecole des Femmes, la comédie de Molière, est jouée, suivie de Sylvain. « On a représenté, Mercredi, sur le Théâtre de Limoges, La Feinte par Amour3, suivie du Maréchal4. Jeudi, Les Fourberies de Scapin5, comédie, suivie du Soldat

1 Cette pièce d’Edme Boursault fut créée le 5 mars 1683 et met en scène une galerie de personnages ridicules voulant à tout prix faire publier des informations à leur sujet dans Le Mercure galant.
2 Turcaret ou le Financier est une comédie en cinq actes en prose de Lesage représentée pour la première fois à la Comédie-Française le 14 février 1709.
3 Comédie de Claude-Joseph Dorat (1734-1780).
4 Il s’agit sans doute du Maréchal ferrant, opéra-comique de Quétant en 2 actes représenté sur le théâtre de l’Opéra-Comique de la Comédie Italienne et à la Cour en 1765.
5 de Molière, créée au théâtre du Palais-Royal à Paris le 24 mai 1671.

Magicien1. Dimanche Ninette à la Cour, ou le Caprice amoureux2, Comédie, précédée du Devin du Village3. Demain la Métromanie4. »

Et ainsi de suite… On note d’ailleurs que les représentations se poursuivent en juillet et en août. Une programmation variée, on le voit, alternant théâtre (surtout des comédies, mais avec quelques auteurs des Lumières comme Marmontel, Rousseau, Voltaire…) et opéra-comique. Pour celui-ci, les scènes chantées alternant avec des dialogues parlés – avec des apartés au public –, pas étonnant que les comédiens y trouvent leur place.

En 1780, de jeunes gens amateurs de théâtre décident de monter sur les planches et obtiennent le succès, avec, par exemple, le Tartuffe ; ils ne convient toutefois que la « bonne société » à leurs représentations. A. Fray-Fournier précise : « M. Roulhac du Cluzeau, que nous voyons tenir ici l’emploi de régisseur, fut souvent chargé des intermèdes. C’était un agréable causeur, d’une verve spirituelle; littérateur élégant, il faisait des petits vers, des couplets, des romances, des impromptus; on le rencontrait au foyer, dans les coulisses, badinant, folâtrant, mais à petit bruit, en sourdine, ainsi qu’il seyait à un procureur du roi au bureau des finances. »

Au début de 1784, une (autre ?) société d’amateurs présente une pièce de théâtre jouée par des membres de la bonne société limougeaude, parmi lesquelles des femmes. Le clergé s’en émeut mais il est accusé de fanatisme. On songe alors à la création d’une salle (par exemple au Collège royal), mais les avis divergent : y accueillir seulement théâtre et concerts ou envisager aussi un restaurant-brasserie, des salles de jeux, une bibliothèque. Finalement, rien n’aboutit.

Au mois de décembre 1784, on trouve aussi un groupe d’artistes se qualifiant « comédiens du roi » qui furent très appréciés. Parfois, des comédiens en renom, comme Fleuri et Larive, quittent les théâtres de Paris et viennent tenir, durant quelques semaines, les premiers rôles. Selon A. Fray-Fournier, « ce fut ainsi que le public limousin connut la comédie de mœurs de Regnard, Dancourt, Dufresny, Gresset, Piron; le drame bourgeois, réformateur et révolutionnaire, de Diderot, Beaumarchais, Saurin; la comédie satirique de Palissot et de Voltaire, c’est-à-dire tous les genres, toutes les formes de l’art dramatique moderne. » Le public qui peut payer le prix des représentations est aristocrate et bourgeois (le

1 Opéra-comique d’Anseaume, 1760.
2 Une comédie en trois actes et en vers, mêlée d’ariettes, de Charles-Simon Favart, représentée pour la première fois le 12 février 1755 au Théâtre-Italien.
3 Intermède (petit opéra) en un acte de Jean-Jacques Rousseau (paroles et musique), représenté le 18 octobre 1752 au château de Fontainebleau devant Louis XV et la cour.
4 Comédie en 5 actes et en vers d’Alexis Piron écrite en 1736 au château du Raincy, domaine du marquis de Livry.

