C’est l’un des plus beaux châteaux de l’agglomération de Bordeaux. L’un des plus vieux vignoble aussi. Son plus illustre propriétaire a été pape en France Clément V, aujourd’hui il est la propriété de Bernard Magrez l’homme aux 4 crus classés, 42 châteaux, mécène de l’institut Bergonié et des arts.
A Pessac, le château Pape-Clément est sans doute le plus ancien vignoble aux portes de Bordeaux, sa première récolte remonte en effet au milieu du XIIIe siècle…« Les premières parcelles de vigne que l’on peut apercevoir là-bas remonte à 1252, on a encore 3 parcelles de vigne pour lesquelles on a retrouvé des archives et qui témoignent qu’il y avait ici la production de vin rouge déjà à cette époque… », commente Jeanne Lacombe, directrice technique du château Pape-Clément.
« Le château doit son nom à son plus illustre propriétaire le Pape Clément V qui est né sous le nom de Bertrand de Goth en 1264, et il fut pape de 1305 à 1314, et avant les pieds de vigne étaient plantés sur la propriété de manière aléatoire, et c’est grâce à lui qu’on s’est mis à planter les vignes sous forme de rang, on parlait de rège à l’époque, ce qui a permis de moderniser les pratiques et d’avoir recours à la traction animale, » Jeanne Lacombe directrice technique
A la tête de cette propriété de 60 hectares, de ce château avec son pavillon Eiffel, Bernard Magrez, l’homme aux 42 domaines dont 4 grands crus classés, féru d’histoire religieuse, avec une superbe collection de calices… « Par exemple celui-ci a des pierres précieuses tout autour, il date des années 1500…Par la suite, il y a d’autres très belles pièces qui se sont imposées, mais elles ne sont pas toujours libres, donc ce n’est pas très facile d’en faire l’acquisition… », précise Bernard Magrez.
Une collection exceptionnelle pour un homme aussi incroyable : « non, je ne suis surement pas le pape de la viticulture à Bordeaux, vous êtes bien gentil mais enfin il y en a d’autres, ce que l’on cherche c’est à s’inscrire dans cette histoire qui sort de l’ordinaire…et en particulier cette association qui est refusée par la chrétienté entre le roi Philippe le Bel et le pape Clément V, qui ont fait la chasse au templiers et ont capturé Jacques de Mollet le grand patron des templiers, et l’ont immolé sur la place du temple à Paris, et sur le bûcher il a dit le pape mourra dans l’année et le roi mourra dans l’année… »
Le château, lui bouillonne d’ingéniosité, avec constamment des innovations, 2 cette année à l’entrée du cuvier: « la première, c’est ce contenant des tonnelleries Baron, qui combine le bois et la céramique au sein d’un même contenant pour produire des vins très équilibrés et puis la deuxième, c’est ce réacteur qui permet de multiplier les levures indigènes afin qu’elles fermentent de manière le plus qualitative possible »
A la réception de vendange, cette exigence se traduit par un double tri manuel et tri optique, en cette année de gel et de mildiou: « la machine est équipée d’une multitude de caméras et va nous permettre d’écarter tout ce qui est baies roses, baies en légère sous-maturité, pour ne rentrer que le meilleur… », précise Jeanne Lacombe, la directrice technique.
Virtuose par ses vins, Bernard Magrez l’est aussi dans le mécénat :
Vous savez que ma mission personnelle, c’est aider l’autre, aider les autres…très investi dans le mécénat à Bergonié, mais aussi en Thaïlande avec un orphelinat où j’ai 70 ou 75 enfants, et dans ce projet là je lutte contre l’injustice, dans la mesure où on ne demande pas d’avoir un cancer et où on ne demande pas d’être orphelin, non plus » Bernard Magrez
Et dans le prolongement de cela, il y a aussi le mécénat avec les musiciens : « les problèmes rencontrés par un artistes sont difficiles pour être connus ou reconnus, même pour les gens de grand talent, il y a 8 ans de cela j’ai offert un stradivarius à un garçon qui s’appelle Dautricourt, un alto de 1616 à une autre concertiste, j’en ai 4 autres au total et ce sont des gens dont le projet était de faire le mieux possible, en France, en Belgique et en Suisse et grâce à ces instruments la ils sont dans le monde entier...Le talent doit être mis en valeur, et la ténacité, dans l’art, la peinture, de tout ce que l’on couvre au niveau de cette fondation, on veut absolument être exemplaire ».
Une précision qui s’apprécie notamment avec ces grands vins blancs : « Nous avons récolté les blancs du 8 au 23 septembre, la fermentation est en cours, vous le voyez par le gaz carbonique qui si dégage dans certaines bondes, c’est le pic des vinification, les premiers jus sont très prometteurs même si le millésime a été très éprouvant…En blanc, pour l’instant c’est une grande satisfaction… », commente Jeanne Lacombe.
« A Pape Clément, on fait des blancs atypiques par rapport pour l’appellation, on pousse un peu plus les maturités que les autres crus voisins, on est plutôt sur des profils de fruits exotiques que d’agrumes, et puis on multiplie les contenants avec des capacités différentes, on a des barriques de 225 l, des futs de 320, 360, 400, 500 et tout un tas de foudres de 8 à 25 hectolitres…. »
Et Bernard Magrez de déguster un Pape-Clément 2018 en blanc et un 2016 en rouge avec son équipe : « on boit un vin qui provient d’un terroir qui a été choisi par des vignerons en 1252. Il y a une histoire bien entendu qui émeut un peu… »
La vigne c’est notre reine, mais l’amateur de vin c’est notre roi, car on a le devoir de lui proposer des vins qui sont amenés à lui plaire », Bernard Magrez
240 000 bouteilles ont été produites en rouge sur ce millésime 2016, un millésime qui au final en volume a été plus généreux que le 2021 qui vient de rentrer dans les chais de Pape-Clément.