31 Oct

Hommage à Auguste Escoffier par ses disciples à Saint-Emilion

Les disciples d’Auguste Escoffier ont rendu hommage à Saint-Emilion en ce dimanche 24 octobre au père de la cuisine moderne, à l’occasion du 175e anniversaire de la naissance de celui qui révolutionna la cuisine et ses fourneaux.  

© Conseil des Vins de Saint-Emilion

Jeudi dernier, quelques 8000 convives ont porté un toast dans 30 pays du monde en même temps à Auguste Escoffier, né en 1846 à Villeneuve Loubet et disparu à Monaco en 1935… Celui qui fut le «Cuisinier des Rois et Roi des Cuisiniers» a permis durant de nombreuses années la promotion de la promotion de l’excellence de la cuisine française dans le monde, une certaine idée qui a perduré bien des années plus tard à travers l’association des Disciples d’Auguste Escoffier, qui réalise aussi de nombreuses actions de bienfaisance.

Auparavant, dimanche 24, les Disciples d’Auguste Escoffier Sud-Ouest, emmenés par Patrick Guat, et les vins de Saint-Emilion ont mis organisé un dîner d’Epissure pour 250 convives.

La première partie de soirée s’est déroulée au fabuleux château Cheval Blanc 1er cru classé A de Saint-Emilion, reçu par Pierre Lurton, pour une intronisation en bonne et due forme de 6 personnalités :  Pierre Lurton, gérant de Cheval Blanc, Jérôme Delord, dirigeant de la maison d’Armagnac Delord, Thierry Daugeron, responsable opérationnel de l’hôtellerie restauration Ferrandi campus de Bordeaux, Franck Binard, directeur du Conseil des vins de Saint Emilion, Hervé Tan, CEO China Moutai France, ou encore Bernard Monblanc, de la maison Monblanc Traiteur, coorganisateur de la soirée. Tous ont prêté serment de servir et d’honorer la Cuisine avec un grand « C » et d’œuvrer dans la délégation du Grand SudOuest et audelà de ses frontières.

C’est dans la Salle des Dominicains où a eu lieu ensuite le Dîner d’Epicure exceptionnel, concocté par Nicolas Sale, Président des Disciples Escoffier International et signé par de nombreux chefs prestigieux, réalisé et servi par les équipes de Monblanc Traiteur et du Campus Ferrandi de Bordeaux. De son côté, la Jurade de SaintEmilion a intronisé Patrick Guat, maître d’œuvre de la soirée, chef reconnu par ses pairs et professeur d’art culinaire parmi ses nombreuses distinctions, ainsi que son ami maître d’hôtel Loïc GlevarecMOF, à la tête des sites de réception du Château de Bagnolet à Cognac.

Les Disciples Escoffier Grand Sud-Ouest ont décidé de mettre en avant l’association les Enfants de la Lune, qui mène des actions d’information et de soutien auprès des familles ayant un ou des enfant(s) atteint(s) d’une maladie génétique liée à une hypersensibilité aux rayons ultraviolets .Les bénéfices de la soirée et la grande tombola organisée avec le Conseil des Vins de SaintEmilion et les partenaires privés des Escoffiers ont permis de récolter une somme de 10000€ pour l’association. Un grand bravo pour cette initiative.

 

28 Oct

Bergerac : le domaine les Verdots passe sous pavillon islandais avec la Maison Wessman

La Maison Wessman, détenue par Robert Wessman qui a fait fortune dans l’univers pharmaceutique, vient de racheter ce 26 octobre le vignoble des Verdots à Conne-de-Labarde en Dordogne.

© Domaine des Verdots acquis par la Maison Wessman – photo Loïc Mazalrey

Robert Wessman vient donc de racheter le vignoble des Verdots, 45 hectares de vigne sur un terroir d’argile et de calcaire (19 en blanc (Sémillon, Sauvignon Blanc, Sauvignon Gris et Muscadelle), et 26 en rouge) à Conne-de-Labarde. Le nouveau propriétaire islandais, déjà propriétaire d’un château féodal en 2005, duquel il a créé la Maison Wessman à Saint-Cernin-de-Labarde, maison de négoce de vins de haut de gamme. Il compte ainsi conforter son ancrage local dans le Périgord.

