21 Sep

Une nouvelle équipe prend les rênes de la Tour Blanche

Pierre Chéret succède à Alex Barrau en tant que responsable du site du Château La Tour Blanche (1er Grand Cru Classé) et Proviseur de l’Ecole de Viticulture et d’OEnologie, lycée viticole du domaine. Miguel Aguirre prend la direction du Château La Tour Blanche.

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Pierre Chéret (à droite) et Miguel Aguirre aux commandes de © La Tour Blanche

Légué à l’Etat français en 1909 par son dernier propriétaire, Daniel « Osiris » Iffla, ce prestigieux domaine de 40 hectares situé à Bommes (Gironde) assure en parallèle la production d’un des meilleurs vins liquoreux de Sauternes classé en 1855, et un enseignement professionnel de qualité spécialisé en viticulture et oenologie.

Pierre Chéret, 48 ans, professeur d’agronomie puis personnel de direction depuis 2004, dirigeait le lycée des Métiers de la Montagne d’Oloron, réputé pour sa production de fromage de brebis AOC Iraty.

Miguel Aguirre, 35 ans, est diplômé de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs des Travaux Agricoles (ENITA) de Bordeaux, et est titulaire du Diplôme National d’OEnologue de l’Université de Bordeaux. Après avoir dirigé l’exploitation viticole de Riscle, il assurait depuis six ans le pilotage de l’exploitation du lycée viticole d’Orange en appellation Châteauneuf du Pape.

Ils ont tous les deux pris leurs nouvelles fonctions à la tête de La Tour Blanche le 1er septembre dernier, avec comme priorités la rentrée scolaire du lycée et les vendanges du millésime 2016 à la propriété. Quant à Alex Barrau, il a fait valoir ses droits à la retraite après 10 ans passés à La Tour Blanche, et au terme d’une carrière consacrée à l’enseignement agricole.

Confirmation : le millésime 2016 sera un bon millésime

Malgré le gel et la sécheresse, les vignerons de l’hexagone attendent un bon millésime. Alors que le Ministère de l’Agriculture annonçait fin août une baisse de 10% avec 42,9 millions d’hectolitres, le Bordelais, l’Alsace, le Beaujolais ou encore le Jura devraient tirer leur épingle du jeu, avec des volumes équivalents à ceux de l’année dernière, voire supérieurs.

Des sauvignons blancs très sains avec une belle qualité arômatique © Jean-Pierre Stahl

Des sauvignons blancs très sains avec une belle qualité arômatique récoltés en Gironde début septembre © Jean-Pierre Stahl

Grêle, gel et sécheresse ont fortement endommagé une partie du vignoble français, surtout en Bourgogne, Champagne et dans le Val-de-Loire, provoquant une baisse des volumes, mais le millésime 2016 s’annonce globalement de « grande qualité ».

C’est une année atypique en terme de potentiel de production lié aux aléas climatiques, … en Champagne, Bourgogne, Val-de-Loire, Charentes, Languedoc-Roussillon, une des plus petites récoltes (cf 1993) mais globalement avec des vins de grande qualité », Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de l’établissement public FranceAgriMer.

Le ministère de l’Agriculture prévoyait fin août une baisse de 10% de la production avec 42,9 millions d’hectolitres. Le Bordelais, l’Alsace, le Beaujolais ou encore le Jura tirent bien leur épingle du jeu, avec des volumes équivalents à l’année dernière, voire supérieurs.
Dans les régions touchées par les aléas climatiques, de fortes disparités existent. En Bourgogne, comme en Champagne, le gel, la grêle, le mildiou ou l’esca (maladie du bois) ont décimé certaines parcelles, alors que « d’autres offrent de belles grappes saines« , selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).

Là où il y a un peu de récolte, ce sera un beau millésime en préparation avec une bonne teneur en sucre », Christine Monamy, de l’Observatoire du Millésime au BIVB.

Les vignerons prévoient en moyenne une baisse de 20 à 27%. Ainsi à Chablis, près de la moitié du vignoble a été fortement endommagée, entre 70 et 100%, par les différents épisodes de gel et de grêle. Seule « une demi-récolte » est attendue cette année.

Même constat dans le centre de la France, où Chinon connaît jusqu’à 50% de pertes suivant les exploitations, en raison des gelées, et jusqu’à 60% dans le muscadet, entraînant pour de nombreux viticulteurs de graves problèmes de trésorerie. 

La vendange 2016 sera certainement historiquement la plus basse du muscadet de tous les temps »,  François Robin  de la Fédération des vins de Nantes.

Le volume estimé est d’environ 150.000 hectolitres contre 415.000 en 2015 « Par contre, on est très content de ce qu’on va récolter. Nous avons eu un bel été, très sec, donc très peu de foyers de pourriture dans le vignoble. On va vendanger mûr et dans de bonnes conditions ».

La sécheresse cet été, de Nice à Cahors, porte également un coup aux rendements. En Corse, où les vendanges ont dû démarrer une semaine plus tôt mi-août faute de pluie, la récolte sera inférieure de 5 à 8% à l’année dernière, selon les cépages.

Même constat dans le Languedoc-Roussillon: une baisse d’environ 9% a été annoncée fin août. Au stress hydrique se sont ajoutés des orages de grêle dévastateurs dans l’est héraultais et le Pic Saint-Loup avec près de 2.000 hectares impactés.

