Roger Pougeas, directeur adjoint des Nouvelles Galeries, avec son épouse Marie Bourdelas, hiver 1929-1930, devant la fontaine gelée de l’Hôtel de Ville de Limoges.
Andrée Jantaud et Jean Marais aux Nouvelles Galeries
L’écrivain Fernand Dupuy et Andrée Jantaud
C’est l’une des institutions commerciales de la ville, dont l’un des principaux attraits et atouts est qu’elle est située en plein centre-ville, entre la place de la République, le lycée Gay-Lussac et l’église Saint-Pierre. On a démonté il y a peu la « fresque » de cônes colorés contemporains très « sixties » qui ornait le mur jouxtant les escaliers de la place de la République et rappelait, sur l’emplacement de l’abbaye Saint-Martial, les émaux du Moyen Âge.
L’un de mes premiers souvenirs d’enfance est de revoir, devant l’entrée du carrefour Tourny, le marchand de châtaignes grillées dont le four ressemblait à une locomotive, qui nous tendait les marrons brûlants dans des cornets de papier journal. Je me souviens aussi du plaisir que nous avions à découvrir, avant chaque Noël, le catalogue de jouets spécialement édité. Je sais aussi que la sœur de mon grand-père, Marie Bourdelas fut l’épouse de M. Pougeas, directeur adjoint des Nouvelles Galeries dans les années 1930.
Dès le XIXe siècle, des « grands magasins » et des magasins de nouveautés ouvrirent à Limoges, comme les « Grands magasins du Louvre » ou « La Ville de Paris », « Au printemps » ou « Au Bon Génie », « Au Grand bon Marché » ou « Au Sans Pareil ». On trouve aussi mention de plusieurs « bazars » (mot provenant du persan). En 1892, M. Lehmann, marchand de jouets, s’associe avec M.M. Canlorbe et Demogé pour ouvrir le « Grand Bazar de la Ville de Paris » à la place d’un ancien restaurant, « Le Faisan Doré », rue Porte-Tourny, place de la République et boulevard Carnot. On y vend des jouets, de la papeterie, des serviettes en cuir, de la chapellerie et une publicité d’octobre 1900 annonce l’inauguration des rayons « Modes, Lingerie et Confection Dames ». Comme l’entrée est libre, les chalands sont nombreux à venir « pour voir » et à se laisser tenter. Le 17 novembre 1904 sont inaugurés « Les Nouvelles Galeries », dirigés par M. Lambert, avec leur belle façade « Belle Epoque ». Il n’est pas facile, pour les petits commerces, de résister à ce succès !
En 1960, les Galeries voient leur belle façade disparaître sous un habillage de béton. Trois ans plus tard, dans la nuit du samedi 14 décembre, jour d’affluence avant Noël mais aussi jour de grand froid, un violent incendie se déclare et le magasin est dévasté (l’eau des lances des pompiers gèle…). La mairie installe des éléments préfabriqués place de la République pour que l’activité se poursuive. Il faudra attendre les années 64-65 pour un nouveau départ et une nouvelle architecture.
Les Galeries, c’était aussi « le troisième étage », avec le « snack », où on allait boire un pot en sortant d’une séance de cinéma place de la République, et surtout la librairie-disques-hi-fi, rayon photos, tenue avec élégance et compétence par Andrée Jantaud – elle-même artiste puisque violoncelliste et chanteuse lyrique admise au conservatoire de Paris. Elle organisa nombre de signatures avec des écrivains et des artistes de renom, comme Jean Marais, Patrick Poivre d’Arvor, Fernand Dupuy, Marcel Amont, Charles Dumont, Raymond Poulidor,Jean-Claude Boutier et tant d’autres. Et elle avait bien de la patience à supporter les collégiens ou lycéens qui adoraient s’asseoir au milieu des rayonnages pour lire leur b.d. préférée !
(Article paru aussi dans Le Populaire du Centre)