18 Jan

Brexit : après le rejet par la chambre des Communes du projet d’accord, les vins de Bordeaux restent sereins…

Les vins de Bordeaux ont presque ce flegme britannique et restent sereins après le rejet du projet d’accord entérinant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Sur les 12 derniers mois, les exportations vers le Royaume-Uni ont augmenté de 1% en volume et 14% en valeur. 

Nicola Allison, propriétaire du château du Seuil à Cérons dans les Graves © JPS

Originaire du Pays-de-Galles, près de Cardiff, Nicola Allison est touchée à double titre par le Brexit. En tant que ressortissante britannique et comme propriétaire du château du Seuil à Cérons dans les Graves, elle se dit inquiète. Elle commercialise 80000 bouteilles dont 90% à l’export. 30% de ses vins partent pour le marché britannique.

S’il y a « no deal », c’est à dire pas d’accord, il y aura un problème de dédouanement sur le vin à ce moment-là, il y aura un souci à la frontière… » Nicola Allison du château du Seuil.

Le château du Seuil dans les Graves : 30% de ses exportations partent au Royaume-Uni © JPS

Elle commercialise 80000 bouteilles dont 90% à l’export. 30% de ses vins partent pour le marché britannique, d’où ses craintes, avec le rejet avant-hier du projet d’accord entérinant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne

Chez LD Vins grande maison de négoce à Bordeaux © JPS

Le Royaume-Uni est aujourd’hui le 4e marché à l’export pour les vins de Bordeaux. Une vaste marché de près de 180 000 hectolitres, juste derrière la Belgique et proche des USA, le 1er restant de loin la Chine avec 464 594 hectolitres.

Un marché où 179 696 hectolitres, soit près de 24 millions de bouteilles, ont été exportés sur les 12 derniers mois (chiffres à fin novembre 2018 selon le CIVB). Cela traduit une hausse de 1% en volume et 14% en valeur.

Thierry Decré, le PDG de LD Vins © JPS

Chez les distributeurs de petits vins, on a ressenti ces derniers mois des ventes plus importantes vu le contexte et l’incertitude qui plane. Mais chez LD VINS négociant de crus classés et de pépites, on reste serein, même si le Royaume-Uni ces derniers temps achète moins de crus classés, ayant pas mal de stock à revendre.

Moi, personnellement je ne suis pas inquiet, pour la société, je n’imagine pas que la Grande-Bretagne se coupe et s’isole du monde. L’Angleterre est un marché très actif, même si Londres est moins la plate-forme tournante de tous les vins du monde, ce qui a été le cas il y a une vingtaine d’années, c’est plutôt Bordeaux qui a pris cette position et tant mieux pour nous  » , Thierry Decré PDG de LD VINS.

Thierry Decré confie qu’il y a 15 ans les vins de Bordeaux ont déjà connu une situation difficile avec les USA et malgré tout le commerce a continué à se faire : « on a eu souvenez-vous une position très forte des Etats-Unis (à l’époque de la guerre en Irak) contre les vins de Bordeaux, on a continué à vendre des vins aux Etats-Unis, on vend des vins en Chine, on s’adaptera et on continuera à vendre des vins dans le monde entier, on se battra pour cela ».

La Maison Sichel connaît très bien le marché britannique également © JPS

Malgré le contexte des plus défavorables sur ces 10 dernières années avec une hausse des taxes (qui représentent 2,5 euros par bouteille) et une livre sterling qui est passée de 1,6 euros à 1,16, le marché britannique a continué à consommer des vins de Bordeaux et à en importer.

Le château Angludet 1990 au menu de la Cour d’Angleterre, lors d’un repas au château de Windsor © JPS

Bien évidemment, un ralentissement s’est fait ressentir, et notamment sur les 3 derniers mois avec une légère baisse de 1% en volume.

Les perspectives du Brexit génèrent beaucoup d’incertitudes, on est dans le flou le plus complet et c’est ce qui est le plus déstabilisant; fondamentalement je ne suis pas sûr qu’il y ait matière à être très inquiet

Allan Sichel, le président du CIVB © jps

Le plus inquiétant reste encore les exportations vers la Chine (qui représentent près du quart des exportations des vins de Bordeaux) avec une baisse de 26% sur 12 mois et même de 37% sur l’automne 2018. Là aussi Bordeaux est habitué au yoyo chinois, un coup ça baisse, un coup ça remonte. Alors, on reste en ce pays de Bordeaux et de Montaigne, pragmatique et philosophe…

Regardez ce reportage réalisé par Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazères, Sylvain Hervé et D.Laurent :