23 Jan

La peste

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De tous les fléaux épidémiques du Moyen Âge, la peste noire est le plus impressionnant, parce qu’il se répand de façon foudroyante et très meurtrière. L’exemple le plus significatif est celui de 1346 à 1353. Venant d’Asie, elle frappe l’Europe occidentale sous-alimentée et fait des ravages effrayants. Il s’agit de la peste pulmonaire, dix fois plus meurtrière que la peste bubonique, et de propagation dix fois plus rapide. L’épidémie atteint presque toute la France. Le bilan démographique est très lourd, et l’on voit dans la peste l’un des cavaliers de l’Apocalypse. Celle de 1346 aurait tué 25 millions d’Européens, soit le quart de la population. Les soins pratiqués ne sont ni adaptés, ni efficaces et l’Eglise et l’Etat s’unissent parfois pour trouver des boucs-émissaires : les Juifs, les mendiants, les marginaux de toutes sortes. Il n’existe pas de véritable politique sanitaire mise en place par le pouvoir royal. En effet, si le recours aux médecins est « le premier des moyens utilisés pour guérir le roi », ce dernier ne peut ou ne songe à prendre de véritables mesures. Les villes et les provinces se doivent donc de lutter par leurs propres moyens pour enrayer le fléau.

La peste frappe Tulle, Brive, Saint-Junien. A Limoges, elle fait de nombreuses apparitions : en 1348, venant de Bordeaux (1/6ème de la population limousine serait alors morte), en 1371, 1382, 1389, 1395 et 1399. Sous-alimentation et pauvreté se conjuguent – pour expliquer l’épidémie – à la rudesse du climat, avérée à cette époque, qui pousse les Limousins à se réchauffer la nuit en se serrant les uns contre les autres dans les lits familiaux. Devant la maladie, les habitants fuient leurs maisons en croyant échapper au terrible fléau : bien souvent, contaminés, ils meurent sur les chemins, sans secours ; la crainte générale les y relègue comme jadis les lépreux. A Brive, on veille sur les remparts, afin d’éviter toute communication avec le dehors. Dans les premiers temps de l’épidémie, la population remplit les églises jours et nuits : ce ne sont que larmes et prières pour conjurer le mauvais sort. On prie saint Sébastien et saint Roch pour éloigner le terrible mal. A Limoges, parmi les reliques : une dent de saint Sébastien est conservée à Saint-Martial et l’un de ses ossements est vénéré en l’église Saint-Pierre-du-Queyroix dans un reliquaire de cuivre surdoré. Dans la ville, au XIVème siècle, il existe des confréries, sortes d’associations de dévotion et de charité, qui portent assistance aux pauvres et aux malades. Huit hôpitaux ou léproseries existent dans la ville, parmi lesquels l’hôpital Saint-Gérald et l’hôpital Saint-Martial. Ces fondations sont les œuvres du clergé, mais parfois aussi de simples particuliers. Ces infrastructures laissent à penser que l’on tenta de mettre en place une politique sanitaire à Limoges. Ce n’est qu’à partir du XVIème siècle que les sources nous informent sur la politique des consuls en temps de peste, tandis que les habitants qui le peuvent se retirent à la campagne, les élus établissent un capitaine ayant pour mission de garder la ville, un médecin et un prêtre.

La peste frappe Limoges à plusieurs reprises, particulièrement meurtrière en 1631 – les pestiférés se réfugiant à la Maison-Dieu ou dans des huttes de vignerons à l’extérieur de la ville. On enfouit les morts dans des fosses communes. On prie, on processionne pour repousser ce que l’on croit être un châtiment divin.