17 Oct

Les associations anti-pesticides tirent une nouvelle sonnette d’alarme

Un arrêté de 2006 a été abrogé, il réglementait les règles pour utiliser les pesticides notamment sur la force du vent (pas plus de 19km/h) et sur les délais pour rentrer sur les parcelles (48h). Les associations de lutte contre les pesticides et les jeunes écologistes réclament des mesures plus protectrices pour les professionnels engagés dans les différentes cultures et notamment la vigne, ainsi que pour les riverains et les consommateurs.

Pulvérisation de produits phyto-sanitaires © JPS

Pulvérisation de produits phyto-sanitaires © JPS

L’Association Nationale Pommes Poires (ANPP) a obtenu le 6 juillet 2016 l’abrogation d’un arrêté de 2006 fixant les règles en matière d’utilisation de pesticides avec notamment des articles portant sur les périodes où ces pulvérisations ne peuvent pas se faire (force du vent, délais de rentrées sur les parcelles, zones sans traitement près des cours d’eau)

Pour le Collectif Info Médoc Pesticides, le projet en cours d’élaboration au ministère de l’Agriculture serait un véritable retour en arrière,  eu égard à « la mise en danger de la vie d’autrui« . Car celui-ci propose « une mesure gravissime de réduire le délai de rentrée de 48 h à 6 h sous condition du port d’EPI (Equipement de Protection Individuelle) ». « Cette réduction serait autorisée dans le cas de « circonstances exceptionnelles« .  

Marie-Lys Bibeyran à la tête du Collectif Info Médoc Pesticides © JPS

Marie-Lys Bibeyran à la tête du Collectif Info Médoc Pesticides © JPS

« On ne peut pas aujourd’hui envisager, accepter de rentrer dans une parcelle qui a été traitée depuis 6 heures, équipé d’un équipement de protection individuel, dont on connaît l’inefficacité ou tout du moins l’insuffisance, et cela c’est absolument inacceptable », explique Marie-Lys Bibeyran. Moi,  personnellement, en tant que travailleur agricole, je refuserais de rentrer au bout de 6 heures. Mais combien vont être coincés entre l’obligation de travailler et la protection de leur santé ? »

Pour cette association, « le risque serait  un accroissement des difficultés d’accès à la reconnaissance de maladie professionnelle. Un travailleur agricole malade ne se verrait-il pas oppsoer le fait de ne pas avoir respecté l’obligation légale du port des EPI ?

Cyril Giroud de Générations Futures © JPS

Cyril Giraud de Générations Futures © JPS

Par ailleurs, Générations Futures, le Collectif Alerte Pesticides et les Jeunes Ecologistes de Bordeaux-Aquitaine considèrent qu' »il faut maintenir cette interdiction de pulvériser lorsque le vent est supérieur ou égal à 3 Beaufort. » Et de préconiser la mise en place de manches à air sur les parcelles traitées par exemple.  On se souvient que lors de l’affaire de Villeneuve de Blaye en mai 2014 où une vingtaine d’élèves et leur institutrice avaient été intoxiqués,  la force du vent était mise en cause (supérieur à 3 Beaufort), le dossier est aujourd’hui à l’instruction.

Quant aux conséquences sur les riverains et les promeneurs, une information devrait être partagée pour « alerter par exemple les promeneurs que la parcelle vient ou va êter traitée par des pesticides de synthèse CMR ».

Ils réclament par ailleurs une reconnaissance de zones non traitées (ZNT) pour réduire l’exposition immédiate des populations, fonction de la toxicité des produits et du type de cultures concernées (notamment pour celles à forte dispersion comme les cultures hautes). De même, ce type de zones « ZNT le long des fossés limiterait grandement la contamination des eaux. »

Joint par téléphone, le Ministère de l’Agriculture a confirmé que l’arrêté serait pris avant la fin de l’année, avant un délai de six mois depuis l’abrogation du précédent arrêté, celui pris dix ans plus tôt.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet, et Sarah Paulin :