Croquis limousin
Pour Pierre Verlhac.
Lentement, l’angelus tinte au clocher lointain,
Égrenant dans le soir sa plainte harmonieuse,
C’est l’heure où la forêt livre, mystérieuse,
Ses arômes subtils de lavande et de thym.
Là-bas, dans la vallée, un murmure argentin
De clochettes, s’allie à la chanson joyeuse
Des moissonneurs; déjà, sur la plaine brumeuse,
La nuit laisse traîner des franges de satin.
Sous les châtaigniers verts, aux noueuses ramures,
Dans les gazons fleuris, jonchés de fraises mûres,
Les sources ont repris leur doux chuchotement;
Et la lune, accoudée au faîte des collines,
Baigne de son mystique et pur rayonnement
Les toits de chaume roux des maisons Limousines !
Fernand Vialle
Lemouzi : organe mensuel de l’E̛cole limousine félibréenne, Brive, 1901/12, p. 50