11 Mai

Des châteaux de Sauternes proposent le 1er « week-end malin » du déconfinement

Certains châteaux comme Rayne-Vigneau ou Daisy-Daëne ont rouvert aujourd’hui 11 mai, premier jour du déconfinement. D’autres Lafaurie-Peyraguey ou Haut-Bergeron se préparent. Une initiative s’est faite jour de proposer aux Bordelais et Girondins de se mettre au vert pour le 1er week-end du déconfinement en visitant les châteaux, sur réservation et en respectant les gestes barrières.

Allez, après la grêle et les inondations, il faut penser aux beaux jours et ce premier week-end devrait repartir au beau. On pense ainsi à Jean-Jacques Dubourdieu qui a été victime samedi du gros orage de grêle à Pujols-sur-Ciron et donc ce serait fort sympathique de lui rendre une petite visite dans son autre propriété Doisy-Daëne à Barsac.

« En fait, on est ouvert depuis aujourd’hui à la visite, c’est non -stop la semaine et sur rendez-vous le week-end, et ce sera 7 jours sur 7 dès qu’arrivera le mois de juin », me précise Jean-Jacques Dubourdieu.

Les visiteurs pourront découvrir un jardin apicole, un potager au sein de la propriété, bien sûr les chais et la nouvelle boutique dans les caves voutées de Daisy-Daëne », Jean-Jacques Dubourdieu château Doisy-Daëne

On sent que dans le coeur de Jean-Jacques Dubourdieu coule la passion du vigneron, chevillée au corps, qui malgré l’épreuve de ce week-end, l’amène à se relever et se retrousser les manches. C’est avec plaisir que lui et ses équipes vont ainsi faire découvrir la propriété mais aussi les vins non seulement de Daisy-Daëne, mais aussi tous les vins et châteaux de la famille comme « Clos Floridène, Reynon, Haura et Cantegril. En fait les visiteurs feront un tour d’horizon par la dégustation entre Barsac-Sauternes, les Graves et Côtes de Bordeaux, un voyage entre rive droite et rive gauche, c’est notre spécificité ».

Les châteaux Rayne-Vigneau et Lafaurie-Peyraguey se font face à Bommes © JPS

Autre château déjà sur le pont, Rayne-Vigneau à Bommes : « cela fait une semaine qu’on travaille sur notre réouverture et on a ouvert depuis ce matin à 10h », précise le directeur Vincent Labergère. « On a essayé de déterminer tous les points critiques ou présentant un risque de contamination, bien sûr il y a du gel hydro alcoolique et des masques à disposition, et on a identifié les 6-7 allées du chai où se passent les visites et où traditionnellement les gens ont tendance à toucher les barriques, on va dire aux gens de rester sur une allée qui sera différente pour chaque visite; des visites que sur rendez-vous.

Le château Rayne-Vigneau juste en face de La Tour Blanche © JPS

Par ailleurs, notre comptoir de dégustation en bois, je l’ai fait vitrifier pour qu’on puisse le désinfecter régulièrement, et puis nous avons un protocole de nettoyage des verres. On va ouvrir 7 jours sur 7 et proposer tout ce que l’on proposait traditionnellement. »

Ce week-end du déconfinement, c’est pas bête, et c’est aussi une idée mise en avant par David Bolzan, l’homme qui ne dort pas à Sauternes: « c’est l’idée de dire: on est un pays de vignoble, c’est le moment de prendre l’air, de s’oxygéner à nouveau, de voir de la verdure plutôt qu’un balcon d’en face… C’est malin de venir découvrir nos châteaux qui sont en bord de route, on peut les admirer en voiture et venir les visiter, des architectures du XVIII au XIXe siècle et même d’avant… »

Lafaurie-Peyraguey sublimé par de nombreux panneaux de cristal Lalique © Jean-Pierre Stahl

Tous ces châteaux sont à trois quarts d’heure de Bordeaux, riches et variés en balades, ils seront ouverts ce week-end entre Sauternes et Barsac avec un accueil personnalisé mais pas de promiscuité » David Bolzan, directeur du château Lafaurie-Peyraguey

« Beaucoup de Bordelais et Girondins ne connaissent pas forcément Sauternes et cette région viticole, par rapport à Saint-Emilion et aux plages sur la côte où il risque d’y avoir du monde. Là on peut se balader en toute sécurité en voiture, sur 10 km2, et on accueille à la propriété ». Par mesure de précaution, « on aura des distributeurs de gels hydro-alcoolique, et à l’intérieur un marquage pour garder les distances et un port du masque recommandé, et obligatoire pour le personnel. C’est un accès libre et des visites sur rendez-vous, dans le chai comme dans la vinothèque, c’est très aéré…On pourra ainsi acheter du vin mais aussi se restaurer avec des paniers repas à emporter préparés par le chef Jérôme Schilling.

Le château © Haut-Bergeron à Preignac

Patrick Lamothe, du château Haut-Bergeron s’apprête aussi à ouvrir samedi, un château bicentenaire pour cette famille du Sauternes : « Haut-Bergeron, c’est avant tout une exploitation familiale, 9 générations de vignerons depuis 1820…Nous allions fêter notre bicentenaire au mois de juin, mais cela ne va pas se faire, c’est repoussé à l’été ou à l’automne; Haut-Bergeron, ce sont 40 hectares aussi de Sauternes sur 4 communes: Sauternes, Preignac, Bommes et Barsac. 80 parcelles différentes qui donnent une hétérogénéité au niveau du sous-sol qui est aussi extrêmement intéressante: des sols légers que nous partageons avec les plateaux d’Yquem, plus durs sur Peignac et à Barsac une belle acidité et nervosité dans les vins. 2/3 sur 4 communes et 1/3 sur Barsac. Les visites seront gratuites et sur rendez-vous… »

Les femmes ne sont pas oubliées avec ces dames de Sigalas Rabaud, 1er cru classé de Sauternes : « oui, nous sommes ouvert ce week-end », explique ravie Laure de Lambert Compeyrot. « On a mis en place un protocole de distanciation, les gestes barrières et avec un lavage des verres très précis. Nous avons aussi adopté la charte « séjour serein » pour nos chambres d’hôtes. Il est possible de louer les 5 chambres à la fis, de ce fait c’est une privatisation de la chartreuse avec utilisation de la cuisine et une femme de ménage prévue: « soyez chez vous dans un 1er cru classé de Sauternes »…

