Focus sur les vignerons de Tutiac. Des vignerons qui vivent en communauté au sein d’une coopérative depuis 1974. D’une quarantaine de membres à l’origine, ils sont aujourd’hui près de 500 à dynamiser leurs vignobles du Nord-Gironde et visent un développement important dans les années qui viennent.
Ce matin-là, à Saint-Palais en Gironde, résonne le bruit des sécateurs électriques. Loïc et Alain Giraudot sont en pleine taille de la vigne. Ils reçoivent aussi la visite de Flavie Grenon, chargée du foncier au sein de la coopérative des vignerons de Tutiac : « Tu a s anticipé un peu la transmission ? » Alain Giraudot fait partie des viticulteurs girondins de plus de 55 ans qui vont ou ont déjà cédé leur propriété : « Moi, je n’avais rien anticipé du tout, mais quand j’ai su que Loïc était intéressé à reprendre l’exploitation, on a fait en sorte qu’il fasse les études nécessaires », répond Alain Giraudot installé depuis 1980.
De 12 hectares en 1980, les Giraudot sont passés à 32 hectares, mais en tout cas ils ont toujours adhéré à la coopérative : « il n’y avait pas de chai à la maison, c’était une exploitation en élevage au départ J’ai repris la vigne derrière mon père et n’ayant pas de chai sur l’exploitation, je me suis mis à la cave ».
C’est en fait la vieille chapelle de Tutiac qui a donné son nom à la coopérative. Celle-ci compte aujourd’hui 4000 hectares de vignes et près de 500 vignerons, sur une zone qui s’étend de Saint-André-de-Cubzac à la limite des Charentes.
Ces vignerons ont fait le choix de se regrouper pour mettre en commun leur force, des outils de technologiques et déléguer la partie vinification. C’est ainsi que l’on découvre un immense cuvier, à l’année ce sont 220 000 hectolitres de vins qui sont produits à Marcillac, en AOP Blaye Côtes de Bordeaux, Bordeaux, Bordeaux Supérieur et Côtes de Bourg.
Aujourd’hui le groupe emploie 130 personnes et commercialise l’équivalent de 30 millions de bouteilles produites par nos viticulteurs au nord de Bordeaux », Eric Hénaux directeur général des Vignerons de Tutiac.
« La force essentielle de notre coopérative repose sur le fait que nous avons une seule et unique entité présidée par Stéphane Héraud, viticulteur lui-même, et nous avons la chance de maîtriser dans notre groupe à la fois la sélection parcellaire, la conduite du vignoble, la vinification, l’élevage des vins, la mise en bouteille et la commercialisation », poursuit Eric Hénaux. « C’est-à-dire que notre groupe, sous une seule entité, maîtrise toutes les étapes de la production et de la mise en marché de nos vins. »
Paul Oui est depuis 5 ans l’oenologue des Vignerons de Tutiac. Il a un peu parcouru la planète, bossant ici pour Constellation au Québec, là en Amérique du Sud ou encore en Australie. « Il a amené une expertise et une expérience variée », commente le directeur. « Nous avions perdu notre oenologue, c’était un drame, tous les viticulteurs étaients super inquiets », il a apporté une nouvelle approche et « une efficacité ».
Aujourd’hui, la part d’élevage en barrique, même au sein de cette coopérative, est de plus en plus importante :
Nous avons 3000 barriques actuellement et c’est en forte progression. Nous avons comme projet d’agrandir le site de stockage de 3000 m2 en plus » Paul Oui oenologue.
« Depuis plusieurs années, on fait beaucoup de sélections terroirs (des vins de lieux dits). On a beaucoup travaillé pour le négoce bordelais, maintenant on développe beaucoup les marques Tutiac, avec des sélections de parcelles plus spécifiques, avec des vinifications appropriées et des élevages longs en barriques. Sur les blancs, on fait 1000 hectolitres vinifiés en barriques, la fermentation alcoolique se fait en barriques, les vins seront soutirés au printemps. Sur les rouges, il y a plusieurs types d’élevages : des élevages courts de 10 mois, ou des élevages plus longs pour nos lieux-dits par exemple qui peuvent durer jusqu’à 18 mois. »
Cette cave coopérative bénéficie en outre d’une immense boutique où les amateurs seront reçus par Sabrina Hartmann et Karin Sautiran, responsables respectivement de la boutique et de l’oenotourisme.
« L’avantage, c’est qu’on peut toucher tous les consommateurs, tous les porte-feuilles, on va partir d’un vin coeur de marché à 4 € et puis on va monter en gamme à 6 ou 7 €, pour finir à 12€95 avec ce lieu-dit qu’on est en train de goûter… » explique Christophe Villier, responsable commercial.
Le groupe emploie 130 personnes. Une ligne d’embouteillage et une autre de bag in box sont à l’oeuvre, jusqu’à 9000 flacons sortent chaque heure et 800000 bag-in-box à l’année.
Ce sont 15 millions de bouteilles qui sortent de cette chaîne à l’année, avec un objectif affiché de 20 à 25 millions d’ici 5 ans.
Les Vignerons de Tutiac essaient de se diversifier, travaillant avec le négoce bordelais, mais aussi de plus en plus avec les particuliers et les restaurateurs. Ils souhaitent développer particulièrement l’export qui ne représente actuellement que 12 % de leurs ventes.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Eric Delwarde, Xavier Granger et Xavier Mansion :