29 Juil

Limoges au lendemain de la fuite du roi à Varennes… et après.

Au lendemain du 21 juin 1791, un cavalier apporte un courrier de l’Assemblée Nationale : le roi et la famille royale auraient été enlevés ; la population est informée. Le 17 septembre, la nouvelle de la promulgation de la Constitution parvient à Limoges, ce qui donne l’occasion d’organiser deux fêtes civiques au Château et à la Cité. Le Département appelle à « voler à la défense de la Patrie ». Deux bataillons sont constitués en octobre à Limoges, regroupant les 1125 volontaires de la Haute-Vienne, commandés par Arbonneau, ancien garde du corps du Roi et par Jean-Baptiste Jourdan, ancien combattant pour l’indépendance des colonies américaines avec La Fayette, nommé lieutenant-colonel. Les hommes portent un uniforme bleu, blanc et rouge. Deux chirurgiens sont désignés : Gain et Laudin. Après avoir tenté de récupérer les premiers déserteurs, des revues des troupes sont organisées et le Département offre drapeaux et tambours.

Les choses se tendent progressivement, parce que le ravitaillement est difficile, parce que l’on se méfie des prêtres réfractaires, parce que la Révolution se sent menacée à l’intérieur et par les monarchies européennes, parce que, bientôt, les divisions entre Girondins et Montagnards à la Convention affectent la situation locale. Le 15 juillet 1792, alors que l’on vient d’apprendre par voie d’affiches la proclamation de la Patrie en danger, les esprits s’échauffent et la foule est prête à s’en prendre à ceux qu’elle considère comme suspects – que l’on commence par désarmer. Vers 16 heures, l’abbé Chabrol, prêtre de Saint-Pierre, bien connu pour les soins qu’il apporte aux malades, est soupçonné d’avoir constitué chez lui, rue des Combes, un dépôt d’armes (ce qui est faux). Comme il se refuse à toute visite domiciliaire, la foule finit par réclamer sa mort place Fontaine-des-Barres où il a été transporté et, malgré l’intervention du maire intérimaire Alluaud, il est lynché à mort – une femme lui aurait porté un coup mortel avec une hache. La spontanéité du meurtre reste sujette à caution. Des volontaires partent ou se préparent à partir pour défendre les frontières. Le Département, soupçonné de tiédeur, est mis en cause. On plante un arbre de la Liberté place Dauphine, qui devient la place de la Liberté. La Société des Amis de la Constitution, dite Populaire, s’installe dans la salle d’exercices du collège. Le 13 août, la nouvelle de la suspension du roi Louis XVI par l’Assemblée arrive par courrier spécial au Département et à la municipalité de la ville qui prévient celle de la cité. Le lendemain, la population est informée après roulements de tambours. Le Département écrit à l’Assemblée : « … nous détestions le despotisme… nous chérissons l’égalité et la liberté… le salut du peuple est et sera notre unique étude, le plus cher, le plus sacré de nos devoirs, nous voulons vivre libres ou mourir. » On réfléchit à l’édification d’une pyramide sur une place de la ville en mémoire des citoyens morts lors de la prise des Tuileries, le professeur Sauger-Préneuf s’interroge dans un discours lors de la remise des prix scolaires au collège : « l’éducation influe-t-elle sur le gouvernement d’un peuple libre ? ». Suite aux élections du 5 septembre, sept députés sont élus en Haute-Vienne, la majorité étant des girondins ; seul Gay-Vernon est montagnard, c’est le chef des Jacobins à Limoges. Le même mois, un certain Caresse, directeur des Postes, est révoqué car l’un de ses fils a émigré. Les religieux réfractaires sont expulsés vers le pays de leur choix, les plus âgés ou invalides sont enfermés à l’abbaye de la Règle (dont on récupère les grilles pour en faire des piques). Le 7 octobre, de passage à Limoges, un bataillon de volontaires venu de Toulouse chante, avec accompagnement de clarinettes, un nouveau chant de guerre : La Marseillaise, dont on copie paroles et musique.