Bordeaux est connu pour ses vins d’assemblages, très appréciés en France et dans le monde, mais dont la lisibilité et la compréhension sont parfois difficile par le consommateur étranger… Bien que les vins d’assemblages soient la règle à Bordeaux, certains vignerons ont commencé à s’amuser à produire des vins de cépages, et ça marche !
Aux Artigues-de-Lussac, un nouveau chai est sorti de terre récemment. Ici, on ne fait que des vins de cépages.
En 2016, Hubert de Boüard (co-propriétaire du fameux Angélus 1er Cru Classé A de Saint-Emilion, et oenologue consultant) a lancé ses 100% Chardonnay, 100% Sauvignon, et il a poursuivi en 2017 avec ses Sémillons, et 3 monocépages en rouge (cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, (et bientôt syrah)). Des vins faciles à comprendre sur les marchés étrangers et notamment en Amérique.
« Historiquement, on sait que le Chardonnay, ça fonctionne bien à Bordeaux, mais ce n’est pas dans le cahier des charges d’ailleurs on ne fait pas un Bordeaux Chardonnay, on fait un Chardonnay qui est fait à Bordeaux mais c’est un vin de pays de l’Atlantique, pourquoi parce qu’il y a une belle expression, l’idée c’est de faire des vins qu’on a envie de boire facilement. Quand on ouvre un très bel Entre-deux-Mers, souvent c’est un nom de château, on ne sait pas le cépage, on a voulu faciliter et pas laisser à d’autres régions du monde l’opportunité ou l’exclusivité de pouvoir utiliser des cépages qui sont des cépages français. »
Dans l’Entre-Deux-Mers, Bruno Baylet, propriétaire du château Landereau réalise un blanc sec d’assemblage avec 20% de sémillon, 70% de sauvignon et 10% de msucadelle. Une production de 200000 bouteilles (sur une production globale de 500000 pour l’ensemble du domaine).
« L’assemblage nous amène vraiment une complexité aromatique, avec le côté minéral et agrumes du sauvignon, le côté citronné, poire et fruits blancs du sémillon, avec ce gras et cette onctuosité ; et on va avoir également les petites notes florales de la muscadelle, » selon Bruno Baylet du château Landereau.
Avec ses 80 hectares, Bruno Baylet a de quoi s’exprimer, il a toutefois réservé 1 hectare de son terroir d’argile rouge et de graves pour réaliser un 100% Syrah qu’il a nommé « le syrah d’ici ».
« On a vraiment un côté très épicé, poivré, et derrière on a des arômes de mûre, de cassis, c’est un vin très complet, qui a en même temps une belle structure, un vin gourmand. On a vraiment tenu à faire un monocépage avec cette syrah pour ne pas essayer de l’assembler avec des merlots ou des cabernet-sauvignons parce que je voulais vraiment avoir cette pureté de la syrah. »
A Bordeaux, on s’amuse de plus en plus, on a vu les soeurs Courselle lancer également du Chardonnay ou de la Syrah, de même pour Stéphane Derenoncourt avec un Chardonnay ; à la différence que ces vins de cépages ne sont pas forcément commercialisés en Bordeaux (sauf pour les cépages originaires de Bordeaux), mais en vins de table ou vins de pays. Ils portent alors le nom du cépage, le nom du vigneron ou oenologue célèbre…comme Hubert de Boüard.
« Là, c’est un pur sauvignon, j’ai voulu faire un sauvignon qui est un peu différent qui ressemble un peu aux sauvignons de Loire, qui avait cette tension, cette fraîcheur…. » explique Hubert de Boüard. « Je m’amuse aussi beaucoup, tout en voulant faire de cette entreprise un vrai succès. »
Avec seulement 13000 bouteilles produites en 2016, Hubert de Boüard compte sortir d’ici 4 ans 150000 à 180000 bouteilles de vins de cépages avec 8 variétés différentes. Il y aura même un sparkling.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Nicolas Pressigout et Boris Chague :