Selon Robert Wessman : « la très grande qualité des vins de Bergerac est injustement méconnue ! Il y a bientôt 20 ans, j’ai acheté le Château de Saint-Cernin, ici, à côté de Bergerac, ce qui m’a permis de découvrir les grands vins de la région que je trouve malheureusement trop peu reconnus. J’ai toujours eu un coup de cœur particulier pour le Vignoble des Verdots et ses vins, et mon souhait est de contribuer à leur donner le rayonnement qu’ils méritent, y compris à l’international.»

 David Fourtout, l’ancien propriétaire, commente aussi cette cession  : « dans la continuité du travail des 3 générations qui m’ont précédé, j’ai le sentiment d’avoir su élever le Vignoble des Verdots et ses vins à une forme d’excellence. Le rachat par Maison Wessman est une chance exceptionnelle car les repreneurs, qui sont extrêmement compétents techniquement et commercialement, vont continuer à le faire rayonner, en France et à l’international. »

Le domaine des Verdots se distingue par sa cave de vieillissement souterraine, creusée dans la roche, et traversée par une rivière souterraine qui porte justement le nom « Les Verdots ». Cette rivière, qui procure une  climatisation naturelle, a été découverte par hasard lors des travaux de construction. Le domaine s’est du coup appelé naturellement les Verdots.

La fabuleuse cave de vieillissement souterraine © Les Verdots – Loic Mazalrey

La philosophie de la propriété est de mener ce vignoble en agriculture raisonnée, ce qui vise à limiter les traitements chimiques. La Maison Wessman a décidé de conserver l’équipe en place pour son savoir-faire et sa connaissance de la clientèle, et de garder David Fourtout comme conseiller technique. James de Roany, déjà gérant des autres vignobles de Maison Wessman, succède ainsi à David Fourtout dans la gestion du vignoble. Il explique :  « les vins des Verdots sont magnifiques et nous continuerons à les produire dans le même esprit et avec la même équipe ».

Regardez le reportage de Vanessa Fize et Bertrand Lasseguette, et Sophie Giraud

26 Oct

Adieu Bordeaux et Reims, bonjour Dijon. La capitale bourguignonne devient le siège officiel de l’OIV

Dijon tenait la corde depuis plusieurs mois. C’est officiel depuis hier. Dijon va accueillir le siège de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin à l’hôtel particulier Bouchu d’Eterno. En 2022, le siège devrait déménager de Paris à Dijon. Bordeaux et Reims avait aussi fait acte de candidature. En v(a)in !

Par consensus, les Etats membres de l’OIV ont décidé de tránsferer son siège à Dijon © OIV

La ville de Dijon a été officiellement choisie hier, lundi 25 octobre, comme siège de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin lors de l’assemblée générale exceptionnelle, dans la salle des Etats au Palais des Ducs de Bourgogne. Sur les 44 Etats présents parmi 48 que compte l’OIV, tous ont choisi Dijon, un vote à l’unanimité.

Dijon devient ce soir la capitale mondiale du vin », François Rebsamen, maire PS de Dijon

Une déclaration faite hier chez mes confrères de  France 3 Bourgogne, et qui pourrait susciter quelques réactions à Bordeaux, ou Reims, où la concurrence pour ce titre est toujours vive.  « C’est un moment tout à fait historique pour la ville qui reconquiert une image qu’elle avait perdue. On a aujourd’hui la satisfaction de se dire qu’une organisation internationale aussi importante  va s’installer à Dijon, contribuant ainsi au rayonnement et à l’attractivité de notre ville. C’est près d’un millier de chercheurs qui travaillent tous les ans à l’OIV », a-t-il ajouté.