peuple parle des gens « du bel air »). Juge de Saint-Martin écrit : « Le théâtre est devenu, pour la plupart de nous, un besoin; c’est le rendez-vous des gens d’affaires d’un côté, des gens de loisir de l’autre. »

Sa salle étant détruite par un incendie en 1790, Besse achète le couvent des Récollets Saint-François et y établit, dans l’église, un théâtre de 525 places. Notons que pendant la Révolution, le goût pour la théâtralisation s’empare de la rue et les fêtes civiques se multiplient. La Société Populaire fait jouer des pièces à sujets militaires et patriotiques. Toutefois, au mois de mars 1790, la police municipale de Limoges s’oppose à la représentation d’une pièce intitulée la Prise de la Bastille. Le 13 brumaire an 2 (13 novembre 1793), une citoyenne fait, à la tribune du club, la motion d’établir un théâtre où, chaque jour de décadi, la société populaire donnerait au peuple des pièces républicaines, aux frais des aristocrates. Un comité de direction est constitué : Michelin, directeur; Thévenin, vice-directeur; Recoquillé, adjoint; Guibert, trésorier; Devarnet, secrétaire. On utilise la salle de Besse, éclairée par des lustres réquisitionnés à l’Hôtel particulier de Naurissart, directeur de la Monnaie émigré. On alterne représentations gratuites pour les artisans, journaliers, cultivateurs et représentations payantes. Pour l’ouverture, on joue Brutus de Voltaire et L’épreuve villageoise, paroles de Desforges et musique de Grétry. Le Comité révolutionnaire de Limoges surveille attentivement la programmation. Ce fut ensuite le trouble littérateur Guillaume Imbert de Boudeau qui s’en chargea1.

En 1799, la ville de Limoges prend la salle Besse en location – en 1802, la troupe est dirigée par Hébert, à qui succède Nortier Duberneuil puis Mademoiselle Zelmer et Monsieur Beauval. En 1803, Mlle Sainval, tragédienne de la Comédie-Française, donne une série de représentations.

En 1807, les départements de la Haute-Vienne, Corrèze, Dordogne, Charente et de la Vienne forment le 9ème arrondissement théâtral de France. En juillet, Madame et Monsieur François-Joseph Talma, comédiens de l’empereur, fort réputés, se produisent à Limoges. Voici le récit de leur visite par A. Fray-Fournier : « Ils séjournèrent à Limoges du 8 au 19 juillet et donnèrent sept représentations. Pour leurs débuts, ils jouèrent dans Abufar ou la famille arabe, tragédie de Ducis, et l’Acte de naissance. Successivement, ils parurent dans Bayard, tragédie de De Belloy, Andromaque et Iphigénie en Aulide, de Racine. Les trois dernières représentations furent ainsi composées : jeudi 16 juillet, Manlius Capitolinus, tragédie de M. de Lafosse, la fausse Agnès, comédie en trois actes, de Destouches; samedi 18 juillet, Hamlet, tragédie de Ducis; dimanche 19 juillet, Britannicus et la Femme juge et partie,

1 L. Bourdelas, dans Le Noyé des bords de Vienne, Editions Mon Limousin, 2019, en propose un portrait romancé.

comédie en 5 actes, de Montfleury. Est-il besoin d’ajouter que toute la haute société se rendit, chaque fois, à la salle de spectacle? Jamais on ne vit une telle affluence et une assistance aussi choisie. Jamais succès ne fut plus grand, mais aussi jamais on ne déploya autant de talent que le firent les deux grands artistes. L’enthousiasme fut porté jusqu’au délire et, à la dernière représentation, après que Talma et sa femme eurent très gracieusement répondu aux rappels du public, les comédiens qui les avaient secondés se groupèrent autour d’eux sur la scène et leur offrirent des couronnes. La Loge maçonnique fit fête à Talma (qui était de la loge « L’Union », à Paris – NdA) et l’un de ses membres, « l’Ermite de Montjovis », lui adressa des vers d’un lyrisme extravagant ».

