25 Jan

Face au réchauffement climatique, les vignerons envisagent une taille de la vigne plus tardive…

Avec des bourgeons de plus en plus précoces, les vignerons tendent à retarder de plus en plus la taille de la vigne, car le gel de printemps d’avant les Saints de glace est de plus en plus menaçant pour la récolte. Reportage aux châteaux Grand Corbin Despagne à Saint-Emilion et la Fleur Terrien à Lussac en Gironde.

A Saint-Emilion, on tend à retarder la taille de la vigne © JPS

L’image est féérique… La vigne gelée, avec un petit -4°C ce matin à Saint-Emilion… En cette fin janvier, c’est traditionnellement la période propice pour tailler le végétal endormi.

Au château Grand Corbin Despagne, François Despagne, (20e génération de vigneron et propriétaire) et son équipe sont à pied d’oeuvre pour s’occuper des 28 hectares du château.

D’habitude ils commencent en décembre, là ils retardent de plus en plus ces gestes ancestraux. « Là on réalise une taille en guyot simple, sur un bois fructifère, toujours au niveau du fil…C’est une période qui a été un petit peu retardée à cause des événements climatiques », commente Christophe Combalié, chef de culture.

Avec le réchauffement climatique, la vigne à tendance à débourrer plus tôt. Mais les bourgeons très sensibles risquent de geler comme lors de cet épisode dans la nuit du 6-7 avril 2021 où il a fallu lutter pour sauver la récolte. François Despagne essaie de combattre ce phénomène par anticipation avec justement une taille plus tardive.

François Despagne, 20e génération de vigneron, propriétaire de Grand Corbin Despagne © JPS

J’ai 168 000 pieds de vigne et j’ai des parcelles plus ou moins sensibles, avec des sondes qui ont été mises pendant les épisodes de gel précédent, on connaît les endroits très sensibles de la propriété donc ces parties là vont être taillées beaucoup plus tard, c’est-à-dire au mois de mars voire limite mois d’avril… », François Despagne.

« Le végétal étant déjà avancé, si on a des températures à -1, -2 ou -3°C l’eau qui est dans ce végétal va donc geler et va griller le végétal qui va tomber… »

Olivier Chaignaud, propriétaire la Fleur Terrien et co-responsable de la commission technique et environnement au conseil des vins de Saint-Emilion © JPS

Au château la Fleur Terrien à Lussac, Olivier Chaignaud taille 17 de ses 25 hectares de façon classique. Mais dans les endroits les plus gélifs, il ne va tailler qu’en mars, ou réaliser une taille et un nettoyage de bois en deux temps.

« Ce sont toujours les bourgeons du haut qui poussent en premier, donc on va laisser pousser lka baguette et courant avril on va la nettoyer comme là par exemple on va laisser 7, 8 boutons et la tailler à cette longueur-là, » commente Olivier Chaignaud.

Ce vigneron privilégie également des couverts végétaux au milieu des rangs de vigne pour se protéger contre le gel…

Olivier Chaignaud au château la Fleur Terrien à Lussac © JPS

En hiver, l’idée c’est de semer les couverts assez tôt dans la saison pour qu’au mois d’avril, ils soient le plus haut possible et que par leur hauteur, ils protègent le vignoble en fait… », Olivier Chaignaud château la Fleur Terrien.

La mise en place d’une haie bien positionnée sur une parcelle peut aider la parcelle à être moins froide aussi, en bloquant un courant d’air… »

Tous ont encore en tête le cauchemar de 2017 où 40% de la récolte avait été perdue à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :