14 Fév

Saint-Valentin : Pascal Pressac remet la soupe VGE au goût du jour en mémoire à Monsieur Paul

Bravo au chef Pascal Pressac, de la Grange aux Oies, en Nouvelle Aquitaine, qui a su ce soir marier intelligemment le rendez-vous des amoureux avec l’hommage au grand chef Paul Bocuse, inventeur de la soupe VGE.

L'hommage ce soir de © Pascal Pressac en cuisine à Monsieur Paul, à la gastronomie française et à l'histoire pour la Saint-Valentin . La culture et le patrimoine au menu !

L’hommage ce soir de © Pascal Pressac en cuisine à Monsieur Paul, à la gastronomie française et à l’histoire pour la Saint-Valentin . La culture et le patrimoine au menu !

« C’est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître »,  comme chantait le grand Charles Aznavour. « Et pourtant, pourtant, je n’aiiime que toi » ajoutait-il. En cette Saint-Valentin, on nous a bassiné dans les médias sur les traditionnels bouquets de roses (très bien, mais venues d’Afrique, en passant par la Hollande et dont on ne sait si elles vont durer 3 à 10 jours), en revanche là où la culture, l’histoire, la gastronomie rejoignent l’hommage et la poésie,  je dis chapeau chef !

Pascal Pressac, le chef ingénieux de la Grange aux Oies, à Nieuil, non loin d’Angoulême, en Charente, a eu la bonne idée de servir à ses ouailles pour le menu de Saint-Valentin la soupe VGE du célèbre Paul Bocuse, décédé au mois de janvier.

Cette soupe VGE tient son nom du nom du Président Valérie Giscard d’Estaing. Il lui avait donné ce nom en l’honneur et en remerciement de la légion d’honneur qu’il avait reçu de ses mains le 25 février 1975 à l’Elysée. Il s’agissait d’une soupe de truffes surmontée d »une pâte feuilletée totalement inventée par Paul Bocuse qui expliquait son nouveau met en toute simplicité : « c’est un nouveau plat que nous avons fait pour le président Giscard-d’Estaing. On a remplacé les pommes de terre par de la truffe. » Il avait continué ce repas mémorable avec un canard nappé de vins de Margaux avec son foie au poivre vert.

Une soupe aussi immortalisée à la fin du film de Claude Zidi « l’Aile ou la Cuisse » un film satirique sur le Michelin avec Louis de Funès et Coluche qui a aussi bercé ma jeunesse.

Bravo chef, merci pour le clin d’oeil, pour les nouvelles générations et pour le patrimoine culinaire français.

Le Danemark en deuil : le Prince Henrik, originaire de Gironde, est décédé

Le Prince Henrik, époux de la Reine Margrethe II, s’est éteint hier soir peu avant minuit. Il était né Henri de Laborde de Monpezat, né à Talence en Gironde, et possédait avec le Reine le château de Caïx à Cahors. Homme très cultivé et artiste, il adorait par ailleurs la gastronomie et les vins de Bordeaux. Yann Schÿler, consul du Danemark, revient sur son destin exceptionnel pour Côté Châteaux.

Yann

Yann Schÿler, consul du Danemark à Bordeaux et propriétaire du © château Kirwan, avec le Prince Henrik du Danemark

Jean-Pierre Stahl: « Yann, j’imagine c’est avec une vive émotion que vous avez appris la nouvelle ? »

Yann Schÿler : « Bien évidemment,  je le connaissais bien. Au-delà du côté régalien, je le voyais régulièrement, il connaissait bien les vins de Bordeaux, la gastronomie. Il était né à Talence en Gironde, à la clinique protestante Bagatelle. Je l’ai vu de très nombreuses fois et notamment ces dernières années. »

JPS : « Quel était l’état de santé du Prince Henrik ? »

