25 Mai

Réouverture de la Cité du Vin espérée pour le 19 juin : enjeux et perspectives

Ce matin Sylvie Cazes et Philippe Massol, les responsables de la Cité du Vin, ont rencontré la Préfète de la Nouvelle-Aquitaine Fabienne Buccio pour échanger autour de la réouverture de la Cité du Vin… proposant la date du 19 juin. Une Cité du Vin fermée durant 3 mois et pour laquelle la clientèle étrangère risque de faire cruellement défaut cet été, ce qui n’est pas sans conséquences pour la santé financière de la fondation qui la gère et sur les perspectives à venir.

Une année 2020 quelque peu assombrie pour La Cité du Vin © JPS

Il faut savoir rester zen, et pourtant il y a de quoi s’en faire. Durant ces 3 mois de fermeture, la Cité du Vin totalement dépendante du visitorat n’a enregistré aucune entrée et par voie de conséquence pas plus de rentrée financière, ou presque. Ce matin son directeur général Philippe Massol accompagné de la Présidente de la Fondation Sylvie Cazes ont proposé la date du 19 juin à la Préfète pour la réouverture : « c’est une hypothèse de travail qui va dépendre des consignes gouvernementales, la décision n’est pas prise », précise Philippe Massol ; on en saura plus à partir du milieu et fin de semaine.

UNE CAPACITE D’ACCUEIL DIVISEE PAR DEUX

Cette réouverture s’annonce comme une bouffée d’oxygène même si elle va se faire dans les mêmes conditions que les commerces qui ont déjà ouvert au public depuis le 11 mai : « cela sera très dégradé par rapport à nos capacités d’accueil, cela divise par deux le nombre de visiteurs au Parcours Permanent ou au Belvédère, on a travaillé sur une personne pour 4 m2 donc sur 480 personnes maximum au Parcours permanent, avec port du masque obligatoire, lavage de mains avec gel hydro alcoolique à plusieurs reprises… »

Même si elle n’aura rien à voir avec une saison normale, cette reprise est attendue de tous : « C’est vrai qu’on aura fermé 3 mois, c’est plus compliqué cette année, la moitié de nos visiteurs aujourd’hui sont étrangers et on sait qu’on ne les aura pas, peut-être des clients européens dans la deuxième partie de l’année si cela va mieux, mais c’est un point d’interrogation. On va prendre des mesures pour rééquilibrer au mieux, » commente Sylvie Cazes.

La Cité du Vin avait pourtant bien débuté dès son ouverture le 1er juin 2016, attirant près de 30% de visiteurs étrangers, l’essentiel venant de la région et de France. En 2017, elle enregistrait 447 000 visiteurs, pile poil le nombre annoncé et voulu pour équilibrer le budget de fonctionnement, en 2018 421000 et en 2019 une belle fréquentation de 419 000 malgré les grèves et mouvements sociaux notamment des gilets jaunes.

Sylvie Cazes et Philippe Massol au Belvédère, au 8e étage pour le 1er anniversaire de la Cité du Vin en mai 2017 © Jean-Pierre Stahl

GRATUIT DES LE 19 JUIN ET DURANT LES VACANCES D’ETE POUR LES MOINS DE 18 ANS

Le 19 juin on va pouvoir compter avec l’envie des gens, qui ont été confinés durant deux mois. On sait qu’ils ont envie d’expérience, de venir découvrir la Cité du Vin. Quand vous vivez à côté d’endroits que vous vous dites ils sont disponibles à tout moment, vous n’y allez pas forcément, là je pense que les gens qui ne la connaissent pas vont venir en profiter. Notre région est extrêmement attractive, vous pouvez visiter les vignobles et Bordeaux et la Cité du Vin; par rapport à la pandémie, c’est la région qui a été la plus protégée et le climat y est agréable… » Durant la première année ce sont de nombreux français qui ont visité la Cité du Vin et notamment de nombreux girondins, car l’effet nouveauté jouait à plein. Puis les étrangers sont devenus de plus en plus nombreux dans le pourcentage passant de 28 à 55% en 2020, d’après les pronostics qui étaient jusqu’ici envisagés. Pour relancer la machine et inciter à venir en famille, la Cité du Vin a décidé de proposer la gratuité d’accès à tous les jeunes de moins de 18 ans jusqu’à la fin des vacances d’été.