Le château © Sigalas-Rabaud, facilement reconnaissable à ses volets rouges

Château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes est ouvert depuis aujourd’hui « avec des conditions très strictes et prises de rendez-vous 48 heures à l’avance afin de rassurer tout le monde  » précise son directeur Luc Planty. Il s’apprête à recevoir selon un protocole établi et un « maximum de 6-8 personnes. Le guide portera un masque et des gants et pour les visiteurs port du masque obligatoire. Les gestes barrières préconisés par le gouvernement seront à respecter.Les verres seront lavés et stérilisés à + de 70°C. La visite va durer 1h30, visite des chais, du jardin et plantes aromatiques et dégustation de 3 vins le G, Petit Guiraud et le grand vin de Guiraud. »

Luc Planty lors des dernières vendanges à château Guiraud en octobre 2019 © JPS

  • Château Daisy-Daëne à Barsac: ouvert la semaine et ce week-end sur rendez-vous au 0556629651 ou par mail contact@denisdubourdieu.fr; visite payante à 8€ avec dégustation de 3 vins de la propriété ou des propriétés de la famille Dubourdieu
  • Château Rayne-Vigneau à Bommes : ouvert 7/7 sur rendez-vous et le prochain week-end au 0556766405; visite payante à 15€ avec dégustation de 3 vins le 1er vin 1er Cru Classé, Madame de Rayne et le sec de Rayne-Vigneau.
  • Château Lafaurie-Peyraguey à Bommes : ouvert ce week-end samedi et dimanche, visite sur rendez-vous au 0524228016, visite à 20€ avec dégustation de 3 vins
  • Château Haut-Bergeron à Preignac : ouvert samedi sur rendez-vous au 0556632476; visite gratuite, dégustation de 3-4 vins et pourquoi pas à la barrique…
  • Château Sigalas-Rabaud à Bommes : visite samedi et dimanche sur rendez-vous au 0557310745, visite à 10€ avec dégustation de 2 vins.
  • Château Guiraud à Sauternes : visite samedi et dimanche sur rendez)-vous 48 h avant au 0556766101, visite payante à 22€ avec dégustation de 3 vins.

Pour en savoir plus sur Sauternes lire ou relire :

Côté Châteaux n°11: Sauternes et sa magie du botrytis

Et voir ce magazine Côté Châteaux n°11 diffusé en décembre 2019 sur France 3 NOA réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot:

10 Mai

En Gironde la saison des orages se poursuit : beaucoup d’eau et de la grêle avec quelques dégâts

C’est une saison quelque peu avancée. D’habitude, on l’appréhende en été. Mais ce printemps décidément n’est pas de tout repos, après le gel fin mars-début avril, ce sont deux gros épisodes d’orages, notamment d’orages de grêle qui ont eu lieu le 17 avril et ce samedi 9 mai… Hier des dégâts dus à la grêle ont été enregistrés sur Pujols, Budos, et en partie sur le Médoc en Gironde. Tour d’horizon avec Côté Châteaux

Les dégâts ce matin à 7h30 dans des vignes de Pujols © LP

LE SECTEUR LE PLUS TOUCHE A PUJOLS-SUR-CIRON

Jean-Jacques Dubourdieu témoigne d’emblée en cette fin de matinée : « c’est pas la joie, on a pris la grêle sur le Clos Floridène…

On a pris une bonne dérouillée au Clos Floridène à Pujols-sur-Ciron, la moitié de la propriété très touchée. J’habite là et donc j’étais aux premières loges pour voir ce bel orage de grêle, à 20h-20h10 c’est comme si la nuit tombait d’un coup, cela reste triste » Jean-Jacques Dubourdieu.

Les dégâts ce matin au Clos Floridène © Jean-Jacques Dubourdieu

« C’est un bel orage de grêle qui a démarré à sec entre 20h30 et 21h, au début on a eu du vent avec des rafales assez fortes et ensuite de gros grêlons, puis cela s’est déplacé sur Barsac mais avec davantage d’eau. Les secteurs touchés, Pujols, Budos, un petit peu Barsac. On a une parcelle sur Illats qui n’a pas été concernée, comme disaient les anciens c’est bien de ne pas avoir tout d’un bloc. Nos autres châteaux Reynon, Doisy -Daëne et Cantegril ne sont pas concernés. Pujols, c’est une commune d’habitude pas concernée par le couloir de grêle, on n’en n’avait pas eu depuis 1987-88. Heureusement, on était assuré, mais cela ne remplace pas, et on sortait de deux belles années 2018  et 2019, qui permettront d’amortir le choc. Mais on ne devrait avoir que la moitié de la récolte vraissemblablement. »

Des grêlons tombés sur le secteur de Saint-Symphorien en Gironde…

Loïc Pasquet, vigneron de Liber Pater, m’alertait dès hier soir sur l’intensité « c’était tendu toute la nuit ! », avec par endroits de gros grêlons, et faisait un tour dans ses vignes et sur le secteur de Landiras et dans les Graves :

Cela me donnait l’impression d’orage de montagne, sur Pujols et Budos cela a grêlé, un petit peu à Landiras et des torrents d’eau dans Landiras », Loïc Pasquet, vigneron Liber Pater

Dominique Guignard, le président du syndicat viticole des Graves est sur le pont aussi en ce dimanche matin : « je suis au milieu des vignes, je fais le tour…

Les dégâts importants saisis grêle et eau par © Dominique Guignard à Pujols

On a eu beaucoup d’eau 40 millimètres dans la nuit et autant aujourd’hui et demain. D’ici demain soir on devrait avoir 100 à 150 millimètres de pluie »  Dominique Guignard syndicat des Graves

« On a eu de la grêle sur le sud, sur Roaillan entre Langon et Bazas… », continue Dominique Guignard. « Après à Saint-Pierre de Mons, Langon, pas d’impact, Saucats il y a eu de la grêle mais là il n’y a pas beaucoup de vigne, surtout des céréales et du maïs. Je suis sur le pont et continue mon tour; il y a eu aussi beaucoup de vent et beaucoup de casse à cause du vent, notamment sur de jeunes pousses…

« Et après avoir sillonné toute la matinée son secteur des Graves, il se révèle que peu d’endroits touchés, excepté un secteur très durement impacté :

Le secteur le plus touché se situe entre Budos et Barsac sur la commune de Pujols-sur-Ciron, avec des parcelles touchées entre 80 et 100% », Dominique Guignard président du syndicat des Graves

 

