Les Belges sont les seconds propriétaires étrangers de châteaux dans le Bordelais après les Chinois: un peu moins de 50 châteaux pour le « Plat Pays » contre 120 pour les Asiatiques. Une histoire d’amour qui ne date pas d’aujourd’hui et qui perdure puisque la Belgique représente le 3e marché à l’export des vins de Bordeaux.
Les Belges… une histoire d’amour et de passion pour les vins de Bordeaux.
Les Belges sont de grands amateurs de vins de France et plus particulièrement de Bordeaux, c’est donc une passion, notre famille l’avait aussi depuis plusieurs générations, » Michel Choquet, propriétaire de Lagrange Les Tours.
Originaire de Namur, Damien Briard aurait pu être brasseur, mais il a préféré être viticulteur. Il venait du même pays que Benoît Poolvoerde, et il connaissait d’ailleurs bien sa maman : « j’allais chercher des sandwichs chez sa mère ». Mais au final, il a suivi des études dans la région de Bordeaux, effectuant un BTS viticulture-oenologie à Montagne Saint-Emilion, puis un diplôme d’onologue à Reims. Il a fait ses premières armes sur de grands domaines en Afrique du Sud et a été régisseur du château Haut-Bacalan à Pessac.
En 2006, il a acheté son petit bout de vignes 2 ha à Quinsac et a créé sa marque Agape, avant de construire son chai en 2008 (qui ressemble à un séchoir à tabac) puis sa maison en 2009 : « une opportunité car à Quinsac, il n’y a quasiment plus de vigne à acheter. » De 2 ha en 2006, il a réussi à passer aujoud’hui à 7,5 ha.
Damien Briard produit ici du blanc sec en vin de France, mais aussi a planté un cépage corse le vermentino (en vin de France aussi): « le vermentino 2015,on a déjà tout vendu ! », il produit du rosé à base de malbec et en rouge il commercialise en côtes de Bordeaux. Au total 40000 bouteilles par an.
« Moi j’au beaucoup entendu chez les copains de promotion les parents dire à leurs enfants « vous devez faire comme nous on a fait et comme votre grand-père faisait. L’avantage c’est que nous (Belges) on est un peu ouvert. Et moi j’ai vécu en Afrique du Sud et en afrique en général donc j’ai été ouvert à d’autres cultures. Ainsi, on a planté un cépage corse le vermentino ou le rolle, on a 240 pieds où la on fait une cuvée unique en Gironde et l’idée c’est de faire des produits atypiques à Bordeaux. » Et ça marche car toute sa production se vend en CHR et un restaurant étoilé l’a même référencé.
Parmi les très grands, il y a bien sûr Albert Frère qui a acheté Cheval Blanc, 1er cru classé de Saint-Emilion, en 1998 une très coquette somme avec Bernard Arnault.
Mais également, Alfred-Alexandre Bonnie, PDG de l’Eau Ecarlate qui a acquis en 1995 Malartic-Lagravière, cru classé de Graves situé dans l’appellation Pessac-Léognan: « 19 hectares à l’époque :15 de rouge et 4 de blanc ». Une jolie affaire qu’il a su bien faire fructifiée puisqu’au jourd’hui « on compte 52 hectares en production. »
Ca a été un coup de coeur, je vous dirais que du côté de mon épouse ça a été un coup de coeur pour l’endroit (le château) et pour moi ça a été un coup de coeur pour les vignes et pour les vins », Alfred-Alexandre Bonnie, propriétaire du château Malartic-Lagravière.
Et de poursuivre : « Il y avait sans doute plus à faire ici que dans d’autres régions. La Belgique était déjà un grand marché pour Malartic-Lagravière, ce qui tombait bien d’un côté puisqu’on pouvait encore renforcer la position, mais ce qui nous donnait aussi le reste du monde où il fallait appuyer un peu sur l’accélérateur. »
La Belgique est d’ailleurs le 3e marché à l’export des vins de Bordeaux, avec 224 000 hectolitres. Un marché même s’il a légèrement baissé, peut-être du aux millésimes plus faibles ces dernières années avant la mise sur marché des 2014 et 2015, demeure un marché traditionnel très important, les Belges restant assez fidèles à Bordeaux;
ainsi Michel Choquet s’apprête à passer le relais à la plus jeune génération: » ce virus qui sévit beaucoup en Belgique a déjà été transmis à la génération suivante puisque ma fille a choisi de faire des études d’oenologie à Bordeaux, après tout l’avenir appartient aux jeunes générations. Mais qui vivra verra… »
On sent que nos amis Belges ont Bordeaux tatoué dans le coeur. Ces vignerons belges sont tellement fiers de leur production qu’ils écoulent souvent la moitié de celle-ci en Belgique.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, Eric Delwarde et Christophe Varone