L’hôtel d’Esterno accueillera le siège de l’OIV après des travaux de rénovation © Loïc Gazar / France Télévisions

Paris accueillait l’OIV depuis 1924, mais les locaux étant devenus trop exigus, il fallait trouver un autre point de chute. C’est donc l’Hôtel d’Ernesto, du XVIIe siècle qui a été choisi à Dijon, hôtel pour lequel des travaux de rénovation vont débuter pour plus de 11 millions d’euros. Un édifice qui se situe à quelques centaines de mètres de la future Cité de la Gastronomie et du Vin qui ouvrira en avril 2022.

Avec France 3 Bourgogne

25 Oct

Affaire de prise illégale d’intérêts à Saint-Emilion : une condamnation et une relaxe

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné cet après-midi Hubert de Boüard à 60000 € d’amende, dont 20000 € avec sursis, dans le volet correctionnel du classement de Saint-Emilion, après que 3 châteaux déclassés aient porté plainte en 2013. Philippe Casteja est quant à lui relaxé.

Eric Morain, l’avocat des parties civiles, représentant les 3 châteaux déclassés © JPS

C’est peu avant 14h30 que le jugement, lu par le Président Denis Roucou, est tombé, en salle H du tribunal judiciaire de Bordeaux.

Hubert de Boüard est condamné à 60 000 € d’amende, dont 20 000 € avec sursis.

Le tribunal relève « les multiples participations d’Hubert de Boüard de la Forest à tous les stades de la procédure qui vont conduire à l’élaboration de la procédure de classement et à son règlement, que cela soit en participant à l’ODG (qu’il présidait) comme à diverses instances de l’INAO dont il est membre d’autant plus que le projet de nouveau règlement a fait de nombreuses navettes entre l’ODG et l’INAO et que nombreuses modifications sont intervenues dans les critères; cette participation active est en partie reconnue par le prévenu, mais elle est surtout confortée par les déclarations de Mr Faugas et les échanges de courriers et de courriels. Le rôle de l’ODG a été prépondérant dans l’élaboration du règlement et il n’apparait aucunement que Mr de Boüard, son président ne se soit mis, à un moment quelconque, en retrait ou se soit déporté. » Le tribunal complète en disposant que « Hubert de Boüard a accompli sciemment les actes matériel de l’infraction en choisissant d’exercer ce cumul de fonctions et en ayant conscience de ses intérêts personnels. »

Hubert de Boüard et son avocat Me Antoine Vey, le 20/09/21 lors de l’audience © JPS

Et de reconnaître comme il l’avait expliqué au tribunal:  » Hubert de Boüard s’est abstenu de voter notamment lors de la séance du 6 septembre 2012″, mais de lui reprocher aussitôt : »il a bien choisi de participer aux différentes séances alors qu’il aurait dû s’abstenir de siéger aux différentes séances, évitant ainsi que son impartialité soit mise en cause. » L’avocate d’Hubert de Boüard, également représentante de Me Vey (Cabinet Dupont-Moretti), avait prévenu ne pas vouloir faire de commentaire ni au début de l’audience, ni après. Hubert de Boüard a 10 jours pour faire appel, s’il le souhaite.

Pour Eric Morain, avocat des parties civiles et des 3 familles des châteaux déclassés tous présents (Corbin Michotte, Croque Michotte et la Tour du Pin Figeac) : 

On nous disait qu’il n’était pas possible de faire juger ce type d’affaire à Bordeaux, et il y a eu un procès, on nous disait qu’il n’était pas possible de gagner et il y a eu une condamnation, donc vous pensez bien au bout de 8 années, c’est une satisfaction et un soulagement, » Eric Morain avocat des parties civiles.

