05 Jan

Taxera, taxera pas ? Les produits français dans l’expectative aux Etats-Unis…

La menace de l’administration Trump de taxer les produits français provoque une levée de bouclier aux Etats-Unis, chez les particuliers comme chez les professionnels du secteur. L’administration Trump a récemment menacé de surtaxer « jusqu’à 100% » l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français.

« Ne me prenez pas l’un des derniers plaisirs que je peux encore m’offrir », supplie Gerald Ansel. Cet amateur américain de vin veut convaincre l’administration Trump de renoncer à imposer des tarifs douaniers sur des produits emblématiques pour punir la France de sa taxe GAFA.

L’administration Trump a récemment menacé de surtaxer « jusqu’à 100% » l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français. Champagne, roquefort, sacs à main en cuir, cosmétiques, porcelaine de Limoges, cocottes en fonte Le Creuset et Staub, pourraient ainsi faire les frais du mécontentement des Etats-Unis après l’instauration en France d’une taxe sur les géants du numérique qui frappe en premier lieu les « Gafa » américains (Google, Apple, Facebook et Amazon).

Le représentant américain au commerce (USTR) reçoit jusqu’à lundi soir les commentaires écrits de particuliers et professionnels du secteur, et tiendra mardi une réunion publique, pour examiner les demandes d’exemptions.

« Des petites et moyennes entreprises seront pénalisées tout au long de la chaîne d’approvisionnement en représailles à des taxes sur les géants des services numériques », déplore ainsi, dans son commentaire à l’USTR, la Specialty Food Association (SFA), organisation professionnelle alimentaire qui compte plus de 3.900 membres aux Etats-Unis.

L’organisation estime qu’environ 14.000 détaillants de produits alimentaires spécialisés seront pénalisés par ces droits de douane, ainsi que plus de 20.000 autres détaillants alimentaires.

Dix associations d’importateurs de vins français, qui ont envoyé un courrier commun à l’USTR, ont chiffré de 11.200 à 78.600 les pertes d’emplois aux Etats-Unis si ces menaces sont mises à exécution.

HAUSSE ASTRONOMIQUE DES PRIX

La mesure n’entrera pas en vigueur avant mi-janvier, à l’issue de la période de consultations. Ces droits de douanes supplémentaires, « premièrement, feront perdre leur emploi à des gens, et les consommateurs n’auront plus accès à des produits qu’ils aiment ou devront supporter une hausse astronomique des prix », selon Kermit Lynch Wine Merchant, un importateur de vins français et italiens, dans un courrier transmis à l’USTR. « Malgré l’importance du marché américain pour le vin européen, les producteurs européens ne seront pas autant pénalisés que les consommateurs américains. (…) A la fin, les perdants seront les consommateurs et les entreprises américains », ajoute l’importateur.

De leur côté, les géants du numérique se gardent de condamner ces taxes supplémentaires. La Computer & Communications Industry Association, qui regroupe entre autres Facebook, Amazon et la maison mère de Google, Alphabet, estime ainsi que « l’action de la France mérite une réponse conséquente et proportionnée de la part des Etats-Unis ». « Si des changements sont nécessaires dans la taxation internationale de l’économie numérique, cela doit être mené dans le cadre d’un processus multilatéral à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) », plaide cette organisation.

Pour mettre fin à des pratiques fiscales controversées des multinationales du numérique accusées de minorer leurs revenus en France, le gouvernement français a voté fin 2018 une taxe dite « Gafa » qui impose ces entreprises à hauteur de 3% du chiffre d’affaires réalisé en France.

Le Canada compte également taxer les géants du numérique mais attendra, avant d’agir, la décision de l’OCDE, qui doit rendre à l’été un rapport sur le sujet. « Les menaces de sanctions américaines sont inacceptables. Notre priorité est de trouver une solution internationale à l’OCDE sur la taxation du numérique. Si nécessaire, nous sommes prêts à riposter au niveau européen », avait rétorqué mi-décembre le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.

Si les Etats-Unis concrétisent leurs menaces, il s’agirait d’un deuxième train de sanctions douanières touchant la France: dans la longue bataille juridique autour des subventions accordées à Airbus, l’administration Trump a commencé mi-octobre à appliquer des taxes punitives s’élevant à 10% sur les avions européens, et à 25% sur divers produits alimentaires de l’Union européenne dont une partie des vins français.

AFP

VOICI DES EXTRAITS DE COMMENTAIRES ADRESSES AU REPRESENTANT US AU COMMERCE (UTSR):

  • John LeRoy, travaille pour M.S. Walker, entreprise familiale qui importe des
    vins et spiritueux: « Les droits de douane envisagés pourront avoir des effets dévastateurs sur l’industrie qui me fait vivre avec ma famille. Mon gagne-pain dépend de la croissance continue et du succès de l’entreprise pour laquelle je travaille, et il est évident que ces droits de douane pénaliseront fortement notre capacité à conduire nos activités et servir nos clients. »
  • Elizabeth DiPaolo, acheteuse de vins pour un groupe de magasins d’alcool dans le Massachusetts: « Nous ne devrions pas avoir à payer le prix d’un conflit entièrement hors de notre contrôle. (…) Si les vins importés deviennent trop onéreux pour les consommateurs américains, alors les droits de douane ne servent pas les intérêts qu’ils devraient. A la place, résultera une grande dépression dans l’industrie de l’alcool, au détriment de nombreuses personnes qui travaillent dur. »
  • Kenneth Cusson, restaurateur: « La production américaine de produits de substitution aux produits américains n’est simplement pas suffisante. (…) Ces taxes vont punir les entreprises et consommateurs américains, pas les gouvernements et industries impliqués dans ce conflit. »
  • William Woodruff, de Chloe Wines, importateur à Seattle (Etat de Washington): « Marie Copinet Champagne représente 20% de notre activité, et nous serions contraints de retirer cette offre de notre catalogue, et licencierions immédiatement un de nos deux employés. »
    Whitney Schubert, responsable de l’offre France de Polaner Selections, importateur de vins dans le New Jersey: « Cela va détruire l’activité vinicole américaine. (…) De petites, moyennes, et même grosses entreprises ne seront pas capables de résister à des frais si élevés, ce qui provoquera des fermetures et des pertes d’emploi. »
  • Gerald Ansel, particulier, Anaheim (Californie): « S’il vous plaît n’imposez pas plus les vins européens. Ils sont l’un des derniers luxes que je peux m’offrir. La qualité des vins américains n’a rien à voir avec ceux de France ou d’Italie. NE ME RETIREZ L’UN DES QUELQUES PLAISIRS SIMPLES QUE JE PEUX ENCORE M’OFFRIR. »
  • Shawn Mead, responsable de deux commerces de vin à Seattle (Etat de Washington): « Des droits de douane de 100% sur les vins européens dévasteraient probablement mes deux activités. (…) Je demande urgemment à l’USTR de ne pas appliquer de nouveaux droits de douane, mais plutôt de trouver d’autres solutions (…) de préférence avec les parties concernées, plutôt que de punir une industrie qui n’a rien à voir, et les milliers d’Américains qui gagnent leur vie grâce à cela. »

Disparition de Georges Duboeuf, l’emblème du Beaujolais

Il était surnommé le « pape du Beaujolais ». Georges Duboeuf s’est éteint à l’âge de 87 ans des suites d’un AVC, selon le journal le Progrès qui l’annonçait dès samedi soir. Georges Duboeuf a contribué à l’essor du Beaujolais et du Beaujolais Nouveau sur la planète entière.

© page Facebook Georges Duboeuf

Georges Duboeuf, le roi du Beaujolais est décédé ce samedi des suites d’un accident vasculaire cérébral. C’est le journal le Progrès qui l’a annoncé hier en fin de journée. Georges Duboeuf incarnait le Beaujolais presque à lui tout seul pendant un certain temps, un peu comme Henri maire, qui contribua à l’essor et à faire connaître le Jura et ses vins. Georges Duboeuf était une icône du Beaujolais et notamment du Beaujolais Nouveau partout dans le monde et notamment au Japon où il en vendait des palettes entières chaque année.

Le Beaujolais est un vin qui se célèbre. À l’image de notre famille qui depuis de nombreuses années œuvre pour faire du Beaujolais un incontournable des tables, un vin populaire, festif, amical et joyeux » Georges Duboeuf

Dans les années 60, il a révolutionné les pratiques en appliquant des méthodes traditionnellesrespect de l’origine et du travail du vigneron, sélection et suivi rigoureux de l’évolution des vins lors des mises en bouteilles et avant tout, la recherche d’une grande qualité, des conditions et une hygiène quasi clinique de la mise en bouteille.

 

Sa force a été de visiter et démarcher les grands restaurateurs de la région Bourgogne et de la Vallée du Rhone à commencer par Georges Blanc, Paul Bocuse et Jean Troisgros avec lesquels il noua des liens d’amitié. Un Monsieur qui s’est fait à la force du poignet comme on dit, car il avait bricolé au début une chaîne d’embouteillage qu’il avait attelé sur une camionnette et avait convaincu une quarantaine de vignerons de travailler avec lui, il sillonnait ainsi les villages du Beaujolais et du Mâconnais.

Cela m’attriste beaucoup. Il va nous manquer. C’était un compagnon de route,
un ami fidèle… un « ambassadeur infatigable du Beaujolais », Georges Blanc chef étoilé.

C’est en 1964 qu’il créa « les vins Georges Duboeuf » , une activité de négoce qu’il va développer dans el monde entier, une planète qu’il va parcourir en tant qu’ambassadeur du Beaujolais, ce qui va lui valoir ce surnom de « Pape du Beaujolais ». Son succès et celui du Beaujolais en général ont été planétaire.

En 1993, il lança le « Hameau du Vin », un musée en aménageant une ancienne gare de Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire) pour y parler de culture de la vigne, de vinification et une boutique de vin.

En 2005, Georges Duboeuf a confié la direction de l’entreprise à son fils Franck, une maison qui achète aujourd’hui la production de quelque 400 vignerons et s’approvisionne dans une vingtaine de caves coopératives pour produire, plus de 30 millions de bouteilles par an.

Avec le Progrès, l’AFP et France 3 Rhône-Alpes.