(c) Oratoire du Louvre
Le 30 juillet 1845, l’archiviste de la Haute-Vienne A. Leymarie offre au duc et à la duchesse de Nemours le récit de la visite à Limoges d’Antoine de Bourbon et de Jeanne d’Albret en 1556, et celle d’Henri IV, en 1605, annoncée aux consuls par le duc d’Epernon, gouverneur en Limousin. C’est à lui que nous empruntons pour évoquer cette venue.
La préparation de l’accueil du roi occupe trois semaines. Henri IV fait d’abord une entrée « sans cérémonie», comme vicomte, 30 000 personnes criant « Vive le Roy ! ». Six jours (pluvieux) après, il décide de faire son entrée royale (cette fois sous le soleil), au départ de Montjovis, où il commence par dîner avec les princes du sang, maréchaux de France, officiers et chevaliers. Prenant ensuite place sur un trône surélevé sous un dais, décoré de velours violet et de fleurs de lys dorées, il assiste à la procession du clergé, composée de 300 religieux avec leurs croix, qui passent en chantant, puis de 1 500 hommes des neuf compagnies des troupes de la ville, en tenues colorées, avec leurs bannières et au son des fifres et des tambours. Leur commandant prononce quelques mots de fidélité à l’égard du roi. Suivent cinquante jeunes hommes des familles réputées de la ville, en manteau écarlate, à cheval, précédés par des trompettes et clairons. Ceux-ci se proclament « très humbles, très obéissants et très fidèles sujets et serviteurs. » Viennent ensuite le vice-sénéchal et ses lieutenants, puis les hommes de Justice, en tenue, qui se mettent tous à genoux devant le souverain, tandis que le président Martin livre en leur nom un autre témoignage de fidélité et d’obéissance. Les consuls arrivent, montés à cheval, en robes de velours, accompagnés par les sergents, et par les bourgeois les plus notables. A chaque fois, le roi – dont on mentionne le visage joyeux – répond. On part ensuite vers la ville. Les consuls accompagnent Henri IV vers la porte Montmailler, décorée de rameaux et de peintures (représentant notamment un autel dédié à la clémence du roi), notamment par une statue de Lemovix, mythique fondateur de la ville, tenant dans sa main droite une clef d’argent et dans l’autre un cœur enflammé. Musiciens et chanteurs participent de l’accueil. Un enfant déguisé en ange apporte les clefs de la ville au monarque : « Avec ces clefs, les biens mêmes, la vie/De ce peuple est acquise à votre Majesté… » Depuis les Arènes, les canons de la ville se mettent à tonner. Les six consuls élèvent un somptueux poile coloré au-dessus du roi. Partout, sur le trajet, les maisons sont décorées, la foule se presse jusqu’aux toits, venue de toute la province, et crie « Vive le Roy ! ». Le cortège arrive à Saint-Martial – elle-même décorée – tandis que les cloches sonnent à toute volée. Henri IV est accueilli par l’évêque et par les religieux puis s’avance dans la nef parée comme le chœur de velours et de tapisseries, de rameaux de laurier et de lierre, tandis que s’élève le Te Deum. Les trésors sont ouverts, ainsi que le reliquaire du saint Patron de la ville. Lorsque le roi et les consuls sortent en direction du logis royal, sous une lune éclatante, torches et flambeaux éclairent les rues comme en plein jour.
Le lendemain, les consuls en grande tenue offrent à Henri IV deux médailles d’or le représentant ainsi que le Dauphin.
En 1610, après l’assassinat du roi, les consuls font parvenir leurs condoléances à la Reine-Mère et à Louis XIII, les assurant de la fidélité du Château.