Philippe Casteja avec ses avocats Me Le Borgne et Bienvenu © JPS

Du côté de l’autre prévenu, Philippe Castéja, propriétaire du château Trotte Vieille et membre de l’INAO représentant le négoce, le tribunal l’a relaxé, poursuivi aussi pour « pour prise illégale d’intérêt par charge de mission de service public dans une affaire dont il assure l’administration ou la surveillance » avec « une présence limitée aux réunions » (de l’INAO) détaillant des « témoignages (d’abord) contradictoires sur sa présence lors de l’examen du dossier par le comité national » puis commentant celui de M. Biau et de Yann Schyler qui ont déclaré que lors de la séance de septembre 2012 « Philippe Casteja et Hubert de Bouard avaient quitté la séance et qu’ils n’ont participé ni au débat ni au vote. »

La position extrêmement prudente que mon client avait observé dans les débats de l’INAO, le retrait qu’il s’était imposé dans les décisions qui concernaient le classement de Saint-Emilion, justifiaient qu’il soit mis hors de cause », Me Jean-Yves Le Borgne avocat de Philippe Casteja.

Pour les familles des 3 châteaux déclassés venus en nombre, comme à chaque audience tant devant les juridictions administratives que celle-ci correctionnelle, ce jugement est différemment apprécié, en demi-teinte, car le tribunal n’a pas établi de lien direct avec le déclassement, ne leur reconnaissant pas de préjudice moral et ni financier, tout en déclarant Hubert de Bouard responsable d’une faute civile à l’encontre des parties civiles. Une somme de 1000 € au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale leur sera versée.

« La justice est trop timide, les victimes ne sont même pas indemnisées, les votes à l’INAO vont continuer à l’être à main levée, je suis dépité », commentait à chaud Hubert Boidron de Corbin Michotte pour qui la condamnation à cette peine d’amende semblait bien dérisoire. Pour Pierre Carle du château Croque Michotte :

Qu’on n’ait pas reconnu tous les préjudices financiers et moraux, on sait qu’ils existent c’est une évidence, mais que la prise illégale d’intérêt ait été reconnue, démontrée et condamnée, ça c’est une victoire », Pierre Carle château Croque Michotte

Ce jugement risque fort d’avoir un écho devant la Cour Administrative d’Appel début 2022. Le Conseil d’Etat avait entendu en février dernierles avocats des châteaux déclassés en cassant l’arrêt qui confirmait le classement de Saint-Emilion

La Cour Administrative d’Appel devrait revoir ou non la copie de ce classement de 2012 de Saint-Emilion. Une affaire qui dure ainsi depuis 10 ans et alors même qu’un nouveau classement sera établi avec de nouvelles règles en 2022…

Lire ou relire :Classement des vins de Saint-Emilion : Hubert de Boüard et Philippe Casteja s’expliquent sur leur rôle au sein de l’INAO

24 Oct

L’image du jour : Fronsac tout sourire ce week-end pour vous accueillir

Le temps était non seulement de la partie, mais aussi la bonne humeur des propriétaires, salariés et responsables de domaines, à l’image de Pierre Rebaud et Xavier Buffo du château de la Rivière.

Au château de la Rivière, comme dans bon nombre d’autres châteaux de l’appellation Fronsac et Canon Fronsac, le succès a été au rendez-vous.

Ici, samedi ce sont 700 personnes qui se sont pressées pour visiter ces fabuleuses caves de calcaire, quelques 8 hectares sous le château qui renferment 800 000 bouteilles…

Rebelotte, dimanche avec cette fois 1000 personnes, de quoi donner un « tennis elbow » à ces joueurs au filet que sont Pierre Rebaud directeur marketing et Xavier Buffo directeur général qui n’ont pas cessé d’ouvrir des flacons pour faire déguster les vins de la propriété, en blanc, rosé et rouge…

Et le tout avec un accueil chaleureux et avec le sourire. Bravo les gars. Et les filles aussi sur le pont pour les visites et tenir la boutique aussi…

21 Oct

Bonjour aux « Cités des Vins et Climats de Bourgogne ».