Marc Médeville qui possède 50 hectares dans les Graves compte 8 hectares bien touchés : « on a 10 hectares avec le château Peyreblanque, cela a effectivement bien grêlé sur Budos et Pujols, en revanche pas de grêle et de dégâts en Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Il y a eu 2 orages de grêle, le premier est arrivé de Balizac, des Grands Chais de France de l’ouest de Landiras et a balayé ce secteur là de manièce violente : nos vignes sont cramées, il n’y a plus rien, c’est très jaloux, il y a la moitié de la propriété à Budos massacrée et l’autre qui n’a rien; et l’autre orage de grêle sur Rouaillan, Langon vers Saint-Maixant. Des orages très violents et très localisés. »

Au niveau du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, Christophe Chateau recueille également des remontées d’informations sur les secteurs de Gironde les plus touchés : « les Graves, le secteur de Pujols sur Ciron avec des vignes bien gâchées, le sud de la rive droite et sud Gironde, du côté de Cadillac et un petit peu vers le Sauternais et un peu le Médoc… »

A Sauternes, Xavier Planty au château Guiraud, commente sur son secteur : « non, très peu de grêlons sur Sauternes, davantage sur Landiras, Illats, il semblerait qu’il y ait des dégâts, cela s’est passé vers 21h30 hier » Et Luc Planty de confirmer « des trombes d’eau et beaucoup de grêle sur Pujols, on a un copain sur Coimers dans les Graves qui a été touché, quelques feuilles hachées, mais rien de significatif, en tout cas pas de dégât sur Sauternes. »

« Incroyable orage de grêle hier en fin de journée à Saint-Laurent (10 kms de la propriété). Ce que vous voyez est un champ de jeunes pousses de maïs. Je tiens à rassurer tout le monde, le Chateau La Mouline est passé au travers » © Cédric Coubris

Dans le Médoc, Cédric Coubris du château la Mouline n’a pas été touché mais a partagé sur les réseaux sociaux une photo impressionnante d’un amas de grêle tapissant le sol : « on n’a pas de vignerons touchés sur mon secteur, il y a eu de gros grêlons sur Sainte-Hélène, Saint-Laurent, Carcans, Lacanau, cela tapissait le sol, à croire que c’est resté du côté forêt, car la vigne a été épargnée à Listrac, Moulis, Margaux. On croise les doigts car on ne peut pas faire grand chose, mis à part des canons à grêle, mais en ce moment les orages de grêle c’est tous les 10 jours… »

Juste avant les orages d’hier soir dans le Médoc © Rémi Denjean

DANS LE MEDOC DE LA GRELE MAIS LA VIGNE S’EN TIRE A BON COMPTE

Au château d’Arsac, Philippe Raoux tient à me rassurer : « non, je n’ai rien eu, on est passé au travers jusqu’à maintenant. Mais on a été complètement grêlé en 2017 donc ça va quoi…Cela va être un métier compliqué pour ce type de cru, car on ne vend pas si facilement que cela et si tous les 3 ans on a une catastrophe… Depuis 2010, on s’est équipé d’un canon à grêle, car en 2008-2009 on avait grêlé et perdu 30%, depuis on n’a jamais été grêlé. Cela a un coût mais il faut vraiment s’équiper. Hier le canon n’a même pas tonné… »

Claude Gaudin, le président de l’ODG Médoc, Haut-Médoc et Listrac confirme : « à l’heure qu’il est, pas d’informations avec des dégâts, sur Salaunes et Saint-Hélène il y a eu effectivement des dégâts sur des véhicules et des chaussées blanchies, les secteurs qui semblaient les plus compliqués au niveau viticole Saint-Laurent et Saint-Sauveur, il y a eu beaucoup d’eau, mais pas de dégât a priori les canons à eau ont bien joué leur rôle. »

Des branches cassées, grêle , pluie et vent, ont touché sévèrement plusieurs parcelles en Gironde, ici dans les Graves © Dominique Guignard

Sophie Aribaud, conseillère viticole, commente que sur son secteur du libournais et de Saint-Emilion, elle n’a pas eu de retour de ses clients sur d’éventuels dégâts. « En revanche, il ne fait que pleuvoir et c’est embêtant. On risque d’avoir de la coulure et du millerandage, beaucoup de parcelles sont saturées en eau, inondées, surtout pour les merlots il n’aiment pas cela, la floraison a commencé pour les Malbec, les cabernet et maintenant les merlots avec 3 semaines d’avance. Et de trouver dans cette climatologie particulière une note plutôt indienne : « on a une saison des pluies puis une saison sèche sur les derniers millésimes, en général cela se présente bien en fin de saison pour la grappe… »

09 Mai

Attention aux orages : vigilance orange et fortes pluies qui pourraient être exceptionnelles par endroits

5 départements sont placés en vigilance orange en cette fin d’après-midi. Attention aux orages, ce sont de fortes pluies qui devraient tomber, histoire d’en ajouter un peu plus dans les attaques de mildiou et autres maladie de la vigne.

Le Gers (32), la Gironde (33), les Landes (40),  les Pyrénées-Atlantiques (64) et les Hautes-Pyrénées (65), sont placés en vigilance orange aux orages et fortes pluies.

Un phénomène annoncé à partir de 16h ce samedi et qui devrait se poursuivre jusqu’à demain dimanche. Un phénomène qui fait écho aux orages de cette nuit qui n’ont pas trop fait de grabuge, rien à voir avec les orages de grêle du 17 avril dernier.

Le caractère exceptionnel de ce week-end pourrait être marqué par de fortes pluies et une accumulation assez remarquable selon Météo France. Ainsi le bulletin annonce : « C’est la durée des pluies soutenues ainsi que leur domaine géographique assez étendu qui font de cet événement un événement exceptionnel. Les quantités prévues en 48 heures pourraient ainsi avoisiner par endroits les valeurs centenales. »

« Les intensités des pluies pourraient atteindre fréquemment 20 à 30 mm (ou litres/m²) par heure. On attend ainsi sur l’ensemble de l’épisode, 50 à 100 mm quasi-généralisés sur les départements placés en vigilance orange.
Du Piémont Basque / Bigorre à l’Armagnac et au Bassin d’Arcachon, il est même possible que l’on atteigne localement 100 à 160 mm (soit 1 à 2 mois de précipitations) en moins de 36h, ce qui correspond à des durées de retour parfois de l’ordre de 100 ans. »

On croise les doigts pour que cela soit moindre par rapport aux prévisions de Météo France, déjà que les vignerons ont déjà dégusté avec la grêle le 17 avril dernier, là il semblerait que les maladies de la vigne risque de montrer le bout de leur nez. Mildiou, t’es où ?

