C’est au début de 1926, grâce à l’alliance entre un afficheur publicitaire, M. Canet et un radio électricien, M. Lamoureux, qu’un premier poste émetteur T.S.F., Radio Limoges, s’installe boulevard Montmailler, puis dans un grenier de la caserne Beaublanc avant de gagner le 2 de la rue Saint-Paul. Les studios prenant place rue du Consulat, puis rue Adrien-Dubouché, boulevard Victor Hugo et enfin rue des Anglais. Au départ, on utilise un phonographe manuel pour la musique. La radio est gérée par une association qui compte 40 adhérents en 1927 et 3 000 en 1933 ! Son président est d’abord Georges Avryl (Gaston Charlet), auteur de pièces radiophoniques ; Georges Lagueny dirige le bulletin hebdomadaire des programmes Limoges-Radio ; le chef de station était Joly et le speaker, Jarraud. Parmi les intervenants : Lucien Dumazaud qui réalise des chroniques folkloriques. Dès 1927, la radio devient d’Etat et prend le nom de Radio Limoges P.T.T. Son programme est le plus souvent constitué du relais de Paris P.T.T., mais elle réussit néanmoins à produire quelques émissions propres et à s’entourer d’artistes, de comédiens et de musiciens qui donnent vie à ses programmes. La troupe de théâtre déjà constituée de » l’Avant-scène » devient sa troupe régulière pour les émissions de théâtre radiophonique très prisées. La radio réussit même à constituer un orchestre symphonique de 22 musiciens et diffuse des concerts en direct. En 1934, on y croise M. Pailler, professeur au conservatoire et de musique à l’Ecole Normale de garçons du Lycée Gay-Lussac ou M. Schmidt, également professeur au conservatoire. Alfred Sarre, aussi, le délégué de la S.A.C.E.M. En 1938, 60% des programmes sont consacrés à la musique. Roger Blanc y anime une émission de jazz New Orleans. Pendant la dictature du maréchal Pétain, c’est Radio Vichy qui émet à sa place, à partir du nouvel et puissant émetteur de Nieul – à la Libération, celui-ci est sauvegardé par les résistants. C’est Georges Lamousse (commandant F.F.I.) qui la dirige, Marc Bernard et Georges-Emmanuel Clancier s’occupant des programmes – pour l’écrivain, il s’agit de poursuivre le combat mené pendant la guerre en faveur de la diffusion de la littérature et de la culture. Il avait d’ailleurs déjà participé à quelques émissions littéraires avant la guerre, avec R. d’Etiveaud. L’écrivain trouve l’expérience exaltante : il crée des émissions d’information, s’occupe de la revue de presse, fonde le Magazine des Arts et des Lettres – Couleurs du temps, diffusé chaque lundi (avec pour indicatif la Valse de Ravel). Clancier s’occupe de l’activité littéraire régionale et nationale et s’adjoint deux limougeauds : Bernard de Vergèze, pour les spectacles, et Jean-Marie Masse pour le cinéma et le jazz (celui-ci anime des émissions sur le jazz, mais aussi, à partir de 1951, Le manteau d’Arlequin, des entretiens avec les artistes de variétés se produisant à Limoges). En 1947, un émetteur clandestin est découvert à Limoges et arrêté en vertu du monopole d’Etat. Lors de l’éclatement de l’O.R.T.F., Radio Limoges est rattachée, comme toutes les radios de région, à F.R.3. La direction régionale de F.R.3 est à l’époque commune pour les deux régions Limousin et Poitou-Charentes. Dans les années 40-50, des orchestres se produisent en direct : celui de Pierre Guyot, avec Jean-Marie Masse à la batterie, un orchestre symphonique dirigé par Charles Servigès ou bien encore Jean Ségurel et ses troubadours. A la fin des années 60, Serge Solon est à l’origine – avec l’aide d’un professeur du conservatoire – d’un orchestre à cordes (qui devient l’Orchestre de Chambre du Limousin) puis d’une chorale. En 1982, après son rattachement à Radio-France, la radio devient Radio France Centre-Ouest puis Radio France Limoges en 1984. C’est dans ces années que Jean-Marie Masse – encore sur la suggestion de Solon – réalise ses « Entrées libres », où il accueille des musiciens en direct, et des émissions consacrées au jazz. A partir de cette date, elle devient une véritable station avec une grille qui couvre l’ensemble de la journée et plus seulement quelques heures de décrochage. En 2000, elle prend pour nom France Bleu Limousin et joue au maximum la carte de la proximité, séduisant près de 80 000 auditeurs par jour. Radio Trouble-Fête est la plus ancienne des radios associatives du Limousin. Créée au printemps 1980, la première émission « en pirate » a eu lieu le 26 septembre de la même année dans l’atmosphère particulière qui allait conduire à la victoire des socialistes et de François Mitterrand. Alors qu’elle ne diffusait que deux fois par semaine début 1981, les émissions sont devenues quotidiennes dès le 1er octobre 1981. Son style alternatif, ses programmes ouverts aux jeunes, aux minorités ethniques ou sociales et à divers styles de musique, certaines émissions culturelles très « pointues » (Le Mandarin), en ont fait une radio intéressante notamment des années 1980 et 90. Au début et au milieu des années 1980, deux radios se partageaient l’audience : HPS Diffusion, rue de Maupassant à Limoges, et Radio Porcelaine, à Boisseuil (où officia, parmi d’autres, Jean-Marie Masse qui avait quitté Radio France). La première – où plusieurs jeunes animateurs et futurs professionnels de l’audiovisuel firent leurs armes, dont l’auteur de ces lignes… – était installée dans un garage et émit très rapidement 24 heures sur 24, avec ses platines et ses magnétophones Revox, dans une ambiance souvent bon enfant (on mangeait parfois dans le studio ou on y petit déjeunait après les nuits blanches où un animateur pouvait garder le micro en direct 6 à 7 heures), ce qui ne l’empêcha pas de programmer des émissions musicales, cinématographiques, littéraires, ou culturelles de qualité. Elle participa également (comme Radio Trouble-Fête) à divers évènements musicaux ou culturels limougeauds et régionaux. Il exista aussi, de 1983 à 1987, Radio Luttes, proche de la C.G.T., sise à l’étage de la Maison du Peuple, animée par des travailleurs, préoccupée à la fois de politique et de culture, programmant de la chanson française, occitane, étrangère, de l’accordéon, du rock. Parmi ses animateurs : Jean-Louis Escarfail, cheminot, militant syndical, qui devint éditeur de théâtre et de poésie par la suite (Le Bruit des Autres). Elle réalisa pour contribuer à son financement un magnifique portfolio carré regroupant des reproductions d’œuvres de divers artistes et participa à des fêtes du quotidien communiste L’Echo du Centre, au Mazeau, à Saint-Priest-Taurion. Il y eut un temps une radio Limoges Fréquence Plus, rue des Arènes. En 1987, des jeunes du quartier périphérique de Beaubreuil créèrent Beaub F.M. Elle « se veut avant tout une radio de proximité et d’intégration, en refusant le stigmate du « quartier difficile » et en renforçant l’image d’un dynamisme collectif ou chacun pense construire positivement. » Elle appartient au réseau Férarock qui regroupe des radios associatives qui ont pour finalité commune de diffuser principalement les musiques actuelles en émergence ou peu exposées sur les radios nationales. Elles accordent un regard particulier à la scène française et à l’espace Francophone. En 1989, Martine Jacob propose à Jean-Marie Masse la fréquence de Radio Porcelaine pour créer une émission diffusant du jazz 24 heures sur 24 : Jazz F.M. En 1991, c’est Swing F.M. qui lui succède, sur une idée de Claude-Alain Christophe, du Hot Club – il a raconté cette aventure dans un livre. De 1992 à 1996 exista une Radio Campus Limoges, plutôt destinée aux étudiants. Dans les années 90 est apparue, affiliée au réseau des Radios Chrétiennes de France, R.C.F. Email Limousin : un programme chrétien, généraliste et grand public, dont la diversité s’adresse à tous les auditeurs, un large décrochage régional de 5 heures permettant la réalisation d’émissions à forte tonalité culturelle et patrimoniale, ouvertes musicalement, ainsi qu’une émission destinée aux prisonniers et à leurs familles. Bien entendu, diverses antennes commerciales nationales disposent de relais en Limousin – mais c’est une autre histoire.