11 Mar

Le jour des « oubliés »: « on n’a rien touché, c’est de l’enfumage ! », selon la Présidente de SOS Vignerons Sinistrés

Le jour des « oubliés », c’est demain. « SOS Vignerons Sinistrés » a convié ses adhérents et tous les vignerons victimes des orages de grêle de l’été dernier à manifester en tracteurs depuis Branne et Saint-Magne-de-Castillon jusqu’à la sous-préfecture de Libourne en Gironde.

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Antoine Bonneaud a été grêlé à hauteur de 85 % à Belvès © Jean-Pierre Stahl

Un véritable enfer, je vous dis ! La nuit du 2 août (2013), ce n’est pas l’abolition des privilèges (cf la nuit du 4 août 1789) car cela fait bien longtemps que des privilèges, ces vignerons, ils n’en ont plus ! Certains n’arrivent même pas à se sortir un Smic, quand d’autres se sont inscrits au RSA…

Belvès fait partie des communes les plus touchées de Gironde lors de l’épisode de grêle le 2 août 2013. Un épisode douloureux avec « des grêlons gros comme des balles de golf qui tombaient du ciel », nous explique Antoine Bonneaud, jeune vigneron de 29 ans. Il venait à peine de reprendre une exploitation en AOC Castillon Côtes de Bordeaux en 2010.

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L’association SOS Vignerons sinistrés avec le maire de Belvès © JPS

Et d’ajouter devant ses vignes meurtries: « j’ai été touché à 85 %, des pertes considérables (rendement 7,5 hectos à l’hectare), d’autant que les coûts de productions sont importants (130 000 euros pour lui) et les indemnisations extrêmement maigres (20 000 euros par les assurances). Ca me permet de couvrir 30 % des frais que j’ai actuellement. »

Une épreuve pour ce jeune vigneron méritant qui avait fait ses premières armes au Château l’ Angelus. Il cherchait à faire et fait de la qualité, vendant directement ses bouteilles  au particulier ou aux hôtels, cafés et restaurants (7 euros la bouteille). Et patatra…en pleine dégusation avec des clients, résidents dans ses chambres d’hôtes au Château Moulin de Bouty, le ciel lui tombe sur la tête…

Autre sinistré, Charles Faure, du Château Hyot-Beauséjour également en AOC Castillon, Côtes de Bordeaux: « je suis dans la vigne depuis 14 ans. » « 14 ans ? », lui fais-je répéter, oui j’avais bien deviné : »depuis l’âge de 14 ans ! ». Charles Faure, c’est ce vigneron de 66 ans dont  52 ans avec un sécateur…(ça peut laisser rêveur le commun des employés de bureau).

Il a encore l’envie, même s’il a passé le relais à son fils juste avant l’épisode de grêle. Mais c’est pour lui un crève-coeur de voir son fils qui s’en sort à peine…Il a été s’inscrire pour toucher le RSA. Il exploite 16 ha de vignes en Castillon, mais « depuis 2000, c’est dur, les cours ont chuté ! » L’an dernier, il n’a ramassé que 25 hectos à l’hectare. Et s’il venait à y avoir une autre calamité, comme un épisode de gel, qui pourrait encore menacer ce vignoble ce printemps… »là, j’arrête définitivement, c’est pas possible de s’endetter et de vendre la maison, et les biens qu’on a… »

1800 exploitations ont été impactées par ces épisodes dans la nuit du 26 au 27 juillet et du 2 août, 24 000 ha. Les plus touchés étaient 350 selon la préfecture, plutôt 500 d’après SOS Vignerons Sinistrés, qui précise qu’il y a un millier de vignerons pour lesquels c’est très difficile en ce moment.

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Au centre, la Présidente de SOS vignerons Sinistrés veut « retrouver un monde rural dynamique et joyeux » © JPS

Pour la Présidente de SOS Vignerons Sinistrés Florence Cardoso:  » Rien n’ a été fait, c’est un enfumage de mesurettes médiatisées, il faut absolument que les pouvoirs publics et notre filière prennent conscience de notre désarroi ! »

S’ils n’ont pas d’aides directes, Florence Cardoso ajoute « cela va se traduire par une cessation de nos activités, quand on va voir le banquier et qu’on est un peu fragilisé, c’est pas les banques qui vont nous aider…Il faudrait que l’interprofession puisse intervenir, que les pouvoirs publics réorientent leurs budgets pour nous aider directement. »

« On a décidé de ne plus se laisser faire, de retrouver nos territoires, on veut retrouver un monde rural dynamique et joyeux ! »

La manifestation des tracteurs est prévue demain matin aux environs de 9 h depuis Branne et Saint-Magne-de-Castillon. Ils prendront le chemin de la sous-préfecture de Libourne.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Bertrand Joucla-Parker

Des Racines donnent des Ailes aux Chartreuses en bord de Garonne

Mercredi, l’émission des Racines et des Ailes a réalisé un magazine « Sur les rives de la Garonne »: dans le Bordelais, le fleuve a favorisé le commerce du vin. Au 18ème siècle, il a fait la richesse de nombreux négociants à Bordeaux qui ont construit de magnifiques propriétés dans le vignoble : les chartreuses.

