23 Mai

Avis aux amateurs, la plus vieille bouteille de Cognac Gautier de 1762 est à vendre chez Sotheby’s

Sotheby’s met en vente du 14 au 28 mai, le « Grand Frère » ou « Big Brother », la plus grande de 3 vieilles bouteilles de la Maison Gautier datant de 1762, ce qui en ferait l’un des plus vieux cognacs au monde. Une bouteille de 258 ans estimée entre 80 000 et 160 000 £, soit l’équivalent de 90 000 à 180 000 €

Un cognac Gautier de 1762, estimé entre 80 000 et 160 000 livres sterling à vendre chez © Sotheby’s

Comme le rappelle la maison Sotheby’s, il s’en est passé des choses en 1762 : Catherine II est devenue impératrice de Russie, la première parade de la Fête de Saint-Patrick a eu lieu à New-York ou encore c’était la fin de la Guerre de 7 ans qualifiée de premier conflit majeur ou de guerre mondiale à l’époque car de nombreux pays du monde et coalitions s’opposaient. C’est cette année-là où la Grande-Bretagne est entrée en guerre contre l’Espagne Naples. Et puis, cette fameuse bouteille et les 2 autres arrivées jusqu’à nos jours ont été produites par cette Maison Gautier qui avait obtenu en 1755 sous Louis XV un mandat royal pour produire du Cognac.

Cette bouteille est l’une des dernières et plus vieilles connues au monde . La « petite soeur » est conservée au Musée Gautier et le « petit frère » a été vendu à New-York en 2014″, (55000€) selon Sotheby’s

 

On discerne bien le millésime 1762 sur cette étiquette de cognac Gautier © Sotheby’s

Cette bouteille a une histoire assez incroyable, car elle serait restée dans la même famille pendant des générations. L’actuel propriétaire raconte que ses arrière-grands-parents avaient recueilli un orphelin prénommé Alphonse. Celui-ci  a quitté sa famille adoptive entre 1870 et 1880 pour travailler dans la région de Cognac, il serait revenu dans sa famille peut-être à cause de la crise du phylloxera. Il est revenu avec une charrette chargée de bouteilles de cognac, peut-être en lieu et place d’un salaire, dont ces 3 bouteilles de Gautier 1762  avec leurs étiquettes en bon état. Alphonse est malheureusement parti à la guerre de 1914 mais n’en est jamais revenu et n’a pas pu les apprécier.

Le Gautier 1762 est connu et encensé à travers le monde comme un cognac qui transcende le monde des spiritueux de collection », Jonny Fowle Spécialiste des Spiritueux chez Sotheby’s.

Cette bouteille représente non seulement un exemple de viticulture pré-phyloxérique, mais a une valeur historique car précédant la révolution française. « Cette bouteille contient une distillation non seulement d’un superbe brandy mais aussi un pan de l’histoire de Cognac », poursuit Jonny Fowle.

Ce Gautier 1762 sera le clou du spectacle mais Sotheby’s met en vente aussi de vieux Maccallan de 1937 à 1974, et une bouteille exceptionnelle de 1928.

Pour tout savoir sur cette vente de Sotheby’S Londres c’est ici

22 Mai

Bientôt la vente aux enchères des vins de Bordeaux au profit des hôpitaux girondins

Elle va débuter le 15 juin prochain et va durer 7 jours, jusqu’au 21 juin. Cette vente aux enchères solidaire de vin et séjours oenotouristiques ira au bénéfice des soignants à travers des achats de matériels et amélioration de conditions de travail des personnels soignants du CHU de Bordeaux et de l’Hôpital de Libourne.

« Les Vins de Bordeaux disent Merci aux soignants », c’est l’opération caritative qu’ont décidé de lancer l’interprofession et les Vins de Bordeaux. Une vente aux enchères solidaire avec les personnels soignants qui va se tenir du 15 juin au 21 juin, aux dates où aurait du se tenir Bordeaux Fête le Vin,

Pour l’heure, « on est dans la phase de collecte des lots depuis le 15 avril, plus de 500 lots ont été récoltés : 350 lots de vins et 150 lots de séjours oenotouristiques », commente Christophe Chateau, du CIVB. Des dons qui s’arrêteront dans une semaine. Le 29 mai le commissaire priseur sera contacté pour confectionner le catalogue et le 8 juin il sera en ligne pour consultation.

La semaine d’achat se fera du 15 au 21 juin sur le site de vente aux enchères Drouot en ligne, la clôture est prévue le 21 juin à minuit. « Le 22 juin on connaîtra le montant global et la 1ère semaine de juillet on fera un chèque pour l’achat de matériel et pour améliorer les conditions de travail comme par exemple l’aménagement de salles de repos pour le CHU de Bordeaux et l’Hôpital de Libourne », précise encore Christophe Chateau.

21 Mai

Philibert Perrin annonce les Estivales en Pessac-Léognan pour le 20 juin « le week-end de la Fête des Pères »

On sent l’envie de reprendre un rythme normal un peu partout et notamment dans les châteaux du Bordelais. Le syndicat des Pessac-Léognan a fait le choix de maintenir ce rendez-vous désormais annuel. Au programme visites d’un vingtaine de châteaux, dégustations et déjeuners champêtres s’ils sont autorisés, avec bien sûr des règles de sécurité et de distanciation. Côté Châteaux a interviewé ce matin Philibert Perrin, le président du syndicat des Pessac-Léognan.

Les Estivales en Pessac-Léognan, où les rouges sont aussi mis en avant, ici au château Haut-Nouchet en 2017 © Jean-Pierre Stahl

A l’origine, la manifestation s’appelait « Samedi Blanc en Pessac-Léognan » (lancée en 2013), c’était pour les très nombreux châteaux de Pessac-Léognan, crus classés ou non classés, l’occasion de mettre en avant leurs vins blancs de grande tenue, seconds vins ou premiers vins qui s’apprécient aussi sur de vieux millésimes. Mais depuis quelques années, Samedi Blanc a muté pour se transformer en « Estivales de Pessac-Léognan », dans la mesure où de nombreux visiteurs et amateurs de vins souhaitaient aussi déguster les rouges…

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Philibert Perrin, désolé de vous déranger en ce jeudi de l’Ascension, mais dans la mesure où depuis hier soir vous annoncez la tenue des Estivales, bien évidemment l’actualité veut qu’on en sache plus, c’est donc un rendez-vous que vous maintenez ? »

Philibert Perrin : « oui, les Estivales auront lieu le samedi 20 juin, on a décalé d’une semaine, car c’était plus tôt d’habitude. On avait laissé ce sujet en suspens pour voir l’évolution des choses et puis en bureau on a décidé de maintenir mais de décaler d’une semaine sur le week-end de la Fête des Pères(qui aura lieu le lendemain le dimanche 21 juin) donc c’est pas mal et cela nous laisse du temps pour nous organiser ».

La plupart des propriétés sont en train de réouvrir en ce moment aux visiteurs donc c’est un pré-calage. Il y aura 22 châteaux inscrits donc un nombre sympathique avec quelques crus classés », Philibert Perrin, président du syndicat des Pessac-Léognan.

JPS : « Quelles sont les règles de sécurité adoptées ? »

Philibert Perrin : « Les visites, on saura faire…par petits groupes de 10 avec bien sûr du gel Hydro-alcoolique à disposition, des masques, des distances de sécurité à respecter. On prévoit plus de monde pour encadrer les visites. On demandera aux gens de ne rien toucher. Le guide portera masque et gants . Et pour la dégustation, elle sera distancée, le guide se reculera pour commenter la dégustation ».

« Les visiteurs auront à disposition des verres et crachoirs individuels, s’ils recrachent car on s’est aperçu que bien souvent ils ne recrachent pas. Ce sont des crachoirs individuels en carton, qu’ils videront eux-même dans un seau et il n’auront plus qu’à jeter leur carton. »

JPS : « C’est tout de même assez osé d’organiser ces Estivales en Pessac-Léognan car comme les Portes-Ouvertes de décembre, vous avez en général du succès et pas mal de monde… »

Philibert Perrin : « les portes ouvertes de juin (Estivales) ont en général moins de succès qu’en décembre. On se doute bien que les gens vont aller se balader en campagne, en forêt,…(ou à la plage), mais il faut que la vie reprenne ».

S’il y a du monde, il y aura un couloir, une file d’attente, avec distanciation et les visites partiront par groupes de 10 personnes; cela va contraindre les propriétés à prendre plus de personnels, c’est courageux de le faire, mais il faut se relancer, la vie redémarre.

« On s’était posé la question d’organiser les Estivales sur rendez-vous, mais ce sont des portes ouvertes, donc cela restera ouvert à tout le monde. Les gens seront mis en attente, s’il y a du monde, on ne pourra peut-être pas satisfaire tout le monde… »

JPS : « Concernant les achats, j’imagine que vous avez pensé à des mesures de sécurité aussi ? »

Philibert Perrin: « La personne derrière la caisse sera gantée, masquée; les paiements s’effectueront par cartes de crédit avec du film étirable (sur le terminal de paiement), et du gel à chaque personne. En fait ce sera les mêmes mesures que dans les commerces ». 

JPS : « S’agissant des visiteurs, vous leur demandez de porter un masque pour les visites ? »

Philibert Perrin : « oui, on recommande fortement aux visiteurs d’être masqués, de venir avec leur propre masque, au niveau du Syndicat nous avons reçu par le CIVB les masques que nous avions commandés, mais cela file vite; au moment de la dégustation, bien sûr ils pourront le retirer pour déguster. »

JPS: « Enfin, concernant votre repas champêtre comment cela va se passer ? »

Philibert Perrin : « Deux alternatives, on en saura plus un peu plus tard, soit le repas champêtre n’est pas autorisé et il sera annulé, soit il est autorisé et ce sera une restauration légère, on verra la forme qu’elle prendra sous forme de plateau ou snacking, on appliquera en tout cas les mesures gouvernementales, il faut que cela soit bien carré… »

Les Estivales en Pessac-Léognan : samedi 20 juin de 10h à 19h, visites de propriétés, dégustations et animations, déjeuners champêtres (sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire) à 36€ et sur réservation.

Pour en savoir plus, et réservez votre déjeuner-champêtre : le site www.pessac-leognan.com

Lire ou relire : Les propriétés familiales vous ouvrent leurs portes pour la nouvelle version des « Estivales en Pessac-Léognan »

19 Mai

Le CIVB a commandé 500 000 masques pour répondre aux demandes des vignerons de Bordeaux

Depuis ce matin, c’est l’effervescence au Bar à Vins du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux. La première commande de 200 000 masques est arrivée et distribuée depuis 9h, une seconde de 100 000 arrive vendredi, puis une troisième de 200 000 la semaine prochaine. Ces masques répondent à la demande des viticulteurs du bordelais pour garantir la sécurité des vignerons, des salariés et des touristes. Ils sont rétrocédés aux viticulteurs à prix coûtant.

Mayeul l’Huilier, à gauche, et Christophe Chateau à droite, en plein chargement des voitures des responsables de syndicats viticoles © CIVB

« On a transformé le Bar à Vins en Mc Drive, on a un comptoir allées de Tourny, les gens se garent devant et on distribue… », commente Christophe Chateau, directeur communication du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

Premier sur la ligne d’arrivée, Mayeul l’Huilier, directeur du syndicat des Graves : « à 9 heures, je faisais partie des premiers, vu que j’habite Bordeaux c’est plus pratique pour ensuite les porter dans les Graves.

On est allé les chercher ce matin au CIVB, il y avait déjà 4 voitures dans la file, nous on a commandé 12 000 masques, mais on a pu prendre que la moitié, les 6000 premiers qu’on va proposer aux vignerons de venir les chercher. On va les informer par mail, dans l’ordre dans lequel ils avaient passé commande, « premiers arrivés, premiers servis »… » « Mayeul l’Huilier des Vins de Graves.

Parmi les matinaux, également Mickaël Rouyer, directeur du syndicat viticole de Blaye: « j’étais à 9 heures au CIVB pour chercher une partie de la commande des Vignerons de Blaye; ils ont commandé 25 000 masques et ce matin on en a eu 12 000 ».

Il y a une forte attente autour des masques qui étaient annoncés pour le déconfinement, bon on est le 19 mai, c’est surtout pour le personnel, dans les chais et sur les chaînes de production ou d’embouteillage que c’est le plus préoccupant. Après c’est important aussi pour l’accueil à la propriété… » Mickaël Rouyer du syndicat de Blaye.

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a répondu à l’attente et la demande de nombreux viticulteurs et salariés qui s’en étaient fait l’écho. « On a commandé 500 000 masques qu’on va mettre à disposition des vignerons à travers leur ODG (organisme de défense et de gestion) ou syndicat viticole. Des masques achetés et rétrocédés à prix coutant: 55 centimes hors taxe. Le coût pour nous c’est zéro, on achète et on revend à prix coûtant. »

« On avait en prime la filière de distribution toute prête à travers les syndicats viticoles, plusieurs viticulteurs nous en ont demandé et puis on a réfléchi courant avril et on a fait appel à un importateur français que l’on connaît: il importe depuis 25 ans des textiles de Chine, il connaît les usines et le prêt par coeur. C’est lui qui nous fait fabriquer les porte-verres rouge pour Bordeaux Fête le Vin. 

On a passé la première commande il y a 4 semaines, puis une deuxième il y a 3 semaines, on nous a livré hier à 14h déjà 200 000 masques, vendredi 100 000 arrivent à nouveau et 200 000 la semaine prochaine. Ce matin on a pu délivrer la moitié des commandes aux ODG », Christophe Chateau du CIVB.

