21 Nov

161e enchères des Hospices de Beaune : record battu, 800000 € pour la Pièce du Président

La 161ème vente aux enchères des Hospices de Beaune, qui sert de premier indicateur aux cours des grands crus de Bourgogne, a été marquée par une flambée des prix dimanche, après une année difficile marquée par une récolte historiquement faible. Le clou des enchères, la « Pièce de Charité », ou « Pièce du Président », un fût de Corton Renardes Grand Cru, est parti à 800.000 euros (hors frais) contre 660.000 l’an dernier.

 

« Ca, c’est un vrai chiffre! C’est historique », a lancé l’acteur Pio Marmai qui a animé cette vente comme un bonimenteur professionnel, aux côtés de Jeanne Balibar.

Cette année, le bénéfice est destiné à « Solidarité Femmes », un réseau associatif dédié aux victimes de violences conjugales, et à l’Institut Curie, pour la recherche contre le cancer du sein.

Lots après lots, les offres se sont envolées dès le début de la vente caritative la plus ancienne et la plus célèbre du monde, les hausses dépassant parfois les 80%, selon les premiers calculs des experts.

Avec une récolte réduite de moitié du fait des caprices de la météo, seulement 349 « pièces » de primeurs rouge et blanc de Bourgogne, des fûts de 228 litres correspondant à 288 bouteilles, étaient proposées aux acquéreurs – contre 630 l’an dernier.

« Ce millésime 2021 est à l’image d’une année marquée par un environnement hostile et à la fin par la fierté d’avoir surmonté les difficultés« , a déclaré le directeur
des Hospices civils de Beaune, François Poher, à l’ouverture des enchères.

Le domaine des Hospices de Beaune qui réunit sur 60 hectares les plus grands crus de Bourgogne (pommard, volnay, meursault, chassagne-montrachet, corton, pouilly-fuissé, mazis-chambertin…) a vu ses rendements baisser « à 14 hl/ha, contre 30-35 d’habitude », selon la régisseuse Ludivine Griveau.

« Les prix vont monter« , avait prédit Hans Berchtold, un restaurateur suisse venu déguster les crus à la cuverie des Hospices où sont entreposés les tonneaux.

Cette année, ce professionnel de Bâle (Suisse) a renoncé à enchérir seul comme il le fait depuis huit ans: il a prévu de passer par un courtier et de s’associer avec « deux ou trois copains » pour pouvoir acquérir un des lots, dans l’idéal, « un Volnay ou un Pommard ».

Les prix des primeurs 2021 ont flambé dès les premiers lots, traditionnellement des Beaune Premier Cru, Cuvée des Dames Hospitalières, du nom des religieuses qui s’occupèrent des malades dès la fondation des Hospices en 1443, au coeur de la Bourgogne.

Avec la crise des vocations, il ne reste que quatre soeurs aujourd’hui: « les deux plus âgées ont 100 ans, les deux autres 90 et 75 ans », explique Chantal Leroux,
une bénévole de 72 ans qui circule dans les rues de Beaune en habit religieux pour la plus grande joie des touristes amateurs de selfie.
VENTE MEMORABLE

Les équipements hospitaliers de l’institution fondée au XVème siècle et l’entretien du patrimoine sont financés par le bénéfice des enchères annuelles.

« Cette année, la vente est mémorable », s’est enthousiasmée une des commissaires priseurs devant la salle d’environ 500 acquéreurs complétée par des clients à distance
représentés par des courtiers.

La maison américaine Sotheby’s qui a repris cette année les enchères tenues depuis 2005 par sa concurrente britannique Christie’s a refusé de préciser le nombre d’enchérisseurs enregistrés.

Au total, les 630 pièces adjugées aux enchères de 2020, marquées par les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, avaient rapporté 13,4 millions d’euros
(sans frais), soit une moyenne d’environ 20.200 euros le tonneau. Il y a quinze ans, le prix moyen était de 4.803 euros, depuis les prix n’ont cessé de monter.

Ces enchères sont considérées par les experts comme un indicateur de prix pour les crus de Bourgogne même si, du fait de leur vocation charitable, les ventes dépassent généralement les cours habituels.

En progression constante à l’export, les vins de Bourgogne ont perdu environ la moitié de leur récolte cette année après un épisode de chaleur suivi de gelées au printemps, puis par un été très pluvieux : le volume attendu pour le millésime

2021 sera de 900.000 à 950.000 hectolitres contre 1,56 million en 2020, selon le BIVB.

AFP

Côté châteaux n°27 : spécial Jurançon, ou le savoir-faire de ces vignerons entre blancs secs et vendanges tardives

C’est une bouffée d’air pur qu’Alexandre Berne et moi-même nous vous offrons à l’occasion de ce 27e numéro de Côté Châteaux qui sera diffusé le 6 décembre sur France 3 NoA  à 20H05. Vous allez faire la connaissance de ces vignerons au caractère bien trempé de la cave de Gan et celle des vignerons indépendants de Jurançon. Un dépaysement assuré avec ces magnifiques coteaux de petits et gros mansengs coincés entre le château de Pau et la chaîne des Pynénées.