En Provence, les charges et poids des raisins seront inférieurs à la moyenne des deux dernières années. Mais « la qualité des premiers jus extraits semble très satisfaisante, avec un caractère fruité bien présent, une bonne souplesse et un bel équilibre des moûts, ce qui est de bon augure pour la vinification »,  pour le président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence, Alain Baccino.

Même dans le Bordelais, où la Chambre d’agriculture de Gironde s’attend dans l’ensemble à un volume « un peu plus élevé que l’année dernière » et « un très bon millésime », quelques vignobles souffrent d’un manque de pluie, comme à Pomerol. A Saint-Emilion, la sécheresse a cependant permis d’écarter la menace du mildiou au printemps et les pluies du 13 septembre suivies du soleil de donner aux baies un peu plus de volume.
« On attend que les pépins et la peau mûrissent davantage. Nous avons des raisins très sains, aucune crainte que cela pourrisse », a assuré Coraline Moreaud-McAllan, du Château Cormeil-Figeac. « On prend notre temps pour vendanger. Contrairement à l’année dernière, où la pluie avait précipité les récoltes ». Pour elle, comme pour la grande majorité,  la vendange des rouges va commencer la semaine prochaine.

Avec AFP

En Bourgogne, le choix cornélien des vignerons bio face aux vignes malades

Témoignages éloquents de vignerons bio de Bourgogne qui ont du se résigner à traiter chimiquement leurs vignes attaquées par les maladies comme le mildiou après les intempéries printanières, quitte à perdre le label. 

Attaque de mildiou sur la vigne © Inra

Attaque de mildiou sur la vigne © Inra

« C’est la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre »: Vincent Dureuil-Janthial, comme d’autres viticulteurs bio en Bourgogne, a dû se résigner à traiter chimiquement ses vignes, attaquées par le mildiou après les intempéries printanières, et à perdre ainsi son label.

Converti à la viticulture biologique depuis 2005, M. Dureuil-Janthial, qui gère le domaine familial à Rully (Saône-et-Loire) sur la côte chalonnaise, vit cette décision « comme un échec personnel ».

Quand le mildiou apparaît sur les premières grappes le 13 juin, les trois-quarts du domaine ont déjà été touchés par un épisode de gel, fin avril. Et, coup du sort, la maladie attaque les parcelles saines. « A ce moment-là, c’était la panique; psychologiquement, on était à bout », raconte le vigneron de 46 ans, qui n’a jamais connu pire millésime depuis ses débuts en 1994. « Depuis des semaines, il ne cessait de pleuvoir, le travail dans les vignes était très difficile et Météo France n’annonçait aucune amélioration ». Dans l’urgence, il décide d’utiliser un traitement à base de phosphonates pour stopper la maladie. Après deux passages, ses vignes réagissent bien, ce qui lui permet de reprendre ses traitements préventifs au cuivre.

Mais dans la réglementation, l’utilisation d’une matière active de synthèse équivaut à un « manquement majeur » au cahier des charges de la viticulture bio et entraîne la perte de sa certification AB. Pour retrouver le label, il lui faudra repartir en conversion pour trois ans à partir de 2017.
« Au-delà de mes convictions, j’ai pris une décision de chef d’entreprise avec une exploitation de 20 hectares à faire tourner, six salaires à payer, les emprunts, les fermages, je n’avais pas le droit de risquer de perdre le peu de la récolte qui restait à sauver », assume ce vigneron bio convaincu.

Pendant cette période difficile, « c’était le feu dans le vignoble », témoigne Agnès Boisson, responsable viticulture de l’association régionale Bio Bourgogne, qui a accompagné plusieurs producteurs contraints au même choix dans la région. « L’attaque de mildiou a été particulièrement virulente dans certaines zones, notamment là où les épisodes de gel et de grêle avaient déjà fragilisé les vignes », explique-t-elle, reconnaissant la moindre efficacité du cuivre par rapport aux traitements chimiques une fois que la maladie a attaqué les grappes.

Les exploitations concernées se situent essentiellement sur les Côtes de Nuits, Côtes de Beaune et dans le Chablisien, durement touchés par les aléas climatiques cette année. Certains n’ont traité chimiquement qu’une partie de leurs parcelles afin de conserver le reste en bio, d’autres ont préféré passer le traitement conventionnel sur tout leur domaine. « Dans tous les cas, cela a été une décision très douloureuse, guidée par des contraintes économiques », souligne la responsable associative, rappelant qu’en Bourgogne « beaucoup ne sont pas propriétaires de leur vigne mais en fermage, ce qui veut dire qu’ils doivent payer la location de leurs parcelles quoi qu’il arrive ».

« L’année 2016 a été compliquée pour tout le monde, y compris pour les viticulteurs conventionnels qui ont subi les mêmes pressions de la maladie », déplore pour sa part Emmanuel Giboulot, délégué à la commission viticole de Bio Bourgogne. « La solution est-elle de traiter deux fois plus avec des produits que l’on retrouve dans le vin, les sols, l’eau ? ».

Loin de décourager Bio Bourgogne, ce millésime difficile l’incite au contraire à militer pour davantage de recherche indépendante afin de trouver de nouveaux produits plus efficaces tout en étant neutres pour la plante et l’environnement. « La société aspire à des pratiques plus propres et plus respectueuses de l’environnement, le modèle agricole doit évoluer », insiste M. Giboulot, opposant aux pesticides qui avait refusé de traiter ses vignes, en 2013, contre la maladie de la flavescence dorée en dépit d’un arrêté préfectoral.

AFP