21 Jan

Espoir d’un sursis pour les produits français menacés de surtaxes aux USA

Rouges à lèvres et champagnes français échapperont-ils à une surtaxe douanière aux États-Unis? C’est ce qu’espère Paris, qui a obtenu de poursuivre les négociations avec les Américains.

Une source diplomatique française a fait état lundi d’un accord entre Emmanuel Macron et Donald Trump pour prolonger « jusqu’à la fin de l’année » les discussions sur la taxation des géants du numérique, défendue par Paris mais qui fâche Washington.

Le chef d’État français et le président américain « se sont mis d’accord pour donner une chance » aux négociations afin de « trouver une solution dans un cadre international » et éviter « une guerre commerciale qui ne serait bénéfique pour personne », a indiqué lundi soir une source diplomatique. « Dans cet intervalle, il n’y aurait pas d’application de sanctions », a-t-elle assuré.

Dans un tweet en début de soirée, Emmanuel Macron a qualifié d' »excellente » la discussion qu’il a eue dimanche avec son homologue américain. « Nous allons travailler ensemble sur un bon accord pour éviter toute escalade des tarifs » douaniers, a-t-il
souligné.

« Excellent! », lui a répondu Donald Trump, toujours sur Twitter. « Les deux dirigeants sont convenus qu’il était important de mener à bien des négociations couronnées de succès », a écrit la Maison Blanche.

Le ton du ministère des Finances est resté plus mesuré. Les négociations avec les États-Unis sur la taxation française des géants du numérique sont « très difficiles » et échapper à des sanctions qui pourraient être annoncées dès mercredi est « loin d’être gagné », avait constaté plus tôt lundi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire sur la chaîne de télévision LCI.

Washington a menacé début décembre de surtaxer « jusqu’à 100% » l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits hexagonaux emblématiques, en représailles à l’imposition par la France d’une taxe de 3% sur les grandes entreprises du numérique.

A Washington, on déplore qu’elle cible surtout les géants américains du secteur, les « GAFA » (Google, Amazon, Facebook, Apple).

Seraient visés le champagne, des produits laitiers dont l’emblématique roquefort, les sacs à main en cuir, les cosmétiques, la vaisselle en porcelaine ou encore les cocottes en fonte françaises, très prisées des gourmets américains.
 
Paris a toutefois indiqué qu’il supprimerait son projet de taxe si un accord international sur une fiscalité du numérique était trouvé.

Depuis décembre, la France mène donc d’intenses négociations dans le cadre de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour tenter d’éviter cette nouvelle salve de taxes douanières punitives américaines. Celles-ci s’ajouteraient aux taxes déjà appliquées en octobre dans le cadre du conflit commercial Airbus/Boeing, qui ont touché essentiellement les vins non pétillants de moins de 14 degrés d’alcool, soit des exportations représentant un milliard d’euros en
2018.

Le 7 janvier, les États-Unis et la France s’étaient donné quinze jours, jusqu’à ce mardi, pour permettre la poursuite du travail à l’OCDE.

« La France poursuit son objectif de juste taxation des entreprises du numérique et de trouver un compromis dans le cadre de l’OCDE », a rappelé lundi l’Élysée.

Bruno Le Maire doit rencontrer mercredi à Davos son homologue Steven Mnuchin pour discuter de la poursuite des discussions en présence du secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria. « Ils vont travailler », a confirmé lundi soir une source proche du dossier, ajoutant « la France fera des propositions ».

Un deuxième train de taxation américaine « serait un coup terrible pour la viticulture française » avait reconnu M. Le Maire sur LCI. Cependant, dans l’attente d’une fiscalité internationale cadré par l’OCDE, le ministre n’est « certainement pas » prêt à renoncer, a-t-il affirmé, ni à réduire à « presque rien » cette taxe.

« Ce que j’essaye de faire comprendre à nos amis américains, c’est que le combat n’est pas entre la France et les États-Unis, ou entre l’Europe et les États-Unis. Le combat est pour mettre en place une fiscalité juste » sur le numérique, a-t-il insisté.

AFP

Voeux du Grand Conseil du Vin : le Maire de Bordeaux affirme son soutien et des mesures durant cette période difficile

A l’occasion de la traditionnelle cérémonie des voeux, le Maire Nicolas Florian a reçu le Grand Conseil du Vin de Bordeaux et les organisations viticoles représentatives de Bordeaux, leur assurant de son soutien indéfectible et de mesures pour soutenir la filière.

Le grand Conseil avec le Maire Nicolas Florian à l’occasion des voeux 2020 © ND

C’est une tradition, un peu comme la galette… Depuis 1952, le Grand Conseil du Vin de Bordeaux qui représente les grandes organisations viticoles défile dans les rues du centre ville, partant du CIVB pour arriver au Palais Rohan, où sur le perron, le maire Nicolas Florian les accueille, ainsi qu’un orchestre à l’intérieur de l’Hôtel de Ville. Une tradition que certains verraient désuète, mais si elle n’existait plus, on dirait c’était mieux avant…Tipically frenchy…

Alors, il y a certes le contexte, à l’aube des municipales, mais Nicolas Florian a toujours montré son soutien dès qu’il a été élu et même avant, à la filière viticole bordelaise qui fait face à une crise, un séisme, qu’elle n’avait peut-être pas vécu(e) depuis longtemps.

En effet, le marché est en recul depuis plus de 18 mois, avec un horizon en Asie plutôt obscurci, notamment sur Hong-Kong, et un  marché américain (1er pays consommateur de vin au monde) qui s’est fermé, à cause des 25% de taxes supplémentaires imposées par l’administration Trump depuis le 18 octobre. Ce qui amène le commentaire suivant du maire : « Le marché américain est irremplaçable et cette forte taxation en représailles aux subventions accordées à Airbus, aura bientôt pour conséquence de sortir du marché la plupart des vins français entrainant la faillite ou la mise en difficulté de nombreuses exploitations viticoles et de maisons de négoce. La filière viticole représente 500 000 emplois directs et indirects non délocalisables.

Nicolas Florian a donc proposé au cours de ces voeux de créer un groupe avec les maires de communes viticoles afin de faire face et répondre à ces menaces que font peser les Usa.

Et d’ajouter : « l’Etat ne doit pas abandonner les vins et spiritueux, second poste excédentaire de sa balance commerciale. Il doit entendre le besoin de compensation de la filière sans lequel elle ne pourra pas survivre à une taxation inique et pour des conflits commerciaux qui ne la concernent pas. Une situation d’autant plus grave que Donald Trump menace de passer cette taxe à 100% pour tous les vins et spiritueux ».  Nicolas Florian a proposé l’adoption d’une motion spéciale le 27 janvier lors du prochain conseil municipal de Bordeaux.

Entre temps, a-t-il été entendu ? En tout cas, Emmanuel Macron tweettait le soir même avoir eu « une excellente discussion avec Donald Trump » et annonçant « travailler ensemble sur un bon accord pour éviter toute escalade des tarifs ». 

Comme quoi, sortez toges, étendards et envolées lyriques gauloises, celles-ci peuvent raisonner outre-atlantique… ou pas. Affaire à suivre. Meilleurs voeux à tous.