Côté châteaux  a toujours à coeur de faire découvrir de jeunes vignerons et pour l’occasion une jeune femme Camille Laplume à Monein qui est à la tête du Clos Laplume. « Ici, c’est une exploitation familiale, mon père a donné naissance il y a quelques années au Clos Laplume, et j’ai grandi là-dedans, donc c’est un métier de passion… »

Camille Laplume du Clos Laplume à Monein © JPS

« On a des vignes qui sont plantées dans le sens des côteaux, des vignes assez hautes, c’est vraiment la typicité du jurançonnais avec une grosse surface folaire, des vignes très espacées car nous on n’a pas d’enjambeur et un enherbement sur toute la parcelle…  En Jurançon, on a tout de même 2 cépages principaux, gros manseng et petit manseng, c’est vrai que le cépage phare c’est le petit manseng, des petites grappes avec des peaux très épaisses, qui permettent vraiment de concentrer les arômes, les sucres, et qui évitent la pourriture, cela donne des vins riches, gourmands, avec toujours de l’acidité, c’est toujours la marque de fabrique du Jurançon. Des vins moelleux avec toujours une pointe de fraîcheur en fin de bouche… »

Une production de vins moelleux, de vendanges tardives mais aussi de blancs secs : « c’est vrai que depuis quelques années, le Jurançon s’est tourné vers des blancs secs, on arrive à faire des vins gourmands, aromatiques, qu’on peut prendre à l’apéritif, mais aussi avec des poissons, des viandes blanches, des secs vraiment de grande qualité… »‘

 

François Ruhlmann, secrétaire général et  Philippe Somprou technicien viticole de la cave de Gan Jurançon © JPS

Et de nous projeter à la cave de Gan Jurançon, qui représente à elle seule la majorité des producteurs avec 800 des 1200 hectares de l’appellation et quelques 300 vignerons; nous y rencontrons François Ruhlmann, son directeur ou secrétaire général et  Philippe Somprou technicien viticole. « Les vendanges tardives, ce sont les ultimes vendanges en Jurançon, on est passé déjà deux fois dans le vignoble, une première fois début octobre pour prélever 30% sur les pieds pour faire des Jurançons secs, une 2e fois pour récolter 15 jours à 3 semaines plus tard des raisins qui auront muri un peu plus longtemps sur les ceps pour faire des Jurançons doux, et sur des parcelles qui le permettent comme celles-ci on a laissé un peu de raisin, mûrir encore plus longtemps, surmûrir se flétrir un peu et on vient les ramasser maintenant, avec précaution et sans en oublier pour faire les vendanges tardives, mention particulière de notre cahier des charges que l’on partage avec les vins d’Alsace. »

Un vignoble particulier avec des vignes très hautes comme le précise Philippe Somprou :« on a des lignes qui sont tenues de haut en bas, suivant la pente et ensuite quand la pente est trop importante, comme vous voyez sur le bas, ce sont des terrasses…

On fait des escaliers qu’on taille dans le sol pour arriver à planter toutes les vignes…Il y a un peu de vent du sud qui fait aussi la typicité du Jurançon, ca assèche le fruit et développe des arômes naturels qui sont plus denses. »

« On a sur cette année 2021 la chance de faire une belle récolte et avec la météo qu’on a eu, depuis 6 à 8 semaines, une récolte qui va être excessivement qualitative… »

Et de nous dévoiler le dernier centre d’embouteillage de cette vieille cave de Jurançon créée en 1949, il s’agit là d’une unité très moderne remontant à 2011 : « aujourd’hui en 2021, quand on travaille dans l’agroalimentaire, on est obligé d’avoir atteint un certain niveau de technologie, un certain standard de sécurité… Aujourd’hui, on tourne entre 4000 et 6000 bouteilles par heure, ce qui nous permet d’assurer la production de nos adhérents qui aujourd’hui se situe aux alentours de 5,5 millions de bouteilles.

Instant d’émotion également dans ce formidable chai à barriques circulaires où l’élevage de ces dignes vins de Jurançon se fait au rythme du groupe Nadau et d' »Aqueros Montagnos » « Ici on a théâtralisé un petit peu avec notamment l’éclairage, mais c’est surtout un endroit où on travaille, les barriques accueillent les vins, on change un tiers de notre parc tous les ans, il y a 400000 bouteilles dans ce bâtiment, essentiellement des petits mansengs, des vendanges tardives, qui ont besoin d’un temps d’évolution en bouteille pour trouver toute leur qualité…Ils vont rester ici entre 6 mois et un an, avant d’être étiquetés et proposés à nos clients », commente Bertrand Pedeflous responsable commercial. « Pour les 250 000 visiteurs qu’on reçoit chaque année, voir ce chai de vieillissement, c’est quand même une chance. » complète François Ruhlmann.