Le 11 avril 1807, pour la saison d’été, on annonce que la salle de spectacle, rénovée, sera éclairée « en quinquets » (lampes à huile ou à pétrole). Ce qui rappelle une description de Stendhal : « L’opéra finit, la toile tombe, les spectateurs s’en vont, le lustre s’élève, on éteint les quinquets. L’odeur de lampe mal éteinte remplit la salle. »1

En 1813, dans un courrier au maire, le préfet écrit : « les spectacles sont nécessaires pour occuper les oisifs, imposer le goût des Beaux-Arts et de l’instruction, et surtout pour épurer et l’accent et la langue dans les pays où l’on parle un idiome corrompu ».

Le 1er août 1811, au Théâtre des Variétés (boulevard Montmartre) à Paris est joué Les Sabines de Limoges ou l’Enlèvement singulier, de Oury et Henri Simon, vaudeville héroïque en un acte, imitation burlesque de l’enlèvement des Sabines2.

En décembre 1817, nous apprennent les Annales de la Haute-Vienne, l’administration du théâtre de Limoges, « jalouse de mériter la protection que lui accordent les autorités de cette ville, ainsi que la bienveillance de ses habitants, n’a cru pouvoir leur témoigner la reconnaissance dont elle est pénétrée, qu’en redoublant de zèle pour obtenir la continuation de leurs suffrages. En conséquence, les artistes-sociétaires viennent d’engager mademoiselle Georges, première tragédienne du théâtre français, pour donner quelques représentations Mais les frais extraordinaires que nécessite son séjour en cette ville obligent l’entreprise à augmenter la prix des places, et à porter celui des premières à 3 f. 30, celui des secondes à 1 f. 80 , et celui du parterre à 1 f. 20. Mademoiselle Georges débutera le vendredi 26 décembre par le rôle de Mérope dans la tragédie de ce nom. » En janvier 1818, le même journal s’enthousiasme : « Chacune des représentations données par mademoiselle Georges, a été un triomphe pour elle ; l’enthousiasme qu’elle avait excité en jouant les rôles de Mérope, de Phèdre, dans les tragédies de ce nom, et d’Idamée dans L’Orphelin de la Chine, s’est accru

1 De l’Amour, 1822.
2 http://www.bn-limousin.fr/items/show/2969#

aux représentations suivantes. En effet, il est impossible d’exprimer avec plus de vérité dans l’accent, le geste et le jeu de physionomie les passions violentes de Cléopâtre dans Rodogune; l’amour d’Aménaïde pour Tancrède, et la tendresse maternelle de Clytemnestre pour Iphigénie. »

En octobre 1828, les Annales de la Haute-Vienne se réjouissent de l’augmentation des tournées en province : « C’était autrefois pour les villes du deuxième ou troisième ordre, une bonne fortune, mais bien rare, bien prônée d’avance et achetée au prix d’une longue attente, que la présence de quelque acteur distingué de la capitale. Les théâtres de Paris avaient des prétentions ridiculement exclusives sur les talents qu’ils avaient formés. Ils ne devaient briller nulle part ailleurs : et soit que ce fût un calcul d’intérêt de la part de l’administration, ou une susceptibilité d’amour propre de celle des artistes, ils voyageaient beaucoup moins qu’aujourd’hui. De nos jours les choses s’arrangent un peu mieux : un congé pour parcourir la province est un article essentiel de l’engagement des premiers sujets : et la province reconnaissante des soins qu’on prend de ses plaisirs, ne se montre avare ni de couronnes ni de ces marques d’approbation plus utiles que les couronnes. »

 

A suivre …