14 Fév

Les cambrioleurs de châteaux sous les verrous

Au terme de 96 heures de garde à vue, les voleurs de grands crus qui agissaient en bande organisée ont été déférés devant un juge d’instruction de Bordeaux. 13 personnes ont été mises en examen et un mandat de dépôt a été requis contre 11 d’entre eux.

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Les saisies opérées lors de l’opération « cassevin » © Patrice Héraud

Une affaire rondement menée par les gendarmes et notamment le Groupement de la Gironde avec en appui la section de Recherches.Lundi matin très tôt, 23 cambrioleurs et receleurs de châteaux ont été interpellés dans 5 départements français (15 en Gironde).

Au terme de l’enquête diligentée dans le cadre d’une information judiciaire, les gendarmes ont mis fin aux agissements d’un véritable réseau qui écumait les châteaux et dépôts du bordelais. 13 châteaux, 2 maisons de négoce et un caviste ont été victimes pour un préjudice d’environ 1 million d’euros.

4 personnes ont été mises en examen des chefs de vols en bande organisée et association de malfaiteurs ; 9 autres des chefs de recel de vols en bande organisée, et association de malfaiteurs.

Il a été requis mandat de dépôt contre 11 personnes déférées devant le magistrat instructeur puis devant le juge des libertés et de la détention ces deux jours les 13 et 14 février.

Lire précédemment: Coup de filet des gendarmes

 

L’ UBB nouvelle locomotive des vins de Bordeaux…et Bordeaux nouveau sponsor de l’UBB

L’UBB Grands Crus organisait hier sa première soirée de gala à Bordeaux. Le monde du rugby et le monde du vin se sont rencontrés sur un terrain à damier au palais de la Bourse. Grand gagnant pour l’heure l’UBB qui a collecté plus de 100 000 euros lors de la vente aux enchères au profit du centre de formation de l’Union Bordeaux Bègles.

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La soirée de gala de l’UBB Grands Crus au palais de la Bourse

A l’origine du « match » d’hier soir l’association UBB Grand Crus. Une association qui s’est créée il y a moins d’un an et qui rassemble plus de 100 adhérents. Elle est devenue l’un des principaux partenaires du club de rugby. Un club emmené par Laurent Marti qui depuis longtemps pensait à une étroite collaboration avec les vins de Bordeaux. Laurent Dufau, DG du château Calon-Ségur en AOC Saint-Estèphe, était supporter de la première heure de l’Union Bordeaux Bègles et avec Laurent Marti, il se sont dit  qu’il y avait quelque chose à faire !

L’idée a germé dans la tête de Vincent Gerbaud, restaurateur à Arcachon, et d’Antoine Moga, petit-fils de l’ancien président béglais André Moga. Une idée sur laquelle, ballon ovale oblige, ont rebondi Valentin Lillet, directeur de LGC et Yann Rozes, directeur commercial de l’UBB; et ainsi est née l’association « UBB Grands Crus » tout simplement.

Hier soir dans le hall magique du Palais de la Bourse, l’UBB Grands Crus a donné le coup d’envoi d’une longue série de manifestations. Un dîner de gala organisé avec 550 convives, cuisiné par Philippe Etchebest « the best », avec comme clou du spectacle une vente aux enchères.

Ainsi le maillot de Raphaël Ibanez, qu’il portait en équipe de France face à l’Italie en 2007, s’est envolé entre les deux perches à 19 500 euros. Ce prix comprenait également 3 magnum de Pétrus.  Un essai transformé !  D’autres lots où maillots et flacons étaient associés ont aussi fait de jolies percées dans le portefeuille de Bordelais connu pour leur pugnacité à ne pas lacher…Ainsi 2 magnums de Latour 1998 et 2008 adjugés avec le maillot d’Olivier Brouzet 7200 euros, ou encore 12 Angelus 2006 avec le maillot du british Joe Worsley 5400 euros, enfin un magnum d’Yquem 2007 adjugé 5000 euros avec le maillot du capitaine Mathieu Clarkin.

Score final: 105 000 euros au profit du centre de formation de l’Union Bordeaux Bègles.

