C’est une figure du monde du vin qui est décédée mardi à l’âge de 91 ans : Anthony Barton, considéré comme « le gentleman du Médoc ». Anthony était la 6e génération à la tête de Léoville-Barton (2e grand cru classé 1855) et Langoa-Barton (3e gcc). Cet Irlandais très amoureux du Médoc était connu pour sa « gentillesse et sa sympathie ».
C’est l’un des derniers des Mohicans du Médoc qui s’est éteint cette semaine… Anthony Barton le plus irish des Médocains ou peut-être l’inverse le plus Médocain des Irishs puis qu’il a choisi de reposer à Saint-Julien, sa deuxième terre de coeur.
C’était l’une des plus grandes figures de la viticulture bordelaise, qui a tout connu depuis l’après-guerre et jusqu’à nous jours, avec toute la révolution culturelle des vignobles bordelais », commente pour Côté Châteaux Emmanuel Cruse, Grand Maître de la Commanderie du Bontemps.
Anthony Barton était la 6e génération des Barton, à la tête des fameux châteaux Léoville-Barton, 2e grand cru classé 1855, et Langoa-Barton, 3e cru classé. Anthony Barton qui toujours resta irlandais de coeur et de passeport avait fait des études à Eton et à Cambridge… Arrivé à Bordeaux en janvier 1951 à l’âge de 21 ans, il commença à travailler dans la maison de négoce familiale et s’occupa surtout des marchés anglo-saxons. Il fut d’ailleurs l’un des précurseurs des voyages à travers le monde pour promouvoir les vins de ses propriétés et de Bordeaux en général.
De son union avec Eva Sarauw, danoise, naquirent deux enfants, Thomas, décédé malheureusement en 1990 dans un tragique accident de voiture, Lilian, aujourd’hui à la tête des propriétés.
De son parcours, on retiendra qu’en 1954 Seagram acheta 50% du capital de Barton & Guestier, avant de devenir un peu plus tard propriétaire à 100 % de la maison de négoce fondée par la famille en 1802. Toutefois, Anthony Barton fonda sa propre affaire de négoce « Les Vins Fins Anthony Barton » en 1968, une affaire familiale qui perdure aujourd’hui, avec à sa tête sa fille Lilian et le mari de celle-ci, Michel Sartorius.
C’était un homme formidable, un ami, qui connaissait les marchés et le vin, qui aimait son métier. Un homme extraordinaire, c’est une grande perte pour Bordeaux, un vrai gentleman », Philippe Casteja président du Conseil des Grands Crus Classés en 1855.
Anthony Barton devint propriétaire de Léoville-Barton et Langoa-Barton en 1983, lorsque son oncle Ronald lui fit donation (3 ans avant son décès) et quand Anthony a tenu à le remercier, l’oncle Ronald lui rétorqua « Ce n’est pas moi qu’il faut remercier mais ton ancêtre Hugh, c’est lui qui l’a achetée. »
Emmanuel Cruse tient à rappeler qu’Anthony Barton a toujours fait preuve d’énormément de « gentillesse et de sympathie, notamment avec les jeunes, j’ai le souvenir d’un vol Bordeaux-Londres, où j’avais voyagé à ses côtés, il a fait preuve d’empathie, de gentillesse, de bonté, des gens comme cela on n’en refera plus… »
Anthony Barton n’a jamais cessé de rénover et d’améliorer la propriété, il adorait ses vignes, le jardin et le château, il a progressivement passé le flambeau à sa fille Lilian surtout depuis 2010 et était heureux de voir ses petit-enfants Mélanie et Damien prendre aussi la même voie. « Il était souvent dans la mesure aussi, jamais un éclat de voix, il n’a jamais été dans le show, toujours dans la dignité. Il fait partie des grandes figures de l’histoire de Bordeaux qui disparaissent, des gens comme il n’y en aura plus, « poursuit Emmanuel Cruse.
Anthony avait été couronné par Decanter « Man of the Year » : il a marqué tous ceux qui l’ont croisé. Aujourd’hui Léoville-Barton (50 hectares) produit en moyenne 200 000 bouteilles à l’année et Langoa-Barton (20 hectares) 80000 bouteilles.
Emmanuel Cruse regrette que cette disparition survienne en cette période de covid car « on aurait été nombreux à l’accompagner si on avait pu ». Ses obsèques seront célébrées demain dans le Médoc, dans l’intimité familiale. Condoléances à sa famille.