« Les commandes sont hyper variables : gens de Saint-Emilion nous ont commandé 100 000 masques, les Graves 12000, Sauternes 12000, Pessac 8000, Margaux 20 000, les bios 300, les Francs 1700… Au début tout le monde manquait de masque et puis c’est devenu plus facile d’en avoir, surtout en grosses quantité, c’est pour cela que les syndicats ont fait appel à nous, maintenant c’est plus simple et les prix devraient même baisser dans les mois à venir », selon Christophe Chateau.

Concernant l’attente des vignerons, Mayeul l’Huilier confirme que « la plupart des masques c’est pour leurs salariés, ils ont eu beaucoup de demande en matière de protection et puis pour ceux qui font de l’oenotourisme, ils veulent pouvoir les proposer à leur clientèle ou les mettre à disposition. Nous on en a aussi acheté pour la Maison des Vins, pour éviter que les gens aient peur de rentrer en magasin… »

A Saint-Emilion, ce matin ça bouge aussi du côté de la salle polyvalente vers le parc Guadet : « je suis en train de faire installer le drive », me confie Franck Binard le directeur du Conseil du Vin de Saint-Emilion. 

On a fait une commande de 95 000 masques, tous les viticulteurs piaffent d’impatience »Franck Binard du Conseil des Vins de Saint-Emilion

« A partir de cet après-midi, on a 360 commandes et vignerons qui vont venir à la salle polyvalente. Tous ont répndu présent, car il y a beaucoup d’interrogations pour l’avenir dans les propriétés, pour le travail des collaborateurs dans les entreprises et pour les ouvriers aux chais, ils ont préféré sécuriser ».

Cela va être assez intense « cet après-midi de 14h à 18h et demain de 9h à 17h avec 7 comptoirs de réception, avec du gel hydro alcoolique à toutes les tables. Ce n’est pas du tout un achat lucratif, surtout un service que l’on rend aux vignerons, on est là pour cela, pour essayer de faire ce que l’on peut. » La Maison du Vin se prépare aussi rouvrir la semaine prochaine avec des mesures de protection et des vitres en plexiglas.

C’était une des attentes des vignerons girondins, c’est bien que le CIVB ait mutualité les moyens, c’est une initiative louable » Mickaël Rouyer directeur du syndicat de Blaye.

Bref tout le monde se remet en ordre de marche pour pouvoir accueillir du public dans les conditions optimales de sécurité et rassurer aussi les salariés qui le demandaient.

18 Mai

Pascal Pressac, un chef dans les starting-blocks pour la réouverture de son restaurant: « on espère ouvrir le 2 juin, moi j’y crois ! »

Le chef de la Grange aux Oies au sein du château-hôtel de Nieuil en Charente se tient prêt. Le chef qui outre sa toque coiffe aussi la casquette de président des Tables Gourmandes de Poitou-Charentes répond aux questions de Côté Châteaux. Comme bon nombre de chefs et de responsables de cafés-restaurants de France, il trépigne d’impatience et se prépare à la réouverture de son restaurant qu’il tient avec Patrice Devaine, président des sommeliers de Poutou-Charentes. Il est l’invité de Parole d’Expert.

Le chef sommelier Patrice Devaine et le chef cuisinier © Pascal Pressac, sur leur terrasse de la Grande aux Oies et devant le château-hôtel de Nieuil

Jean-Pierre Stahl : « Comment ça va Pascal Pressac ? »

Pascal Pressac : « Eh bien ça va, on espère ouvrir le 2 juin, on attend bien sûr la confirmation le 25 mai, mais moi j’y crois ! Je bouge maintenant, je vais au marché tous les jours, je rencontre du monde. J’ai annoncé à tout le monde que j’ouvrais le mardi 2 juin. Les gens sont prêts à venir, je pense avoir une trentaine de couverts pour le dîner.

« Néanmoins j’ai une inquiétude : quel protocole on va nous demander pour ouvrir nos établissements ? On s’en doute mais on n’en sait rien… »

JPS : « Oui, parce que vous attendez de savoir ce qui va vous être demandé … ? »

Pascal Pressac : « L’inquiétude est là: est-ce qu’on va pouvoir travailler à 60%, 40% ou 30% de la capacité d’accueil ? J’aimerais qu’on nous le dise le plus tôt possible, pareil pour le personnel de salle qui va devoir travailler avec des masques, on s’en doute, mais on n’en sait rien. »

« Par ailleurs, il va falloir arrêter les cartes de restaurant qui passaient de mains en mains. On a pensé à une carte imprimée sur feuille que les gens pourront rapporter chez eux. Une chose est sûre on ne va plus pouvoir travailler comme avant, je suis prêt à m’adapter ».

JPS : « Avez-vous pensé peut-être à des cartes interactives que les gens pourront consulter sur leur smartphone ? »

Pascal Pressac : « Je pense surtout qu’on pourrait le faire pour les vins, notre carte des vins est tellement complète, c’est un peu compliqué, mais on y réfléchit. Pour le terminal de paiement, il y a aussi peut-être la possibilité d’envoyer un mail, vous cliquez et le paiement peut se faire comme cela, on réfléchit à plein de choses.

« Mais qu’on nous dise assez rapidement, qu’on nous fasse part du protocole assez rapidement, pas comme la dernière fois où on a du fermer nos établissements 4 heures après l’annonce, car il y a tellement de choses à mettre en place. Je pense que la clientèle va revenir, ils ont envie de bouger.

« Un établissement comme le nôtre, à la campagne, on peut s’adapter, il est assez vaste et puis nous avons une belle terrasse extérieure… Je suis plus inquiet pour les petits restaurants ou brasseries dans les grandes villes, si on leur enlève de la capacité, ils ne pourront pas tenir, d’autant qu’ils ont des petites marges. Voilà, je pense à tous les petits restos de ville qui ont des tickets moyens pas très élevés, s’ils ne peuvent accueillir que 10 personnes au lieu de 30 la rentabilité va être peu élevée…et tous les collaborateurs ne pourront pas être là, ils seront pour certains obligés de rester chez eux…Il y a plein d’inquiétudes…

JPS : « Malgré tout il faut respecter les gestes barrières…? »

Pascal Pressac : « Bien évidemment, la raison sanitaire reste importante et la clientèle doit avoir confiance en nous et dans nos établissements. On y travaille. Il faut vraiment qu’on respecte toutes les mesures qu’on va nous demander… »

JPS : « Pour ceux qui ne le savent pas encore, qu’est-ce qui va se passer ce fameux 25 mai ? »

Pascal Pressac : « Le Premier Ministre va tirer les conclusions de deux semaines de déconfinement et on va savoir si on peut rouvrir ou pas. C’est là qu’il va se prononcer, tout en tenant compte qu’on est dans une région verte, assez préservée, il va en tenir compte. »