 La suite se poursuit forcément par une dégustation avec Pierre Mourterot et Alex Labordette, les adjoints au maître de chai, qui vont nous faire déguster leurs blancs secs et vendanges tardives…« La c’est un 100% gros manseng, c’est un cépage qui donne à nos vins une typicité, beaucoup de fruits exotiques, d’arômes floraux et en bouge ce côté fruit et ce plaisir qu’on a sur nos vins », commente Pierre sur ce Jurançon sec.

Et Alex de commenter la dégustation de vendange tardive, « Privilège d’automne, millésime 2018, avec des grains rôtis, dorés par le soleil, avec beaucoup de concentration, en sucre, mais pas que en arômes, en couleur, …des vins avec des nez très complexes, avec des arômes de fruits très mûrs, de fruits exotiques, de fruits confits, et en bouche des vins avec beaucoup de rondeur, des vins avec un potentiel de garde très longs, une quinzaine d’année, une vingtaine d’années, qui peuvent être dégustés à l’apéritif ou encore accompagner des fois gras… »

Didier Capdevieille, est l’une des figures du Jurançonnais, vigneron indépendant à Monein : « la ferme ici date de 1847, c’est plusieurs générations de Capdevieille qui se sont succédés, et moi j’ai repris la suite de mon oncle en 1993. J’ai fait ma première cuvée de Jurançon en 1995, et maintenant cela fait plus de 20 ans que je me débrouille tout seul ». Ce d’autant qu’il a obtenu le coup de coeur des 18e Best Of Wine Tourism 2022 en octobre dernier : « ça a été une très très belle surprise, je ne m’y attendais pas du tout et en fait le Best Of Wine Tourism, récompense les propriétés qui évoluent dans l’oenotourisme, nous sommes 3 dans le Béarn à être sorti du lot donc ça fait vraiment très très plaisir. »

Avec ses copains Nico et Benoît, de faire déguster ses cuvées de vins effervescenst : « c’est un peu la tendance, il faut savoir aussi sortir de l’appellation Jurançon, c’est pour cela que j’ai lancé du pétillant en brut et en demi-sec, pour satisfaire notre clientèle, c’est un vin plaisir, une méthode champenoise, élevée pendant neuf mois », une jolie gestation.. » « On sent bien les bulles fines, c’est très bon », commente Nicolas Meler.

Dernière escale à Geus d’Oloron, chez Germaine, avec Valérie Roger la cheffe de cet hôtel restaurant qui va proposer un accord met-vin de Jurançon :

« je vous aiu préparé comme un millefeuille de mousse de potimaron et de chocolat noire avec du piment béarnais, et quelques zestes de yuzu pour relever un peu la vendange tardive »…. Une belle variété de couleurs automnales.

Ne loupez pas ce numéro tout en saveurs et en couleurs de Côté Châteaux le 6 décembre 2021 sur France 3 NoA à 20h05, un numéro réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne. Rendez-vous également le 12 décembre pour les portes ouvertes chez les vignerons indépendants de Jurançon et le 22 décembre à la Cave de Gan Jurançon.

20 Nov

L’ouvrage les Petites Mains de l’Ombre de Marie-Lys Bibeyran sélectionné au Gourmand Awards 2022

C’est une jolie histoire qui se poursuit pour Marie-Lys Bibeyran avec son livre publié il y a un an « les Petites Mains de l’Ombre, gestes & savoir-faire des vins du Médoc ». Elle a appris que son ouvrage allait concourir au printemps 2022 aux Gourmand Awards », un prix international qui récompense les plus beaux livres sur la gastronomie et le vin.

« J’ai l’immense honneur et la fierté de vous annoncer que pour les Gourmand Awards 2022, concours mondial équivalent des oscars au cinéma récompensant les plus beaux livres sur la gastronomie et le vin, la France sera dans la catégorie Livres professionnels sur le vin représentée par mon livre Les petites Mains de l’Ombre, Gestes & Savoir-faire des vins du Médoc, » commente Marie-Lys Bibeyran, son auteure.

Il y a 1558 sélections de 227 pays ou régions. C’est le maximum que nous ayons jamais eu. L ‘année dernière avait déjà vu une augmentation de 20%… Avec la pandémie, les gens reviennent à la cuisine et à la lecture… », selon Edouard Cointreau Fondateur et Président. « Au total, nous estimons qu’il y a maintenant plus de 100 000 livres sur la culture des aliments et des boissons chaque année, en version imprimée ou numérique,… il y en avait 25 000 lorsque nous avons commencé il y a 26 ans. »

Ce bel ouvrage qui pourrait être couronné par ces Gourmand Awards a été réalisé par Marie-Lys Bibeyran avec des photos en noir et blanc et des textes qui soulignent et rendent hommage  aux travilleurs des vignes du Médoc et de la viticulture en général. Un travail souvent méconnu et pas assez mis en valeur, qui permet à chaque château de donner naissance aux plus grands mimllésimes , grâce à ce travail qui s’échelonne sur les 4 saisons.

Un grand bravo à Marie-Lys Bibeyran, pour les Petites Mains de l’Ombre qui met à l’honneur et fait sortir ces travailleurs au grand jour.