Alors qu’un mois de juillet comme en 2019, ce sont 40 000 visiteurs qui ont été charmés par l’édifice signé par les architectes d’X-Tu Anouk Legendre et Nicola Desmazières, cette année en juillet Philippe Massol ne table que sur 10000 personnes (60% d’un mois de janvier) pour venir découvrir le Parcours Permanent, et l’ensemble des expériences proposées. L’an passé, la clientèle étrangère correspondait à 65% du nombre des visiteurs.

Le survolen hélicoptère des vignobles du monde entier © JPS

UN BUDGET DEFICITAIRE ET UN PERSONNEL EN CHOMAGE PARTIEL

Le budget annuel de fonctionnement de la Cité du Vin est entre « 10 et 11 millions d’euros, on avait un peu moins de charges ces dernières années et donc on était au delà de l’équilibre. Cette année, c’est sûr on ne réalisera pas la prouesse des années précédentes, notre perte sera importante et de plusieurs millions d’euros. On discute avec les fondateurs de la Cité du Vin et la Ville de Bordeaux pour voir comment ils peuvent nous aider, on réfléchit aussi au prêt garanti par l’Etat. Le plus important est que le chômage partiel soit le plus garanti dans l’année. »

Aujourd’hui on sait qu’on va rouvrir avec peu d’effectifs, c’est très désagréable. Ce sera un jour par ci un jour par là de travail. A ce jour on sait que le chômage partiel a été prolongé jusqu’au 30 septembre pour les lieux culturels. Mais la réalité nous sera donné par la réalité de la fréquentation. »

La Fondation de la Cité du Vin emploie une centaine de salariés et une centaine d’autres sont des emplois indirects liés à la sécurité ou aux boutiques. Concernant l’éventualité de licenciements ? « On a eu une réunion il y a 15 jours, du conseil de surveillance, je ne peux pas garantir qu’il n’y aura pas de licenciements ou qu’il y en aura, je n’en sais rien. C’est quelque chose qui nous échappe et dont on n’est pas responsable.

 

L’exposition « Boire avec les Dieux » se tiendra du 9 avril au 29 août 2021 à © la Cité du Vin

EXPOSITIONS REPORTEES ET PROJETS EN SUSPENS

« On a reporté toutes les expositions, celle du printemps « Boire avec les Dieux » se déroulera du 9 avril au 29 août 2021, de même pour l’exposition photos sur l’Afrique du Sud, et celles de 2021 sur 2022… », commente encore le directeur général.

« De même, on a laissé en stand-by les modules du Parcours Permanent que l’on devait refaire, c’est reporté en 2021 pour l’année de nos 5 ans et cela va nous aider en terme de communication. Ainsi le module « le vin divin » va devenir un module comment on explique les arômes, juste à côté des 5 sens, et à côté des métamorphoses du vin, on va pouvoir compter sur un dispositif comment on fait du vin. On aura aussi un nouveau compagnon de visite, qui fera appel à la réalité augmentée, à la géolocalisation et qui pourra intégrer des applications extérieures. On va aussi apporter du contenu lourd en renfort sur notre site revu l’année prochaine. Nous aurons aussi des expositions itinérantes jusqu’en 2023″.

Des reflets dorés ou argentés selon les reflets du soleil des de la lumière © JPS

« Cette année on travaille sur une année incroyable, on fait le dos rond pour limiter le plus possible les dépenses, on devrait avoir 150 000 visiteurs et en 2021 on vise à nouveau l’équilibre avec 350 000 visiteurs », conclue Philippe Massol.