JPS : Il est clair aussi que la situation financière de vos établissements ne permet pas de rester encore fermés trop longtemps…? »

Pascal Pressac : « Non, cela ne pourra pas durer longtemps.En juin, juillet et août, c’est là où nous avons une activité intéressante, ces 3 mois nous permettent de passer l’hiver sereinement ; si on loupe ces 3 mois, comment vit-on ? Ce n’est pas une solution, il faut que l’on soit autonome. Tous les établissements ont fait le prêt garanti pas l’Etat, un jour il faudra bien le rembourser… »

JPS : « Néanmoins, vous restez optimiste Pascal ? »

Pascal Pressac : « Oui je suis prêt, j’y crois ! Qu’on ouvre ces établissements et qu’on rallume nos fourneaux, la belle saison arrive, le potager est aussi prêt, il faut y aller ! »

15 Mai

Vignes inondées, humidité, mildiou et black rot qui « pointent le bout du nez », pas simple le boulot de vigneron

Les épisodes de pluies intenses du week-end et du début de semaine ont engendré des inondations dans les vignes et d’énormes difficultés pour entrer sur les parcelles pour y effectuer des traitements tant en bio qu’en conventionnel. Les attaques de mildiou et aussi de black rot se font jour et devraient être encore plus fortes dans les jours à venir. Réactions dans le vignoble bordelais.

Pour le traitement de cette fin de semaine, je vais louer un hydroglisseur, ce sera plus facile – à Sainte-Terre © Benoît-Manuel Trocard

DU JAMAIS VU EN MAI, TRACTEURS PLANTES TRAITEMENTS DIFFERES

C’est du jamais vu, on a ici 15 centimètres d’eau dans la vigne, c’est vraiment haut », commente Benoît-Manuel Trocard, vigneron, face à une parcelle de vigne inondée de Sainte-Terre dont il s’occupe.

« Il y a des situations qui sont dramatiques… Des vignerons se sont plantés dans leur vigne. Qu’il pleuve, on est habitué, mais là… Avec 120 millimètres depuis 15 jours on a des coins totalement inondés, les sols sont gorgés d’eau, sur Sainte-Terre, Puisseguin, le Saint-Emilionnais à fond, le secteur de Langon, et le Médoc a pris cher aussi… Cela nous empêche de traiter le vignoble, que ce soit en tracteur ou à pied le terrain est inaccessible », Benoît Manuel Trocard. « Le problème c’est qu’on est déjà hors couverture, on a 14 jours pour refaire les traitements en systémique et en bio tous les 7 jours ».

« L’autre souci, c’est qu’on va être en pleine fleur dans une semaine, cela dure 2-3 jours et c’est très odorant; la peur c’est d’avoir aussi du millerandage: c’est quand il pleut, les pétales se collent sur la baie et font avorter l’oeuf. Quand il pleut trop, il y a de la coulure ou du millerandage, tu te retrouves avec la moitié ou un tiers de grappes en moins… » Si tu rates un traitement, tu mets en péril ta récolte. On ne les fait pas parce qu’on a envie d’en faire, mais parce que c’est nécessaire. Avec cette pluie et humidité, la vigne ramasse et le mildiou peut s’installer sur grappe , ce n’est pas bon à voir, en une semaine elle peut être déséchée complètement, c’est chaud patate… »

Attaque de mildiou sur grappe © Sophie Aribaud

DES SOLS SATURES EN EAU

« Plusieurs secteurs ont été inondés, les sols sont saturés en eau », confirme Sophie Aribaud conseillère viticole, qui a enregistré de 60 à 120 millimètres d’eau samedi-dimanche sur les domaines qu’elle suit entre le libournais et le langonnais. « Les gens essaient de passer dans leur vigne, mais énormément de tracteurs ont du être remorqués…

« Au niveau des maladies, on a vu l’apparition de taches de black rot un peu partout et des taches de mildiou, mais là pas forcément de grosses attaques car j’avais fait traiter très tôt mais je m’inquiète sur les semaines prochaines avec une incubation de 8 à 12 jours pour le mildiou« .

On est sur des formes chaotiques d’attaque de mildiou, avant il arrivait sur feuilles et descendait sur la grappe, là il peut prendre directement sur grappe » Sophie Aribaud conseillère viticole.

Autre maladie, le black rot qui a une période d’incubation d’une vingtaine de jours, « il peut aussi prendre sur grappe et le stade de sensibilité c’est jusqu’à pleine véraison », me précise Sophie Aribaud. « La dernière grosse attaque remontait à 2014, cela donne de sales goûts dans les vins, comme le botrytis et l’oïdium. »

Aussi en ce moment pour les traitements où il est difficile d’entrer dans certains rangs de vigne, c’est un peu « un passage en force, parfois avec des quais ou même à dos d’homme, à l’ancienne, et certains ne passent pas du tout…Sur les vignes en bio, ils sont à 5-6 traitements depuis le début et 3-4 pour les conventionnels ».

Ce sont des pluviométries digne des mois de novembre-décembre, mais pas de mois de mai, c’est du jamais vu depuis ces 20 dernières années », Sophie Aribaud.

Attaque de black rot sur feuille © Nicolas Lesaint

 

LES BIOS SUR LE QUI-VIVE

« On s’est pris 220 milimètres de pluie en 15 jours, c’est un truc de fou », commente Jean-Baptiste Duquesne, vigneron à Saint-Pierre-de-Mons et Mazères, certifié bio et Demeter cette année 2020 (qui était en conversion jusqu’ici). « On a pu traiter mardi la moitié des parcelles les mieux drainées et on attend pour traiter la deuxième moitié probablement demain ».

« Le fait que nos sols soient plus vivants, on a fait du bon boulot, l’eau est rentré, les couverts végétaux ont permis d’absorber l’eau et on a des sols poreux. L’enherbement, c’est sûr nous a aidé. Dans le sud-gironde, on ne peut pas rentrer dans les vignes; je pense que tout le monde va devoir réenherber et remettre de la nature organique.

Pour l’instant, ça tient, on n’est pas inquiet, même si le mildiou peut exploser à tout moment comme en 2018″ Jean-Baptiste Duquesne château Cazebonne

Jean-Baptiste Duquesne avait gelé en 2017, grêlé à 100% en 2018 et avait eu une faible récolte en 2019; « cela fait 3 années difficiles, cette année on espère que cela va aller… On une belle charge sur nos vignes. »

« LE GROS SUJET, CELA VA ETRE LE BLACK ROT »

Au château de Reignac à Saint-Loubès, Nicolas Lesaint témoigne : « au niveau pluviométrie, on s’est pris 70 millimètres samedi-dimanche, puis 30 millimètres en début de semaine. C’est vrai que c’est compliqué de passer, on pouvait le faire mardi ou aujourd’hui. Mardi, beaucoup ont eu leur enjambeur ou petit tracteur planté, c’était dans tous les sens. Moi j’étais passé avant et je traite aujourd’hui, cela roule bien, on a de la chance d’avoir pas mal de graves sur la propriété, pour la partie des argiles ce sera la semaine prochaine. »

Nicolas Lesaint a vu poindre un peu de mildiou mais surtout plus de black rot, il en a l’habitude, il avait déjà vu des attaques la saison passée : « j’ai une sorte d’habitude, cela revient et c’est spontané et dynamique »

Le gros sujet, cela va être le black rot sur ce millésime, » Nicolas Lesaint du château de Reignac.