En Bourgogne : les 3 cités des vins de Beaune, Chablis et Mâcon, en cours de construction, viennent d’être rebaptisées  « Cités des vins et des Climats de Bourgogne »…

La Cité des Vins et des Climats à Beaune © SIZ-IX Architectes

Les trois « Cités des vins et des Climats de Bourgogne », en cours de construction à Beaune, Chablis et Mâcon, deviennent les « Cités des Climats et vins de Bourgogne ».

Le changement de nom peut sembler anodin mais il a pour but de souligner la singularité de la Bourgogne en insistant sur ce qu’elle appelle ses « climats » : ses 1.247 parcelles de vignes, classées au Patrimoine mondial de l’Unesco, sur les pentes de la côte de Nuits et de Beaune, au sud de Dijon.

Ces parcelles, délimitées au fil des siècles, disposent chacune de leurs caractéristiques géologiques, hydrométriques et d’exposition qui singularisent les vins. « Nulle part ailleurs dans le monde, l’homme n’a cherché à lier d’une manière aussi précise et intime, une production viticole à son lieu de production », insiste l’Association
des cités.

Le changement de nom vise également à éviter l’abréviation « cités des vins » pour lui préférer celle de « cités des climats », distinguant ainsi clairement la Bourgogne de la cité du vin à Bordeaux en insistant sur un « modèle de viticulture, archétype des vignobles de terroirs », selon l’association.

Les cités de Beaune, Chablis et Mâcon, qui doivent être inaugurées à partir de2022, visent à faire découvrir le vignoble bourguignon à travers des expériences
conviviales, ludiques et pédagogiques.

AFP

20 Oct

Sauternes : le millésime 2021, une édition limitée, quasi « collector »

Sauternes devrait enregistrer l’une des plus faibles récoltes depuis le fameux gel de 1991, à l’heure où se poursuivent ses deuxièmes tries.En cause le gel d’avril qui a été très sévère, jusqu’à -8°C par endroits. Il n’empêche, le botrytis qui permet de faire de grands vins liquoreux est bien présent et devrait augurer d’un grand millésime, mais en faible quantité. 

Alexiane Siscard vendangeuse dans les rangs de sémillons botrytisés © JPS

A Sauternes, ce millésime 2021 se présente comme une édition limitée, voire « collector ». Une récolte infime, en plus du travail de tries successives (où les vendangeurs passent 3 à 5 fois), de haute couture, pour ne garder que ces raisins botrytisés…

« Il faut séparer la pourriture noble, de la pourriture aigre, parce que sinon cela donne un mauvais goût au vin, le aigre », explique Alexiane Siscard vendangeuse.

Au château d’Arche, le gel d’avril a amputé sérieusement la récolte. Au lieu de 100 000 bouteilles habituellement produites, on n’en prévoit que 10 000 année…

Didier Galhaud, directeur général délégué du château d’Arche © JPS

« Ici on est sur le haut-plateau du château d’Arche et il a fait -4°C pendant plus de 3 nuits, c’était les températures les plus hautes qu’on ait eu, on est descendu jusqu’à -8°, sur certaines parcelles du château plus bas, donc c’était assez dramatique, et on a perdu jusqu’à 80% début avril, cela me fait mal au coeur…

 

Un joli travail sur les sols avec ces chevaux de labour menés par Rod Trait © JPS

Sauternes et Fargues s’en tirent un peu mieux que les autres villages de l’appellation comme Bommes, Preignac et Barsac.

Jean-Jacques Dubourdieu, président de l’ODG Barsac Sauternes © JPS

« On sait qu’on sera en dessous du quart d’une récolte normale, on n’a pas encore la copie générale de l’appellation, on sait que ce sera assez faible, plus faible que des années qu’on a connues par le passé comme 1991, année de grand gel, ou même 2017 plus récemment. »

A Bommes, au château la Tour Blanche, 7 hectares on entièrement gelé et n’ont rien produit, ici on s’attend à un très faible rendement de 4 hectolitres à l’hectare, la plus petite récolte jamais enregistrée. La dernière grosse année de production remontant à 2016 avec 16 à 17 hectolitres à l’hectare…On réfléchit sérieusement à l’avenir et on se tourne déjà vers 2022…

Miguel Aguirre, directeur d’exploitation du château La Tour Blanche © JPS

« On va investir sur des moyens de lutte, anticiper ce changement climatique qui nous impacte,  .Nous, c’est la 5e année en 10 ans, qu’on a un aléa climatique, donc là il y a une vraie réflexion de fond, sur la partie technique et sur la partie investissement forcément pour lutter contre ces aléas », explique Miguel Aguirre directeur d’exploitation du château la Tour Blanche..

Dans les chais, les vignerons de Sauternes comptent sur leur stocks pour faire face. En 10 ans, les stocks ont toutefois été divisés par 2,preuve d’un nouvel engouement pour les Sauternes, en plus des aléas.. Au château la Tour Blanche, la dernière grosse récolte remonte au millésime 2016, celui-ci était 4 fois plus abondant que le 2021.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Rémi Grillot :

19 Oct

Une étude sur l’exposition des riverains aux pesticides lancée mais contestée dans le Bordelais

Une étude d’ampleur inédite visant à établir une « photographie objective » des risques d’exposition aux pesticides des riverains de domaines viticoles, a été lancée mardi mais l’interprofession des vins de Bordeaux refuse de s’y associer, craignant des « conclusions hâtives ».

Avec « PestiRiv », l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et Santé publique France (SpF) vont suivre jusqu’en août quelque 3.350 participants volontaires de 3 à 79 ans, répartis dans 250 zones d’études étalées sur six régions.

Ils résident soit dans les zones viticoles (moins de 500 mètres de vignes et plus de 1.000 mètres d’autres cultures) soit à plus de 1.000 mètres de toute culture, afin de faciliter les comparaisons, et feront notamment l’objet d’un suivi biologique (prélèvements d’urine ou de cheveux…) et environnemental (capteurs d’air ambiant, échantillons d’eau ou de légumes du potager…).

Pour Jean-Luc Volatier, de la direction de l’évaluation des risques de l’Anses, la viticulture est particulièrement concernée car constituée de « cultures pérennes avec des fréquences de traitement relativement élevées et une forte imbrication entre habitat et vignes ».

« Une cinquantaine de substances seront mesurées« , a précisé Atmo France, qui participe aux relevés. « C’est la première étude qui permettra de mettre en regard le niveau d’exposition réelle de la population (…) à l’ensemble des sources possibles d’exposition : air, alimentation, eau, activité professionnelle dont usages agricoles, et usagesdomestiques ».

Les résultats des analyses de plusieurs millions d’échantillons sont attendus en 2024 et doivent permettre « d’objectiver s’il y a une surexposition » des riverains
et de « comprendre pourquoi et comment, afin de donner tous les leviers pour agir », a souligné Ohri Yamada, responsable de la phytopharmacovigilance à l’Anses.

L’association environnementale Générations futures, qui a publié en mars un classement des départements les plus gourmands en pesticides, avec deux départements vitivinicoles en tête (Gironde et Marne), a « salué » mardi le lancement de PestiRiv mais regretté le « temps perdu ».

En mettant en avant leur « rigueur scientifique », les organisateurs de l’étude souhaitent se prémunir contre les critiques sur un sujet très sensible qui a déjà débouché sur des procès, voire des tensions physiques, dans certaines régions.

PestiRiv fait notamment grincer des dents dans le Bordelais. L’interprofession a fait savoir, dans une lettre de son président à la préfète, datée du 1er octobre, révélée par Le Monde et dont l’AFP a eu connaissance, qu’elle « n’accompagnera pas cette démarche, ni auprès des entreprises viticoles girondines, ni auprès des maires des communes concernées« , à moins que Santé publique France et l’Anses ne la rassurent sur plusieurs points.

