20 Août

Entretien exclusif avec Jacques Lurton: « les Vignobles André Lurton ont toujours été à la pointe de la technologie, ça va continuer… »

3 mois après la disparition d’André Lurton, le fondateur de l’appellation Pessac-Léognan, son fils Jacques a pris les rênes des Vignobles André Lurton. Côté Châteaux l’a interviewé dans un entretien de prise de fonctions.

André Lurton, au centre, entouré de 2 de ses 7 enfants Christine et Jacques, le nouveau président des Vignobles André Lurton © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Jacques, vous reprenez la succession des Vignobles André Lurton, en tant que président du Conseil d’Administration, qu’est-ce que cela vous fait ? »

Jacques Lurton : « Cela fait tout drôle… C’est quelque chose sur lequel nous avions statué en 2012, quand on a refondé les Vignobles André Lurton. A l’époque, IDIA société d’investissement du Crédit agricole est rentré au capital et il avait été défini avec tout le monde qu’au décès de notre père, je deviendrais pour 4 ans le président de la SAS des Vignobles André Lurton. Une feuille de route a été approuvée, elle régle notre façon de travailler et le pack d’actionnaires, ce qui fait qu’aujourd’hui les choses sont stables et qu’on réfléchit à l’avenir. »

« La direction des Vignobles André Lurton est toujours assurée par Pascal Lefaucheur, mis en place depuis 2008. Je suis là pour les grandes lignes et l’influx familial. »

Château la Louvière acheté en 1965 © Jean-Pierre Stahl

JPS : « Aujourd’hui, que recoupent les Vignobles André Lurton ? »

Jacques Lurton : « Les vignobles André Lurton recoupent plus de 600 hectares de vignes à Bordeaux, dont la moitié en Pessac Léognan et l’autre moitié dans l’Entre-Deux-Mers, il y a aussi 35 hectares à Lussac Saint-Emilion. Donc, oui on est à 635 hectares, avec château Bonnet dans l’Entre-Deux-Mers, Barbe-Blanche (dont 50% appartiennent aussi à Mme André Magnon) en Lussac Saint-Emilion, et 4 châteaux en Pessac-Léognan: Couhins-Lurton, la Louvière, Rochemorin et Cruzeau. »

JPS : « Allez-vous continuer l’oeuvre de votre père, la changer ou l’amplifier ? »

Jacques Lurton : « C’est un peu nouveau, même si je savais qu’un jour cette responsabilité me tomberait dessus. Mon papa me semblait presque immortel… je vivais la moitié de ma vie en Australie et cette échéance là on ne la connaissait pas. J’avais un travail de consultant qu’il a fallu que j’arrête, cela fait maintenant un mois et demi que je suis au contact. Je m’imprègne de ces vignobles, j’essaie de comprendre comment ils fonctionnent…Ce qui m’intéresse c’est une prise de contact complète, on a quand même 200 employés au sein des vignobles André Lurton. »

J’ai déjà pris des positions techniques comme mon papa, il était un technicien, un homme de terroirs. J’ai beaucoup de challenges à relever, notamment climatiques et biologiques, que je veux imprégner aux vignobles », Jacques Lurton.

« Après ces défis techniques, il y a l’influx commercial. Le nerf de la guerre, c’est le commerce. Du temps de papa, il y a toujours eu une politique de vente directe, très peu de négoce. En 2014, on est revenu un peu sur la place de Bordeaux, mais tout le reste est en vente directe. Nos clients ont besoin de savoir quelle sera la nouvelle direction et l’influence de la famille. Je suis là pour rassurer les marchés. Faire du vin, c’est bien, mais le vendre c’est plus difficile. Je vais m’assurer que tous les marchés sont bien là et nous suivent, je vais insuffler là toute mon énergie. »

André Lurton avec Jacques, a toujours su innover au niveau de ses installations techniques © JPS

JPS : « Et l’Australie alors ? (Jacques Lurton est implanté en Australie depuis plus de 20 ans à « the Islander » sur Kangaroo Island)

Jacques Lurton : « En 4 ans, j’ai déjà cédé 40% à un investisseur, en fait mon partenaire chinois en Chine. J’ai formé un directeur il y a 6 ans qui s’occupe de 95% du domaine, je conserve encore une petite fonction oenologique. L’Australie, c’est quelque part mon 2e pays, j’ y suis attaché, j’ai aussi des amis là-bas et une 2e maison. Mais pour l’heure, j’ai cette mission que je vais remplir au mieux. Mais j’ai tout de même 60 ans et je ne vais pas faire comme mon papa à rester jusqu’à ses derniers jours. Un jour je reviendrai en Australie pour y passer plus de temps. »

JPS : « Par rapports aux équipes, y a-t-il des changements au sein des Vignobles André Lurton ? »

Jacques Lurton : « On a des équipes exceptionnelles. Papa avait des gens extrêmement attachés à lui, très fidèles, des gens de grande qualité. Des gens qui ont toujours un grand niveau. Notre directeur technique et oenologique Vincent Cruège est parti de son fait, il est remplacé par Anne Neuville qui était oenologue à château Fieuzal depuis 15 ans. On est dans le souhait de renforcer au niveau commercial. Les vignobles André Lurton, c’est une boîte solide qui niveau financier et par ses collaborateurs, c’est une jolie boîte. Prochainement on va faire rentrer des amphores et de nouvelles technologies. Cela a toujours été dans l’ADN des Vignobles André Lurton d’être à la pointe technologique, il faut que cela le reste. »