« J’ai des voisins qui n’ont pas fait attention avec notamment un traitement de retard par rapport à nous, et ils ont eu une intensité d’attaque hallucinante sur feuilles. Là je n’en vois pas sur grappe, mais quand il va en y avoir ce sera trop tard. Il faut des conditions très sèches pour le freiner. Ce sont des petits ronds secs sur la feuille, la vigne a nécrosé cette partie et des petits points noirs vont se former. Et sur grappe, lors de l’attaque sur baie, elle va devenir beige et tout tombe. »

« Concernant le mildiou, cela va aussi être inquiétant, les contaminations ont eu lieu et rendez-vous dans 10 jours, il pourrait y avoir de grosses sorties sur feuilles et sur grappes. D’année en année, c’est de plus en plus chaotique ».

On se souvient en effet d’une année terrible il y a deux ans, où le vignoble bordelais avait connu une attaque sévère de mildiou. Certains avait perdu une bonne partie de leur récolte et millésime 2018

Clap de fin pour le 36e Marathon des Châteaux du Médoc

C’est une bien triste nouvelle, mais qui se comprend compte tenu de la « nécessaire distanciation » à respecter et de la participation très internationale des coureurs au célèbre Marathon du Médoc. Les organisateurs ont décidé hier de l’annuler pour 2020 et de reporter cette 36e édition au 11 septembre 2021.

Chaque année, le Marathon choisit une thème original. Cette année, c’était le « Marathon des Châteaux du Médoc fait son cinéma ». D’où le titre, je sais quelque peu facile.

Le 36e Marathon des Châteaux du Médoc est donc reporté au 11 septembre 2021. Après consultation des autorités du monde médical, les organisateurs ont fait le choix de la sagesse. Pour eux cette manifestation empreinte traditionnellement de convivialité et de proximité ne pouvait pas se dérouler dans des conditions optimales cette année en raison de la « nécessaire distanciation physique et des incertitudes liées à l’évolution de l’épidémie du virus Covid-19. »

On va être optimiste, on va dire que c’est reporté, ce n’est pas l’envie qui nous manquait, on était prêt, les devis étaient prêts, on a repoussé le plus possible la décision… » Vincent Fabre Président de l’Association du Marathon des Châteaux du Médoc.

Un joli couple en rose au château Montrose lors du dernier marathon © JPS

Les organisateurs mettent un point d’honneur à se préoccuper de la santé des coureurs depuis la création de l’événement. C’est donc une décision unanime qui a été prise par les organisateurs, après consultation des autorités et du monde médical, après aussi en avoir discuté avec les membres de l’association, les bénévoles et les très nombreux châteaux qui sont traversés par cet événement. « J’ai voulu qu’on fasse un vote à bulletin secret des 9 membre du conseil d’administration, on a discuté 4 heures et il y a eu unanimité dans cette décision », me précise le Président de L’AMCM.

Du point de vue de l’administration, il n’y avait pas de consigne particulière, en tout cas jusqu’en août, la question financière ce n’était pas trop un problème, on espérait avec l’équipe médicale que l’épidémie soit terminée au cours de l’été… Mais force est de constater qu’on l’aura toujours…

Vincent Fabre, président de l’AMCM, Manon Lorenzetti château Pédesclaux et Emmanuel Cruse Grand Maître Commanderie du Bontemps © Jean-Pierre Stahl

On a 90 000 personnes dans le Médoc au cours d’un week-end, aussi nous il aurait été difficile de gérer les gestes barrières, cela nous semblait être des scénarios impossible », Vincent Fabre

Même Jésus n’a pas pu faire de miracle pour cette édition de 2020 ! © JPS

« Rassembler 8500 coureurs sur une ligne de départ, où tout le monde est très proche, il nous paraissait extrêmement difficile de faire respecter la distanciation, de même pour la sécurité quand on doit faire des palpations, on avait comme cela une dizaine de points où en face on n’avait pas de solution », précise encore Vincent Fabre.

« Il fallait garder la confiance des bénévoles qui se démènent, garder la confiance des coureurs s’ils avaient eu la peur au ventre d’attraper le virus, et garder la confiance des propriétés qui nous accueillent à quelques jours des vendanges… » Vincent Fabre

Parmi les châteaux traversés par ce marathon, le château Montrose à Saint-Estèphe, Hervé Berland son gérant, se dit « très déçu que cette manifestation soit annulée, tout en comprenant toutes les raisons » auxquelles il souscrit aussi. « C’était une tradition, on y participait tous les ans et on était la dernière étape juste avant la grande ligne droite avant l’arrivée. C’est un événement sportif rentré dans l’histoire, alliant le sport, les grands vins et la qualité de vie. Il a un double objectif: faire participer les grands sportifs et les amateurs de vin.On mettra les bouchées double pour le prochain…  » Une chose est sûre pour Hervé Berland, c’est « plus que jamais, cette épidémie nous conforte dans le constat et l’espoir qu’il faut préserver la nature. » Château Montrose a fait le choix de passer tout le vignoble en bio.

L’organisation reviendra vers les coureurs dans les prochains jours pour préciser les modalités du report, mais déjà ils pourront à leur guise être inscrit gratuitement sur l’une des 3 prochaines éditions.

Ambiance village gaulois avec le groupe Assurantourix &Band au château Pédesclaux au kilomètre 22 à Pauillac © JPS

L’an dernier, ce sont 8500 coureurs qui ont participé au Marathon dont le thème était les Supers Héros…Mais les super héros, ce sont aussi les 3000 bénévoles qui se mobilisent chaque année dont de très nombreux acteurs du monde du vin, vignerons, propriétaires, salariés viticoles, etc bref tout le monde s’y colle et ça ce n’est pas du cinéma, quoique… Allez, on se rêve les coureurs déguisés en Rocky ou Terminator du Médoc…Reste à trouver Sarah O’Connor le 11 septembre prochain.