 

Mildiou à Bordeaux : quelques attaques mais pas le « tsunami » redouté

10 jours à deux semaines après les fortes pluies sur le Bordelais, les sorties de mildiou sont apparues depuis jeudi. Quelques attaques, plus ou moins fortes par endroits, mais il semblerait que ce ne soit pas aussi difficile qu’en 2018.

Attaque de mildiou sur feuille sur Saint-Emilion © Sophie Aribaud

Pour prendre la température et essayer de répondre à l’interrogation de savoir si le mildiou est très présent dans le bordelais, rien de tel que d’interroger les grands techniciens de la vigne…

A Saint-Emilion, Philippe Raimond, responsable technique au sein du Conseil des Vins de Saint-Emilion, déclare qu’il est certes « difficile d’estimer totalement l’effet mildiou mais « les retours que j’ai me disent : les vignerons s’attendaient à avoir un tsunami de mildiou, mais ça n’a pas été le cas. Par contre à certains endroits, cela a dérapé quand les viticulteurs n’ont pas pu repasser et rentrer dans leurs vignes…

J’ai l’impression que cela a été pas mal maitrisé par rapport aux conditions que l’on a eues, ce n’est pas une année comme 2018 avec des attaques incontrôlables », Philippe Raimond du Conseil des Vins de Saint-Emilion

« On a fait ressortir les pulvérisateurs à dos, là où on ne pouvait pas passer. On a eu très très peur après le gel, la grêle et là le mildiou. On va voir cette semaine comment cela va se passer, c’est loin d’être fini, même s’ils annoncent que du beau, on a quelques craintes, il faut être vigilant, mais globalement, cela a été maîtrisé. »

Mildiou sur grappe de merlot en Entre-Deux-Mers où le vigneron n’a pas pu passer dans ses vignes pour traiter © SA

« A partir de jeudi, on a vu des sorties sur feuilles », confie Sophie Aribaud, conseillère viticole : « j’ai eu un petit peu de cas concernés sur feuilles mais pas de sortie sur grappe », suite aux forts épisodes de pluie de samedi-dimanche et du mercredi qui a suivi. Certains (pas parmi sa clientèle) ont eu une grosse attaque sur grappes, car ils n’ont pas pu rentrer dans leurs parcelles et il y a eu un décalage (au niveau du traitement).

« Fort heureusement, les nuits sont très fraîches et l’incubation est plus lente. Mais le beau temps et le vent limitent la propagation. C’est un champignon qui repique aussi grâce aux rosées matinales qu’on n’a pas ». Bref cela n’a rien à voir avec la grosse attaque de « 2018 où le mildiou a proliféré avec des conditions tropicales » avec chaleur et humidité nuit et jour…

François Despagne, 20e génération de vigneron, à la tête du  château Grand Corbin Despagne : « globalement, on a relativement maîtrisé…

Cela a été très compliqué d’autant que je suis en bio, il a fallu une vigilance 24h sur 24. On a 8 hectares de la propriété où on ne pouvait pas passer avec notre petit quad comme en 2016 et 2018 où on l’a utilisé. Sur ces sols argileux, qui étaient déjà gorgés d’eau, l’eau stagnait », François Despagne de Grand Corbin Despagne

« C’est la première fois depuis 25 ans sur ces 8 hectares, où on a du le faire à dos, en repassant 3 fois… On a eu 100 millimètres d’eau ce qui est énorme.Et heureusement on a la chance d’avoir eu du froid, ce qui n’est pas favorable au développement du mildiou.

Et François Despagne d’ajouter : « On voit presque plus de botrytis sur grappe que de mildiou sur grappe, du à l’humidité ambiante, mais avec des choses qui sèchent donc on n’est pas dans le cataclysme. La fleur s’est passée de façon remarquable, on a beaucoup plus la banane qu’il y a 15 jours on est beaucoup plus serein. C’est une floraison homogène pour faire un grand millésime… »