09 Jan

Gel à Bordeaux : pour éviter la double peine, la Chambre d’Agriculture conseille les vignerons sur la manière de tailler la vigne meurtrie

Alors que le gel a eu lieu il y a 8 mois à Bordeaux, les vignerons qui n’ont rentré qu’une demi-récolte ou à peine plus ne souhaitent pas subir davantage sur leurs prochaines récoltes. C’est pourquoi la Chambre d’Agriculture de la Gironde leur assure une formation in situ pour leur montrer comment tailler au mieux les bois de vigne meurtrie. Du jamais vu pour certains ou un mauvais remake du gel de 1991 pour d’autres.

Manuel Blondy, conseiller viticole à Créon, est venu dispenser des conseils de taille de la vigne au nom de la Chambre d'Agriculture © JPS

Manuel Blondy, conseiller viticole à Créon, est venu dispenser des conseils de taille de la vigne au nom de la Chambre d’Agriculture © JPS

Le gel du 27 avril a été si intense (de -3 à -6°C) qu’aujourd’hui la vigne en porte encore les stigmates sur ses bois, difficiles à tailler. Ainsi les experts et conseillers viticoles de la Chambre d’Agriculture de la Gironde estiment qu’il faut au moins 30% de temps en plus pour bien apprécier les bois porteurs d’avenir, sur le choix de l’aste et d’un cot (guillot simple) ou de deux astes en guillot double (quand cep pas mal fragilisé).

Une vingtaine de vignerons a suivi ce matin cette formation © JPS

Une vingtaine de vignerons a suivi ce matin cette formation © JPS

Sur les parties gelées à 100%, les conseillers considère que le mal est là moindre, car il y a eu une repousse, certes sous forme de buisson, mais avec des bois un peu plus robustes. En revanche, dans les parties gelées partiellement, cela a souvent été une catastrophe…

David Perrier, conseiller viticole à Monségur montre comment tailler © JPS

David Perrier, conseiller viticole à Monségur montre comment tailler © JPS

Au château Fontbaude à Saint-Magne-de-Castillon, où cette formation était assurée ce matin à une vingtaine de vignerons, on a gelé à 40% sur l’ensemble du domaine (100% dans les parties les plus basses, en plaine).

Christian et Yannick Sabaté, les deux frères propriétaires de Château Fontbaude © JPS

Christian et Yannick Sabaté, les deux frères propriétaires de Château Fontbaude © JPS

La récolte sur le 2017 sera de 650 hectolitres contre 1000 habituellement.

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D’autres châteaux ont été bien plus impactés, certains situés sur des coteaux comme à Saint-Philippe-d’Aighuile ont bien été touchés à 70% comme pour Gérald Lecomte qui réalise la Cuvée Page qu’il commercialise auprès des grands restaurants. Son rendement n’a été que de 8,5 hectolitres à l’hectare contre 25 à 30 habituellement.

Manuel Blondy et Gérald Lecomte, par moment il aut mieux rire de ces aléas... © JPS

Manuel Blondy et Gérald Lecomte, par moment il vaut mieux rire de ces aléas… © JPS

Grâce à cette taille qui va se poursuivre jusqu’en mars, tous vont pouvoir restructurer leurs pieds pour espérer avoir normalement du raisin en septembre et octobre, mais aussi penser aux années à venir.

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Ainsi va la dure vie de vigneron, après le gel,on panse aussi les plaies.

 

Production de vin en France en 2017: une baisse de 10 millions d’hectolitres par rapport à l’an dernier selon la douane

La production de vin pour 2017 s’élève à 35,6 millions d’hectolitres selon la douane. Quant on compare aux 45 millions de 2016 (déjà en baisse de 10%), il en manque un peu : 10 millions d’hectolitres. Un manque historique qui va se faire sentir.

Jeudi matin une vague de gel intense a considérablement meurti le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

Le 27 avril 2017 une vague de gel intense a considérablement meurtri le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

La Douane publiait sur son site ce triste constat fin décembre : « Après le gel du printemps qui a fortement affecté la production du Sud-Ouest, des Charentes, du Jura et de l’Alsace, l’accentuation de la sécheresse dans les vignobles méditerranéens et du Beaujolais a également pesé sur le volume des récoltes.

Ce recul ne reflète toutefois pas les quantités de vins disponibles sur les marchés. Le niveau des stocks de vins détenus et les mécanismes de mises en réserve utilisés dans certaines régions doivent en effet être pris en compte.

Les viticulteurs ont par ailleurs largement utilisé la télé-procédure proposée par la douane pour déclarer leurs volumes produits : 97% d’entre eux ont déclaré en ligne. Cet excellent taux est le fruit de la mobilisation de la DGDDI et des organisations professionnelles pour accompagner les viticulteurs vers les télé-procédures dont le recours est désormais obligatoire.

La douane française est chargée de la gestion et du contrôle de la production de la filière viti-vinicole nationale qui exporte près de 8 milliards d’euros de vins. Dans ce cadre, les chiffres de la production sont issus du traitement par la douane, des déclarations effectuées par les producteurs de vins ».