Sur les rives de la GaronneDes Pyrénées espagnoles où elle prend sa source, au vaste estuaire de la Gironde où elle se jette, la Garonne parcourt plus de six cents kilomètres à travers le Comminges, l’Agenais ou l’Entre-deux-Mers. Un long voyage au cours duquel le fleuve évolue. L’apport de ses affluents, comme la Neste, l’Ariège, le Tarn et le Lot, modifie le visage de la Garonne, sculpte les paysages.

A bord d’un hélicoptère, Didier TAILLEFER part en Espagne pour faire des photos aériennes de l’une des principales sources du fleuve : le Trou du Toro. Un site exceptionnel, au pied du massif de la Maladeta, où la Garonne disparaît sous terre avant de réapparaître au Val d’Aran. Une énigme géologique résolue par Norbert CASTERET en 1931.

Au cœur des Pyrénées, la Garonne donne naissance à un jardin de Cocagne : le Comminges. Dans le village de Huos, Rémy MARTIN a aménagé un verger-potager bio sur un ancien méandre du fleuve. Le sol regorge encore des galets dragués par le cours d’eau. Une véritable richesse pour les cultures.  Mais la Garonne est aussi célèbre pour ses crues parfois dévastatrices. Dans le village de Villeneuve-de-Rivière, Aurélie PAUMARD s’occupe de l’entretien des rives. Avec son équipe, elle nettoie les berges très endommagées par les récentes inondations. Un travail important pour redonner au fleuve son visage sauvage.

De nombreuses marchandises transitaient par la Garonne, ce qui en faisait un des axes de développement commercial majeur. Le bois de mature pour la marine de Louis XIV, le marbre destiné à Versailles et les produits agricoles, dont le célèbre pruneau d’Agen, étaient transportés sur le fleuve.

La ville d’Agen en est l’un des plus illustres exemples. Pendant des siècles, le fleuve contribue au développement de la ville. Mais la Garonne l’a aussi bouleversée, à cause de ses crues. Avec Bertrand LAGRANGE, marin naviguant sur le canal latéral à la Garonne, Bertrand SOLES, historien, Stéphane THOUIN, architecte, et Clément BOISSON, spécialiste des pruneaux d’Agen, nous allons découvrir l’histoire d’une ville intimement liée à celle de la Garonne et qui cache encore quelques trésors.

Dans le Bordelais, le fleuve a favorisé le commerce du vin. Au 18ème siècle, il a fait la richesse de nombreux négociants à Bordeaux qui ont construit de magnifiques propriétés dans le vignoble : les chartreuses. La plupart avaient vue sur la Garonne. L’historienne Adeline FALIERES nous emmène découvrir les plus belles d’entre elles.
A Loupiac, Jean LAPOUJADE et l’historien David SOUNY sont en quête de sites insolites. Ils sont invités à Sainte-Croix-du-Mont pour découvrir une spectaculaire falaise d’huîtres qui date de l’ère tertiaire.

Au sud de Bordeaux, le fleuve continue de faire vivre les riverains. Eleveuse de moutons sur une île comme Sarah Dumigron, ou pêcheur d’anguilles  comme Laurent Bajolle, chacun perpétue un art de vivre au bord du fleuve. Sur la rive gauche de la Garonne, un autre joyau : le château de Montesquieu. Edith Ouy et José Desfilis se battent pour préserver la mémoire de l’homme de lettres.

La Garonne se jette dans l’estuaire de la Gironde, dominé par l’imposante citadelle de Blaye, construite au 17ème  siècle par Vauban. C’est de là que part un convoi plutôt insolite : une aile d’Airbus A380 qu’il faut transporter jusqu’à Langon, en aval de Bordeaux. Défi majeur du trajet: le passage du pont de pierre, particulièrement bas et étroit, le pilote n’a que quelques minutes pour passer…

Ce pont est le premier à avoir été construit dans la ville, mais le plus impressionnant, c’est le pont d’Aquitaine régulièrement inspecté par Annie Monnier et Sébastien Born qui doivent grimper tout en haut des piliers pour s’assurer de sa sécurité…