Sauternes devrait enregistrer l’une des plus faibles récoltes depuis le fameux gel de 1991, à l’heure où se poursuivent ses deuxièmes tries.En cause le gel d’avril qui a été très sévère, jusqu’à -8°C par endroits. Il n’empêche, le botrytis qui permet de faire de grands vins liquoreux est bien présent et devrait augurer d’un grand millésime, mais en faible quantité.
A Sauternes, ce millésime 2021 se présente comme une édition limitée, voire « collector ». Une récolte infime, en plus du travail de tries successives (où les vendangeurs passent 3 à 5 fois), de haute couture, pour ne garder que ces raisins botrytisés…
« Il faut séparer la pourriture noble, de la pourriture aigre, parce que sinon cela donne un mauvais goût au vin, le aigre », explique Alexiane Siscard vendangeuse.
Au château d’Arche, le gel d’avril a amputé sérieusement la récolte. Au lieu de 100 000 bouteilles habituellement produites, on n’en prévoit que 10 000 année…
« Ici on est sur le haut-plateau du château d’Arche et il a fait -4°C pendant plus de 3 nuits, c’était les températures les plus hautes qu’on ait eu, on est descendu jusqu’à -8°, sur certaines parcelles du château plus bas, donc c’était assez dramatique, et on a perdu jusqu’à 80% début avril, cela me fait mal au coeur…
Sauternes et Fargues s’en tirent un peu mieux que les autres villages de l’appellation comme Bommes, Preignac et Barsac.
« On sait qu’on sera en dessous du quart d’une récolte normale, on n’a pas encore la copie générale de l’appellation, on sait que ce sera assez faible, plus faible que des années qu’on a connues par le passé comme 1991, année de grand gel, ou même 2017 plus récemment. »
A Bommes, au château la Tour Blanche, 7 hectares on entièrement gelé et n’ont rien produit, ici on s’attend à un très faible rendement de 4 hectolitres à l’hectare, la plus petite récolte jamais enregistrée. La dernière grosse année de production remontant à 2016 avec 16 à 17 hectolitres à l’hectare…On réfléchit sérieusement à l’avenir et on se tourne déjà vers 2022…
« On va investir sur des moyens de lutte, anticiper ce changement climatique qui nous impacte, .Nous, c’est la 5e année en 10 ans, qu’on a un aléa climatique, donc là il y a une vraie réflexion de fond, sur la partie technique et sur la partie investissement forcément pour lutter contre ces aléas », explique Miguel Aguirre directeur d’exploitation du château la Tour Blanche..
Dans les chais, les vignerons de Sauternes comptent sur leur stocks pour faire face. En 10 ans, les stocks ont toutefois été divisés par 2,preuve d’un nouvel engouement pour les Sauternes, en plus des aléas.. Au château la Tour Blanche, la dernière grosse récolte remonte au millésime 2016, celui-ci était 4 fois plus abondant que le 2021.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Rémi Grillot :