Hervé Grandeau, président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, est l’invité de Côté Châteaux dans parole d’expert. Il évoque l’ambiance actuelle dans le vignoble de Bordeaux.
Jean-Pierre Stahl : »En 20 ans, qu’est-ce qu’il y a eu comme grands changements au niveau du nombre de vignerons présents ici ? »
Hervé Grandeau : « On a bouleversé les choses, quelques vignerons il y a 20 ans et là près de 1000 vont se succéder sur les différents stands d’appellations pour venir à la rencontre des consommateurs. C’était inespéré. Quand je regarde autour de moi et que je vois ces magnifiques bateaux, je me dis que la fête va être réussie. Si le temps est de la partie, on devrait passer un super moment ».
JPS: « Juste en face, il y a le stand des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs, il y a énormément d’appellations à Bordeaux ?.
HG : « Ici on est en face du stand blanc, rosé, clairet et crémant, les segments de production qui ont le vent en poupe, ce sont les blancs, encore plus les rosés et davantage aussi les vins à bulles; le crémant de Bordeaux est en train d’exploser et de prendre une place de choix dans l’univers des bulles.
JPS : On a vu que pour les rosés, notamment les rosés de Bordeaux, il y avait une plus forte demande ces dernières années, on dit même qu’on manquerait de rosé, c’est dû à quoi ?
HG : « C’est essentiellement dû en ce qui concerne Bordeaux à la toute petite récolte de l’an passé où on a perdu près de 40% des volumes de rosés sur la production de 2017; mais, je pense qu’on arivera à contenter tout le monde jusqu’à la fin de la saison et je suis sûr c’est qu’il y aura du rosé pour tout le monde sur cette fête du vin.
JPS : Il y a aussi une nouvelle demande, de nouveaux consommateurs, les Etats-Unis se mettent à boire du rosé ?
HG ; « Les USA sont le marché à l’exportation le plus intéressant pour les rosés, ils ont regardé la consommation du rosé en France et se sont habitués à consommer ces produits. Les Côtes de Provence ont une part important d’exportation aux USA mais Bordeaux met tout en oeuvre pour exister fortement aux Etats-Unis, car c’est le 1er pays consommateur de vins au monde. »
JPS : « On pense aux vignerons qui ont été touchés par la grêle du 26 mai dernier, est-ce qu’il y en a qui sont présents ici ? »
HG : « Bien sûr, il y en a qui sont présents car la vie continue, la vigne va continuer à pousser, il n’y aura pas de récolte pour eux. C’est dramatique et c’est vrai il faut avoir une pensée très forte pour eux. la solidarité vigneronne c’est aussi de venir ici, de rencontrer d’autres vignerons qui ont été touchés, de rencontrer des collègues qui pourront apporter un peu de réconfort. Même si parfois, il n’y a plus de raisin dans la vigne, il y a des stocks. Il faut continuer à promouvoir les vins, vendre, expliquer les terroirs, le travail, et la passion que l’on a. C’est des moment difficiles pour certains et on pense fort à eux. »
JPS : Avec ces nombreux et nouveaux consommateurs venant de chine ou des Etats-Unis, est-ce que l’on va manquer de vin et est-ce que cela va contribuer à faire augmenter les prix ?
HG : « Non, je ne crois pas une seule seconde qu’on ait une explosion des prix, les consommateurs sont prêts à mettre un certain prix pour consommer du vin. En revanche, je crois en une revalorisation de la production du vigneron, une revalorisation on peut le croire et la souhaiter, mais une explosion des prix, non. La grande part des Bordeaux se vendent entre 5 et 15 € et ça devrait continuer. »
Regardez l’interview d’Hervé Grandeau réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Hondelatte :