Petits et grands producteurs de Bordeaux, tous se sont mis à la mode « rosé ». En 10 ans, la production à Bordeaux a plus que doublé, pour répondre à une consommation de plus en plus importante. Une mode tirée par les étudiants, jeunes actifs et les femmes. Le rosé représente 30% de la consommation de vin en France.
Preuve que c’est une tendance lourde du marché, les plus grands châteaux de Bordeaux font de plus en plus de rosé, comme Giscours, Haut-Bailly, Domaine de Chevalier et La Solitude… Adrien Bernard du Domaine de la Solitude confie en effet: « On s’est repris de passion pour ces rosés depuis le millésime 2009, on s’est dit qu’on allait chercher cette fraîcheur, ce côté plaisir qu’on peut retrouver dans ces vins. »
Deux techniques s’offrent à ces viticulteurs, soit faire un rosé de presse (les raisins sont prssés directement après la vendange, le coloration du jus est plûtôt délicate due au temps réduit entre le contact de la peau des raisins et du jus), soit un rosé de saignée (les peaux des raisins et le jus sont laissés macérér plusieurs heures ou jours ensemble et plus la macération est longue, plus la couleur sera foncée).
Hugo Bernard: « nous, on fait un rosé de saignée. Au moment de la fermentation des rouges, on a le marc, toute la partie de la peau qui donne la couleur aux rouges, avec le jus qui est au dessus. Ce jus, on va le saigner, c’est à dire l’enlever de la cuve. Si on le saigne un peu tôt, on a un rosé clair mais qui est un vrai vin car on a de la structure. »
A Beychac-et-Caillau, Arnaud Burliga explique « on produisait surtout du clairet« . Mais depuis 2011, c’est surtout du rosé de Bordeaux sous la marque château Paulin. De 150 hectolitres la première année, il est passé à 430 hectolitres: « je ne le considère pas comme un sous-produit du rouge, ce sont vraiment des produits techniques qui s’apprécient à l’apéritif. »
Et au détour de terrasses, comme au restaurant le « Mirefleurs » au bord de l’aérodrôme d’Yvrac, il fait déguster son rosé : « c’est fait à Beychac, juste à côté d’ici, avec du merlot et du cabernet sauvignon principalement. »
Daphnée de Bordeaux apprécie et précise ses habitudes de consommation : « Quand il y a les grosses chaleurs et que le soleil est présent, avec des amis ou de fin de journée… A l’apéro, c’est synonyme de détente ! »
En 2011, on a fait 20 000 bouteilles , cette année on a fait 70 000 bouteilles, soit plus de 300 % d’augmentation. La tendance actuelle pour les jeunes, assez fraîche et à l’apéritif est en augmentation et en essor constants partout en France. » Arnaud Burliga château Paulin
« La consommation cette année est de 260 000 hectolitres alors qu’en 2004 nous ne produisions que 120 000 hectolitres de Bordeaux Rosé, » confirme Hervé Grandeau du Syndifcat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Et d’ajouter: « C’est une progression considérable avec comme une catégorie de consommateurs jeunes comme les 20-35 ans et notamment les jeunes femmes qui ont un regard accru sur les rosés. »
Nous surfons sur une vague de consommation de rosé sans précédent en France ! », Hervé Grandeau Président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Le syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur est sur tous les fronts et essaie de concurrencer son grand frère: le « rosé de Provence« . C’est ainsi qu’il met en avant son slogan « Bordeaux Rosé, l’autre rosé » lors de campagne orchestrée sur les différents supports et les radios durant l’été.
Il a aussi organisé depuis l’automne et jusqu’au printemps un vaste concours avec 35 écoles de Bordeaux, Rennes, Paris et Toulouse. Au total, 700 étudiants ont participé à une réflexion autour des nouveaux moyens de communication pour mettre en avant les Bordeaux Rosé.
Un phénomène de mode qui semble s’ancrer dans le paysage vinicole français au point que des viticulteurs diminuent leurs productions de rouge ou de clairet pour se focaliser sur le rosé.
Attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl suivi de la chronique Vin & Vigne de Frédéric Lot