C’est aujourd’hui un bien triste anniversaire. Celui de l’attentat de Charlie Hebdo il y a 5 ans. Côté Châteaux est allé à la rencontre de Gérard Descrambre, un vigneron du Bordelais, qui a bien connu l’équipe, depuis les grandes heures de Hara Kiri puis Charlie. Il est devevu leur fournisseur de vin, des liens d’amitié se sont noués, en retour les auteurs lui réalisaient des dessins pour ses étiquettes et des affiches pour ses salons. Instant d’émotion, de liberté de ton, avec Gérard Descrambre.
« Je suis Charlie », Gérard Descrambe l’est depuis la première heure… Ce vigneron bio en St Emilion est devenu il y a 45 ans le fournisseur officiel du Professeur Choron et de Cavana à la grande époque d’Hara Kiri puis de Charlie Hebdo.
Au printemps 1974, « j’avais écrit une longue lettre au professeur Choron, je lui avais dit voilà on est de jeunes cons, on va reprendre un vignoble en bio, et je conclue ma lettre si tu me fais une commande de pinard, je la mets dans mes chiottes… » Elle y « trône » toujours !
60 bouteilles, du plus cher et du meilleur ! Amicalement. Professeur Choron ».
Et pendant des années « Choron m’a toujours payé mon vin et l’a toujours bu avec enthousiasme… » (rires) Gérard Descambre part chercher sa pochette à dessins précieusement remisée et nous dévoile les originaux de ces dessins et « crobarts » réalisés par les dessinateurs, les fines plumes, ses amis…
« ça, c’est du Tignous, je vois des éléphants roses » avec deux alsaciennes à forte poitrine en face de Gérard au gros pif, avec juste après un dessin de Carali « je veux le même », et là « ça c’est Charb avec un message marketing un peu spécial entre l’Alsacienne (Descambre en Alsacienne à moustache), ma bouteille de St Emilion et Y a bon ».
Ce qui est marrant, c’est qu’ils l’égratignaient lui comme d’autres, même si il faisait du bio ils annotaient « c’est du dégueuli écolo… », des affiches pas facile à placer sur des salons, mais Gérard Descrambre n’hésitait pas il affichait tout…
Le 1er qui m’aurait dit que Tignous serait décédé avant moi, je lui aurais dit que c’était un gros con, des gens comme Wolinski,… je les connaissais depuis 1974, c’était assez dur, »Gérard Descrambre, vigneron.
Chaque fois, qu’il montait à la capitale pour livrer son vin à Hara Kiri puis Charlie, c’était des retrouvailles arrosées avec la bande, dans leur cantine un resto rue de Bièvre à Paris...une restaurant où ils s’étaient liés d’amitié avec des chauffeurs du président Mitterrand ou encore des gens des RG qui les surveillaient quelque peu…« Un resto ou on est capable d’arriver avec 24 bouteilles, les ressortir au fur et à mesure c’est quasiment impossible et là ça a toujours été possible ».
C’était une sacrée époque pour Gérard Descrambe, où ses amis comme ses étiquettes étaient portés sur la bouteille, et où l’inspiration venait parfois avec, jusqu’à ce qu’il y ait un changement de direction…Il se souvient alors de ce que lui a raconté Willem: « il a dit, moi depuis la période Val je ne vais plus aux conférences de rédaction, donc c’est mon alcoolisme qui m’a sauvé la vie ».
Son histoire commune avec ses amis d’Hara Kiri et de Charlie, il l’a raconte dans un livre « Grand Cru Déclassé » co-écrit avec Dominique Hutin, de Radio France, ce dernier l’avait invité à raconter ses souvenirs à la radio peu de temps après l’attentat.
Une pensée émue pour toutes les victimes à Charlie et victimes des jours qui ont suivi. Le monde a changé depuis 5 ans.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer :