Allan Sichel, le nouveau président du CIVB, a tenu sa 1ère conférence de presse où d’emblée il a évoqué le développement de meilleures pratiques et les pistes pour la diminution des pesticides dans le vignoble. Voici en détail les orientations de la filière et ce qui est déjà engagé.
Après avoir abordé en préambule les vendanges qui se poursuivent partout dans le bordelais sur un millésime qui s’annonce « très prometteur » tant en blanc qu’en rouge, Allan Sichel a abordé le point qui depuis plus de 6 mois maintenant capte l’attention des réseaux sociaux, du grand public et des associations militantes : les pesticides à travers un chapitre entier intitulé « les enjeux environnementaux sont au coeur de nos préoccupations ».
Allan Sichel reconnaît qu’« après Cash Investigation, les opérateurs se sentent attaqués, ciblés, c’est parfois difficile de faire face à cela. » Aussi a-t-il entamé avec ses collègues du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux un discours et une séquence très pédagogique sur les bonnes pratiques et actions parfois engagées de longue date, mais sur lesquelles il n’y avait pas eu suffisamment de communication…
Nous sommes convaincus que ce n’est pas une solution unique, miraculeuse qui va nous permettre d’éliminer l’utilisation des pesticides, ce que l’on veut c’est une approche pragmatique, efficace et surtout en profondeur », Allan Sichel
Nous intensifions nos efforts et nous sommes bel et bien engagés dans la réduction des pesticides et le développement des bonnes pratiques. 45% du vignoble bordelais est déjà certifié par une démarche environnementale (viticulture biologique, biodynamique, intégrée et raisonnée) », Allan Sichel Président du CIVB.
Ce à quoi, Fabien Bova, le directeur du CIVB ajoute : »nous n’avons pas à rougir du vignoble en la matière, l’objectif est bien d’aller vers 100% de notre vignoble certifié. » Et de compléter : « 500 opérateurs sont engagés dans une démarche globale SME » (Système de Management Environnemental) depuis 2010, soit 15 % de la surface du vignoble bordelais.
« Dès 1989, la filière bordelaise a mené des recherches, afin de disposer de solutions alternatives ou de réduction des pesticides.
- Citons par exemple, le déploiement de la lutte biologique contre les acariens, la stimulation des défenses naturelles de la vigne, et la gestion de lutte des maladies avec notamment la modélisation (modèles de prévision simulant le développement des populations de l’agresseur en fonction de divers paramètres, pour permettre des traitements en préventif donc plus doux).
- Bordeaux est le 1er vignoble à s’être engagé collectivement en matière d’environnement, avec le dispositif du Système de Management Environnemental initié en 2010. Près de 500 entreprises (viticulteurs et négociants) sont impliquées dans cette démarche de progrès environnemental durable et collectif. Ce dispositif couvre ainsi 15 % de la surface du vignoble bordelais et représente 30% des volumes de vin produits.
- La filière a développé sur le territoire des Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles (GDON). Cette initiative collective permet la lutte contre la flavescence dorée (maladie de la vigne mortelle et très contagieuses) et elle a permis une réduction de 76% des insecticides utilisés depuis 2007.
- De nombreux outils à destination des viticulteurs sont développés sur le site professionnel du CIVB : conseils destinés aux viticulteurs bordelais, avec la liste des produits dangereux contenant des agents CMR et proposition de solutions alternatives. En complément, de l’arrêté préfectoral d’avril 2016 visant à protéger au maximum la population, nous mettons à disposition un atlas cartographique des parcelles à proximité des sites accueillant des personnes vulnérables à tous les viticulteurs concernés (sur ce point particulier sur lequel les associations militantes réclament l’arrêt immédiat de ces produits contenant ces agents CMR : auparavant cette information était accessible, désormais ils ont des outils pour qu’ils identifient plus simplement les produits CMR et les produits alternatifs. »)
- Ce dispositif est complété par la mise en place de chartes de bon voisinage dans certaines appellations du bordelais, pour les vignerons à proximité de sites sensibles et la mise en œuvre de plantations de haies arbustives protectrices depuis 1996.
- Par ailleurs, le CIVB travaille activement pour obtenir de l’Administration française, l’inscription au catalogue de cépages résistants aux maladies. Pour le moment nous ne pouvons pas y recourir pour des raison règlementaires (impossibilité de les inscrire dans le cahier des charges des appellations). cette direction de recherches est menée avec l’INRA La filière s’est engagée pour que des cépages résistants déjà inscrits sur des catalogues italiens ou allemands soient inscrits sur des catalogues français. Mais il y a une démarche qui risque de prendre un peu de temps : « au niveau européen, on ne peut pas utiliser de cépage hybride dans les AOC… »
Cette direction de recherches sur les cépages résistants est menée avec l’INRA. La filière s’est engagée pour que des cépages résistants déjà inscrits sur des catalogues italiens ou allemands soient inscrits sur des catalogues français, »Bernard Farges, vice président du CIVB
Mais cette démarche risque de prendre un peu de temps : « au niveau européen, on ne peut pas utiliser de cépage hybride dans les AOC… »
Par ailleurs, Allan Sichel ajoute « en juillet 2016, le Conseil régional, la préfecture de région, les différents services de l’Etat, les Chambres d’Agriculture et le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux se sont unis pour élaborer une stratégie d’actions collectives. Stratégie visant à réduire durablement et dans les meilleurs délais l’usage des pesticides dans le vignoble ».
Quant à la cohabitation entre riverains proches des parcelles et les vignerons, Allan Sichel a souligné quelques avancées concernant les chartes de bon voisinage où plusieurs viticulteurs jouent le jeu de prévenir lors des jours de pulvérisation de produits phytopharamceutiques. « Les arrêtés préfectoraux ont eu aussi un effet au niveau des communes, l’ensemble des opérateurs est sensibilisé. Il y a un dialogue qui s’établit entre riverains et opérateurs, qui apaisent les oppositions qui peuvent exister. » Et Bernard Farges d’inviter ses amis viticulteurs à sortir « un bout de saucisson et un verre de vin avec les voisins pour échanger. »
Regardez les interviews d’Allan Sichel et Bernard Farges du CIVB réalisées par Jean-Pierre Stahl, Nicolas Pressigout et Boris Chague :