Fondant la ville ex nihilo, les urbanistes romains purent appliquer un plan en damier (qui évolua au fil du temps, la ville connaissant son apogée au IIème siècle): une structure de larges voies orthonormées appuyées sur le cardo maximus (orienté nord-sud, dont l’actuelle rue du Pont Saint-Martial marque la direction) et le decumanus maximus, qui lui est perpendiculaire. L’espace se couvrit d’îlots bâtis mais aussi agrémentés de jardins : hortus, peut-être, où l’on cultivait fruits et légumes, viridarium, surtout, jardin inspiré des poètes et des philosophes, pour le plaisir des yeux et des sens, où l’on vénérait Vénus, Flore et Pomone. Il y eut à Augustoritum de magnifiques résidences appartenant à l’aristocratie fortunée. Ainsi la Maison des Nones de Mars, proche du forum, inspirée des belles demeures italiennes. D’une surface au sol de 3734 m2, elle comptait un minimum de vingt-huit salles (avec une salle d’apparat de 164 m2), et bénéficiait d’un vaste péristyle central agrémenté d’un bassin. Le décor retrouvé, bien que fragmentaire, est magnifique : échassier, canard colvert ou panneau à candélabre, figures géométriques ou végétalisées. Ailleurs, on a retrouvé d’autres mosaïques, comme celle visible au sous-sol de la Bibliothèque Francophone Multimédia : originellement placée au centre de la salle à manger de la demeure d’un riche propriétaire romain, cette pièce de 9m70 x 6m75 (Ier IIème siècles) est formée de deux tapis aux motifs géométriques différents, et est ornée à l’une de ses extrémités d’un emblema d’un mètre de côté, malheureusement légèrement dégradé, et représentant une lionne.
Sur la Vienne, un pont de pierre à six piles de granit (qui soutiennent aujourd’hui le pont Saint-Martial) permettait le passage en direction du sud de la Gaule.
Bien entendu, les archéologues ont trouvé les traces des différents métiers commerciaux et artisanaux et de la vie quotidienne. De même ont-ils repéré une couronne de grands domaines (villae) aux environs de la ville.
[à suivre…]