18 Nov

Le château Castera renoue avec la tradition des vins blancs en Médoc

Un peu oubliés, les vins blancs dans le Médoc reviennent en force. Avec un tel terroir, le château Castera relance la production de blancs secs, avec Anthoinette, un 100% sauvignon, en hommage à la première femme propriétaire du château, Anthoinette de Montaigne.

« Ce soir on fête Anthoinette, elle est née en 2019, c’est un peu son baptême… » Jean-Pierre Darmuzey, directeur du château de Castera à Saint-Germain-d’Esteuil a voulu dévoiler à la presse spécialisée son nouveau né… Anthoinette, non pas un vin à en perdre la tête comme aurait dit Marie-Antoinette en 1793, mais un très bon blanc sec sur le fruit 100% sauvignon.

Et de rappeler qu’historiquement, « à Castera on produit du vin blanc et dans le Médoc aussi… Citant le Féret, qui en 1850, soulignait que « ces vins blancs étaient suaves et corsés, plus agréables que les vins de grave, et que c’était une tradition dans le Médoc. »

« En 1910, le château Castera produisait alors 100 tonneaux de blancs soit 110 000 bouteilles et 150 000 de rouges. En 1949, 125 tonneaux de blancs et ce jusqu’au début des années 60. En 1961, l’INAO a dit stop, alors que le Médoc blanc était toléré. A partir de 1961, il a été interdit dans l’AOC. 8 ans après, on faisait encore entre 30 et 40 tonneaux, et puis après racheté par Alexis Lichine, là plus aucune trace de blancs. »

Et au fil des ans, sur ce château de 185 hectares dont 63 plantés en vigne, l’équipe du château Castera a réfléchi et s’est dit tiens pourquoi ne pas relancer cette tradition de vins blancs au château. « Philippe a voulu voir à un moment ce que donnâtes une parcelle, il a été seul juge. Il a dit on va planter du blanc. Mes copains m’ont dit attention à la surface que tu vas planter. On a ainsi planté 1 hectares en 2016 et notre premier millésime a été le 2019 avec 3000 bouteille cette 1ère année ».

Et Philippe Grynfeltt directeur technique de commenter : « On a implanté une vigne mère, sur un sol sable-argileux, avec différentes zones calcaires, avec beaucoup de fraîcheur dans ce sol, ici la vigne pourra chercher de l’humidité et ses racines s’enfoncer profondément…On ramasse les raisins à la main, en 2 matinées pour avoir les raisins les plus frais possibles…On presse directement, on récupère les jus, béborbage, fermentation en cuve inoxydable et direct le vin en barriques vieille d’un vin ou de 2 vin et là nous bâtonnons; ce vin a 4 mois d’élevage en barriques. »

« On a décidé de l’appeler Anthoinette car par le 1er acte  à la propriété date de 1616, 1er acte de vente de vin (dont on a fêté les 400 ans il y a 5 ans), au profit d’Antoinette de Montaigne, la nièce de Michel de Montaigne pour 380 livres tournois », complète Jean-Pierre Darmuzey. « Et cela s’écrit avec un H car c’était écrit ainsi et c’est aussi le H de histoire. Et on a décidé d’aller jusqu’au bout avec une forme de bouteille ancienne, car la forme de bouteille bordelaise à l’époque n’existait pas. »

Et comme le passé semble se rappeler à Jean-Pierre Darmuzey, « le château Castera a un passé très riche, en 1355 le Prince Noir, Edouard de Woodstock (il aurait pu faire un festival!) vint piller l’abbaye de l’Isle et est venu attaquer le château de Castera où il aurait détruit une tour », du coup comme un écho à ce passé, c’est tout naturellement que Castera a choisi le prince Noir de Lormont et son chef Vivien Durand pour cette présentation.

Le propriétaire du château Thomas Press devait être présent, mais il a du faire face à un impératif familial. Jean-Pierre Darmuzey et son équipe ont en tout cas bien présenté et relancé cette production de vin blanc en Médoc.

 

17 Nov

Saint-Emilion: un château conteste en justice la vente d’un grand cru classé à Clarins

Un grand cru de Saint-Emilion a entamé une action en justice pour faire annuler la vente pour 75 millions d’euros d’un château voisin au groupe cosmétique Clarins, estimant avoir été « lésé » par la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), a-t-on appris mardi auprès de son gérant.

Château Beauséjour HDL © CF

Mathieu Cuvelier, gérant de clos Fourtet, premier grand cru classé B de Saint-Emilion, a expliqué à l’AFP avoir le sentiment d’être le « dindon de la farce » et d’avoir été « considéré de façon déloyale » dans cette procédure de vente gérée par la Safer Nouvelle-Aquitaine au nom des vendeurs, la famille Duffau-Lagarosse.

Selon lui, clos Fourtet avait initialement été désigné en novembre 2020 comme acquéreur par une majorité des associés propriétaires du château Beauséjour, propriété de 6,24 hectares plantés également classée B et dans le giron des Duffau-Lagarosse depuis 1847.

Mais une fois devant la Safer, société à but non lucratif placée sous tutelle de l’Etat et qui intervient légalement dans ce type de cession, « on s’est rendu compte qu’on avait été totalement ignorés », a ajouté M. Cuvelier.

En avril, la Safer avait attribué le château à la société Beauséjour Courtin, menée par la famille Courtin-Clarins (groupe Clarins) et Joséphine Duffau-Lagarrosse, « sous la condition de garantir et de sécuriser l’installation » de cette dernière en « jeune agricultrice ». La Safer avait indiqué avoir examiné trois autres offres, sans les nommer.

Joséphine Duffau-Lagarrosse, jeune trentenaire, ne s’était dans un premier temps pas manifestée pour se porter acquéreuse, faute de soutien financier, selon le site spécialisé Vitisphère, qui a révélé mardi l’action en justice du clos Fourtet.

Me Christine Jaïs, avocate de clos Fourtet, a expliqué à l’AFP que la famille Cuvelier demandait la nullité de la vente de Beauséjour au motif notamment que la décision de la Safer était « irrégulière » et que les conditions attachées à cette décision n’avaient « pas été respectées ».

Une première audience est prévue le 6 décembre au tribunal de Libourne.

M. Cuvelier a par ailleurs dit espérer que cette démarche judiciaire permette de « mettre au ban » les « pratiques un peu décriées » de la Safer.

Sollicitée par l’AFP, la Safer n’a pas répondu.

AFP

16 Nov

Les meilleurs sommeliers mondiaux se mesureront à Paris début 2023

La France accueillera en février 2023 à Paris le concours du Meilleur Sommelier du Monde pour la deuxième fois depuis la création de la compétition en 1969, a
annoncé mardi l’Union de la Sommellerie française.

Philippe Faure-Brac en février 2019 à Bordeaux pour l’AG de l’UDSF © Jean-Pierre Stahl

Du 7 au 12 février 2023, 70 candidats de 70 pays s’affronteront. Ils seront « testés sur leurs connaissances du vin, des spiritueux et autres boissons, leurs compétences en matière de restauration et de service et leur capacité à apporter des conseils et à faire vivre des émotions aux convives », précise cette association présidée par le sommelier Philippe Faure-Brac (meilleur sommelier du monde 1992).

Il s’agira de la 17e édition de cette manifestation triennale organisée par l’Association de la Sommellerie Internationale (ASI).

La dernière édition s’est tenue en 2019 à Anvers (Belgique). Le titre avait été remporté par l’Allemand Marc Almert, sommelier à Zurich.

La 17e édition aurait dû se tenir en 2022 mais elle a été reportée. Toutefois « le compte à rebours de la préparation de ce concours » sera lancée en février au salon Wine Paris & Vinexpo Paris, avec un programme d’animations, a souligné Philippe Faure-Brac.

La France n’a pas accueilli cette compétition internationale depuis 1989. Jusqu’à présent, six sommeliers français ont été lauréats, dont Philippe Faure-Brac en
1992.

Avec AFP

10 Nov

Adieu l’ami, adieu Dewey, l’amoureux de Bordeaux

C’est une bien triste nouvelle que nous apprend l’un de ses disciples à l’Ecole du Vin où il a officié durant plus de 20 ans. Dewey Markham, new-yorkais nous a quitté à l’âge de 65 ans. Côté châteaux le met à l’honneur comme « vigneron du mois » car il avait l’âme d’un vrai amoureux du vin.

Dewey Markham, lors d’une visite du château de la Lagune en juin 2014 © JPS

« A Dewey, l’un de mes tous premiers Prof à l’École du Vin de Bordeaux, il y a 20 ans déjà », commente ce soir Benoît Manuel Trocard très triste, vigneron et lui-même intervenant à l’Ecole du Vin de Bordeaux qui considère que Dewey était « apprécié dans les châteaux, partout où il allait ». « Grand chercheur et passionné d’histoire sur les vins de Bordeaux. Tu as réalisé un très beau livre, sur le classement de 1855, que je garde encore, précieusement auprès de moi. Je suis si triste ce soir. 65 ans, c’est beaucoup trop jeune pour partir…Tu vas nous manquer l’ami. Ce soir je déboucherais une bouteille en pensant à toi ».

