Deux ans après la première édition du salon jumelé Wine Paris avec Vinexpo Paris, ce salon des professionnels du vin et des spiritueux revient dans un contexte encore de crise sanitaire avec 2800 exposants. 20 000 visiteurs sont attendus. Un rebond tant attendu pour la filière après cette période de turbulences, les exportations de vins et spiritueux ont progressé de 26,8% en 2021. De nombreux professionnels en tout cas seront présents, même si le négoce bordelais avait demandé son report au printemps.
22 vignerons des Côtes de Bordeaux en 2020 sur le salon pour aller chercher les marchés © JPS
L’heure est aux retrouvailles pour les professionnels du vin attendus de lundi à mercredi au salon professionnel Wine Paris & Vinexpo, premier rendez-vous internationalde la saison après deux années de pandémie.
Les viticulteurs sont pressés de renouer avec les acheteurs internationaux afin de relancer leurs exportations, freinées depuis deux ans par les taxes américaines
et la crise sanitaire liée au Covid-19.
Après une période d’hésitation dans un contexte sanitaire instable, Rodolphe Lameyse, directeur général de Vinexposium, est « soulagé » de voir cette troisième édition maintenue.
Pau Roca, directeur général de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), est aussi « content » de la tenue du salon étant donné la « reprise aiguë de la consommation mondiale de vin et des marchés à l’export en 2021 ».
Vinexposium, né de la fusion de deux grands organisateurs de salons viticoles en France (Comexposium et Vinexpo), entend mettre en valeur tous les terroirs de l’Hexagone, et au-delà.
Quatre pavillons, dont trois dédiés aux vignobles français et un aux vins internationaux, tenteront de séduire un bouquet d’acheteurs et de professionnels du secteur.
Amateurs d’alcools forts ou de cocktails trouveront quant à eux un espace spécialement réservé aux spiritueux (plus de 120 exposants) et à la mixologie.
L’événement propose aussi des conférences et un espace dédié à l’innovation de la filière.
Les étrangers devraient représenter 20% des 2.800 exposants du salon, et environ 34% des visiteurs, une « réussite », selon Rodolphe Lameyse, « compte tenu de la pandémie qui complique toujours les déplacements entre les pays. »
Les Asiatiques seront les grands absents de ce rendez-vous, alors qu’ils incarnent le marché de l’avenir, selon M. Roca.
Rodolphe Lameyse se félicite cependant de la proportion de « purs acheteurs » escomptée, de l’ordre de 75 à 80% du visitorat.
Des pointures de la grande distribution comme Auchan, Leclerc ou encore les allemands Aldi et Lidl, comptent parmi les 20.000 visiteurs attendus (29.000 en 2020).
« REBOND SPECTACULAIRE »
Le secteur reprend son souffle après deux ans d’épidémie de Covid-19 et la suspension en mars 2021 des taxes douanières de 25% qui avaient été imposées à partir de 2019 par l’administration Trump sur certains vins puis spiritueux européens.
Selon le ministère français chargé du Commerce extérieur, les exportations de vins et spiritueux ont progressé de 26,8% en 2021, et même de 33,3% vers les seuls États-Unis, dépassant leur niveau pré-épidémique. De nombreux détaillants américains sont attendus. Selon Bernard Farges, président du Comité national des interprofessions des vins AOP et IGP (CNIV), ce « rebond spectaculaire » est porté par la hausse des exportations des produits de luxe tels que « le champagne, le cognac etles grands crus de Bordeaux ou d’ailleurs ».
PRODUCTION MEDIOCRE EN 2021
Le monde viticole déplore toutefois une production médiocre sur l’année 2021, les vignes ayant souffert des conditions météo en Europe. Avec de fortes gelées en avril, des pluies estivales, orages de grêle puis le fléau du mildiou, la France est le pays qui a « subi le plus durement les effets d’un millésime désastreux », selon l’OIV.
En 2021, l’Hexagone est descendu à la troisième place des pays producteurs de vins derrière l’Italie et l’Espagne. La France reste premier exportateur mondial
en valeur.
Au-delà de la menace climatique, la filière viticole s’inquiète de voir l’Union européenne durcir la réglementation sur les étiquettes de vin, en imposant notamment
une mention du risque de cancer posé par la consommation d’alcool.
D’ici-là, « il est grand temps de renouer le contact avec nos clients », déclare Bernard Farges. « Le vin, c’est aussi de la relation humaine. »
Toutefois, en raison du contexte sanitaire, les dégustations resteront statiques et le port du masque de rigueur lors des déplacements entre les stands.
Avec AFP