Vinexpo, ce sont souvent des dizaines de milliers d’euros dépensés pour avoir une vitrine sur le monde. Certains petits vignerons ou des viticulteurs de taille moyenne font preuve d’imagination pour exister face à une concurrence mondiale qui fait rage et notamment face aux Italiens, 1ers exportateurs de vin au monde.
A Vinexpo, les petits vignerons, les sans-grades essaient d’exister en faisant preuve d’originalité. Parfois en se glissant sur le stand de restauration des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, ou alors avec le sytème D comme débrouille.
Les frères Todeschini, viticulteurs en appellation Castillon (château la Brande) et en Saint-Emilion Grand Cru (château Mangot) ont réalisé et monté leur stand de 16 m2 eux-même, pour un investissement de 10 000 € qu’ils souhaitent vite amortir. Ce salon représente une opportunité qu’ils ne veulent surtout pas louper. Ils s’y préparent, comme le souligne Yann, depuis plusieurs mois et même plus d’un an. C’est un travail de longue haleine de prospection, de contacts via les réseaux sociaux (« on a 1/3 de clients, 1/3 de prospé et 1/3 de gens qui passent du virtuel au réél sur le salon » explique Yann Todeschini) et aussi une visibilité sur le salon avec un petit bar aménagé à partir de caisses de Mangot et un salon de discussion à côté…
Il y a un relationnel qui s’est installé au fure et à mesure des années avec des distributeurs et des négociants. Un tissu qu’on essaie de créer au fil des années et un jour ils viennent vous voir et goûter vos vins et les affaires commencent à se faire des fois comme cela », Karl Todeschini château Mangot.
Pour les vignerons du Brulhois, une appellation près d’Agen dans le Lot-et-Garonne, il s’agit d’être encore plus imaginatif ! Une chance, ils se trouvent juste à l’entrée du hall 3 et donc bénéficient d’une très bonne visibilité. Mais cela ne suffit pas, il faut en outre une étiquette, un nom et un packaging qui interpelle:
Hier, c’était très calme sur Vinexpo, pourtant on a eu énormément d’arrêts spontanés devant la bouteille collector « Grain d’Amour », beaucoup de Chinois notamment Isabelle Mignot des Vignerons du Brulhois.
Entre l’Italie, l’Espagne et la France, chaque années on se dispute le podium et la place de 1er producteur mondial. Toutefois, ce qui importe aussi, c’est le contexte international qui peut être plus ou moins favorable. Ainsi, François Lurton se plaît à rappeler que Bordeaux et la France avait été victime de « french bashing » notamment par les Américains en 1996 suite aux essais nucléaires dans le Pacifique mais aussi suite à la position fort courageuse face à la non-intervention en Irak en 2003:
« Nos politiques ont fait quelques erreurs de communication, on s’est fait boycotter les vins français ! Pendant ce temps là, nos voisins européens en ont profité pour prendre des places importantes. Aujourd’hui, on les regagne car il y a eu des améliorations qualitatives très importantes et parce qu’il y a eu une vrai explication des appellations, » François Lurton
Et puis les Bordeaux et les Bourgogne usent de leur leadership qui permettent de repénétrer les marchés aujourd’hui.
Mais la partie n’est pas gagné, car les Italiens demeurent les 1ers exportateurs de vin au monde. Ils ont des relais très importants partout sur la planète et notamment sur le marché américain où de nombreux italiens avaient émigré. Un marché américain qui est aujourd’hui le plus gros marché consommateur au monde et qui suscite la convoitise de tous avec sa perspective d’augmentation de +11% dans les 5 ans à venir (après avoir déjà connu 11, 6% de hausse précédemment.