C’était hier un moment rare à Bordeaux. Toutes les instances représentatives de Bordeaux ont tenu un point presse hier pour alerter sur le coup d’arrêt du marché des vins de Bordeaux vers les USA, depuis la mise en place de la taxe Trump de 25% sur les vins français: -24% en volume, -46% en valeur. La filière réclame la mise en place d’un fonds de 300 millions d’euros pour soutenir la filière aux Etats-Unis.
« Chaque jour qui passe est un nouveau drame, c’est extrêmement urgent, nous avons notre quai d’expéditions avec des conteners prêts à partir pour les Etats-Unis et des clients qui nous disent retardez l’expédition, donc on ne facture plus, donc oui on perd le chiffre d’affaire tous les jours », précise Georges Haushalter vice-président du syndicat des négociants de Gironde.
Georges Haushalter, qui connaît bien le marché anglo-saxon avec son entreprise la Médocaines des Grands Crus était également l’invité ce matin de France Bleu Gironde :« c’est une perte colossale, très important car le marché américain est le 2e marché à l’export, pour les vins de Bordeaux, il représente 4,5% en parts de marchés, alors que les vins Italiens représentent 9%… Progressivement, nos vins disparaissent des linéaires et sont remplacés par des vins italiens. Aussi nous appelons à la création d’un fond de compensation si cette part s’arrête…Il y a une urgence des mesures à prendre..3. Et de commenter également l’impact de cette hausse de 25% de taxes sur les vins français dans la tête des américains: « on fait des efforts, propriété et négoce, mais cela a un effet très négatif » et de donner l’exemple d’un vin qui passe de 15$ à 20$ avec la nouvelle taxe ou même si un vin français ne vient à pas trop augmenter « le consommateur américain pense qu’il paie de toute manière la taxe » et se détourne des vins français…
De son côté le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, Bernard Farges : « il y a urgence dans tous les vignobles français, tous les vignobles sont touchés par la taxe sur les vins français…Une taxe de 25% sur la valeur du produit lorsqu’il rentre sur le territoire américain, taxe en place depuis le 18 octobre et qui est liée à un conflit qui n’est absolument pas le nôtre, entre Airbus et Boing, les Européens ont subventionné Airbus, ils ont été sanctionnés pour cela, mais c’est avant tout la filière viticole qui est sanctionnée…
Nous sommes en rage et nous constatons aujourd’hui les effets sur notre marché américain important et en terme de valeur et de volume, c’est un marché qui est en train de s’effondrer, » Bernard Farges président du CIVB.
UN CONTEXTE DES PLUS DIFFICILES
« Nous constatons une baisse d’au moins 25% en volume sur le mois de novembre, nos amis provençaux sont à -50%, il n’y a pas d’autre marché aujourd’hui qui puisse compenser cette baisse de commercialisation, ce n’est pas vers la Chine qu’on peut compenser car elle est en régression, Hong-Kong est en train de s’arrêter et nous avons de grosses inquiétudes sur le Royaume-Uni avec le Brexit et le marché européen est en diminution aussi… »
« Ce n’est pas la qualité des produits français qui sont en jeu, ce n’est pas le prix des vins français qui est en jeu, c’est juste un sujet de guerre économique qui n’est absolument pas le nôtre, donc nous demandons une compensation qui vienne permettre de réduire de 25% le prix de nos vins exportés, pour neutraliser cette taxe là, un fond mesuré à hauteur de 300 millions pour que les vignerons de Provence, de Vallée du Rhône ou de Bordeaux puissent baisser leurs prix et les négociants aussi pour neutraliser la taxe et faire en sorte que les consommateurs américains n’aient pas à payer plus cher les vins français, sinon ce sont nos amis italiens, argentins ou américains qui en profiteront…bien sûr et ils en profitent déjà. »
Regardez le reportage de Elise Galand et Nicolas Pressigout :