YS : « Depuis l’été dernier, on lui avait diagnostiqué la maladie d’Alzheimer, ses capacités cognitives s’étaient détériorées. Mais, il a eu une infection pulmonaire qui lui a été fatale. Il n’a pas résisté. Il avait 83 ans. Il est décédé hier soir, juste avant minuit. »

JPS : « C’était un propriétaire de château viticole à Cahors, il y venait souvent ? »

YS : « oui, il venait souvent à Cahors, le château de Caïx est la résidence d’été et familiale du couple Royal, qui l’avait acheté il y a une trentaine d’années. Lui, par sa famille,  était originaire de cette région, il l’adorait ; cette propriété permettait à la Reine de se détendre. Le Prince était vraiment chez lui dans son vignoble qu’il aimait tellement. Il venait de plus en plus fréquemment, même en hiver, en plus du mois d’août en famille et à l’automne pendant les vendanges. »

JPS : « Il avait participé à pas mal de courses de voiliers et notamment à Arcachon ? »

YS : « Il faisait beaucoup de régates de dragons, c’était un excellent navigateur. La dernière fois que tu l’as vu cela devait être une de ses dernières participations. « 

JPS : « Ce fut un destin assez remarquable que de devenir Prince ? »

YS : « Il était diplomate et travaillait à l’ambassade de de France à Londres, quand il a rencontré la Princesse Margrethe en 1965, ils se sont mariés en 1967 ; elle est devenue Reine quand son père Frederick IX est décédé en janvier 1972, à l’époque elle était déjà mariée depuis 5 ans et avait déjà deux enfants. Il me disait toujours « effectivement, j’ai épousé une Reine », même si elle n’était que Princesse quand il l’a épousée. Il s’est converti au protestantisme ; né catholique, il est devenu protestant, à l’inverse d’ Henri IV »

2016, intronisation du Prince lors du Dîner de la Jurade de Saint-Emilion à Bordeaux © Jean-Bernard Nadeau

2016, intronisation du Prince lors du Dîner de la Jurade de Saint-Emilion à Bordeaux © Jean-Bernard Nadeau

JPS : « Vivait-il mal le fait de ne pas être roi ? »

« C’est le même cas de figure aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Il était Prince Consort, son statut était inscrit dans la constitution. Certes, il s’en est un peu plaint. Mais ce n’est pas ce qu’il faut retenir de tout cela. C’est vrai que ça peut paraître dur pour un homme, mais c’était très protocolaire, « trois pas derrière »… Il n’était pas malheureux, loin de là. Le couple royal était très uni. Il a fait beaucoup pour le Danemark malgré quelques prises de positions ». 

« Il laisse une touche artistique fabuleuse, il a réalisé de nombreuses sculptures, des bronzes, il a écrit des livres de recettes de cuisine et des poèmes… Il avait l’amour des belles choses, le goût des traditions, il aimait le langage travaillé, il détestait les expressions qui manquaient de style ».

JPS : Quels souvenirs encore du Prince sur Bordeaux et par rapport aux vins de Bordeaux ? »

YS : « Il a fait un court passage dans une école bordelaise, à la Sauque à La Brède en 1948, quelques mois quand il avait 14 ans. On avait réfléchi ensemble, il était favorable à y repasser… Donc né à Talence, élève à La Brède.

« Nous avons participé ensemble à des dîners, je ne l’ai jamais vu apporter autre chose que du Bordeaux. Il était un grand amateur. Il avait été intronisé à la Fête de la Fleur en 2007 et à la Jurade de Saint-Emilion en 2016 ».

« Il appréciait beaucoup la Baronne Philippine de Rothschild. Il lui écrivait beaucoup, j’ai fait le messager plusieurs fois pour lui. Il a aussi plusieurs fois séjourné au château Haut-Brion, chez le Prince Robert du Luxembourg, en ce lieu mythique. Nous sommes allés ensemble à Pétrus, Cheval Blanc, il est venu 3 fois à Kirwan chez son consul. »

Côté Châteaux présente ses plus sincères condoléances à la famille royale du Danemark.