Progressivement, Limoges se désindustrialise : la porcelaine (frappée par la crise de 1929), malgré des efforts incontestables de modernisation, décline, tout comme la chaussure. Le nombre d’ouvriers diminue. Parce qu’elle perd de son attractivité, parce que ses enfants sont frappés par les guerres, Limoges voit sa population stagner : passant de 93 000 habitants en 1911 à 107 000 en 1954. En 1938 cependant, à l’initiative de l’Etat, un Arsenal fut implanté sur les bords de Vienne – il fut reconstruit entre 1950 et 1955. Limoges voit aussi prospérer l’entreprise Legrand. En 1919, un des associés de la fabrique de porcelaine Betoulle et Legrand, Jean Mondot, artisan de Limoges qui avait monté à Exideuil une petite usine d’interrupteurs utilisant du buis et de la porcelaine, élargit l’activité de la société en créant une branche « Appareillage électrique ». A partir de cette date, elle devient progressivement la principale activité de la maison. L’entreprise devient la société Legrand et Cie (Manufacture de Porcelaines et d’appareillage électrique) en 1924. Vingt ans plus tard, la société Legrand passe sous la direction de deux beaux-frères : Jean Verspieren et Edouard Decoster, industriels du Nord. En 1949, suite à un sinistre, ils font le choix de se spécialiser sur la seule production d’appareillage électrique d’installation. Peu à peu, l’usage du plastique se développe avec les thermodurcissables puis dès 1959, les thermoplastiques issus du pétrole. En 1966, Legrand acquiert sa première filiale hors de France en Belgique. C’est le début d’une politique d’acquisitions autofinancées et ciblées (aujourd’hui, Legrand est présent dans 80 pays et ses produits commercialisés dans 180). Quatre ans plus tard, le groupe est introduit en bourse ; en 2011, il fait son entrée au CAC 40.
Léon Betoulle fut aussi à l’initiative de la création du quotidien socialiste Le Populaire du Centre, dont il présida le conseil d’administration durant trente années. Il devint après-guerre un véritable journal régional d’information, son engagement politique se diluant au fil du temps (même si la droite locale aima beaucoup le qualifier de Pravda).
De nouvelles paroisses et leurs églises
L’inadaptation des paroisses limougeaudes à la croissance de la ville avait conduit l’évêque, Mgr Alfred Duquesnay, au début des années 1870, à compléter les quatre existantes (Cathédrale, Saint Pierre, Sainte Marie et Saint Michel) par quatre autres : Saint Joseph et le Sacré Cœur, Saint Paul-Saint Louis et Sainte Valérie.
L’église du « Nouveau Sacré-Cœur » (dont le nom témoigne d’une volonté de relance de la vénération du Sacré-Cœur de Jésus) est financée – grâce à l’obstination du chanoine Réméniéras – notamment par souscription (Mme Lagrange-Puymori, veuve d’un agent de change parisien, donnant par exemple un million de francs en 1935). Le bâtiment réalisé par les architectes Georges et Xavier Gay-Bellile, Georges Ménissier et M. Girouard, est consacré le 23 juin 1937 par Mgr Flocard – la cérémonie est décrite peu après par La croix de Limoges. L’originalité de l’église, de style « romano-byzantin », provient de sa nef spacieuse, de sa coupole lumineuse, et de l’utilisation du béton armé. En guise de décor : des chapiteaux, des panneaux de cuivre, des émaux de Robert Blancher, mais surtout des vitraux dessinés par Pierre Parot, peintre-verrier, réalisés par Francis Chigot, ancien élève des Arts Décoratifs de Limoges puis des Beaux-Arts de Paris, reconnu nationalement et même internationalement (Canada, Etats-Unis). Les magnifiques grandes verrières (30 m2 de superficie), furent réalisées en 1955 : l’une est consacrée à la Cène, l’autre à la multiplication des pains et des poissons. A l’instigation de l’abbé Guy Daudet (qui fut auparavant curé de Saint-Paul Saint-Louis), l’Atelier du Vitrail, qui succéda à l’entreprise Francis & Pierre Chigot, des vitraux vinrent compléter l’ensemble au début des années 2 000 : ils sont situés au fond de la nef.
L’église Saint-Paul Saint-Louis, décorée elle aussi par des vitraux de Chigot, fut achevée en 1907, mais sans clocher, faute de moyens (la façade a été décorée par la suite de plaques de couleur). Située route d’Ambazac (rue Aristide Briand), non loin de l’école de La Monnaie, mentionnée dans ses souvenirs de jeunesse par Georges-Emmanuel Clancier, elle était destinée à évangéliser les cheminots et leurs familles.
La Jeunesse Ouvrière Chrétienne de Limoges est fondée en 1920 par l’abbé Martial Poumeau et des prêtres ouvriers s’implantent en 1947. Le grand séminaire a ouvert ses portes rue Eugène Varlin en 1919.