La Chine a annoncé vendredi qu’elle allait mettre un terme à une enquête anti-dumping contre les exportateurs européens de vins, après « un accord » entre « des organisations professionnelles », un apparent geste de bonne volonté avant une tournée européenne du président Xi Jinping.
Après six « rounds » de négociations au cours des quatre derniers mois, les « organisations professionnelles viticoles » de Chine et de l’Union européenne (UE) sont parvenues à un « protocole d’accord », a précisé le ministère du commerce dans une déclaration à l’AFP.
« Nous sommes satisfaits de voir les deux parties chercher à mieux se comprendre et coopérer pour résoudre leurs différends », s’est félicité le ministre Gao Hucheng, cité dans cette déclaration, estimant qu’elles avaient fait preuve « de réalisme et de souplesse ».
Cette annonce intervient à la veille de la première tournée européenne du présidentchinois Xi Jinping, qui se rendra notamment en France et à Bruxelles.
La Chine avait ouvert début juillet une enquête anti-dumping sur le vin qu’elle importe de l’Union européenne, en réponse à l’instauration par la Commission européenne de taxes provisoires sur les panneaux photovoltaïques chinois.
Prévue pour durer un an, l’enquête devait également se pencher sur les subventions au secteur viticole dans l’UE et leur impact sur la production de vin en Chine.
Après ce début d’escalade, soucieuses d’éviter une guerre commerciale, la Commission européenne et les autorités chinoises étaient parvenues fin juillet à un accord provisoire dans le dossier du solaire. L’UE avait ainsi accepté de mettre fin aux taxes anti-dumping provisoires, à condition que les exportateurs chinois de panneaux photovoltaïques respectent un prix plancher.
« Depuis la résolution du contentieux entre la Chine et l’UE sur le photovoltaïque par des négociations et des discussions, nous sommes dans la bonne direction pour résoudre nos autres différends commerciaux », a ajouté vendredi M. Gao, mentionnant notamment les équipements de télécommunications sans fil. « Cela montre que la Chine et l’UE ont la sagesse et la capacité de mettre un terme à leurs différends », a-t-il insisté.
Selon le mémorandum d’accord signé mardi, les firmes viticoles européennes apporteront « un soutien technique » à leur homologues chinois et assureront le financement pour l’implantation en Chine de cépages adaptés ou encore la formation de viticulteurs chinois et de spécialistes du secteur.
Contactée vendredi, la Chambre de commerce de l’UE à Pékin n’était pas en mesure de confirmer ni de commenter cette annonce du ministère chinois, qui n’a pas identifié
les « organisations professionnelles » ayant participé aux négociations. La Chine offrait en 2012 un débouché à 11,4% des exportations de vins de l’UE, pour 763 millions d’euros, selon des chiffres de la Commission. La France était le premier pays concerné (546 millions d’euros, soit 71% des exportations européennes), suivie par l’Espagne (89 millions) et l’Italie (77 millions).
Cette année-là, les vins européens représentaient 65% des importations chinoises, et se taillaient sur le marché local du vin une part de marché de près de 16%, selon les autorités chinoises.
Mais selon les professionnels, les contraintes liées à l’enquête anti-dumping ont contribué en 2013 à plomber les échanges viticoles.
Selon le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), les volumes de crus bordelais expédiés vers la Chine ont reculé de 16% l’an dernier (un repli de 18% en valeur).
Une baisse qui s’explique cependant également par la campagne d’austérité lancée par Pékin, qui cherchent à enrayer les habitudes de fastueux banquets et de luxueux cadeaux dont étaient coutumiers les cadres du Parti communiste -ce dont ont pâti l’ensemble des spiritueux et vins.
Les exportations de vins européens ne bénéficient d’aucune subvention, s’était défendue la Commission européenne dès début juin, avant même le lancement de l’enquête officielle.
En dépit de multiples contentieux, l’Union européenne est le principal partenaire commercial de la Chine, avec 559 milliards de dollars d’échanges bilatéraux en 2013, selon les douanes chinoises.
Bernard Farges, Président du CIVB, se félicite de l’accord conclu entre les représentants des filières viticoles européenne (CEEV) et chinoise (CADA), qui conduira à l’abandon de la procédure d’enquête antidumping et anti-subventions sur l’exportation des vins européens en Chine.
« Cet accord consiste en la mise au point, sur les deux prochaines années, d’un programme d’actions d’assistance et de coopération entre l’Union Européenne et la Chine, dans différents domaines allant de la technique et la recherche à la promotion. Ces actions permettront un approfondissement de la connaissance réciproque entre opérateurs européens et chinois.
Le dialogue entre professionnels a permis de dépasser les suspicions initiales. Le programme de coopération renforcera les relations entre l’Union Européenne et la Chine, et permet d’envisager avec l’abandon de la procédure d’enquête, le futur de nos exportations sur ce marché (aujourd’hui stratégique pour le vin de Bordeaux) dans un climat apaisé.»
Eléments de contexte :
• le 1er juillet 2013, les autorités chinoises ont lancé une enquête anti-dumping et anti-subventions à l’encontre des vins européens exportés vers la Chine, 3500 entreprises bordelaises sur les 5000 dans l’Union Européenne avaient répondu à la demande d’enregistrement prévue dans l’enquête
• la Chine est le 1er pays d’exportation en volume, et le 2ème pays en valeur, pour les vins de Bordeaux en 2013
• pendant le déroulement de l’enquête, les autorités européennes et chinoises avaient appelé à un dialogue entre les professionnels chinois représentés par la CADA (Chinese Alcohol Drinks Association) et les professionnels européens représentés par le CEEV (Comité européen des entreprises vins)
SourceS: Agence France Presse et CIVB