Revoir le reportage sur le 35e marathon de septembre 2019 avec l’implication des châteaux du Médoc, réalisé par Jean-Pierre Stahl, Thierry Gardet, Eric Delwarde et Stéphanie Plessis :

Revoir en photos le 35 e Marathon du Médoc :

35e marathon du Médoc : une grande fête populaire due à la mobilisation et la passion des châteaux

14 Mai

Domaine du Siorac en Dordogne: « on a hâte de revoir des visiteurs sur notre vignoble… »

Après le confinement, certains ont besoin de s’oxygéner, de se mettre au vert. Rien de tel dans le Périgord Pourpre, le Domaine du Siorac s’apprête à rouvrir lundi prochain et à accueillir à nouveau les visiteurs. Au programme, visite à pied ou en « trottes électriques tout terrain » dégustation, et pourquoi pas un pique-nique ?

Visite du vignoble en famille au © domaine de Siorac avec Muriel Landat-Pradeaux

Muriel Landat-Pradeaux est la 7e génération de vignerons, des vignerons présents depuis 1818, sous Louis XVIII (cela ne nous rajeunit pas) à Saint-Aubin-de-Cadelech en Dordogne. Un domaine de 30 hectares, situé entre Eymet et Issigeac, bref à 10 kilomètres au sud de Montbazillac.

« Je réouvre lundi officiellement, jusqu’à présent on a fonctionné en drive, j’aurais pu laisser la boutique ouverte, mais j’ai préféré attendre. Ce lundi et du lundi au vendredi, y compris le jeudi de l’Ascension, au pourra visiter la propriété, déguster des vins et faire ses achats à la boutique ».

Bien évidemment, cette réouverture va se faire dans les conditions de sécurité nécessaires en cette période d’épidémie de coronavirus qui n’est pas terminée : « il va y avoir des mesures barrières à respecter avec mise en place de gel hydroalcoolique, un sens d’orientation dans le caveau, une distanciation physique d’un mètre entre les personnes, et mise en place de sparadrap au sol au niveau de la boutique et du comptoir ».

Nous allons utiliser aussi de verres à usage unique, des verres à vins de Bergerac-Duras, un verre neuf que l’on va aviner et qu’on ne touchera pas, le visiteur va repartir avec, ce sera son propre verre », Muriel Landat-Pradeaux

Les enfants ne sont pas oubliés et auront aussi la possibilité de déguster du jus de raisin (sans alcool) dans des verres biodégradables à usage unique mis à leur disposition. Il y aura aussi, loi Evin oblige, des crachoirs par personne, avec une poubelle à disposition…pour rassurer tout le monde. « C’est nous qui allons les servir, ils n’auront pas à toucher en magasin, et pour les paiements à la boutique on va privilégier le sans contact jusqu’à 50€, plusieurs sans contacts s’il le faut, afin de ne pas toucher le TPE. »

« Toutes ces visites à la propriété seront sur rendez-vous, sur réservation, pour s’assurer de ne pas avoir de gros groupes, pas plus de 10 personnes en même temps…

On a hâte de revoir des visiteurs sur notre vignoble, on est un territoire adapté, en pleine campagne, les gens qui habitent en ville pourront profiter du grand air, de la biodiversité et de l’environnement. »

Et question environnement, ce vignoble de 30 hectares, 100000 pieds de vigne, qui produit des vins sur les 4 couleurs classiques de Bergerac (blanc sec, moelleux, rosé et rouge) en est à sa 3e année de conversion en agriculture biologique.  Il propose aussi sur réservation une visite du vignoble avec des « trottes électriques tout terrain » avec un partenariat avec « les Randos de Nico »: « ce sont des balades de 5 à 7 kilomètres selon le niveau des randonneurs, avec les explications de Nicolas… »

Quant au géocaching, cela va redémarrer début juin, c’est le principe d’une chasse au trésor connectée avec une application sur téléphone portable Terra Aventura, avec au programme un parcours à pied sur 7,5 kilomètres et 7 énigmes à résoudre…

L’autre bonne surprise est la préparation de pique-nique à emporter, sur réservation (10€): on les prépare avec toutes les règles d’hygiène liées au covid, on a des tables de pique nique à disposition dans le vignoble et on peut déguster une bouteille ou du jus de raisin…

Voilà donc une belle idée de sortie et de balade pour les Périgourdins ou ceux à moins de 100 kilomètres de leur domicile : »on est à 50 kilomètres de la limite du département girondin, c’est donc accessible, même pour des gens du Lot-et-Garonne, de Charente et bien sûr de Dordogne. »

Le Domaine du Siorac a été consacré par un Trophée de l’Oenotourisme 2019 par le Comité Départemental du Tourisme du Périgord.

Pour toute information et réserver votre visite : Domaine du Siorac au 05 53 74 52 90

13 Mai

134 626 € récoltés par le monde du vin au profit du collectif #ProtègeTonSoignant

La vente aux enchères de plus de 1000 bouteilles réalisée du 27 avril au 7 mai par d’iDealWine au profit du collectif #ProtegeTonSoignant a permis de récolter une belle somme qui permettra d’acheter du matériel médical pour les hôpitaux qui en ont le plus besoin. 655 enchérisseurs ont participé et plus de 100 domaines ont donné dont de nombreux Bordelais.

C’est une histoire assez remarquable qui a été mise sur pied en 10 jours. Un élan de solidarité et de générosité, parti de 3 personnes Mathilde de l’Ecotais du Collectif Protège Ton Soignant (#protegetonsoignant),Angélique de Lencquesaing d’iDealWine et Karine Valentin du côté vignerons. Une idée qui a rebondi sur leur carnet d’adresse et c’est ainsi que s’est montée cette vente aux enchères caritative.

Karine Valentin, journaliste et critique à la Revue du Vin de France raconte comment l’idée a rapidement fait son chemin : « cela fait 25 ans que je traine dans le vignoble et je connais beaucoup de monde. Je suis aussi amie avec Mathilde de l’Ecotais, styliste, photographe culinaire et engagée dans la solidarité; elle m’avait parlé de son action au sein de #ProtegeTonSoignant et avec Angélique de Lencquesaing elles m’ont dit qu’elles cherchaient à faire une vente de charité pour le collectif. il fallait qu’on aille très très vite fin avril. Elles m’ont demandé de collecter des échantillons.. »

J’ai passé mon week-end de Pâques à passer des coups de fils et j’ai eu un accueil formidable des vignerons, propriétaires et directeurs confinés, ravis de s’associer à ce collectif #ProtegeTonSoignant. Cela a été formidable et a eu un effet boule de neige dans le vignoble », Karine Valentin journaliste RVF

SUR 1041 BOUTEILLES VENDUES, 447 VINS DE BORDEAUX

Au total ce sont 1041 flacons qui ont été collectés et tous vendus en 315 lots. « A Bordeaux, nous avons eu beaucoup de vignerons et domaines de Saint-Emilion, comme le Domaine de l’A de Stéphane Derenoncourt, la Gaffelière, Figeac, tous les domaines de Boüard, ceux de Nicolas Thienpont, les vignobles Rolland, j’ai eu Pierre Lurton pour Yquem et Cheval Blanc, les Moueix ont donné du Pétrus, la Conseillante aussi;  j’ai eu aussi beaucoup de Médoc avec Brane-Cantenac, Talbot, les Cuvellier également… En Pessac-Léognan, les Bonnnie avec Malartic-Lagravière, Carbonnieux…