08 Mai

En Provence, « visio-dégustations » ou « drive-in » pour contrer la chute des ventes de vin

A 18H30, les cinq amies sont au rendez-vous, chacune un verre à la main devant son ordinateur, pour partager un apéro et un cours d’oenologie virtuel: à l’origine de cette « visio-degustation », une viticultrice des Bouches-du-Rhône, qui veut contrer la chute des ventes due au confinement.

Avec ses amies, trois Marseillaises et une Parisienne, « nous avions l’habitude de nous retrouver une à deux fois par semaine pour l’apéro », raconte Laura, kinésiterapeuthe à Marseille. Elles ont passé une commande collective au château Barbebelle qui leur a livré directement le vin. L’apéro-dégustation leur « permet de patienter jusqu’aux retrouvailles ».

Bien qu’étant autorisés à rester ouverts, en respectant les mesures de sécurité et à l’exception de l’organisation de dégustations, caves et caveaux viticoles affrontent une nette chute des ventes de vin depuis les débuts du confinement, mi-mars. « Les ventes ont chuté de 30% en mars en France et de 50% en avril », se désole Madeleine Premmereur, gérante du château Barbebelle, spécialisé à 80% dans le rosé, et qui travaille beaucoup avec les restaurants, fermés depuis le 17 mars, et dont la réouverture n’est toujours pas prévue.

« J’ai décidé de m’immiscer dans leurs visio-apéros, les gens en sont friands, c’est convivial, ils ont l’impression d’en savoir plus après la visio-dégustation », ajoute Madeleine Premmereur, derrière ces « visio-dégustations ». « Vous avez vos bouteilles, j’espère que le rosé est bien frais? « , demande-t-elle à ses invitées avant de leur expliquer les différents cépages, et de détailler le procédé de vinification en barriques de chêne, puis la mise en bouteille et la commercialisation.

« Pour le rosé, la demande est au rosé clair, obtenu en pressant à froid des raisins très frais », vendangés de nuit, note Madeleine. « On en vend beaucoup aux restaurants mais pas en ce moment, heureusement que vous êtes là ».

Les ventes se poursuivent aussi par l’intermédiaire des cavistes et grâce au site internet. Au château de Cabran, près de Puget-sur-Argens (Var), Renaud de Saint-Seine, qui réalise 80% de son chiffre d’affaires avec les cavistes et les particuliers, compte lui aussi sur la vente par internet et directe après avoir subi « un gros ralenti » en avril.

PROMOTIONS SUR LES FRAIS DE PORT

« Nous sommes ouverts au public, mais peu de gens viennent », regrette-t-il. Depuis le début du confinement, les efforts se portent sur la livraison. « On a drastiquement baissé le seuil à partir duquel les livraisons se font en France (…) et à la cave, nous proposons des livraisons à domicile ou des formules de « drive in+ ». Autre trouvaille: des commerçants ouverts qui acceptent d’être dépositaires de ses vins.

Des viticulteurs du Vaucluse ont eux aussi opté pour le « drive in » après commande par téléphone ou internet, comme au domaine de la Tourade, dans le Gigondas après a suspension des activités oenologiques.

Les Côtes du Rhône sont aussi frappés par une baisse des ventes après la fermeture des hôtels, des restaurants ou même des boutiques « car il n’y vient personne », témoigne Michel Blanc, directeur du développement de la maisons de vignerons, à Gigondas.

Restent les boutiques en ligne qui font des promotions sur les frais de port en France ou à l’étranger. « On perd de  ‘argent mais on essaye de limiter la casse », décrit-il.

Spécialisés dans le rouge, les domaines des Côtes du Rhône restent toutefois moins inquiets que leurs congénères plus au sud qui produisent en particulier du rosé, un vin plus saisonnier. « Ce n’est pas une denrée périssable, on peut le vendre dans six mois, la difficulté c’est la trésorerie », analyse M. Blanc.

Le président du syndicat des crus Châteauneuf-du-pape, Serge Gradassi, partage cet optimisme pour les crus de rouge classés. Pour résoudre les problèmes de trésoreries, les viticulteurs tablent sur des « prêts garantis par l’Etat, un report des cotisations » et négocient avec le gouvernement une exonératon de charges.

Le piège serait un effondrement des cours du vin. « Il faut maintenir les cours et ne pas lâcher le prix… dire aux vignerons de ne pas vendre à n’importe quel prix », soutient M. Gradassi.

AFP

07 Mai

Parade au confinement, le « premier » salon des vins virtuel est né

Prowein, Les Grands jours de Bourgogne, London Wine fair… : l’annulation en série des salons des vins a durement touché les producteurs. Pour que les échanges commerciaux continuent, malgré le confinement, « Hopwine », le « premier » salon des vins virtuel, aura lieu du 18 au 25 mai.

« On peut créer une rencontre virtuelle mais une dégustation réelle », explique à l’AFP le cofondateur de Hopwine, Mathieu Lojkiewiez. Le salon, « premier » du genre selon le responsable, est une sorte de « boutique en ligne » réservée aux professionnels où ils visitent virtuellement les stands des producteurs exposants.

Si les visiteurs sont intéressés, ils peuvent commander un coffret dégustation du producteur concerné qu’ils reçoivent sous forme de « vinottes », des échantillons certifiés de 2 cl mis au point par la start-up lyonnaise Vinovae.

La visite est gratuite pour les acheteurs, les frais étant à la charge des exposants.

Ils sont actuellement au nombre de 75, provenant de l’ensemble de la France et de quelques pays étrangers. Une belle réussite, selon M. Lojkiewiez, qui compte dépasser les 100 exposants d’ici à l’ouverture de Hopwine (« Hop » comme un petit saut de puce, à l’image des échantillons de vin).

L’objectif est de pérenniser l’idée au-delà du confinement, confie le fondateur, même s’il ne s’agit pas de « remplacer les salons physiques mais de les compléter », explique M. Lojkiewiez, qui est également le fondateur de Tyméo, agence spécialisée dans la communication des vins et spiritueux à Saint-Rémy (Saône-et-Loire).

AFP

06 Mai

Michel Rolland : 48 années au service de la vigne avec « beaucoup d’énergie, d’enthousiasme et de passion »

Michel et Dany Rolland viennent de céder une partie des leurs parts du célèbre laboratoire Rolland qui devient « Rolland & Associés ». Les fidèles collaborateurs Julien Viaud, Mickaël Laizet et Jean-Philippe Fort ont ainsi acquis 60% au sein de la structure. Un passage de témoin en douceur, même si Michel Rolland n’a pas raccroché les gants, pas question de retraite, à 72 ans il a toujours de l’énergie et de la verve. Côté Châteaux lui consacre une interview Parole d’Expert.

