06 Juil

Histoire de La Jonchère et de son arboretum (7)

Linteau de l’ancien collège (L. Bourdelas)

La place de l’église (c) Paul Colmar

Place et statue Denis Dussoubs à Limoges

 

Le  XIXème siècle et le début du XXème

Un monument de La Jonchère – le collège – a accueilli, dans sa jeunesse, un hôte illustre : Denis Dussoubs, né à Saint-Léonard-de-Noblat en 1818. Construit dès la publication de la loi Falloux, ce grand édifice connaît ses heures de gloire de 1830 à 1845. Le maître d’œuvre, et futur directeur de l’établissement, le « vénérable » curé Chassaing (curé à La Jonchère de 1828 à 1840) fait édifier le bâtiment et ses dépendances avec les pierres provenant de la partie ruinée et non reconstruite de l’église Saint-Maurice, alors décrite « comme une grange en désolation ». Ce collège brille par la qualité de son enseignement et par la renommée de ses précepteurs, tel Léon de Jouvenel (philosophe, baron, député conservateur, président du conseil général de la Corrèze, maire de Varetz, opposant à Napoléon III). Denis Dussoubs en est un des plus célèbres élèves. Michel Laguionie a précisé, à propos de son frère et lui : « Soucieux de pourvoir ses neveux d’une solide instruction, l’oncle Gaston les mit en pension au collège (…) Disciple de Voltaire, l’oncle ne tenait pas les religieux en grande estime, mais l’établissement était réputé dans toute la région, pour la qualité de son enseignement. »[1] Devenu avocat fort renommé, partisan à Limoges de la révolution de 1848, il meurt le 2 décembre 1851 d’une balle dans la tête sur les barricades parisiennes, lors du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, alors qu’il remplaçait son frère Marcellin, député démocrate socialiste, malade. Gérard Dumont précise qu’alors qu’il était collégien à La Jonchère, celui-ci « afficha sa vivacité d’esprit en démasquant un mystificateur qui jouait les fantômes dans le cimetière. »[2] Denis Dussoubs avait également étudié au lycée de Limoges, puis à la Faculté de droit de Paris. Le collège ne survécut cependant point à un scandale, « dont les héros – précise encore Laguionie – étaient un prêtre-professeur et une jeune cuisinière. Dans un débarras, ces deux personnages se livraient aux jeux innocents de l’amour. Pour leur malheur, un élève, passant par là, avait collé un œil sur un trou que formaient des planches disjointes. Tous ses condisciples, invités par lui, étaient venus assister à ces tableaux on ne peut plus vivants ! »

En 1847, Jean Bonnaud édifia, à côté de l’église, les halles couvertes, démolies en 1925 et remplacées par la salle des fêtes.

[1]                      La vie généreuse et pathétique de Denis Dussoubs, Lucien Souny, 1989, p. 17.

[2]                      G. Dumont, La Jonchère-Saint-Maurice d’hier et pour demain », auto-édition, 2012, p. 482. Il indique : « De nos jours, l’ancien collège subsiste toujours, transformé en logements et commerces. De la grisaille de ses murs émerge encore une inscription latine qui témoigne de son passé : « has edocendae juventuti fecit aedes Chassaing rector Parochiae, anno domini Mdcccxxx » «  Chassaing, curé de la Paroisse, a fait édifier ce bâtiment pour servir à l’éducation de la jeunesse, l’an du Seigneur 1830 ».