Parmi les châteaux qui ont donné, Jean-Michel Laporte directeur de Talbot témoigne : « on a offert une caisse de 6 magnums de Talbot 2010… Avec Madame Bignon, on n’a pas tergiversé, de notre côté on a plutôt été épargné dans notre région, donc si on peut participer à l’effort guerre à notre petit niveau, on a aussi aidé l’association « à la bonne heure » qui a livré des plateaux repas sur Bordeaux… » Séverine Bonnie du château Malartic-Lagravière raconte aussi « on m’a appelé quasiment la veille pour le lendemain…

On a offert 6 magnums de Malartic-Lagravière 2014, c’est vachement bien ce qu’ils ont fait, on n’a pas hésité, on aurait pu donné plus avec les Crus Classés de Graves qui avaient une réunion sur Zoom, mais c’était trop juste, là on réfléchit à aider aussi la restauration extrêmement sinistrée… » Séverine Bonnie du château Malartic-Lagravière.

Autre châteaux à avoir répondu présent, la Conseillante à Pomerol : « on a envoyé 2 magnums de 2015 et un de 2010, des millésimes solaires, et en plus le magnum c’est sympa pour des enchères », commente Marielle Cazaux. « Tous les ans, on participe à des actions caritatives comme 12 de Coeur et au profit de l’Institut Bergonié ou encore la vente de la Banque Alimentaire. En plus Angélique de Lencquesaing est une amie de la Conseillante, son appel était pour nous une évidence dans le contexte et cette volonté de protéger, c’est une petite contribution, d’autant que l’un des gérants Bertrand Nicolas, est médecin lui-même… »

« A la veille du week-end de Pâques, la France était à l’arrêt, on cherchait à contribuer caritativement pour aider », me précise Angélique de Lencquesaing d’iDealWine. « On a cherché dans nos stocks et isolé une vingtaine de flacons qui nous appartenait et en discutant avec Karine Valentin, elle me dit je ne fais que déguster du vin, j’ai l’impression je ne sers à rien, et je lui raconte mon idée. Elle me dit rapproche toi de Protège Ton Soignant qui venait de se créer et de Mathilde de l’Ecotais, et ensemble on s’est dit pourquoi ne pas monter une vente de vin. Dans le week-end de Pâques, Karine a appelé tous ses amis…

Il y a eu un « cluster » bordelais qui s’est constitué très rapidement avec les propriétés qui étaient en recherche de quelque chose à faire, beaucoup de bonnes volontés se sont exprimées » Angélique de Lencquesaing d’iDealWine.

Et de poursuivre à commenter cet élan du monde du vin bordelais : « la société Dartess (spécialiste de logistique et transport de vin) a dit bien sûr on va réunir les vins à titre gratuit et on va les expédier jusqu’à votre entrepôt de Colombes », et ils ont même fait une tournée pour réunir les vins retardataires. C’est pour cela qu’on a eu une contribution des vins de Bordeaux extrêmement significative. » Au total ce sont 116 domaines qui ont participé, 17 régions représentées avec dans le top 3 : Bordeaux avec 447 flacons (sur 1041) et 75150€ récoltés sur ces vins, la Bourgogne avec 113 flacons et 18194€ et la Champagne avec 76 flacons et 13001€.

On voulait tenir cette vente pendant la phase du confinement, pour agir au coeur de la crise pour être efficace vis-à-vis de Protège Ton Soignant et des Hôpitaux, avant que les gens ne soient démobilisés, mais on est loin d’être sorti de cette crise et des besoins pour les hôpitaux« , Angélique de Lencquesaing.

 

L’une des chevilles ouvrières de cette opération, c’est aussi et bien sûr Mathilde de l’Ecotais, artiste, réalisatrice de films publicitaire dans le « food »: « je n’ai pas grand chose à voir avec le monde médical au départ, mais j’ai rallié ce monde des soignants. On était 10 au début dans le collectif, puis 20, 50 et aujourd’hui 110 personnes avec plusieurs pôles et zones d’action, et chacun avec ses compétences, notre façon de faire c’est comme une guérilla. On a commandé des masques, bouses, sur blouses, respirateurs et pousse-seringues… »

La première grosse opération, « notre coup d’envoi a été organisée avec Laurent Dumas, promoteur très investi dans le monde de l’art,  avec une vente aux enchères grâce aux dons d’artistes et de galeries, on a levé 2,5 millions d’euros avec Piasa, la totalité a été rétrocédé à #ProtegeTonSoignant.

Après Karine Valentin et Angélique de Lencquesaing m’ont proposé une action, elles avaient mis de côté du vin et je me suis dit on peut aller plus loin, on a appelé les maisons de vin et les copains et en 10 jours on a monté la vente. On a récolté 134 600 euros, tous les euros vont aux soignants à l’achat de matériels, par exemple l’achat de 2 respirateurs c’est 38000 €. On a délivré de nombreux hôpitaux partout en France, on a beaucoup fait pour l’Alsace, l’Ile de France, les Hauts de France et la Corse, on a répondu aux urgences et aidé tous les hôpitaux qui nous ont appelé« , Mathilde de l’Ecotais.

Depuis la création de #ProtegeTonSoignant, « on a dépassé les 6 millions collectés, c’est une goutte d’eau mais on est arrivé à plusieurs moments cruciaux » Mathilde de l’Ecotais

Le lot de 12 bouteilles de Château Figeac 2010 s’est adjugé à 2905 €, avec frais 3457€ (somme globale intégralement reversée) © iDealWine

DES MASQUES, SURBLOUSES, RESPIRATEURS LIVRES AUX HOPITAUX 

Autre personne importante dans le dispositif #ProtegeTonSoignant Thomas Clozel, ancien médecin et chef de clinique en oncologie à l’Hôpital Henri Mondor à Créteil. Il était confiné durant cette période en Bretagne, le reste du temps il est sur New-York où il a fondé Owkin, spécialiste de l’intelligence artificielle, il collabore avec de nombreux hôpitaux en France et avec l’AP-HP.

Au total, on a livré 180 hôpitaux, on a cherché à valider le besoin des hôpitaux et leur livrer le matériel qui leur fallait avec des fournisseurs fiables » Thomas Clozel du collectif #ProtegeTonSoignant.

