Des représentants du négoce bordelais ont assuré mardi que les menaces de Donald Trump d’augmenter les taxes d’importation sur les vins français n’avaient « rien de dramatique » et qu’un rééquilibrage des taxes n’aurait qu’un « impact marginal » sur les vins de Bordeaux.
« La différence [de droits de douane sur les vins entre États-Unis et Union européenne] est de quelques centimes. Donc si jamais Trump voulait équilibrer les taxes, ça ne serait pas dramatique », a affirmé à l’AFP Christophe Reboul-Salzes, patron de The Wine Merchant.
Selon Fabrice Bernard, PDG de Millésima, la différence de droits de douanes sur les vins aux Etats-Unis et dans l’UE est en moyenne de « 7 centimes pour une bouteille de 75 cl inférieure à 14 degrés » d’alcool. Une augmentation de « 7 centimes par bouteille », « je ne pense pas que ce serait significatif », a-t-il dit dans le 12/13 sur notre antenne de France 3 Aquitaine.
« Beaucoup de vins vendus aux USA valent plus de 10 euros », a aussi assuré Christophe Reboul Salze. « Réajuster de 7 centimes sur une bouteille à 10 euros, ça reste moins cher que l’augmentation du coût des matières sèches (bouteilles, cartons, capsules, palettes etc.) ». « L’impact [d’un tel rééquilibrage] serait marginal pour les vins français, selon moi. Mais pour les moins chers, comme des vins espagnols, 10 centimes d’augmentation, ça peut commencer à peser un peu… », concède-t-il.
« Une hausse serait certes ennuyeuse, mais pas de quoi monter un grand truc », a également réagi Philippe Castéja, président du Conseil des grands crus classés 1855. « M. Trump estime que le marché européen ne traite pas les vins américains gentiment? Mais c’est une fausse barbe de sa part car les vins américains sont extrêmement peu exportateurs. Leur marché intérieur, qui est le premier au monde pour la consommation de vin, leur suffit », a-t-il dit à l’AFP. Cette posture, « c’est du Donald Trump à 100% ».
Le Président Américain « défend son beefsteak à sa manière, pas toujours élégante », a estimé M. Reboul Salze, qui se dit « plus préoccupé » par ce qui se passe à Hong Kong, ex-colonie britannique où un million de personnes ont manifesté dimanche contre un projet de loi favorable à Pékin. La situation de tension « ne favorise pas le business des grands vins car on parle là d’acheteurs qui ont des caves généralement déjà bien garnies et qui peuvent se passer d’acheter pendant plusieurs années… »
Selon le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), les Etats-Unis -marché de grands millésimes- sont le deuxième pays d’exportation des vins de Bordeaux en volume (après la Chine), avec 26 millions de bouteilles, et le troisième en valeur (après Hong Kong et la Chine) avec 279 millions d’euros.
Les exportations de Bordeaux vers les Etats-Unis ont augmenté de 21% en 2018, selon le CIVB, qui n’a pas souhaité réagir aux déclarations de Donald Trump.
Avec AFP.
LES USA ET BORDEAUX EN CHIFFRES :
- 199 000 hectolitres, l’équivalent de 26 millions de bouteilles, exportés en 2018 soit -1% en volume
- une hausse de +21% en valeur en 2018
- 2e destination pour les vins blancs de Bordeaux vers les USA et hausse de 3% avec 3,6 millions de bouteilles
- poids des exportations de Bordeaux vers les Etats-Unis : 11% en volume et 13% en valeur
- Bordeaux leader dans les exportations françaises de vins AOP vers les USA : 22% des volumes et 30% en valeur
Ecoutez Fabrice Bernard, PDG de Millésima, invité par votre serviteur pour parler avec Marie-Pierre d’Abrigeon de cette menace qui pèse sur les vins français : JT de France Aquitaine du 11 juin à midi dans le 12/13 :