Guy Charnaud, photographe et auteur lui même d’un ouvrage sur 1855 : « Une très grande tristesse vient de m’envahir en lisant ton post Benoit ! C’était une très grande personne, d’une immense générosité……de beaux moments partagés ensemble chez lui à Merignac Arlac, à l’époque ! Vraiment triste ! »

Nicolas Lesaint de Reignac: « mon Dieu que Bordeaux vient de perdre un bel homme, la classe personnifiée, la gentillesse, la pertinence, la compétence, un oeil d’artiste, un palais subtile, un œil tellement brillant qu’il vous éclairait dès que vous le croisiez, le flegme que j’adore, la beauté que je cherche, Dewey Markham, Dewey, Dewey, mes pensées t’accompagnent où que tu sois. »

François des Ligneris, de l’Envers du Décor, avec Dewey Markham et Didier Lambert des Etablissements Thunevin à l’été 2016 © JPS

Moi-même, j’ai eu l’occasion de suivre Dewey en reportage plusieurs fois, avec notamment l’ami Bruno Delmas, lui aussi disparu. Je me souviens de cet horrible jour du 11 septembre où Dewey avait annoncé à une classe d’Américains en visite et en dégusation à Bordeaux l’horrible attentat. Je me souviens aussi de ce moment plus réjouissant avec Dewey au château la Lagune où il servait de guide oenotouristique à un couple d’Australiens, visite que nous avions également suivie. Sans oublier cette soirée à l’Envers du Décor, le repère des bons vivants à l’été 2016…Un chic type, généreux et amoureux de la France et de ses vins. Adieu l’ami.

Lire ou relire : Ils ont changé de vie: ces Américains vivent à Bordeaux et partagent leur amour du vin

Regardez ce reportage de Jean-Pierre Stahl et Ludovic Cagnato réalisé le 25 juin 2014:

 

La Cour d’Appel de Bordeaux ordonne la radiation de l’appel de Valérie Murat

On l’a appris ce jour, la Cour d’Appel de Bordeaux a ordonné la radiation de l’appel de Valérie Murat dans l’affaire qui l’opposait au CIVB et à plusieurs châteaux, maison de négoce et ODG de Bordeaux. Valérie Murat a réagi cet après-midi et commenté devant l’immeuble du CIVB à 14h30, cette nouvelle décision de la 1ère chambre civile, qui lui interdit de faire appel de sa condamnation à 125 000€ suite au jugement du tribunal de Libourne pour dénigrement des vins de Bordeaux, où Alerte aux toxiques et Valérie Murat mettaient  à l’index la Haute Valeur Environnementale et l’utilisation de pesticides.

Valérie Murat, cet après-midi devant le CIVB © Ludovic Cagnato – France 3 Aquitaine

« Aujourd’hui, c’est une  journée et une décision historique parce que nous n’aurons pas le droit de faire appel », Valérie Murat débutait ainsi ses premiers commentaires sur cette décision de la Cour d’Appel de Bordeaux. « La décision exécutoire de Libourne est maintenant assortie d’une somme exorbitante de 125 000€; …  ils cherchent à me faire vendre le patrimoine familial de mon défunt père, qui est mort à cause des pesticides, à savoir la maison où vit ma mère. C’était déjà une condamnation démesurée, une condamnation orientée, en plus c’est aujourd’hui le droit d’appel exorbitant jamais vu, je rappelle que c’est la condamnation d’Europe avec la plus lourde peine. »

Nos adversaires n’ont pas envie de justice, mais de se venger de moi et d’envoyer un message à nos soutiens »Valérie Murat

Dans les motifs de sa décision, la 1ère chambre civile de la Cour d’Appel dispose : »lorsque l’exécution provisoire est de droit ou a été ordonnée, le premier président ou, dès qu’il est saisi, le conseiller de la mise en état peut, en cas d’appel, décider, à la demande de l’intimé, et après avoir recueilli les observations des parties, la radiation du rôle de l’affaire lorsque l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée d’appel ou avoir procédé à la consignation autorisée dans les conditions prévues à l’article 521, à moins qu’il lui apparaisse que l’exécution serait de nature à entraîner des conséquences manifestement excessives ou que l’appelant est dans l’impossibilité d’exécuter la décision. »

Le CIVB, qui n’a pas souhaité faire de commentaire, avait demandé la radiation de l’appel avançant qu’elle et l’association n’avaient pas réglé l’intégralité de l’amende. Elle avait pu lors de l’audience du mois dernier expliquer qu’elle le faisait à hauteur de 800€ par mois depuis avril, mais visiblement elle ne pourra contester en appel le précédent jugement que quand l’association et elle-même se seront acquittés in solidum des 125 000 €…

Si la Cour relève effectivement de « modestes revenus » pour Mme Murat, elle donne quitus aux éléments fournis par le CIVB qui avançait qu’elle avait un patrimoine immobilier et viticole d’environ 5 hectares. Et de juger Me Murat « n’établit pas qu’elle serait dans l’impossibilité de régler les causes du jugement ou que ce règlement aurait des conséquences manifestement excessives ».

Selon Jean-Philippe Magret, avocat des Côtes de Bordeaux, « la Cour donne des obligations à Mme Murat et à son association, et si elles remplissent leurs obligations l’appel pourra revenir. La radiation n’est pas irrémédiablement définitive, la radiation est provisoire. Si l’appelant remplit ses obligations l’appel renaît, elle a un délai de deux ans. »

Valérie Murat et Alerte aux Toxiques avaient fait analyser une vingtaine de bouteilles de vin de Bordeaux et d’autres régions présentant des traces de résidus de pesticides,  et commenté ces analyses et réalisé différentes publications notamment sur leur site.  La Cour d’appel souligne : « s’agissant de la publication du jugement, celle de la décision entreprise sur le site alerteauxtoxiques.com a bien été exécutée, le texte du jugement étant directement accessible par téléchargement sur la page d’accueil du site. »

« En revanche, pour ce qui concerne la publication du dispositif du jugement sur les sites internet de divers journaux, s’il est exact que la publication sur le site du journal Le Monde excède nettement le coût maximum d’insertion fixé par le tribunal à 800 €, le coût de publication pour les autres journaux reste inférieur à cette somme, comme
l’établissent les factures produites par le CIVB qui a lui même fait procéder aux publications ordonnées pour un coût de 325,19 € HT sur le site de SUD OUEST et de 666,67 € HT sur le site du PARISIEN de sorte que le défaut de publication, au moins sur ces deux sites internet, ne peut être justifié par un obstacle financier.
En l’état de ces constatations, la radiation doit être prononcée ».

Et Valérie Murat de commenter devant l’immeuble de l’interprofession : « le CIVB cherche à m’asphyxier et à faire de moi un martyr, ils n’y parviendront pas, je me suis toujours battue avec mes tripes, avec mon coeur et avec mon âme et je continuerai à me battre jusqu’au bout ». 

Valérie Murat et Alerte aux Toxiques ont rétorqué en lançant un autre appel, un appel aux dons pour leur permettre de porter en appel leur condamnation pour dénigrement  des vins de Bordeaux. Affaire à suivre.

08 Nov

La production mondiale de vin 2021 pénalisée par la météo européenne

 Les conditions météo ont rebattu en partie les cartes de la viticulture mondiale en 2021, les trois principaux producteurs européens – Italie, Espagne et France
– prévoyant une forte baisse de leurs volumes tandis que l’hémisphère Sud devrait enregistrer une production record.

Au bout du compte, la récolte mondiale de vin devrait être « extrêmement faible » en volume en 2021, a annoncé jeudi l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV). La production mondiale de vin est estimée aux alentours de 250 millions d’hectolitres, « à peine supérieure » à celle « historiquement faible de 2017 », selon les premières estimations de l’organisation basée à Paris. La baisse serait d’environ 4% par rapport à 2020.

Le secteur viti-vinicole, qui a su se montrer « résilient et créatif » pendant la crise du Covid-19 en 2020, « affronte un problème bien plus important que la pandémie: le changement climatique », a estimé le directeur général de l’OIV, l’Espagnol Pau Roca, lors d’une conférence de presse en ligne. Les « anomalie climatiques » sont de plus en plus fréquentes, a-t-il relevé.

« Il n’y a pas de vaccin » face au dérèglement climatique mais « il y a des solutions à long terme, qui vont nécessiter de grands efforts en matière de pratiques durables
pour la culture de la vigne et l’élaboration du vin », dit-il. « C’est une impérieuse nécessité »

Dans l’Union européenne, la France est celle qui a « subi le plus durement les effets d’un millésime désastreux », avec de fortes gelées en avril, suivies de pluies estivales, d’orages de grêle et d’épisodes de mildiou, un champignon parasite, a souligné l’OIV. Deuxième producteur mondial en 2020 derrière l’Italie, elle devrait passer à la troisième place, derrière l’Espagne, pour la première fois depuis 2013.

A eux trois, ces pays, qui représentent 45% de la production mondiale, ont perdu environ 22 millions d’hectolitres par rapport à 2020.

La production italienne devrait représenter 44,5 millions d’hectolitres en 2021, en baisse de 9% sur un an. L’Espagne prévoit une production de 35 millions d’hectolitres (-14%). La France arriverait juste après, avec 34,2 millions d’hectolitres (-27%). « Soit son plus bas volume de production depuis 1957 », selon Pau Roca.

CONSOMMATION EN HAUSSE

En revanche, l’Allemagne, quatrième producteur européen, a tiré son épingle du jeu, avec une production en hausse de 4% à 8,8 millions d’hectolitres.
Hors UE, la Suisse devrait voir sa récolte chuter de 10% à 0,8 million d’hectolitres, un plus bas depuis 20 ans.

Aux Etats-Unis, la production est estimée à 24,1 millions d’hectolitres, en hausse de 6% par rapport à 2020, année marquée par des incendies.

La Chine n’a pas encore fait connaître ses prévisions de récolte mais l’OIV s’attend à « une nouvelle baisse de la production et de la consommation de vin », indique Giorgio Delgrosso, chef du service Statistiques de l’OIV.

Quant à l’hémisphère Sud, il peut avoir le sourire. 2021 a été « très positive » pour ses vignobles, après une mauvaise année 2020. La production de vin devrait y atteindre le niveau record de 59 millions d’hectolitres (+19%).

En Amérique du Sud, le Chili a produit 13,4 millions d’hectolitres (+30% sur un an), un plus haut depuis 20 ans. L’Argentine suit, avec 12,5 millions d’hectolitres (+16%). Le Brésil affiche un bond de 60% à 3,6 millions d’hectolitres.

