Le site 1855.com qui avait défrayé la chronique en ayant des retards phénoménaux sur la livraison de ses commandes, quand celles-ci étaient honorées, vient de fermer boutique définitivement. Une triste histoire pour tous ces acheteurs comme Sébastien qui témoigne et a perdu des plumes… Réactions des avocats des victimes, de 1855 et d’autres sites de vente en ligne.
L’affaire du site « 1855.com » trouve aujourd’hui un bien malheureux dénouement. Vendredi dernier, le tribunal de commerce de Paris a converti la procédure de redressement judiciaire en procédure de liquidation judiciaire. Une procédure qui avait été ouverte en octobre 2013. La Société Anonyme Héraclès, gestionnaire du site 1855.com, avait réussi à échapper à deux reprises par le passé à la liquidation, de justesse. Un investisseur luxembourgeois qui devait exécuter le plan de continuation n’avait aucun mandat pour le faire à l’audience du tribunal de commerce. Le parquet a fait appel ce qui a suspendu l’exécution du plan. La société s’est déclarée en cessation de paiement et aussitôt le TC de Paris a prononcé la liquidation judiciaire.
Je vous confirme la liquidation en date du 9 janvier », Me Hélène Poulou l’avocate bordelaise de plus de 350 clients victimes
Un dernier coup dur pour tous ces acheteurs qui n’ont jamais été livrés. Ils espéraient toujours puisque certains le furent mais avec des retards phénoménaux. La messe est dite. 1855 ne sonne bien que pour les crus classés en Bordelais, beaucoup moins sur la toile.
En Alsace, Sébastien Gérard s’estime floué, lui avait passé commande en 2008 de plusieurs crus classés de Bordeaux, des 2e et 3e CC, pour un montant de 2500 euros: « c’est l’équivalent d’un mois à un mois et demi de salaire ! J’ai l’impression d’avoir été abusé par des gens qui ont travaillé en connaissance de cause. Je me suis amusé en 2013 à naviguer encore sur ce site et il se trouve que les vins que j’avais commandés et qui ne m’avaient pas été livrés en 2011 étaient encore en vente sur le site, c’est absolument hallucinant ! »
D’après Hélène Poulou jointe par téléphone ce lundi soir, « la holding Héraclès est liquidée, elle comprend le site 1855.com et Chateau On Line, ainsi que toutes les autres sociétés comme Cave Privée ». Cela résonne comme un coup de tonnerre: les dirigeants, l’administrateur judiciaire et le mandataire judiciaire ont demandé la liquidation judiciaire immédiate de la société et de toutes les structures juridiques du groupe. Ce mardi matin nous l’avons rencontré pour de plus amples explications à destinations des victimes et pour le grand public.
On avait un dommage sur 1855 d’environ 1 million d’euros en ce qui concerne juste les commandes et les acomptes versés (pour 350 à 400 de mes clients), mais en terme de préjudice c’est à peu près 5 millions d’euros, valorisés au regard de la valeur actuelle des bouteilles » Hélène Poulou, avocate de ses clients-victimes, interrogée ce mardi matin
Et d’ajouter: « les chiffres sur la société 1855 dans le cadre de la procédure de redressement et de liquidation, il y avait à peu près 40 millions d’euros déclarés par l’ensemble des créanciers, donc des chiffres exorbitants. »
Guilhem Brémond, l’avocat d’Héraclès, la société dépositaire de la marque « 1855.com » réfute: « C’est faux ! C’est son estimation farfelue ! Il y a un préjudice significatif de quelques millions d’euros mais on est très très loin des 40 millions d’euros ! »
Est-ce à dire que les victime ne retrouveront pas leurs bouteilles et leur argent ? Pour Hélène Poutou: « elles ne reverront pas leurs bouteilles, je pense avec certitude, elles ne reverront pas leur argent…en tout cas nous allons essayer avec le mandataire qui a été désigné dans ce dossier de mettre en oeuvre toutes les actions possibles pour tenter de récupérer quelque chose. On garde espoir. Maintenant tout va dépendre de la solvabilité des personnes dont on pourra engager la responsabilité dans ce dossier. »
Quelles actions allez vous intenter ? « Il y a des actions dans le cadre de cette poursuite collective de liquidation judiciaire, donc c’est le mandataire, en premières lignes, qui fera les actions en comblement de passif ou en faillite personnelle à l’encontre des dirigeants et leur patrimoine personnel. Et puis on peut déjà imaginer un contentieux pénal dans ce dossier. »
A ce stade des poursuites envisagées par l’avocate des victimes, Hélène Poulou considère que les dirigeants pourraient être poursuivi « pour publicité mensongère et à l’égard des actionnaires des chefs d’escroquerie ».
De son côté, l’avocat de 1855.com, Guilhem Brémond explique que : « 1855 avait développé une activité axée sur les primeurs, elle s’est grippée quand elle est rentrée dans une spirale négative du fait de ces procédures judiciaires. 1855 a du arrêté même cette activité de vente en primeurs et devait trouver un nouvel investisseur.
Il y a eu quelques livraisons qui n’ont pas été honorées car il y a eu des saisies et vente des stocks affectés à un certain nombre de clients qui n’ont pas pu être livrées ! » Me Guilhem Brémond, avocat d’Héraclès pour 1855.com
Quant aux actions qui pourraient être intentées, Me Brémond de commenter: » Tout le monde a la tentation d’intenter des actions, mais je ne crois pas qu’il y ait lieu d’intenter des actions au pénal. »
Et de conclure : »Dans le cadre de la procédure, le tribunal regardera si la responsabilité des uns ou des autres pourra être engagée… »
Pour les acteurs de la place de Bordeaux, certaines institutions se sont portés partie civile dans les procédures, d’autres qui ont pignon sur rue et commercialisent en ligne comme La Vinothèque de Bordeaux ont du rassurer leurs clients, suite à l’ambiance qui a résulté des déboires avec 1855, Chateau On Live ou Cave Privée…enseignes d’Héraclès.
Guillaume Cottin, Président de la Vinothèque de Bordeaux précise: « Tous les sites qui proposent une garnatie bancaire sont fiables, et puis en général les primeurs sont toujours au mêmes prix selon les sites, à partir du moment où les prix sont vraiment cassés on peut être suspect. Et après, il faut se renseigner sur les sites connus, c’est-à-dire ceux dont la presse parle et qui sont des maisons sérieuses. »