21 Mai

Nouveaux modes de consommation : les rosés, les blancs, vont-ils damer le pion aux rouges ?

La consommation de vin en France évolue… Vu que les gens mangent moins de viande (en baisse de 12%) et que les apéros s’éternisent, les rosés et les blancs gagnent en parts de marchés. Les rosés représentent environ 30% de la consommation en France, de quoi laisser espérer les rosés de Bordeaux…qui pour l’heure ne représentent  que 4% de la production face au 84% de rouges produits et 9% de blancs secs.

Carole Lecourt du château Lecourt Caillet © JPS

Les vignerons de Bordeaux à l’assaut des nouveaux consommateurs. Avec 30% de rosés consommés en France, les Bordeaux Rosés ont d’énormes parts de marchés à prendre. « C’est un 2018, on a cherché à faire quelque chose qui a quand même du goût et une longueur en bouche, et qui est quand même sympathique », commente Patrick Carteyron vigneron à Génissac en Gironde venu faire déguster son château Pénin rosé à la Brasserie Bordelaise.

« Félicitations, c’est très réussi, c’est fin au nez, en bouche il y a un jloi gras, une belle acidité, cela sera un compagnon parfait pour cet été », commente Guillaume Gresta directeur du Bar à Vins du CIVB qui connaît bien cette nouvelle génération de consommateurs et de touristes qui fréquentent le bar à vin du CIVB: « la famille des rosés et des clairets représente 8% de la consommation au bar à vins du CIVB »

Le niveau de qualité des Bordeaux Rosés a franchi plusieurs paliers ces dernières années et au niveau de la couleur, on est vraiment sur les codes de couleur que le marché recherche », Guillaume Gresta Bar à Vins du CIVB.

Guillaume Gresta, du bar à vins du CIVB, et Guillaume Leygues, caviste à l’Intendant © JPS

Manager à L’Intendant (Groupe Duclot), caviste allées de Tourny à Bordeaux, Guillaume Leygues donne la température et les habitudes de sa clientèle : « on achète facilement une bouteille ou 2 suivant le nombre de personnes que l’on est à l’apéro, et puis ça vous tapisse le palais pour la suite, et puis vous pouvez faire tout un repas aussi ».

Si les Côtes de Provence sont leaders avec leurs rosés pâles, les Bordeaux ont de la marge avec seulement 26 millions de bouteilles produites.

Effectivement, il y a un engouement sur les rosés aujourd’hui, les Provences sont leader sur ce vin mais les Bordeaux Rosés ils existent, ils ont leur charme, une belle couleur. On a quand même une production de 200000 hectolitres de Bordeaux Rosés, » Patrick Carteyron du château Penin.

« Il y a encore beaucoup  de restaurants bordelais qui n’ont même pas un rosé de Bordeaux à leur carte, c’est un scandale, il y a quelque chose à corriger et on s’y emploie », complète Patrick Carteyron.

Andrea Lobre du château l’Aubrade

Vu que les gens consomment moins de viande (12% de mois depuis 10 ans), et que les apéritifs s’éternisent, rosés et blancs tirent leur épingle du jeu auprès des jeunes et des femmes notamment. « Bordeaux est surtout connu pour ses rouges, mais c’est vrai que le blanc c’est le compagnon idéal pour l’apéritif entre autre, et ça va très bien avec les fruits de mer », commente Andrea Lobre qui avec son mari Jean-Christophe produisent 15000 bouteilles de blancs par an et 30000 de rosés avec leur château l’Aubrade.

Sur le terrain, ce sont 1400 vignerons qui aujourd’hui font du rosé à Bordeaux, à l’instar de Carole Lecourt, qui a lancé 2 types de rosés avec son père: le 1er traditionnel château Lecourt-Caillet et le second créé par Carole son « Rosé Princesse »

Nous avons deux rosés sur la propriété, un rosé 100% merlot et un rosé 100% cabernet franc que l’on travaille de manière identique : vendanges très tôt le matin, sur des jeunes vignes avec des raisins à faible maturité pour avoir un rosé frais et vif, »  Carole Lecourt du château Lecourt-Caillet.

« Chaque année on augmente notre production, nous avons beaucoup de demandes, on fait de plus en plus de rosés et on est rendu à 20000 bouteilles de rosés sur un total de 150000 à 200000 entre les 3 couleurs (blanc, rouge et rosé) », m’explique Carole Lecourt.

44% des ventes de rosés s’effectuent l’été pour les Bordeaux Rosés, qui par ailleurs ont aussi d’autres parts de marchés à gagner avec l’export car la proportion de rosés exportés n’est que de 17%. Certains marchés comme les Etats-Unis sont aujourd’hui matures pour le rosé et vu que c’est le 1er pays consommateur de vin au monde… De quoi laisser rêveur.

Ces vignerons bordelais savent en tout cas que pour concurrencer les rosés de Provence, ils doivent produire des rosés les plus clairs possibles…