Côté Océanie, l’Australie a vu sa récolte augmenter de 30% à 14,2 millions d’hectolitres, un plus haut depuis 2006.

Y aura-t-il assez de vin cette année pour étancher la soif des Terriens? Pau Roca n’est « pas du tout pessimiste » sur ce plan car il y a assez de stocks, selon lui. L’OIV s’attend à un rebond de 2% de la consommation mondiale de vin cette année, après une baisse de 3% en 2020, année fortement affectée par les restrictions
sanitaires liées au Covid-19, souligne Giorgio Delgrosso. « La consommation va retrouver son niveau pré-pandémie sauf en Chine », prédit-il.

AFP

06 Nov

Hubert de Boüard : sa lettre ouverte à ses amis vignerons

Après sa condamnation par le tribunal correctionnel de Bordeaux à 60 000 d’amende dont 20 000 avec sursis, Hubert de Bouard a envoyé aux vignerons et aux rédactions cette « lettre ouverte à mes amis vignerons » où il revient sur son parcours et sur sa condamnation pour prise illégale d’intérêts dans le cadre du classement 2012 des vins de Saint-Emilion. Il ne compte pas faire appel du jugement.

Hubert de Boüard lors du lancement de ses vins cépages © JPS

Voici sa lettre in extenso:

« Je suis né à Saint-Emilion et aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été passionné par ce métier formidable et difficile : celui de cultiver la vigne et d’élever ses vins dans le respect de l’humain et de la nature.

Très tôt, je me suis beaucoup investi dans nos instances professionnelles car je souhaitais servir l’intérêt collectif et défendre notre patrimoine commun et nos appellations.

Partout où cette aventure m’a mené, depuis plus de 50 ans, j’ai eu le privilège de rencontrer des femmes et des hommes formidables, dont beaucoup m’ont témoigné leur soutien chaleureux ces derniers temps. Je les en remercie très sincèrement.

Voilà bientôt neuf ans que je suis la cible d’une accusation particulièrement violente et que j’estime injuste et infondée. 

Pour jeter le discrédit sur un classement dans lequel ils n’ont pas été retenus, un petit groupe de viticulteurs a multiplié les procédures et les attaques personnelles, en m’accusant, entre autres, d’avoir cherché à utiliser mes mandats pour prétendument influencer les organismes en charge de l’élaboration et de la mise en œuvre du classement.

A la suite de leur plainte, déjà ancienne, j’ai dû m’expliquer à de nombreuses reprises et au fil de la procédure, le champ de ce qui m’était reproché n’a cessé d’évoluer.

En 2018, le procureur de la République a requis un non-lieu estimant qu’il n’existait aucune charge sérieuse à mon encontre. J’ai pensé, à tort que cette affaire était enfin terminée.

La semaine dernière, le tribunal correctionnel de Bordeaux m’a condamné au paiement d’une amende.

Après avoir lu le jugement, je comprends qu’il m’est essentiellement reproché d’avoir, en tant que Président de section du Conseil des Vins, répondu à des demandes qui m’avaient été adressées par le service juridique de l’INAO, dans le cadre de l’élaboration du cahier des charges du classement.

Pour moi, ces échanges étaient neutres et transparents, ils étaient conformes aux règles en vigueur au sein de l’INAO. 

Contrairement à ce que je lis parfois dans la presse, à aucun moment il n’a été démontré que j’aurais pu recevoir le moindre avantage, ni direct, ni indirect du fait de ces opérations. Le Tribunal l’a d’ailleurs clairement dit dans sa décision.

En mon âme et conscience, je sais que je n’ai jamais agi de manière contraire à mes valeurs. Je n’ai jamais recherché autre chose que de servir le collectif et surtout, je n’ai jamais avantagé des intérêts particuliers, et encore moins les miens.

Pendant toutes ces années, cette procédure a servi mes détracteurs, pour les conduire à alimenter des polémiques sans fin et nourrir des attaques contre ma famille, mes collaborateurs et moi-même.

C’est pourquoi, même si je la trouve injuste et injustifiée, j’ai décidé de mettre un terme définitif à ce litige, et de ne pas faire appel de cette décision.

Je sais désormais que l’engagement public présente des risques que je n’aurais même jamais imaginés lorsque j’ai accepté de m’engager dans ces mandats. Je tiens à rappeler que j’avais été élu à l’unanimité pour représenter l’appellation dans le cadre du Conseil des Vins, et nommé directement par le ministre de l’Agriculture, en connaissance de cause, pour siéger à l’INAO.

Au fond, quel que soit mon ressenti, mon expérience ne doit pas décourager celles et ceux, notamment les plus jeunes, qui continueront à s’engager pour défendre avec force et conviction nos appellations et nos instances, locales et nationales, tant enviées par nos concurrents étrangers.

De mon côté, je vais continuer à faire ce métier que j’aime tant avec tous ceux, nombreux, qui continuent à me soutenir et à me faire confiance »

Hubert de Boüard de Laforest ».