Le Conseil d’État vient d’annuler le décret autorisant les producteurs de Clairette de Die (Drôme) à vinifier un pétillant rosé au sein de l’AOC, donnant ainsi raison aux vignerons de Bugey soucieux de protéger le Cerdon, leur appellation rosée.
La plus haute juridiction de l’ordre administratif a ainsi conclu vendredi à la nullité du décret du 16 novembre 2016 régissant l’appellation d’origine contrôlée
(AOC) clairette rosée, jugeant que ce vin mousseux rosé n’était pas présent historiquement dans le Diois, et a condamné l’Etat à verser une somme de 3.000 euros au Syndicat des vins de Bugey (Ain).
Le ministre de l’Economie et le ministre de l’Agriculture « ont commis une erreur d’appréciation en estimant que la condition d’antériorité était remplie et en approuvant ce nouveau cahier des charges », relève le Conseil d’Etat. Après cette décision, l’AOC Clairette de Die reste donc réservée aux vins mousseux blancs. Les deux vignobles, que séparent le Rhône et le massif du Vercors, sont distants de plus de 200 km.
« C’est la douche froide et une immense déception pour tous les vignerons du Diois », a réagi lundi Fabien Lombard, président du syndicat de la Clairette. « On avait des arguments qui n’ont pas été retenus. On en prend acte. Mais il faut être pragmatique. Nous continuerons à produire notre rosé mais plus dans l’appellation Clairette de Die », a-t-il expliqué à l’AFP.
« On a aussi des bouteilles dont il faut étudier le devenir. C’est encore trop tôt pour savoir quelle forme cela prendra, peut-être une marque collective », a-t-il ajouté.
En 2016, le rosé mousseux a représenté 4% de la production de clairette. « Si nos vins rosés rencontrent un succès auprès des consommateurs, on ne va pas s’en excuser ! », relève Fabien Lombard.
Pour le président du syndicat des vignerons du Bugey Eric Angelot, « notre requête avait pour fondement de base ce qu’est une AOC, c’est-à-dire le respect des coutumes, de l’historique. J’étais prudent sur l’issue de cette affaire mais assez confiant », a-t-il dit à l’AFP.
« C’était notre rôle de protéger l’appellation Cerdon, de rétablir les fondamentaux ». « Il est produit dans des conditions difficiles, en altitude, avec un terrain très pentu, de 12.000 à 15.000 hectolitres d’appellation Cerdon chaque année, un rosé mousseux à base de cépage rouge », remarque M. Angelot. « C’est ce qui lui donne sa typicité particulière ».
AFP