Il y a de plus en plus de consommateurs adeptes de vins naturels, des vins dépouillés de la chimie habituelle. Certains vignerons en agriculture biologiques ou en biodynamie proposent depuis plusieurs années ces vins, d’autres en conventionnel s’y mettent progressivement pour répondre à la demande.
Au château Lamery, à Saint-Pierre d’Aurillac, Jacques Broustet est un fervent défenseur des vins naturels. En 1998, il a repris le domaine familial, 4 hectares achetés par son grand-père en 1935; un domaine qu’il a passé en biodynamie en 2006, avec des traitements uniquement à base de plantes. « La presle, la camomille, l’ortie, sont les bases de mes traitements »
Ces tisanes, il les infuse dans un appareil assez extraordinaire : « là, c’est une vasque vive, c’est un appareil qui permet de dynamiser et de vivifier et l’eau et les produits que l’on y met dedans, au départ cela a été lancé par Alex Poloninski en Australie ».
« En 2006, j’ai lu le livre de Nicolas Joly, le vin du ciel à la terre, dont je n’avais jamais entendu parler, et cela m’a semblé complètement barjo pour correspondre à mon tempérament » m’explique Jacques Broustet.
Désormais, il fabrique lui-même ses tisanes, de la potion magique dépouillée de toute chimie. Finis les désherbants, les pesticides, engrais et produits de synthèse, bonjour à la bouse de corne, de la bouse de vache (dans des cornes de vache) enfouie durant 6 mois en période automnale-hivernale, puis utilisée en mixture.
« Au bout d’un an la terre change de couleur, devient beaucoup plus grumeleuse, et les racines descendent beaucoup plus au bout d’un certain temps », commente Jacques Broustet.
Cela active en effet la vie microbienne et régule notamment le PH du sol. Quant à ses traitements, aujourd’hui il ne les réalise qu’à partir de ses tisanes et de cuivre mais à doses homéopathiques.
Offrir un produit qui est totalement naturel, dans lequel il n’y a absolument que du jus de raisin fermenté, j’en suis assez fier, car ce n’est pas toujours évident à faire, il y a des risques, parfois quelqes pertes, mais ce qui est offert je sais que c’est parfait »Jacques Broustet château Lamery
Parmi les viticulteurs conventionnels, certains comme Patrick Carteyron, propriétaire du château Penin à Génissac, ont tenté l’aventure aussi et lancé « Natur » un vin 100% naturel :
Effectivement, ce sont des vins à la mode, moi je fais ça depuis 10 ans, je pense que les gens commencent à faire attention à ce qu’ils mangent et à ce qu’ils boivent évidemment, » Patrick Carteyron château Penin
Patrick Carteyron reconnaît cependant que ce ne sont pas des vins très simples à réaliser : « Le vin naturel n’est pas évident à faire, mais c’est intéressant de relever ce challenge...On va lutter contre l’oxydation en utilisant les lies du vin, avec un bâtonnage, une remise en suspension des lies toutes les semaines et ces lies ont un rôle anti-oxydant, elles vont protéger mon vin contre l’oxydation. Avec l’absence de soufre, dans tout vin on a un développement microbien ou de levures qui ne sont pas intéressantes, donc pour lutter contre ce développemnt microbien, tant qu’il n’est pas en bouteille on conserve le vin à basse température. »
Ces vins naturels se veulent au plus prêt du goût des raisins, comme le disent ces vignerons, mais aussi de la typicité des terroirs respectifs.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Boris Chague :