Le Conseil interprofessionel des vins de Bordeaux (CIVB) regrette, entre autres, un « manque de transparence » sur les retours d’une phase d’expérimentation menée en 2019 en Nouvelle-Aquitaine ainsi que « la disparité de localisation des échantillons, avec plus de la moitié de l’étude qui se déroulerait en Gironde ». Il voit « ce focus sur le vignoble bordelais » comme « un biais majeur dans le protocole » et « ne souhaite pas que Bordeaux soit de nouveau le bouclier derrière lequel les autres vignobles français peuvent s’abriter ».

Le CIVB n’est en outre pas « convaincu » que SpF et l’Anses, « une fois le travail d’analyse et de diffusion réalisé, feront l’effort de pédagogie et de contradiction nécessaire pour éviter les conclusions hâtives et faisant fi de toute rigueur scientifique ».

Une position que ne comprend pas Béatrice de François, la maire PS de Parempuyre (Gironde), aux portes du Médoc. « C’est dommage qu’ils (le CIVB) se braquent d’entrée comme ça, ils auraient tout intérêt à accompagner cette étude et le changement des pratiques », explique à l’AFP cette maire, qui avaient pris en 2019 un arrêté
interdisant les produits phytopharmaceutiques « à moins de 100 m de toute habitation ou espace public », annulé par la justice administrative. Selon Mme de François, qui rappelle que les pesticides ne concernent pas que la viticulture mais bien l’agriculture en général, « une vraie étude scientifique neutre » comme PestiRiv, « sur une durée un peu longue, sur des enfants et des adultes », sera « intéressante ».

AFP

16 Oct

Bernard Magrez et le Château Pape-Clément, un plongeon dans l’histoire viticole de Pessac

C’est l’un des plus beaux châteaux de l’agglomération de Bordeaux. L’un des plus vieux vignoble aussi. Son plus illustre propriétaire a été pape en France Clément V, aujourd’hui il est la propriété de Bernard Magrez l’homme aux 4 crus classés, 42 châteaux, mécène de l’institut Bergonié et des arts.

Le château Pape-Clément, vu depuis le parc avec sa Rolls Royce oeuvre d’art © JPS

A Pessac, le château Pape-Clément est sans doute le plus ancien vignoble aux portes de Bordeaux, sa première récolte remonte en effet au milieu du XIIIe siècle…« Les premières parcelles de vigne que l’on peut apercevoir là-bas remonte à 1252, on a encore 3 parcelles de vigne pour lesquelles on a retrouvé des archives et qui témoignent qu’il y avait ici la production de vin rouge déjà à cette époque… », commente Jeanne Lacombe, directrice technique du château Pape-Clément.

« Le château doit son nom à son plus illustre propriétaire le Pape Clément V qui est né sous le nom de Bertrand de Goth en 1264, et il fut pape de 1305 à 1314, et avant les pieds de vigne étaient plantés sur la propriété de manière aléatoire, et c’est grâce à lui qu’on s’est mis à planter les vignes sous forme de rang, on parlait de rège à l’époque, ce qui a permis de moderniser les pratiques et d’avoir recours à la traction animale, » Jeanne Lacombe directrice technique

A la tête de cette propriété de 60 hectares, de ce château avec son pavillon Eiffel, Bernard Magrez, l’homme aux 42 domaines dont 4 grands crus classés, féru d’histoire religieuse, avec une superbe collection de calices… « Par exemple celui-ci a des pierres précieuses tout autour, il date des années 1500…Par la suite, il y a d’autres très belles pièces qui se sont imposées, mais elles ne sont pas toujours libres, donc ce n’est pas très facile d’en faire l’acquisition… », précise Bernard Magrez.

Une collection exceptionnelle pour un homme aussi incroyable : « non, je ne suis surement pas le pape de la viticulture à Bordeaux, vous êtes bien gentil mais enfin il y en a d’autres, ce que l’on cherche c’est à s’inscrire dans cette histoire qui sort de l’ordinaire…et en particulier cette association qui est refusée par la chrétienté entre le roi Philippe le Bel et le pape Clément V, qui ont fait la chasse au templiers et ont capturé Jacques de Mollet le grand patron des templiers, et l’ont immolé sur la place du temple à Paris, et sur le bûcher il a dit le pape mourra dans l’année et le roi mourra dans l’année… »

Le château, lui bouillonne d’ingéniosité, avec constamment des innovations, 2 cette année à l’entrée du cuvier: « la première, c’est ce contenant des tonnelleries Baron, qui combine le bois et la céramique au sein d’un même contenant pour produire des vins très équilibrés et puis la deuxième, c’est ce réacteur qui permet de multiplier les levures indigènes afin qu’elles fermentent de manière le plus qualitative possible » 

A la réception de vendange, cette exigence se traduit par un double tri manuel et tri optique, en cette année de gel et de mildiou: « la machine est équipée d’une multitude de caméras et va nous permettre d’écarter tout ce qui est baies roses, baies en légère sous-maturité, pour ne rentrer que le meilleur… », précise Jeanne Lacombe, la directrice technique.

Virtuose par ses vins, Bernard Magrez l’est aussi dans le mécénat :

Vous savez que ma mission personnelle, c’est aider l’autre, aider les autres…très investi dans le mécénat à Bergonié, mais aussi en Thaïlande avec un orphelinat où j’ai 70 ou 75 enfants, et dans ce projet là je lutte contre l’injustice, dans la mesure où on ne demande pas d’avoir un cancer et où on ne demande pas d’être orphelin, non plus » Bernard Magrez

Et dans le prolongement de cela, il y a aussi le mécénat avec les musiciens : « les problèmes rencontrés par un artistes sont difficiles pour être connus ou reconnus, même pour les gens de grand talent, il y a 8 ans de cela j’ai offert un stradivarius à un garçon qui s’appelle Dautricourt, un alto de 1616 à une autre concertiste, j’en ai 4 autres au total et ce sont des gens dont le projet était de faire le mieux possible, en France, en Belgique et  en Suisse et grâce à ces instruments la ils sont dans le monde entier...Le talent doit être mis en valeur, et la ténacité, dans l’art, la peinture, de tout ce que l’on couvre au niveau de cette fondation, on veut absolument être exemplaire ».

Une précision qui s’apprécie notamment avec ces grands vins blancs : « Nous avons récolté les blancs du 8 au 23 septembre, la fermentation est en cours, vous le voyez par le gaz carbonique qui si dégage dans certaines bondes, c’est le pic des vinification, les premiers jus sont très prometteurs même si le millésime a été très éprouvant…En blanc, pour l’instant c’est une grande satisfaction… », commente Jeanne Lacombe.

Le chai de blancs avec de nombreuses barriques de 225 à 500 l et foudre différents © JPS

« A Pape Clément, on fait des blancs atypiques par rapport pour l’appellation, on pousse un peu plus les maturités que les autres crus voisins, on est plutôt sur des profils de fruits exotiques que d’agrumes, et puis on multiplie les contenants avec des capacités différentes, on a des barriques de 225 l, des futs de 320, 360, 400, 500 et tout un tas de foudres de 8 à 25 hectolitres…. »

 Et Bernard Magrez de déguster un Pape-Clément 2018 en blanc et un 2016 en rouge avec son équipe : « on boit un vin qui provient d’un terroir qui  a été choisi par des vignerons en 1252. Il y a une histoire bien entendu qui émeut un peu… »

 La vigne c’est notre reine, mais l’amateur de vin c’est notre roi, car on a le devoir de lui proposer des vins qui sont amenés à lui plaire », Bernard Magrez

Bernard Magrez, dégustant le millésime 2016 de Pape-Clément © JPS

240 000 bouteilles ont été produites en rouge sur ce millésime 2016, un millésime qui au final en volume a été plus généreux que le 2021 qui vient de rentrer dans les chais de Pape-Clément.