« Au départ, Strasbourg et Colmar avaient des besoins urgents en respirateurs, et puis nous avons eu des demandes de masques car beaucoup de médecins ont travaillé au début sans masque, c’est pour cela aussi qu’il y a eu beaucoup de médecins et soignants malades. On a diversifié nos sources, on a pu livré des centaines de milliers de masques grâce à cette diversification sur mars, début avril les besoins en respirateurs se sont calmés, mais le consommable blouses et masques toujours autant, tant pour les hôpitaux que pour les médecins libéraux, des cliniques aussi ne savaient pas comment se sourcer…Nous avons aussi eu la demande d’échographes et de seringues-électriques. Et puis aussi on a livré des frigidaires, quand on voit les salles de garde, c’est quelque chose d’inquiétant. Certains soignants n’avaient pas à manger, on a livré des repas », précise Thomas Clozel.

Thomas Clozel regrette le « retard à la compréhension des besoins et les couacs du gouvernement qui a mis du temps à comprendre ces besoins, mais personne n’avait prévu tout cela, ce n’était pas facile », reconnait-il, aussi leur collectif a permis de mettre un peu d’huile dans ces rouages et pallier quelques manques. Tous ont fait joué leur réseau et cette vente caritative en est un parfait exemple. Bravo à eux.

12 Mai

Plan de soutien à la viticulture : c’est bien mais pas suffisant…

Le plan d’aide tant attendu vise des exonérations de cotisations sociales pour les TPE et PME du secteur viticole les plus en difficulté et met en place un dispositif de distillation de crise de 140 millions d’euros. La filière avait haussé le ton ces derniers jours en réclamant 500 millions, pour faire face à la crise qu’elle rencontre, notamment liée au coronavirus.

Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire Ministre de l’Economie et Olivier Dussopt Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics.© Compte Twitter Didier Guillaume

Le compte n’y est pas. Il ne faut pas être grand mathématicien pour mettre en relation des chiffres : quand la filière réclamait ces derniers jours 500 millions d’euros et que le gouvernement annonce par l’intermédiaire de son ministre de l’Economie 140 millions, on voit bien qu’il y a un fossé ou un « gap » pour faire plus « fun ». Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux espère qu’il s’agit là d’une première enveloppe et considère que « c’est bien mais ce n’est « pas suffisant, voire très insuffisant »… » Ce matin il prépare un communiqué en réaction.

Hier en fin de journée, Bruno Le Maire, le Ministre de l’Economie a annoncé sur son comte Twitter que la viticulture française allait bénéficier d’aides pour faire face à cette terrible crise. Une crise double en fait car déjà liée à une conjoncture mondiale et des marchés atones comme la Chine et les Etats-Unis qui avaient taxé à +25% les vins français (de moins de 14°) et celle qui s’est ajoutée liée au confinement de nombreux pays :

Le gouvernement va procéder à des exonérations de cotisations sociales pour les TPE et PME du secteur viticole les plus en difficulté et met en place un dispositif de distillation de crise de 140 millions d’euros », Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie.

 

Ce sont  85 000 entreprises qui sont concernées dans. tout l’hexagone, ce sont des exploitations viticoles, des caves coopératives et des négociants vinificateurs…Bref cela fait du monde. Ce n’est pas anodin si la filière avait ces derniers temps haussé le ton et réclamé 500 millions. Des mesures qui sont donc largement inférieures, au moins pour la distillation…

Bernard Farges, Président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Joint ce matin, Bernard Farges le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a commenté cette annonce faite hier soir et redétaillé les demandes très claires qui correspondent à 3 dossiers majeurs:

Il y a des réponses mais elles sont insuffisantes ou très insuffisantes; en revanche, les trois points mis sur la table sont identifiés », Bernard Farges président du CIVB.

  • « Le premier point, nous avions demandé la mise en place d’un fond de compensation lié au conflit Airbus-Boing depuis 4 mois… » explique Bernard Farges. « Le Président de la République s’est exprimé au salon de l’Agriculture à travers une disposition qui n’est toujours pas acquise, les 3 ministres ont voulu la relancer au niveau de la Commission Européenne, voulant se remettre en selle à ce sujet…On estime cette compensation à 120 millions d’euros ». Mais rien n’est fait pour l’heure.
  • 2e sujet, les exonérations de charges patronales sur les salaires et les charges des exploitations viticoles. Notre activité ne s’est pas arrêtée en terme de production, mais en terme de commercialisation, car les débouchés sont fermés, notamment la restauration (et les cafés, Hôtels) et cavistes, or ces établissements ont eu droit à du chômage partiel…Une partie de l’activité continue d’avancer (la production), il faut ainsi financer la récolte à venir, d’où des difficultés importantes pour de nombreuses entreprises: les choses se sont aggravées en avril et continuent de s’aggraver en mai…Il n’y a aucune visibilité sur le tourisme ni sur les Hôtels Cafés Restaurants, c’est autant de commercialisation en moins ! « 

Concernant ces exonérations de charges, le sujet est acté à hauteur de 100 millions d’euros et un mécanisme observera la baisse d’activité selon les entreprises » Bernard Farges

  • 3e élément : la distillation de crise et le mécanisme de gestion de disponibilité comme la vendange en vert.La Commission Européenne n’a pas répondu en terme budgétaire à la filière viticolecomme elle a pu répondre à la filière lait et à la filière viande ».

Le dispositif a été acté à hauteur de 2 millions d’hectolitre pour un budget autour de 150 millions d’euros, mais il n’est pas encore tout-à-fait calé. On demandait 3 millions d’hectolitres pour la distillation de crise, c’est largement insuffisant »

« Pour autant, c’est un début de plan mis sur la table, nous sommes amenés à nous revoir, ce n’est pas pris pour solde de tout compte ! »

Maintenant il faut lancer les dispositifs, certains sont en cours, il faut lancer la mécanique pour la distillation de crise pour que la distillation commence le plus tôt possible, en Gironde il existe deux groupes qui réalisent ces distillations : « en juin ce serait bien, en tout cas avant les vendanges ».

Quant à savoir qui pourra en bénéficier ? « On verra, il y aura tout type d’entreprise qui a des gros problèmes de stockage, ce sera du vrac ou de la bouteille, il n’y a pas de critère exclusif. Le prix donné devrait être de 80 centimes d’euros par litre. On travaille à mettre en oeuvre ce qui peut l’être et on continue à convaincre les ministres sur le 2e étage de ce plan. On sait qu’il va y avoir une rallonge mais c’est dommage qu’ils ne l’aient pas faite tout de suite. On sait qu’à chaque crise il y a de la casse et là c’est une grosse crise… »

Aujourd’hui, la filière française vin et spiritueux pèse plus de 12 milliards d’euros, c’est le 1er exportateur mondial en valeur : plus de 2 milliards de bouteilles dans 200 pays. Au niveau de la balance commerciale de la France, elle pèse très lourd et est au deuxième rang derrière la filière aéronautique. Ce sont plus de 550 000 emplois en France et comme le soulignait encore Bernard Farges sans doute « plus de 600 000 avec les emplois indirects, car au restaurant la marge dégagée sur les bouteilles finance plus que le sommelier ou le serveur, le vin est un sacré apport dans la restauration ».