La récolte 2014 s’annonce bonne en quantité: +50 % par rapport à 2013. Le Ministère de l’Agriculture prévoit plus de 5,9 millions d’hectolitres à Bordeaux. Cela donne du baume au coeur des viticulteurs qui en avaient bien besoin.
Ils ont la banane ! A les voir, ils parleraient presque de leur future récolte comme d’un don de Dieu…C’est vrai qu’ils ont été éprouvés ces dernières années: victimes de coulure et de grêle en 2013, ce fut pour certains comme Patrick Carteyron, propriétaire du château Penin « 1/3 de récolte en 2013 ! » 2012 était une faible récolte également et 2011 qui s’annonçait super en juillet-août a été compliqué à travailler à l’automne. Et il n’était pas le seul dans ce cas là, c’est un constat global sur le bordelais et en Gironde Bref, 3 années difficiles, et peut-être le bout du tunnel en 2014 ! Alors, aujourd’hui, il revit et il nous fait partager son savoir-faire autour d’un verre de Bordeaux Rosé…forcément c’est l’été.
Alors quand Nicolas Lesaint, le responsable technique du château de Reignac à Saint-Loubès en Gironde, nous dévoile ses superbes grappes sur pied…Il nous confie que « chaque pied donne une bouteille ». Le calcul est simple: plus de 320 000 pieds sur ces 70 ha, donc 320 000 bouteilles (production moyenne de la propriété).
Lui aussi est des plus heureux car cette belle année permet de bien travailler la vigne pour avoir la plus belle récolte possible et la plus qualitative. Il exploite 70 ha en appellation Bordeaux Supérieur: 65% merlot, 25% cabernet sauvignon et 10% cabernet franc. Il produit par ailleurs du blanc sur 2 ha (50% sauvignon blanc et gris et 50% sémillon).
Cette année, on a une sortie de raisins très importante. On a une floraison qui s’est passée sans aucun souci. On a des grappes tout-à-fait normales, avec des rendements largement supérieurs à 2013 ! Classiques pour Bordeaux… » Nicolas Lesaint, château de Reignac (Bordeaux Supérieur).
A Génissac, également en appellation Bordeaux Supérieur, Patrick Carteyron est en plein boom… Il décharge des centaines de bouteilles vides, non pas en prévision du 2014, mais pour son 2012 qu’il s’apprête à embouteiller. « L’année prochaine, ça ira plus vite pour le 2013 », nous confie-t-il, tellement ce millésime était absent dans ses rangs de vigne (peut-être parti en vacances ?)
Victime de la coulure en 2013, il n’a eu qu’un tiers de récolte: « sur la majorité des gens, c’était 1/3 d’une récolte normale, ou une petite moitié. A notre niveau, nous, c’était 1/3 l’année dernière. »
Cette année on va arriver sur des rendement de 55 hectos à l’hectare qui sont de très bon rendements pour nous » Patrick Carteyron, château Penin à Génissac en Gironde.
Evidemment, Patrick Carteyron, comme Nicolas Lesaint ont une pensée particulière pour tous leurs collègues qui cette année ont subi les aléas climatiques, notamment l’épisode de grêle dans le Médoc, mais aussi tous ceux qui ont été touchés dans les autres régions viticoles. Car personne n’est à l’abri, jusqu’au moment de la vendange, tous croisent les doigts pour ne pas subir de tels sinistres.Si la quantité est là, quid de la qualité ? Tous deux espèrent que la chaleur va revenir en août et en septembre, car les sols ont eu ce qu’il fallait en eau, même un peu trop, il y a à quelques endroits des attaques de mildiou mozaîque: « des attaques sur des jeunes feuilles qui peuvent générer des pertes de feuilles en attendant le niveau optimum de maturité, donc ça ça peut être un peu embêtant », selon Nicolas Lesaint, ingénieur agronome et oenologue du château de Reignac.
En quantité en France, le Ministère de l’Agriculture fait pour l’heure le rapprochement avec 2009; à Reignac, cela rappelle plutôt le 2010. Deux très grands millésimes, en espérant que la chaleur fasse son office. Un beau mois d’août ou un été indien, ça ferait les affaires de nos vignerons !
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer