21 Jan

Importations de vin espagnol: deux cuves déversées dans l’Aude et le Gard

Du rififi dans le Sud : plusieurs actions de protestation contre les importations de vins espagnols ont été menées mardi dernier dans l’Aude et le Gard, deux cuves de camions ayant notamment été déversées.

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Vers 6H30, une soixantaine de viticulteurs et agriculteurs gardois se sont rendus
sur la zone de Grézan à Nîmes, pour contrôler les entrées sur le site de Prodis,
filiale vins du groupe Carrefour, a expliqué à l’AFP Anaïs Amalric, co-présidente
des Jeunes agriculteurs (JA) du Gard.

Ceci pour protester contre la « concurrence déloyale » que constitue selon eux l’importation
de vins espagnols et « hispanisés », à savoir du vin souvent chilien commercialisé sous label espagnol, a-t-elle ajouté. Le groupe s’est ensuite déplacé vers le péage de Gallargues-le-Montueux (Gard), à 25 km de Nîmes en direction de Montpellier afin de contrôler les camions. « Nous pensons que les camionneurs se sont passés le mot, car nous avons trouvé un seul camion contenant du vin espagnol » chargé à Sète (Hérault), a-t-elle poursuivi. « Nous avons déversé sa cuve devant le péage », a-t-elle précisé.

Les Jeunes agriculteurs gardois dénoncent notamment dans un communiqué « la concurrence déloyale, l’importation massive de vins étrangers et l’abus de confiance aux consommateurs avec des étiquetages ambigus et des informations dissimulées ».
« Les viticulteurs ne peuvent plus supporter cela alors que les caves françaises sont pleines et les cours du vin baissent », soulignent-ils.

A Narbonne, dans l’Aude, le Comité d’action viticole (CAV) a parallèlement revendiqué mardi matin une action sur le parking d’une zone commerciale, où une dizaine d’entre eux ont déchargé un camion citerne transportant 254 hl de vin rouge espagnol, chargé à Chiva, dans la région de Valence.
Des inscriptions « CAV » ont été retrouvées sur le sol du parking ainsi que sur
le véhicule, selon un correspondant de l’AFP.
Le CAV, créé en 1975 sur les cendres du Comité régional d’action viticole, regroupe des viticulteurs radicaux notamment opposés à la « concurrence déloyale » des vins espagnols et italiens.
Il s’est singularisé au fil des décennies par des actions plus ou moins radicales.
Il avait notamment appelé à occuper le pont de Montredon, près de Narbonne, le 4 mars 1976, où plusieurs milliers de vignerons s’étaient retrouvés face aux CRS, provoquant des affrontements qui avaient fait deux morts.
En juillet 2013, des tags « CAV » avaient été retrouvées après l’attentat à la bombe contre le siège de la fédération de l’Aude du Parti socialiste à Carcassonne.

MADRID PROTESTE ET SAISIT L’UNION EUROPEENNE

Le gouvernement espagnol a protesté une nouvelle fois mercredi contre les « agressions » ayant visé des camions transportant du vin espagnol en France, en précisant en avoir informé la Commission européenne.
« Ces faits qui se produisent avec une régularité malheureuse sont une source d’inquiétude pour le gouvernement d’Espagne car ils constituent une violation flagrante de plusieurs principes de base de l’Union européenne, comme la libre circulation des marchandises entre Etats membres », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le ministère avait déjà convoqué en avril 2016 l’ambassadeur de France en Espagne
pour protester contre des attaques similaires. En 2015, il avait aussi dénoncé des agressions contre des camions transportant lait et viande. Selon les dernières données disponibles, la France est restée en 2015 le troisième exportateur de vin en volume derrière l’Italie et l’Espagne.
Elle demeure première du classement des pays en valeur, avec 8,2 milliards d’euros, loin devant ses deux voisins.

Avec AFP.