Génération Futures vient de publier un communiqué qui souhaite balayer une rumeur selon laquelle « c’est une pulvérisation de soufre par un viticulteur bio voisin qui aurait intoxiqué les élèves » de Villeneuve en mai 2014. La FDSEA avait précisé cela la semaine dernière après la remise de la pétition de Marie-Lys Bibeyran, au préfet de Gironde, réclamant un traitement bio le long des écoles. Gérérations Futures réfute et pointe les traitements de fongicides qui ne sont pas bio. En parallèle, la justice a été saisie d’une plainte contre X; elle va tenter de faire toute la lumière, le dossier est à l’instruction.
En ce moment c’est un peu la guerre des communiqués. Le dernier en date est celui de Générations Futures de ce 9 mars, il répond au communiqué de la FDSEA du 1er mars.
Générations Futures écrit ceci :« Le 5 mai 2014, 23 écoliers et leur enseignante avaient été pris de malaise et hospitalisés en urgence, suite à des pulvérisations réalisées à proximité de l’école de la commune. Une enquête a été diligentée et une information judiciaire est même en cours, dans lequel la SEPANSO a porté plainte et Générations Futures s’est porté partie civile.
Depuis cette date, une rumeur est soigneusement entretenue par la FNSEA afin d’essayer de disculper les pesticides de synthèse, en cause dans cette affaire. Selon cette rumeur, reprise à tous les niveaux de l’organisation du local au national, c’est une pulvérisation de soufre par un viticulteur bio voisin qui aurait intoxiqué les élèves.
Cette rumeur insidieuse se retrouve aujourd’hui écrite dans un communiqué du 1° mars dernier de la FDSEA de Gironde, tentant de faire contre-feu aux révélations de l’émission Cash Investigation ».
Ces rumeurs traînent depuis l’accident de Villeneuve. Tout cela, c’est pour traîner le bio dans la boue, et ne pas parler des pesticides, personnellement je trouve ça très grave », Valérie Murat Générations Futures.
La FDSEA de Gironde a en effet précisé, le jour de la remise de la pétition de Marie-Lys Bibeyran et de ses 84 600 signatures, que l’incident de Villeneuve-de-Blaye avait été précisément provoqué par un épandage de soufre sur une exploitation vouée à l’agriculture biologique
« Preuve en est que le point de départ de la polémique, en 2014, concernait un épandage de soufre à proximité d’une école de Villeneuve de Blaye, sur une exploitation conduite en agriculture biologique ». Le syndicat de la Fdsea Gironde concluait ainsi que « la pétition visant à exclure tout traitement phytosanitaire autre que biologique à proximité des lieux sensibles est « une fausse bonne idée ! »
Mais « Générations Futures, La Confédération Paysanne 33, Le collectif Info Médoc Pesticides, le Collectif Alerte pesticides Léognan, les Amis de la Terre Gironde et Vigilance OGM33 tiennent à réagir fermement à cette allégation. En effet, un document interne de l’Agence Régionale de Santé, révélé par le magazine « Spécial Investigation » précise clairement que « des tracteurs ont répandu le jour même des produits fongicides secondairement identifiés ( par le centre anti-poison du CHU de Bordeaux) contenant les substances actives suivantes le mancozèbe, le mefenoxam , la spiroxamine…. Et Générations Futures de préciser : »les effets connus des fongicides identifiés sont concordants avec les symptômes décrits par les enfants et personnels de cette école. »
« Les choses sont maintenant claires et il est donc temps que les mensonges de la FNSEA cessent sur ce sujet. Ces mêmes organisations demandent instamment à la FNSEA de diffuser un démenti, à tous les niveaux de son organisation et publiquement, afin que cessent ces rumeurs. De plus elles demandent à l’ARS de rendre public son document cité plus haut afin que les faits soient clairement connus de tous ».
En attendant Côté Châteaux a vérifié auprès de l’avocat de la Sepanso que dans ce dossier, « il y a les deux : un viticulteur conventionnel et un viticulteur bio qui sont mis en cause » selon Me François Ruffié, l’avocat de la Sepanso qui le premier a porté plainte contre X et a été rejoint par Générations Futures.
Il est pour l’heure prématuré de tirer des conclusions car l’heure est à l’instruction de cette affaire, le magistrat désigné va analyser à charge et à décharge et devra dire quels produits ont pu conduire à ces irritations des yeux, à ces nausées et autres symptômes de maux de tête vécus par les 23 enfants et l’institutrice (celle-ci a même été transporté à l’hôpital proche). Certes les constatations médicales et le rapport de l’Ars sont versés au dossier, mais le juge d’instruction ne va pas manquer de demander l’avis d’experts en chimie et en santé humaine, pour connaître le lien de cause à effets dans cette déplorable affaire. Des expertises vont donc être diligentées par la justice à Libourne, en attendant d’éventuelles mises en examens et un procès.
« Pour moi, les infractions sont constituées les gens n’auraient jamais du traiter dans ces conditions.La loi est très bien faite : ce n’est pas la peine de prendre des arrêtés, il faut appliquer la loi qui dispose qu’il ne faut pas traiter en dehors de la parcelle et quand il y a trop de vent. Il y a d’ailleurs une affaire qui a été jugée au Tribunal Correctionnel de Nîmes où un épandage aérien sur une rizière avait bouzillé de la vigne, l’infraction était contituée car épandu au-delà de la parcelle. A mon sens il ne faut surtout pas légiférer ou prendre d’arrêté, mais faire respecter ce qui existe. Qu’ils se débrouillent comme ils veulent mais ça ne doit pas dépasser la parcelle », précise Me François Ruffié avocat de la Sepanso. Le CIVB de son côté a toujours pointé du doigt ces mauvaises pratiques, du fait du vent il n’y aurait pas du y avoir de traitement.
De son côté, la FDSEA a tenu à rappeler la semaine dernière « que la profession agricole est, depuis de nombreuses années, dans une démarche de progrès constants de ses techniques de production » et « agit année après année pour améliorer l’impact de ses pratiques sur la santé de ceux qui la font et sur l’environnement, dans la limite des connaissances scientifiques et des capacités économiques du secteur. »
Pour Valérie Murat de Générations Futures, « le bio et la parcelle bio le long de l’école est hors de cause, le rapport de l’ARS le prouve, les liens sont concordants avec les fongicides », on est là et on ne va pas lâcher comme ça. »