Au centre Michel et Dany Rolland, et leurs associés Jean-Philippe Fort, Julien Viaud et Mickaël Laizet © Ozco-Rolland&Associés

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour, Michel Rolland, on a appris en début de semaine ces changements opérés au laboratoire Rolland, est-ce cela veut dire que Michel Rolland a raccroché les gants ? »

Michel Rolland : « Malheureusement, au grand dam de certains, NON… (rires). Cela ne veut rien dire, j’avais depuis 20 ans au sein de la structure des collaborateurs qui ont toujours été fidèles, les 3 qui aujourd’hui sont devenus mes associés (Jean-Philippe Fort, Mickaël Laizet et  Julien Viaud), un est là depuis 30 ans, l’autre depuis 22 ans et le troisième depuis 14 ans, eux ils vont être moins tranquilles…En fait, on a fait une société.

« Michel Rolland a quand même 72 balais, à ce moment-là ou on pense à l’avenir ou on continue et on ne s’occupe de rien… Mes ex-collaborateurs deviennent donc mes associés et vont continuer à porter le flambeau Rolland pour qu’il continue à flotter sur les vignobles… »

JPS : « Ce sont bien 60% des parts du laboratoire qui ont été cédés ? »

Michel Rolland : « Oui, on a cédé 60% de la société avec Dany, absolument. Tout cela est du juridique et de l’évaluation. Cela a pris à peu près un an de discussions et de mise au point, enfin plus de mise au point. On ne s’est pas battu, ni frité sur les détails, on l’a fait de manière très nette et propre. »

JPS: « Qu’est ce que cela représente le laboratoire Rolland ? »

Michel Rolland: « C’est une vingtaine de pays, 230 consulting, un chiffre assez important d’analyses, c’est une affaire qui marche plutôt bien. Elle méritait de continuer à marcher et à évoluer dans ce sens. »

Michel Rolland pour les primeurs en avril 2017 sur le millésime 2016 © JPS

JPS : « Vous en êtes à vos 48e vendanges et vinifications, qu’est ce qu’on peut dire au bout de toutes ces années du leg de Michel Rolland ? »

Michel Rolland: « Je ne sais pas si j’ai apporté quelque chose, mais je l’ai fait avec beaucoup d’énergie, d’enthousiasme et de passion. On ne fait pas ce métier sans passion…sur le plan viticulture et oenologique… »

« Quand vous êtes général et que vous connaissez deux guerres, vous avez la chance de ramasser des étoiles, et en temps de paix, c’est différent.  Vous voyez, dans les années 70, c’était plutôt médiocre à Bordeaux, e puis dans les années 80-90-2000, cela a évolué. J’ai surfe sur une vague et profité d’une situation où les gens avaient besoin d’améliorer leur vin et j’étais là. C’est pour cela qu’on existe. J’ai un peu pris le leadership avec de bonnes réflexions et cela a été aussi l’avantage d’être en tête. »

Jean-Claude Fayat et Michel Rolland dans le portrait réalisé par Jean-Pierre Stahl sur Côté Châteaux et NOA © Léa Lejeune

JPS: « Durant toutes ces années, est-ce qu’on peut parler d’évolution du goût avec la présence de Robert Parker et avec votre expertise, on a souvent parlé de vins body-buildés et aujourd’hui cela a évolué à nouveau, c’est plus sur le fruit…? »

Michel Rolland : « C’est la plus énorme des conneries qu’on ait pu dire durant ces 45 années de travail. Le goût Parker, on l’a inventé. Beaucoup de personnes n’arrivaient pas à la cheville de Robert Parker. Cela les rendaient nerveux… C’est en fait de la connerie franco-française ou bordelo-bordelaise qui n’existe pas ailleurs dans le monde. Du moment où Parker notait bien, cela faisait vendre et rendait le(s) voisin(s) jaloux et idiot(s).

Tous les grands millésimes étaient bodybuildés…1947, 1929,1928 ou même 1871...souvent des années chaudes aussi. C’est la plus impressionnante connerie qu’on ait pu dire, c’est typiquement franco-français, et avec cela ces imbéciles ils ont « tué » de façon mesquine et absurde l’image de Bordeaux. Non franchement, il faut arrêter d’être bête, ce que l’on vient de passer là montre les limites du journalisme et on peut tout perdre. Oui je l’ai suivi au jour le jour. On critique Parker, moi je critique le journalisme. »

Michel Rolland, Julien Viaud et Paolo Basso meilleur sommelier du monde 2013 en avril 2018 © JPS

JPS : « Quel est l’avenir maintenant de Michel Rolland ? »

Michel Rolland: « L’avenir, il est derrière moi maintenant. Je continue à faire ce que j’aime, c’est pour cela que j’ai mis mes collaborateurs dans le coup. C’est du boulot à s’occuper de tout cela, dans les affaires j’aimais moins la gestion.

J’adore déguster, je déguste bien et même avec les années. Je dois déguster encore dans une quinzaine de pays, dont la France. Tant que mes jambes me le permettront, eh bien je le ferai. Je ne pense pas qu’ils aient l’intention de me virer tout de suite…Je pense que j’ai un peu d’expérience à faire profiter ».

Les Clés de Châteaux en avril 2017 avec Cyril Lignac © JPS

JPS : « C’est vrai Michel que vous êtes reconnu pour être non seulement un grand dégustateurs des baies de raisin mais aussi un expert au niveau des vinification, bref un champion! « 

Michel Rolland : « Oui, c’est la recherche de maturité. Pourquoi les grands 1947 ou plus anciens 28 et 29 étaient si réussis, si grands, alors qu’à l’époque il n’y avait pas d’oenologie, pas de technique. Si on reprend leur histoire, c’était mûr, avec des années chaudes et de petits rendements, excepté sur le 82 où il y a eu de bons rendements.

« Mais c’est quoi la maturité, alors que personne ne savait ce que c’était ni la mesurer… J’ai été un des premiers à le faire, à goûter les raisins et à voir à quoi cela ressemblait… C’est sûr que quand c’est mûr, c’est mûr. Quand on a un raisin pas mûr, il n’a pas d’appel. On recherche la maturité et pas la surmaturité. Globalement cela fait progresser les affaires. »

JPS : « J’imagine vous êtes confiné, à Bordeaux ?