Regardez le reportage d’Elise Galand et Didier Bonnet

 

Bordeaux perd 30 % de déclarations de récoltes en 10 ans !

Le constat est sévère : ce sont les douanes qui le dressent. On est passé de plus de 10 500 exploitants récoltants en 2004 à moins de 7 400 fin 2013. 

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Dominique Techer, secrétaire de « SOS vignerons sinistrés » © Jean-Pierre Stahl

« Depuis 10 ans les vignerons vendent à perte ! » dixit Dominique Techer, figure de Pomerol, à la tête du château Gombaude-Guillot, et secrétaire de l’association « SOS vignerons sinistrés ».

Et d’ajouter: « Ils décapitalisent pour essayer de tenir, comme celà ils vendent une parcelle complète. Quand il y a un peu de gras, ça va ; mais quand vous êtes à l’os, c’est plus possible ! »

Amer Dominique Techer ? Un peu , sans doute, mais celà fait des années qu’il voit des petits fondre les plombs, et ça risque d’être pire avec les deux épisodes climatiques des 26-27 juillet et 2 août 2013, où les orages et la grêle ont achevé certains qui avaient déjà bien du mal.

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La superficie moyenne à Bordeaux est passée de 11,65 ha en 2004 à 15,42 ha en 2014 (Source CIVB) © JPS

Pour lui avant la grêle, 2 000 exploitations étaient déjà dans le rouge.Il estime que ces épisodes se sont traduits par 150 à 200 millions d’euros de pertes…

En 10 ans, Bordeaux enregistre un recul sans précédent : en 2004, 10 539 déclarations de récoltes étaient faites auprès des douanes, en 2013 seulement 7 379 !

Plusieurs facteurs expliquent cette baisse: l’âge élévé des exploitants et la difficulté de transmission (aujourd’hui la moitié des viticulteurs ont plus de 50 ans et 35 % au dessus de 55 ans, ce qui veut dire que la relève est loin d’être assurée), mais aussi et surtout la crise qui a touché de plein fouet le vignoble…

« En 2008, le prix du tonneau était tombé à 700 euros ! » nous confirme Hervé Grandeau, le Président des « Bordeaux et Bordeaux Supérieur ». « Un prix qui est remonté à 1050 vers 2011 et qui est aujourd’hui à 1250 euros. »

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Hervé Grandeau, Président des « Bordeaux et Bordeaux Sup. » © JPS

Ceux qui ont été les plus touchés, ce sont les petits viticulteurs qui exploitaient des superficies inférieurs à 10 ha; « et en Bordeaux et Bordeaux Sup, il y en a une majorité: 1200 viticulteurs ont moins de 10ha ». Ils ont pas mal été touchés car ils vendaient surtout au négoce. Ceux qui ont mieux marché, ce sont ceux qui faisaient de la qualité et vendaient en bouteilles.

La superficie du vignoble n’a pas connu la même baisse: en 2004, 122 874 hectares, en 2014 113 795.

La superficie moyenne de l’exploitation est passée de 11,65 ha à 15,42 ha. Il y adonc eu un phénomène de concentration, comme pour la culture des céréales il y a quelques années.

Le salut passe donc par les volumes…Eric Gonfrier, à la tête de Château de Marsan est passé de 30 ha à 450 ha aujourd’hui. Avec son frère, il s’est diversifié et a monté une maison de négoce: on achète en plus le raison de 400 ha « ça permet de vinifier des volumes de raisins et par la suite on revend à de grandes marques. C’est une souplesse du secteur privé pour éviter la lourdeur des coopératives ».

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Jonathan Ducourt dans son chai de 1000 barriques © JPS

Autre exemple florissant à Ladoux, dans l’Entre-Deux-Mers: les vignobles Ducourt. Jonathan nous raconte l’histoire d’Henri son grand-père: « il a commencé en 1949 avec 10ha ! Désormais, on en a 440 répartis sur 13 châteaux en Bordeaux, graves, St Emilion,.. On emploie 50 personnes aujourd’hui. »

Une success story avec des moyens mis en commun pour les différents stades d’élaboration, de vinification et d’élevage des vins. Avec de faibles marges et des vins vendus entre 5 et 20 euros, il faut ainsi faire du volume.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer