Du manga phénomène « Les gouttes de Dieu » à la saga familiale « Châteaux Bordeaux », le vin est devenu un héros à part entière de la bande dessinée, un moyen d’attirer un nouveau type de lectorat vers la BD.
Le tome 3 de la trilogie Cognac signé © Corbeyran, Chapuzet et Brahy
Sous la tente du Monde des bulles, c’est la cohue au 44e Festival international de la Bande dessinée à Angoulême: BD sous le bras, des amateurs attendent patiemment qu’Eric Corbeyran, Jean-Charles Chapuzet et Luc Brahy dédicacent le dernier tome de leur trilogie « Cognac », sorti durant le Festival.
Avec 310.000 exemplaires vendus depuis 2011, les sept premiers tomes de cette série dépassent largement ses autres BD du même genre sur l’Espagne, l’Italie ou le dernier en date sur la Bourgogne. Fort de ce succès, il prévoit de sortir cette année une autre fiction sur l’Argentine et une histoire du vin en 30 volumes à partir de 2018.
« Ca marche très bien », estime son principal éditeur sur ce thème, Jacques Glénat, mais pas autant que « Les gouttes de Dieu ». Figurer dans ce manga de 44 tomes, c’était « mieux que d’avoir une belle note chez Parker » (ndlr: Robert Parker, célèbre dégustateur américain de vin), assure-t-il. Rien qu’en France, quatre millions d’exemplaires ont été vendus depuis 2008.
Un des vignerons dessinés, Régis Langlade, ne s’étonne pas de ce mariage réussi entre vin et BD: « Le vin, c’est sensoriel. On le regarde, on le voit, on le sent, on le goûte. Il procure un bien-être. La BD, c’est pareil. Il y a de la couleur, du visuel, c’est tactile. Comme une bande dessinée, un vin raconte une histoire », souligne cet oenologue, qui figure aussi dans la célèbre BD « Le photographe ».
Rançon du succès, il a même vu débarquer sur son exploitation viticole des « gens qui avaient fait 300 km, le livre sous le bras ». Car les BD sur le vin attirent surtout des professionnels et des amateurs de bonnes bouteilles. « Le public de Cognac et de Châteaux Bordeaux, c’est d’abord des gens intéressés par le sujet. Ce ne sont pas des lecteurs traditionnels de séries de bandes dessinées », note Eric Corbeyran.
L’auteur bordelais prépare une série dérivée de « Châteaux Bordeaux » sur la gastronomie. Touchant un plus large lectorat, les BD sur ce thème se multiplient en y associant souvent le vin comme dans le manga « Mariage », « La passion de Dodin-Bouffant » ou encore à paraître la série « Crimes gourmands ».
AFP.