Michel Rolland : « Oui confiné à Bordeaux, mais il y a toujours un peu d’énergie et je commence à m’emmerder car j’aime bien quand même voyager un peu. Depuis deux semaines, je vais quasiment tous les jours au laboratoire et dans les vignes… Ça va bien, la pousse cela va pas mal et en avance… Cela risque d’être une année précoce. »

La team Rolland, avec Dany Rolland, Michel Rolland et leurs oenologues associés (à gauche Julien Viaud, Mickaël Laizet et Jean-Philippe Fort), avec Michel Trama chef ** , Gwendoline Lucas et Jean-Claude Fayat propriétaire de La Dominique © JPS

JPS : « Enfin, Michel quel est votre regard sur le millésime 2019, qu’on n’a pas encore pu dégusté du fait d’une semaine des primeurs reportée…? »

Michel Rolland : « Le 2019, le pauvre, on va lui attribuer le covid, l’inconvénient il risque d’être associé pendant un moment à cette période…

« C’est un très bon millésime, on a de très jolis vins; j’ai goûté et redouté plus de 200 vins avec mes collaborateurs, juste pour nous, car effectivement on n’a pas fait cela avec les grands dégustateurs habituels… Il y a des vins superbes à tout niveau, même en Bordeaux Bordeaux Supérieur et pour les satellites de Saint-Emilion. 

« J’espère que le millésime n’aura pas trop à en pâtir, quant au commerce je pense qu’on ne va pas partir sur un marché débridé et acheteur. Moi, j’ai déjà vu cela sur de grands millésimes comme le 90, c’est déjà arrivé avec le contexte de la guerre du Golfe, également sur le millésime 2001 qui est arrivé juste après le 2000, alors que le 2001 était souvent meilleur, oui on a déjà vécu cela, cela risque de polluer un petit peu au départ, mais ce 2019, c’est un bon millésime. »

Merci à Michel Rolland pour cette interview pour Côté Châteaux.Toujours un grand moment avec un grand Monsieur du Vin.

Retrouvez ici le numéro spécial primeurs de Côté Châteaux réalisé l’an dernier par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot et diffusé sur France 3 NOA avec le portrait de Michel Rolland: (à 11’50 »)

 

05 Mai

Bouchons et tonneaux: hausse de près de 8% des ventes d’Oeneo en 2019-20

Le fabricant français de bouchons et tonneaux Oeneo a annoncé lundi une progression de 7,8% de son chiffre d’affaires, à 290,3 millions d’euros, sur son exercice annuel décalé 2019-20 clos le 31 mars.

© Oeneo

Le groupe, qui indique avoir subi un « impact très limité » de la crise du coronavirus pour l’exercice passé, a prévenu qu’il sera davantage touché pour l’année en cours, notamment « par les effets négatifs sur la consommation mondiale de vin »via « la fermeture des cafés-hôtels-restaurants ».

« Les incertitudes, liées notamment à la durée de la crise, ne permettent pas de faire de projections sur le chiffre d’affaires et la rentabilité du groupe », a indiqué Oeneo dans un communiqué, précisant qu’il proposera « de ne pas verser de
dividendes cette année » lors de l’assemblée générale prévue en septembre à Bordeaux.

L’an passé, la division « bouchage » a connu une croissance de 10,3% de son chiffre d’affaires à 195,3 millions d’euros, en raison de la « croissance durable » de ses bouchons technologiques « Diam » sur « l’ensemble des marchés mondiaux », notamment en Italie et en Espagne, les deux pays avec la France qui produisent le plus de vin au monde, ainsi qu’aux Etats-Unis et au Chili.

Au total, le groupe a commercialisé près de 2,4 milliards de bouchons en liège sur l’ensemble de l’exercice, battant un nouveau record.

La division « élevage », qui comporte les marques de tonnellerie Seguin, Moreau, Boisé, Millet, Fine Northern Oak et Galileo, a vu son chiffre d’affaires progresser de 3% à 95 millions d’euros, notamment en raison de « hausses  significatives » sur les fûts et grands contenants dans la zone Amérique et en France, selon le communiqué.

La fermeture de la filiale Etablissements Cenci (exploitation forestière et transformation du bois de hêtre et de chêne) sur une grande partie du mois de mars en vue de protéger les collaborateurs dans le contexte de crise sanitaire « a logiquement ralenti son redressement qui continuera de peser sur la marge opérationnelle courante de la division », laquelle sera en « recul d’environ 2 points » par rapport à l’exercice précédent, a précisé le groupe. Oeneo doit publier le 11 juin les résultats de son exercice annuel.

AFP

04 Mai

Bernard Farges s’exprime sur le plan de soutien à la viticulture : « le gouvernement va devoir faire comme il fait auprès d’autres filières… »

Invité ce midi du 12/13 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, Bernard Farges, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux a confirmé que la filière vivait des heures difficiles avec des baisses de commercialisation de 30% en mars et bien davantage pour certaines propriétés jusqu’à 90 % en avril. Il attend des allègements de charges et un plan d’aide à la distillation de crise, qui devrait être annoncé par le Ministre de l’Agriculture.

Bernard Farges, le président du CIVB invité ce midi dans le 12/13 de © France 3 Nouvelle-Aquitaine

Jérôme Piperaud : « On vient de le voir avec notre reportage, les vignerons souffrent, avez-vous déjà chiffré le manque à gagner pour la filière depuis le début de l’épidémie ? »

Bernard Farges : « Difficile de chiffrer en valeur, mais nous savons déjà les baisses sur les vente du mois de mars: pour Bordeaux, c’est -30% et toutes les régions viticoles françaises sont dans ces conditions là…Nos amis champenois constatent des baisses de 80% en grande distribution, donc c’est un choc terrible dès mi-mars que nous avons vécu… Le mois d’avril, ma collègue l’a rappelé (dans le reportage), certaines exploitations sont à -90% de commercialisation, c’est vraiment très très dur et cela enchaîne avec des difficultés sur des marchés internationaux, notamment avec les Etats-Unis liées aux taxes Trump. »

Jérôme Piperaud : « Vous demandez à Didier Guillaume, le Ministre de l’Agriculture, un plan de soutien, concrètement quels sont vos souhaits, qu’est-ce-qu’il faut que le gouvernement fasse ?

