Napoléon, 1er Consul, par Antoine-Jean Gros (Musée national de la légion d’honneur)
Le 26 juin 1794, Jourdan est victorieux à la bataille de Fleurus, entre Charleroi et Namur, contre les coalisés. A l’annonce de celle-ci, Limoges s’enthousiasme. A peine un mois plus tard, c’est la chute de Robespierre qui se répand par le bouche-à-oreille et l’on se presse d’en féliciter les organisateurs. Progressivement, la Terreur prend fin et l’on ouvre les sordides cachots. Le culte reprend (mais la célébration nocturne de Noël reste interdite) et c’est la fin de la Constitution civile du clergé ; au printemps 1795, les réfractaires reviennent et célèbrent le culte à domicile. La vie politique se teinte de monotonie sous le Directoire. Elu au conseil des Anciens, Jean-Baptiste Jourdan fait voter la loi sur la conscription, qui établit le service militaire obligatoire pour tous les célibataires âgés de 20 à 25 ans, puisque « tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie. » Mais les appelés renâclent, l’insoumission atteignant en Haute-Vienne près de 50%, les jeunes gens trouvant refuge dans les bois et la gendarmerie étant assez peu zélée pour les retrouver.
Les cours reprennent au collège (« Ecole centrale »), après que l’on ait recruté les professeurs en décembre 1796, ceux-ci ayant fourni « les attestations les plus authentiques de leurs bonnes mœurs et de leur attachement aux sentiments républicains ». Le 21 janvier 1797, on célèbre encore la mort du roi à Saint-Michel-des-Lions, en prononçant divers discours contre la tyrannie et en chantant quelques airs patriotiques. On fête la jeunesse, on fête les époux (malgré le mauvais temps d’avril), les vieux. Les chœurs et les musiciens de la société des spectacles animent les festivités. On apprend en avril la victoire de Napoléon Bonaparte en Italie, qui pousse le Piémont-Sardaigne et l’Autriche à se retirer de la Première Coalition : la municipalité de Limoges fait tirer les canons, la foule crie : « Vive la République ! Vive la Paix ! Vivent les braves Armées ! Vive Bonaparte ! » et l’on défile dans les rues. Place d’Orsay est élevée une pyramide de terre d’une quinzaine de mètres à la gloire de la victoire – l’histoire ne dit pas si l’on a utilisé la terre de la « montagne » précédente. Le 14 juillet, on ajoute des panneaux commémoratifs de la prise de la Bastille. Durant toute cette période révolutionnaire, Limoges semble friande de défilés et fêtes civiques en tous genres – sans doute beaucoup y participent-ils avec conviction, sans doute y éprouve-t-on aussi un peu de la joie à défiler ensemble comme du temps où les processions religieuses et les ostensions étaient autorisées. Ainsi de la cérémonie organisée à Saint-Michel, en septembre 1797, suite à la mort du général Hoche.
La ville est divisée en sept secteurs – le 7ème recoupant l’ancienne Cité, jusqu’au faubourg Saint-Etienne.
Le 9 novembre 1799 – 18 Brumaire –, c’est le coup d’Etat de Bonaparte, la fin du Directoire et le début du Consulat. La nouvelle parvient à Limoges trois jours après. Le 23 novembre, les autorités défilent à travers la ville, précédées de la musique, pour lire le message émanant des consuls. Le peuple crie : « Vive la République ! » Peu après, un directeur des contributions directes est installé dans le département, chargé d’organiser les finances publiques – la municipalité, quant à elle, est autorisée à créer un octroi. Seules demeurent les fêtes nationales commémorant les 14 juillet et 22 septembre. Les biens de la Société populaire sont mis en vente. Le 18 mars 1800, le premier préfet de la Haute-Vienne, Pougeard-Dulimbert, prend ses fonctions : « Le Premier Consul le veut, je viens prendre le poste où sa confiance m’appelle (…) Je viens éteindre ce qui pourrait rester d’ancienne haine et de souvenirs douloureux. Je viens réparer tout ce qui est encore réparable (…) C’est dans cette ferme résolution que j’entre dans la carrière (…) que Turgot a semée de si grands souvenirs. » Beaucoup de ceux qui ont survécu à la période révolutionnaire assistent à la cérémonie.