Bernard Farges  : « Le gouvernement doit faire comme il fait auprès d’autres filières, il doit faire en sorte que les entreprises, et un maximum d’entreprises puissent être encore présentes dans quelques mois, parce que nous aurons besoin de commercialiser. Cette filière du vin est une filière qui rapporte beaucoup d’argent à la France, elle emploie beaucoup de monde plus de 500 000 emplois en France et plus de 50 000 sur le département de la Gironde, donc c’est une filière qui était source de profit pour la Maison France, jusqu’à il y a quelques semaines. »

Nous avons besoin que l’Etat vienne alléger les charges patronales, sur les salaires puisque la vigne continue de pousser, nous avons toutes nos équipes qui travaillent dans les vignes, une vigne en avance en plus en ce moment et donc nous avons besoin de beaucoup de main d’oeuvre et nous continuons à financer nos salariés. »

Jérôme Piperaud : « Justement pour la main d’oeuvre pour la prochaine vendange, il va y avoir des protocoles sanitaires à respecter, comment cela va se passer ?

Bernard Farges : « Les vendanges, c’est dans quelques mois, nous ne savons pas encore comment cela va se passer pour les vendanges, la situation d’aujourd’hui c’est le travail dans les vignes, c’est quand même plus faciles de travailler dans les vignes en respectant des distances que dans certains métiers ou dans certaines usines sans doute. Toujours est-il que nos équipes travaillent, nos salariés travaillent, nos exploitants viticoles et viticulteurs travaillent avec le respect de ce qui nous est demandé pour éviter la propagation du virus. »

« Nous avons aussi un certain nombre d’autres demandes, cela a été dit dans le reportage et notamment la distillation de crise, et nous attendons dans la semaine une intervention du Ministre de l’Agriculture, telle qu’il l’a annoncée il ya quelques jours, probablement avec le ministre le l’Economie, pour annoncer un plan de soutien à la viticulture. »

Diffusé ce midi dans le 12/13 de France 3 Nouvelle-Aquitaine

Coronavirus: du prosecco au chianti, le vin italien boit la tasse

Restaurants et bars fermés, fêtes et mariages interdits, morosité n’incitant pas à trinquer: du prosecco au chianti, les producteurs de vin italien subissent de plein fouet l’épidémie de coronavirus avec une nette chute des ventes.

© Chianti agriturismo Toscane

La péninsule s’enorgueillit d’être le premier producteur mondial de vin (avec 47,5 millions d’hectolitres l’an passé), juste devant la France (42,1 millions) à qui elle a ravi ce titre en 2015. Une grande partie est vendue à l’étranger, ce qui a permis au pays d’engranger l’an passé 6,4 milliards d’euros (contre 9,8 milliards pour la France qui reste le premier exportateur en valeur).

Mais, « depuis un mois et demi, tout un canal de distribution, celui des hôtels, restaurants, traiteurs et cafés est fermé en Italie. Puis progressivement, il s’est fermé dans le reste de l’Europe et outre-Atlantique » à cause des mesures de confinement, « et les ventes de prosecco via ce canal sont désormais proches de zéro », se désole Lodovico Giustiniani, président de l’organisation agricole Confagricoltura en Vénétie (nord-est).

« L’autre canal, celui de la grande distribution (supermarchés), fonctionne encore, mais il ne peut compenser les ventes d’un canal complètement à l’arrêt », note-t-il.

Sa propre cave, Borgoluce, qui ne vend pas en grande distribution et est très présente à l’étranger (Etats-Unis, Canada, Sud-Est asiatique…), a subi une chute de… 90% de ses ventes en mars.

Et « la consommation que nous n’avons pas eue pendant ces deux mois, nous ne la récupérerons pas: les gens ne boiront pas en plus ce qu’ils n’ont pas bu à un moment donné », rappelle, comme une évidence, le vigneron.

 FORCE DEVENUE FAIBLESSE

Dans le Piémont (nord-ouest), l’inquiétude est également vive.

Pour le barolo, la situation « est très critique, car il est vendu à 90% dans la restauration mondiale, aujourd’hui fermée », explique à l’AFP Paolo Boffa, président de la coopérative Terre del Barolo.

Le barolo a misé depuis plusieurs décennies sur « la qualité maximale », et a été promu sur les cartes des meilleurs restaurants du monde, note-t-il. Mais ce qui était une force se révèle une faiblesse aujourd’hui.

Les lignes de mise en bouteille de la coopérative, qui compte 300 producteurs, continuent à fonctionner, grâce à d’autres vins comme le barbera ou le dolcetto, aux prix plus grand public, et qui connaissent « une bonne consommation dans la grande distribution en Italie et en Europe », souligne M. Boffa.

Mais là aussi, « ces ventes ne peuvent sauver le bilan de l’entreprise ».

Les producteurs, où qu’ils soient, réfléchissent aux mesures pouvant être prises alors que la prochaine vendange aura lieu dans quelques mois. Où la mettre alors que les caves sont encore pleines?

Les producteurs de barolo demandent à pouvoir stocker en dehors de la zone de production traditionnelle, ce qui leur est normalement interdit.

Ils réfléchissent aussi, comme les producteurs de prosecco, à réduire la production de leurs vignes.

Une décision « drastique » que le Consortium du vin chianti a lui déjà prise, en abaissant sa production de 20% au risque d’entraîner de « graves dommages économiques pour les entreprises », selon son président, Giovanni Busi.

Alors que selon lui de nombreux producteurs « sont au bord de la faillite », il déplore « la distance abyssale entre les annonces innombrables faites par le gouvernement (…) et la réalité » vécue par les entrepreneurs « qui se voient claquer la porte au nez par les banques ».

« SACRIFICES »

Certains producteurs envisagent par ailleurs de distiller une partie de la production, afin de la transformer en alcool (éthanol), qui pourrait par exemple être utilisé pour la fabrication de gel hydroalcoolique.

Les coopératives viticoles françaises, italiennes et espagnoles ont ainsi demandé à l’Union européenne « l’ouverture sans délai d’une distillation de crise européenne de 10 millions de hectolitres dotée d’un budget exceptionnel européen de 350 millions d’euros ».

La solution pourrait tenter des producteurs dont le vin se conserve peu, à l’image du prosecco, un « vin très jeune » que « l’on ne peut pas faire vieillir comme on le fait avec les vins rouges », souligne M. Giustiniani.

Une éventualité exclue en revanche pour les vins haut de gamme comme le barolo, qui peuvent se garder.

Alors que le gouvernement italien a fixé au 1er juin l’éventuelle réouverture des bars et restaurants, la filière, souligne M. Boffa, y voit « une grande et belle nouvelle », même si elle craint une faible affluence du fait de l’inquiétude d’être contaminé.

« Nous avons tous compris la gravité de cette épidémie et de la crise qu’elle engendrera pour nos familles. Mais nous, agriculteurs, sommes habitués aux sacrifices et une fois encore nous n’abandonnerons pas », souligne-t-il.

AFP

02 Mai

Au chevet des vignerons du blayais, en attendant un éventuel plan de soutien à la viticulture

Didier Guillaume a annoncé le dévoilement d’un prochain plan de soutien de la viticulture française. Celle-ci doit faire face à une double crise économique due aux exportations en berne et à l’épidémie de coronavirus qui a impacté tous les marchés et notamment celui de la restauration. Etat des lieux dans le Blayais et réactions face à ce plan de soutien.

Nathalie Feydieu du château Le Taillou © Jean-Pierre Stahl

Dans le Blayais, comme partout à Bordeaux, les vignerons ressentent désormais durement le confinement. Ainsi Nathalie Feydieu du château le Taillou a vu sa clientèle particulière bouder sa salle de dégustation, celle-là  même où son grand-père Yvan faisait déguster et qui est restée dans son jus. Bouder ? C’est un bien grand mot, c’est plutôt une clientèle fidèle qui vient chez elle, mais là cette clientèle est contrainte depuis le 17 mars de rester à la maison…

« On ressent un certaine désaffection de nos clients parce que par nature ils sont confinés et je pense que les gens ont peur d’être contaminé » commente Nathalie Feydieu ; « donc du coup plus de passage à la propriété et au delà de cela toutes les manifestations qui étaient programmées, en commençant par le Printemps des Vins de Blaye et toutes les autres opérations de promotion, et tous les salons, ont du être stoppé pour le moment ».

Sur le mois de mars on retrouve une perte d’à peu près 30%, mais sur le mois d’avril on frôle les 90%, le mois d’avril est quelque chose de terrible pour nous, donc il faut réagir et s’adapter à une situation qui risque de durer encore un peu » Nathalie Feydieu château Le Taillou.

Et de détailler cette adaptation dont elle a su faire preuve : « c’est faire des livraisons, on en fait beaucoup plus au niveau local ce qu’on ne faisait pas habituellement, dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres, parfois on est à l’initiative d’une petite tournée, parfois on déclenche un petit tour parce que des clients se sont manifestés et ont besoin de se réapprovisionner. »

Ils sont ainsi 450 vignerons à cultiver fièrement quelques 6000 hectares et à produire en Blaye Côtes de Bordeaux quelques 280 000 hectolitres de vin (37 millions de bouteilles), la moitié en cave particulière, la moitié en coopérative. Parmi eux, Nicolas Carreau des châteaux l’Escadre et Crusquet-Sabourin, 82 hectares, à Cars. Même s’il ne fait pas du vrac, il est touché lui-même par les difficultés actuelles liées au coronavirus et aux échanges qui ne se font plus:

L’extérieur du chai du château Crusquet-Sabourin © JPS

Concrêtement, c’est une commande qu’on avait reçue des Etats-Unis, on était content, on avait réussi à préserver certains marchés sur les Etats-Unis…Une commande qu’on avait reçue avant la crise du coronavirus et qui est en attente, donc là on entrepose cela comme on peut, au milieu des cuves, pour le moment cela ne gêne pas mais on ne pourra pas vendanger dans ces conditions là »

« C’est un peu un symbole de la situation actuelle, c’est à dire que on est à l’arrêt on a mis l’activité sur pause…Pareil, là on a un marché sur Taiwan qui n’est pas parti non plus, qui est toujours dans le chai ».

Marché américain en berne du fait des taxes de 25%, marché asiatique en baisse également, cela fait 2 ans que Bordeaux subit une crise commerciale. En prime, il faut y ajouter l’arrêt des commandes à destination des cafés et des restaurants (les HCR comme on les appelle), mais aussi une baisse au niveau de la grande distribution avec des foires aux vins pas folichonne en septembre-octobre et quasi absente en mars-avril…

La commande de 60 000 bouteilles attend d’être expédiée aux Etats-Unis © JPS

« Là, on a les vins qu’on livre tous les mois aux particuliers par l’intermédiaire de nos agents, il est évident qu’avec le confinement les agents n’ont pas pu faire leurs livraisons habituelles, donc cela s’est effectivement entassé…On espère pouvoir reprendre prochainement à partir du 11 avec le déconfinement… »

Face à cette situation compliquée voire difficile pour certains, très certainement terrible pour d’autres, des mesures d’aide seront les bienvenues. « Sur la viticulture, il y a un vrai problème » a reconnu jeudi soir sur CNews Didier Guillaume, le Ministre de l’Agriculture. “Je vais annoncer dans les jours qui viennent un plan national de la viticulture avec Bruno Le Maire parce que l’Europe n’a pas été au rendez-vous de ce secteur” a-t-il dit.  Les coopératives viticoles françaises, italiennes et espagnoles, qui représentent la moitié de la production européenne, avaient demandé à la Commission européenne “l’ouverture sans délai d’une distillation de crise européenne de 10 millions d’hectolitres dotée d’un budget exceptionnel européen de 350 millions d’euros”. La Commission avait reconnu le problème, permis ces distillation, mais sans débloquer de fonds supplémentaire…Tout est sur la table pour être discuté en France et en Europe.

Nicolas Carreau dans ses chais © Jean-Pierre Stahl

« Ce sont des marchés à l’arrêt pour beaucoup, donc des trésoreries qui commencent à devenir difficiles, on est là dans une période où il y a beaucoup de travail dans les vignes donc des salaires à payer tous les mois, des charges qui restent toujours les mêmes et par contre des rentrées d’argent qui s’arrêtent, donc des situations très compliquées, c’est en plus la période où le vin sort pour le marché du vrac pour tous les contrats avec les négociants et là aussi on constate une très très forte baisse de l’activité… » commente Nicolas Carreau.

« Le vin reste dans les chais pour le moment, il faut qu’il sorte, cette  solution de distillation n’est pas forcément satisfaisante, on travaille toute l’année dans nos vignes pour produire de beaux vins ce n’est pas pour les voir partir distiller…Cela nous fend le coeur mais c’est certainement la meilleur solution pour au moins continuer à vivre, rentrer la prochaine vendange et repartir quand cela repartira… »

Bernard Farges, président du CIVB, exposera les attentes de la filière bordelaise, il sera lundi dans le 12/13 invité du JT de France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud, Xavier Granger :